Connaissez-vous l’ergonomie artistique ?

L’ergonomie artistique est un terme barbare qui désigne les expérimentations d’interfaces alliant des critères d’utilité (accès à l’information) et d’esthétisme (de l’art numérique). Donc pour faire simple, ce sont des sites qui explorent d’autres modes de représentations et de manipulation des données.

Illustration avec trois exemples de réalisations de Jonathan Harris.

Phylotaxis, une interface de découverte de news par nuages de vignettes :

Phytolaxis.jpg

We Feel Fine, un aggrégateur / navigateur d’états émotionnels :

IFeelFine.jpg

Universe Daylife, un agrégateur de news permettant de filtrer l’actualité selon des stages :

UniverseDaylife.jpg

Pour ceux que ça intéresse, je tiens à préciser que l’auteur de ces applications (Jonathan Harris) est un surdoué, un visionnaire, un demi-dieu des IHM. Pour en savoir plus sur son travail, je vous recommande cette stupéfiante vidéo : The Web’s secret stories.

Ce Jonathan Harris en question est également à l’origine du projet Yahoo Time Capsule :

YahooTimeCapsule.jpg

Et puisque l’on parle de Yahoo!, je vous recommande également de visiter le site de la Yahoo! Design Innovation Team qui elle aussi réalisée un certain nombre d’expérimentations visuelles très intéressantes.

Yahoo! Traffic Map, une représentation en temps réel du l’état du trafic :

YahooTrafficMap.jpg

Flickr Lens, une visualisation géospatiale des contributions à Flickr :

FlickrLens.jpg

Yahoo! Answers Clouds, une autre représentation spatiale des contributions à Yahoo! Answers :

YahooAnswersCloud.jpg

Dans la même série, je peux enfin (ouf !) vous recommander de jeter un oeil aux expérimentations du Digg Labs.

Face à autant de talent, je ne peux que m’incliner devant ces superbes réalisations qui nous font découvrir de nouvelles possibilités de représentation et de manipulation.

Tout ça me rappelle Digiquaria dont j’avais déjà parlé il y a trois ans : ça sert à rien, mais qu’est-ce que c’est beau !

20 commentaires sur “Connaissez-vous l’ergonomie artistique ?

  1. j’appellerais cela plutôt de l’utilisation créative de l’information design interactif. Le père de la discipline est Edward Tufte dont les bouquins sont de véritables références.

    Perso, j’admire également beaucoup toutes ces réalisations qui proposent ces nouvelles manières de percevoir l’information (pas toujours très ergonomiquement hélas)

  2. Bien sympas ces petits sites. C’est quoi les codes html pour faire ça ?

    PS: Heureux de lire que ce n’est pas très ergonomique… Ou alors sommes nous déjà trop “rétro” ?..

  3. Attention à ne pas mal interpréter mes paroles : ces expérimentations ne sont à priori pas utilisables telle quelle sur un site (e-commerce ou autre) mais elles peuvent nous servir à envisager d’autres modes de représentation et de manipulation.

    Regarder par exemple ce ue font de sites comme Etsy ou Like, ça semble un peu gadget mais c’est terriblement ludique… et artistique.

    /Fred

  4. Bonjour
    Cette appellation ergonomie artistique est interressante mais interpellante.

    L’art utile ne serait-il pas ce que l’on appelle depuis 70 ans, le Design (lire les textes de Gropius, Behrens, ou plus tard de Benjamin et même d’Adaptive Path aujourd’hui). C’est à dire une démarche heuristique qui vise à transformer des problèmes (contraintes) en solution esthétique et fonctionnelle destinée à humaniser les technologies. La forme finale exprime le rapport indissociable entre image, sens, fonction et usage.
    Il existe sur le Web bcp de design, pensées et propos intéressants appliqués à des services commerciaux (tosee: visualcomplexity, shift.org, praktika), que dire de cover flow ou de time machine d’Apple ou des travaux de joshua Davis, D. Cooper, marumushi.com…

    Pour Info, l’art n’est pas quelque chose qui ne sert à rien, tout ce qui est différent n’est pas de l’art et tout ce qui n’est pas utilisable n’est pas de l’art ;=)))

    Pour prendre des exemples dans le commerce réel:
    Ed est un Magasin pratique, utile et très utilisable – Colette une boutique désirable, séduisante et innovante, elle est moins utile et moins utilisable (pas de palette, attente réception produit, trop de monde, etc…) mais propose une offre et une expérience unique. Elles sont donc différentes et à chacune réponds à un contexte spécifique. Mais les portes s’ouvrent aussi chez Colette quand on les poussent, et il y a une rampe aux escaliers ;=). Colette est donc utilisable (ce qui est normal), mais elle est différente et change les codes du commerce, mais est-ce de l’art pour autant ?

    L’utile ou l’utilisable partout, est-ce la bonne vision ? Spécifiquement quand on voit les défis que nous avons à relever: innovations, propositions disruptives, intégration de nos spécificités culturelles dans une compétition mondiale, etc…)

    Cela ne conduit-il pas à une paupérisation créative ou a une uniformité dangereuse. Le web doit-il avoir l’uniformité du minitel ? Le web doit-il ressembler à l’utilisable ED l’épicier ?
    Il n’y a dans notre société pas de besoin, la question de l’utile et de l’utilisable est donc relative.
    Celle du Désir semble vital et nécessaire.

    Je précise qu’à titre personnel, je ne vois pas d’opposition entre toutes ces visions, juste des combinaisons fructueuses et nécessaires à combiner et à hiérarchiser en fonction des contextes

    jean Louis F.

  5. Sympa. Moi qui trouve l’ergonomie tellement stérile in fine, j’apprécie ce genre de types qui injectent des vibes dans cette science. Pas très applicable, très visionnaire, mais prometteur pour l’évolution de l’ergonomie et du rapport entre l’internaute et son média.

  6. Et on ne peut que se convaincre de l’utilité des ces expérimentations qui nous font enfin sortir la tête de nos habituelles normes de classement et consultation de contenus.

    L’industrie du jeu vidéo l’a compris depuis longtemps et propose depuis des années des interfaces intuitives, simples et puissantes. Souvent aux antipodes de nos représentations classiques.

    Si vous vous intéressez à ces nouvelles interfaces, je ne peux que vous conseiller l’excellent Information Design Watch (http://dd.dynamicdiagrams.com) er encore l’incontournable Information Aesthetics dont c’est la spécialité (http://infosthetics.com/).

  7. Oui en effet ce Jonathan Harris est très fort,
    il concourait dans la même catégorie que moi au Flash Forward de NYC en 2005 !
    il avait emporté le prix de la catégorie “mérite technique” pour un de ses projets déjà primé.

  8. A voir aussi dans le même genre : Photosynth de Microsoft > une reconstitution 3D d’un lieu à partir de photos et une navigation au sein de cet espace reconstitué. http://labs.live.com/photosynth/ Il faut une bonne machine et Windows XP SP2 ou vista minimum ;-(

  9. Trouvé sur if:book, un site américain centré sur l’édition (au sens éditer des livres), ce lien vers un site “artistique” :MetaMarket.
    Ce qui est artistique là, c’est le concept, c’est un grand clin d’oeil à l’économie de marché. Je cite If book :
    “So I was intrigued to come across Meta-Markets, an experiment by MIT media artist Burak Arikan, currently in beta. In this ‘marketplace’, users can ‘IPO’ shares in del.icio.us links, Feedburner feeds, Flickr profile views and the like. It’s pleasing in a surreal way to watch shares in ‘you’ going up and down – particularly as I’m trading from London and most of the others are based in NY, so the stocks go crazy at weird times of the day and night relative to me. But it also provokes some intriguing speculations around the potential to create an economic model for the arts online that is genuinely based on the internet’s drive toward reproducibility rather than scarcity.”

  10. C’est toujours très intéressant d’explorer de nouveaux concepts ergonomique. Un principe ludique conjugué à un design original seront sans doute les nouvelles pistes des prochaines révolutions ergonomique ?!

  11. J’estime que mon travail aussi est de l’art… Même si j’ne fais pas des délires loufouques ! J’ai une démarche, des convictions, un point de vue qui influencent mes choix. Il parait même que j’ai un style reconnaissable.

    L’art, ce n’est pas que le résultat final ni que ce que l’on peut voir.

  12. amha, ‘ergonomie artistique’ est un oxymore. Au sujet de ce post, et pour completer le bon commentaire de JLF ci-dessus, j’ai retrouvé cette petite réflexion:

    Accessibilité vs Destabilisation

    Le design d’interaction, ou design d’interactivité, oscille entre deux pôles: l’accessibilité et la destabilisation.

    L’accessibilité se préoccupe de faciliter la tâche de l’utilisateur, elle implique la prise en compte de critères ergonomiques et conduit généralement à l’énoncé de lignes de conduites qui facilitent le travail du concepteur et induisent une certaine standardisation des interfaces.

    La destabilisation à l’inverse cherchera à provoquer des questionnements chez l’utilisateur, un désir de compréhension auquel il pourra répondre par un comportement ludique et exploratoire, mais aussi par une incompréhension et un rejet.

    Les interfaces déstabilisantes sont couramment rencontrées dans des systèmes considérés comme artistiques, à forte valeur symbolique, alors que l’accessibilité est davantage un enjeu des systèmes de gestion et de production de l’information, à forte valeur d’usage.

  13. Citation : “j’appellerais cela plutôt de l’utilisation créative de l’information design interactif.”

    Tout a fait d’accord. A part que la creativité joue sur 2 tableau : visuelo-interactif bien sur, mais aussi “humaine” avec toute cette idée de “échangeons nos feelings”, qui est certes plus artistique qu’échanger des dollars ou des infos. Mais techhniquement, c’est du DI c’est clair.

  14. Citation : “ergonomie artistique est une oxymore”

    Clairement, ici je crois qu’on est dans la tentative de rapprocher design et art : le beau fonctionnel/accessibiliste et le beau émotionnel/déstabilisant

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