Passé l’effet d’annonce, je vous propose 2 ou 3 petites réflexions sur Silverlight et la stratégie d’attaque de Microsoft.
Si l’on prend du recul sur ce qui c’est passé ces trois dernières années, il est possible de faire deux constats :
- Il y a eu un véritable foisonnement technologique avec une multiplication des langages et framework, mais la capacité d’adoption de toutes ces nouveautés par le marché est limitée) ;
- Les services ayant connu la plus forte croissance (MySpace, YouTube…) reposent sur l’exploitation de contenus audio et vidéo et sur l’utilisation de Flash comme lecteur universel.
A partir de là, Microsoft a choisi deux leviers pour accélérer l’adoption de Silverlight :
- Les contenus vidéo qui sont particulièrement bien exploités par Silverlight (manipulation et nombreux traitements graphiques de façon native) de même que les services qui vont avec (hébergement et streaming) ;
- La prise en charge d’un environnement de développement existant (la plateforme .Net) qui n’impose pas l’apprentissage d’un nouveau langage.
Je me permets néanmoins d’émettre des réserves sur ce dernier point. La promesse de Microsoft est la suivante : avec la nouvelle version de la plateforme .Net, vous utilisez le langage qui vous arrange le plus (C#, PHP, Python, Ruby…) et le code source est compilé pour être ensuite exécuté sur Silverlight via la machine virtuelle CLR (Common Language Runtime). On parle ainsi d’un environnement d’exécution universel (voir à ce sujet le billet suivant : The scoop on Silverlight for developers).
La promesse est belle, mais la réalité sera plus complexe : Le traducteur
de la plateforme .Net saura-t-il respecter toutes les subtilités des autres langages de programmation ? Si vous avez commencé à développer en PHP ou en Ruby, pourquoi traduire tout cela avec la plateforme .Net qui est payante alors qu’il existe de nombreux framework de développement d’interfaces riches (Zend pour PHP, Ruby on Rails…) ? L’histoire nous a montré que Microsoft avait les moyens de ses ambitions, mais ils devront faire leurs preuves.
Il y a par contre une bonne nouvelle : Silverlight va à mon avis très fortement accélérer le développement de RIA dans le monde de l’entreprise (d’intranets riches ?). Adobe a fait (et fait encore) de gros efforts pour évangéliser les interfaces riches dans le monde de l’entreprise, mais c’est Microsoft qui risque de remporter la mise car Flash a très mauvaise réputation dans les grands compte (du moins pour une exploitation interne dans le cadre d’applications d’entreprise).
On peut ainsi espérer que Silverlight va créer des besoins au sein des entreprises : ces dernières disposent déjà des ressources de production (les développeurs .Net), il leur manque maintenant les ressources créatives (concepteurs d’interfaces riches). Là où les équipes créatives étaient cantonnées à la réalisation de sites web, peut-être vont-elles être sollicitées pour la conception d’applications internes sous forme de RIA ou de RDA.
Il va donc falloir s’attendre à de nombreux bouleversements dans le monde des applications d’entreprises ainsi qu’à une évolution vers des intranets 2.0 (reposant sur des interfaces riches et des services de collaboration en ligne). Pour plus d’infos, je vous recommande l’article suivant : Silverlight: The Web Just Got Richer.