Et voilà, c’est la fin du MIX07 qui c’est déroulé pendant tout une semaine à Las Vegas. Alors que je suis encore en train de me remettre du décalage horaire, je vous propose de prendre un peu de recul et de faire un petit bilan de la semaine et des impacts à prévoir pour les prochains mois (années ?).
Une réorientation stratégique pour Microsoft
Je ne suis pas un habitué des conférences et autres évènements Microsoft, mais ce qui est certain, c’est que nous avons pu observer un nouveau virage dans le discours de Microsoft : Abandonner cette image de position dominante et afficher une volonté d’ouverture. Pas une seule conférence n’a été faite sans que l’on nous rassure sur la compatibilité vers d’autres navigateurs (Firefox, Opera, Safari) ou d’autres systèmes d’exploitation (principalement Mac). Les démonstrations étaient ainsi systématiquement montrées sous Windows / IE et Mac / Firefox.
Ca n’a l’air de rien, mais ceci est révélateur d’une nouvelle posture pour Microsoft qui semble avoir assimilé le fait qu’une partie des utilisateurs de l’outil informatique sont maintenant définitivement acquis au culte Apple. Il était intéressant de compter le nombre de Mac Book qui trainaient dans les couloirs ou dans la Blogger Room. Après tout, comme le dit si bien Manuel : mieux vaut un Mac avec une licence Office plutôt qu’un PC avec un logiciel piraté !
Le choc des cultures
En voulant élargir son audience aux concepteurs et designeurs, Microsoft s’aventure sur un terrain qu’il ne connait pas avec un discours qu’il ne maîtrise visiblement pas. Et effectivement on ne raconte pas la même chose à des développeurs qu’à des designeurs. Il était très facile de ranger dans deux catégories les intervenants aux conférences : les employés de Microsoft (qui parlent de code) et les autres (qui parlent d’expérience utilisateur, d’émotion…).
L’écart était ainsi vertigineux entre les employés de Microsoft qui ne faisaient que de la revue de code et les autres qui essayaient tant bien que mal de nous faire assimiler des notions comme le design 3.0, l‘innovation managériale ou encore les nouveaux modèles d’agences web.
En tout cas ce qui est certain, c’est que Microsoft est bien décidé à s’implanter durablement sur ce créneau et qu’ils ont mis en place une organisation centrée sur des community managers en charge d’évangélisation (en interne comme en externe) et de fédérer.
Un nouveau marché à conquérir
Avec la gamme Expression, Microsoft s’attaque à une véritable institution où règne sans partage Adobe (et Macromedia). Quelle stratégie Microsoft va-t-il devoir mettre en place pour grignoter des parts de marché ? En fait la bonne question est plutôt : quelles concessions ?
Il y a ainsi fort à parier que Microsoft ne se risquera pas à vendre ses produits à l’unité, mais plutôt à les écouler au travers des licences globales des grandes entreprises : une sorte de cerise (les outils Expression) sur le gâteau (les licences Windows, Office…).
Reste à résoudre le problème de la montée en compétence : il n’existe pas de formation aux outils Expression. Microsoft va donc devoir jouer de son influence pour que les organismes et autres écoles élargissent leur catalogue de formation ou rajoutent des modules spécifiques aux nouveaux outils de Microsoft.
Une vision transverse
Avec le langage XAML, Microsoft vise plusieurs cibles : les navigateurs web (au travers de Silverlight) et le système d’exploitation (Vista et autres à l’aide de Smart Client). En s’attaquant à la fois au marché des RIA et des RDA Microsoft essaye de prendre de vitesse Adobe qui est encore en phase de pré-lancement pour Apollo (et probablement de recyclage pour Flex).
Et ce n’est qu’un début puisque certaines conférences plaçaient les premières pierres d’une vision beaucoup plus large qui inclue également les produits d‘entertainment (Media Center, Xbox…).
Plusieurs gros chantiers à mener
Avec les annonces faites durant la semaine (et avec le repositionnement en cours), il reste un long chemin à parcourir pour Microsoft. Certes, il faut bien un premier pas, mais les équipes de Microsoft devront s’attaquer de front à plusieurs chantiers :
- Améliorer les outils de production (la V2 de Blend est déjà proposée en beta) ;
- Stabiliser les environnements d’exécution (à commencer par Silverlight 1.1 Alpha) ;
- Convaincre la filière (écoles, organismes de formation, agences, freelances…)
- Séduire la communauté (bloggeurs, forums, portails, associations et lobby…).
Ouf ! La liste est longue et Microsoft devra concentrer ces efforts pour réussir et surtout ne pas se disperser (non mais c’est quoi ces rumeurs de rachat de Yahoo!). Pour donner de la crédibilité à son action, ils se sont déjà associés à des pointures comme Avenue A / Razorfish et AKQA ou à des ultra-spécialistes comme MetalIQ ou IdentityMine.
En tout cas ce qui est certain, et je le répète volontairement, c’est que le paysage et l‘écosystème des interfaces riches est définitivement modifié.