Liens lourds : sponsorisés ou informatifs ?

Il y a quelques mois je parlais sur ce site de premières expérimentations de liens lourds (voir les billets suivants : Le nouveau Yahoo! News et ses liens ‘lourds’, Liens sponsorisés + publicité contextuelle = liens sponsorisés contextuels). Il semble que la blogosphère française commence à en appréhender le potentiel et le danger (voir les 2 billets publiés sur AlsaCréations et DesignInteractif). Pour désamorcer toute tendance de diabolisation je vous propose de décortiquer cette pratique.

C’est quoi un lien lourd ?

C’est une notion assez floue, mais pour faire simple il s’agit de liens qui ne pointent pas vers une mais vers plusieurs destinations. Ces destinations peuvent être agrémentées de commentaires. En gros, ça ressemble à une info bulle mais en plus riche.

Yahoo!Q

LienPromo

 

 

Liens lourds sponsorisés : un moindre mal

L’application de cette pratique qui fait le plus parler d’elle est la sponsorisation de liens lourds. Le principe est le suivant : des panneaux publicitaires sont associés à des mots-clés (nom de produit ou de marque), au survol de la souris les panneaux publicitaires sont affichés.

C’est avant tout le caractère éthique de cette pratique qui dérange : Est-ce que ce n’est pas tromper les internautes que de cacher des publicités derrière des liens ? Pas forcement, si les liens sponsorisés sont traités graphiquement de façon distincte des vrais liens cela ne pose pas de problème. C’est comme si vous me disiez les publicités textuelles de Google sont des publicités déguisées en contenu. Il ne faut pas prendre les utilisateurs pour des imbéciles, ils sont capables de faire la différence. Par contre, si vous utilisez un traitement graphique qui peut prêter à confusion (soulignement en pointillés comme pour les acronymes), alors là c’est faire preuve de malhonnêteté.

Liens lourds informatifs : une vrai innovation

Depuis maintenant plusieurs mois Yahoo! News teste les Y!Q. Le principe est le suivant : un panneau de contenus relatifs est associé à des mots-clés (Iraq, J.O., constitution européenne…), lorsque les utilisateurs cliquent sur ces mots-clés le panneau se déplie. L’impact en terme d’ergonomie est négligeable car le comportement des liens traditionnels n’est pas complètement perverti : si un utilisateur clique sur le lien lourd d’Apple, il a accès à du contenu qui ne concerne qu’Apple ( actus, cours de bourse…).

Liens lourds sur mesure : dois faire ses preuve

Depuis peu, Yahoo! propose également en téléchargement sa Y!Q Demobar. Le principe est le suivant : lorsque l’utilisateur est sur une page, il surligne une portion de texte et clique sur le bouton Y!Q Search pour faire un ensemble de recherche.

La Y!Q Demobar

Mouais… rien de très neuf dans tout ça. Dans la mesure où cette fonctionnalité s’adresse au utilisateurs avancés (qui utilisent pour la plupart Firefox) je me demande si Yahoo! est réellement légitime. Il existe en effet tout un tas d’extensions Firefox pour reproduire ce comportement mais avec encore plus de richesse (recherche ciblée, traduction…).

Objection votre Honneur !

Les liens lourds n’apportent rien par rapport aux bandeaux publicitaires. Objection rejetée. Associer des messages publicitaires à des mots-clés est une solution moins intrusive (les pubs ne sont affichées qu’au survol de la souris) et plus élégante (c’est autant de place gagnée sur l’écran que l’on peut exploiter).

Les liens lourds ne fonctionnent pas si javascript est désactivé. Objection rejetée. Au mieux, cela vous évite d’être exposé à une publicité. Au pire, vous pouvez toujours obtenir les informations à l’aide des autres systèmes de navigation (moteur de recherche, menus…). En fait, il faut plus voir les liens lourds comme un enrichissement progressif, ou un raccourci.

Les liens lourds ne sont pas accessibles. Objection rejetée. Les utilisateurs de terminaux alternatifs peuvent toujours accéder à l’information avec les autres systèmes de navigation. (J’ai l’impression de me répéter…)

Les liens lourds ne sont pas conformes aux standards. Objection rejetée. Les spécifications de XLink sont formelles à ce sujet : une technologie qui permet de relier plus de 2 ressources (cible et destination).

Conclusion

Les liens lourds n’en sont qu’à leurs premiers balbutiements que déjà on s’efforce de les condamner. Cela me rappelle les débats sans fin sur Flash et javascript : ce n’est pas la technologie qui est mauvaise, mais plutôt son utilisation. Plutôt que de condamner la technologie, condamnez ceux qui en font une utilisation détournée. De toute façon il faut faire preuve de lucidité : le modèle gratuit est révolu, le contenu doit forcément être monétisé d’une façon ou d’une autre. La publicité en lgine sera TOUJOURS présente sous une forme ou une autre. Plutôt que les liens sponsorisés, est-ce que ce n’est pas plutôt le principe même de sponsorisation que l’on est en train de décrier ?