En finir avec le débat RSS vs. microblog

J’ai peu lire pas mal d’articles ces derniers temps qui exposent des points de vue très radicaux vis à vis du RSS (et des formats de syndication en général) :

Les arguments avancés dans ces articles sont grosso-modo les mêmes : RSS est une technologie rigide qui n’induit pas frocément de la collaboration, de plus les utilisateurs ne savent pas et ne veulent pas savoir ce qu’est RSS. À contrario, le microblog est une pratique très souple, en temps réel, qui facilite les conversations et qui est très simple à prendre en main. Bref, le RSS est mort et les outils comme Twitter vont dominer le monde et même tuer les blogs. Pas si vite, car même si cet excès d’enthousiasme envers le microblogging est conjoncturel, le RSS est loin d’être enterré. En fait la vérité se situe entre les deux, comme toujours d’ailleurs quand il est question de choix technologique (comme quoi l’informatique n’est pas binaire).

Je vous propose donc une synthèse des avantages / inconvénients de ces deux solutions.

Concernant le RSS (et les formats de syndication en général) :

  • C’est une technologie très puissante (car rigoureuse) mais largement sous-exploitée par les utilisateurs dont les usages se cantonnent à de la lecteur de flux via Netvibes ou Google Reader ;
  • C’est aussi une technologie limitative car il n’est pas possible d’avoir accès aux archives des flux que vous avez lus ;
  • Il faut coupler la consommation de flux avec du social bookmarking pour faire de la veille collaborative.

Concernant le microblog :

  • C’est une pratique beaucoup moins sophistiquée mais plus souple ;
  • La collaboration s’exprime au travers des retweets (RT) et des #tags ;
  • Permet de faire de la veille proactive en “poussant” un lien vers un collègue avec une @.

Nous pourrions résumer en disant que le microblog est performant pour faire de la veille informelle et en tant qu’outil d’éveil, le RSS est lui plus adapté à de la veille industrialisée et de la syndication entre plateforme (d’intranet à intranet).

OK, mais nous pouvons pousser la réflexion un peu plus loin :

  • Si le RSS est si compliqué à comprendre pour les utilisateurs alors que le microblog est ultra-intuitif, comment se fait-il qu’il y ai bien plus d’utilisateurs de Netvibes que de Twitter ?
  • Si le microblog est un outils très puissant pour “prendre la température” et “tâter l’humeur”, comment se fait-il que les outils d’analyse de tendances sur Twitter soient aussi pollués et imprécis ?

Bref, ce n’est pas si simple et le pire dans tout ça, c’est que ce débat ne devrait même pas avoir lieu. Je rejoins ainsi l’avis de Bertrand Duperrin : “Comparer RSS et microblogging revient à confondre la fin et les moyens“. Le RSS est une technologie alors que le microblog est un outils (et Twitter un service). Il serait ainsi beaucoup plus opportun d’opposer social bookmarking et microblogging. La comparaison est d’autant plus absurde que la plupart des plateformes sociales qui sont citées en exemples comme Facebook ou FriendFeed font un usage intensif des flux RSS.

Au final je pense qu’il serait juste de dire que RSS et microblog se complètent mais ne s’opposent pas. J’abonde ainsi dans le sens de Lee Bryant qui rappelle que l’ennemi à combattre est l’email (ou plutôt les usages détournés que l’on peut en faire). Idéalement c’est en couplant les deux (syndication RSS et microblog) que l’on peut obtenir des résultats probants sur la réduction d’emails échanger et sur de la capitalisation de connaissance.

Attendons-nous donc à voir fleurir des solutions de microblogging de classe “entreprise” à l’image de la Socialtext Microblogging Appliance ou de solutions couplées de microblog / social bookmarking comme le propose Knowledge Plaza pour faciliter un usage plus souple de la veille en entreprise (en libre service) avec surtout des services intégrés à un portail d’entreprise.

Il est maintenant temps de conclure cet article et de me livrer à un petit exercice prédictif : je pense que dans un avenir proche les flux RSS voit devenir moins visibles pour les collaborateurs (qui se contenteront de liens ou boutons “Inscrivez-vous”) mais rester indispensables à la dynamique sociale des intranets 2.0 (notamment dans leur fonction première de syndication). Le microblog sera lui un outil réservé à quelques happy few qui s’en serviront au quotidien mais qui sera aussi proposé sous d’autres formes pour les plus hermétiques aux nouveaux outils (sous la forme des “Activités récentes” ou des “Hot Trends“).

Et vous : Est-ce que vous cumulez RSS et microblog ou avez-vous opté pour un seul outil de veille ?

19 commentaires sur “En finir avec le débat RSS vs. microblog

  1. “C’est aussi une technologie limitative car il n’est pas possible d’avoir accès aux archives des flux que vous avez lus”.
    J’utilise Google Reader, qui permet au contraire d’avoir accès aux archives des flux RSS.

    Pour ma part, j’arrive à la même conclusion que vous: RSS et Twitter se complètent parfaitement, en tout cas à l’heure actuelle. Je ne conçois pas d’utiliser l’un sans l’autre pour assurer une veille optimale.

    Mais il n’est pas exclu que, dans l’avenir, avec “l’universalisation” des API Twitter, progressivement, cet outil supplante le RSS. C’est un chemin que Twitter pourrait prendre en se transformant en véritable protocole (technologiquement parlant).

  2. Personnellement, j’utilise les 2. RSS car cela des années que j’utilise ce format (“ouvert”), aussi bien en tant que lecteur (veille), que producteurs (entre plateformes), et il a encore une longue vie devant lui je pense. Twitter / FB / autre, pour capter également de l’information.

    Les 2 types sont complémentaires selon moi.

  3. Je suis du même avis que vous en disant que ce sont deux choses complêtement différentes que le RSS et le microblog. Dans l’un, on décide ce qu’on veut lire et ne veut pas lire, tandis que l’autre on ne fait que recevoir de l’information des autres personnes.

    C’est certain par contre que les compagnies préfèrent ajouter du monde dans leurs réseaux sociaux avant d’ajouter du monde sur leur flux RSS. C’est beaucoup plus précieux quelqu’un avec qui on peut interagir que quelqu’un qui ne fait qu’en majorité vous lire.

    Vive le RSS ! On peut passer une journée complête sans être sur l’ordi, arrivé le lendemain et lire les nouvelles de la veille !

  4. Je suis assez d’accord avec Thomas mais pour ma part je n’utilise que RSS pour lire des centaines de flux via Netvibes, et pour publier mes articles.

    Cependant je n’utilise toujours pas twitter, ou si peu, j’ai un compte, mais j’avoue ne pas bien cerner les enjeux et la manière de faire…

  5. J’utilise RSS pour suivre le microblogging. En effet, ça me saoule d’utiliser plusieurs outils, ainsi je suis tout dans Google Reader avec lequel je suis historiquement de nombreux flux. Je me sers de BigTweet pour publier sur Twitter, pour des posts très rapides.

    Il manque juste un peu d’instantanéité, mais les nouveaux protocoles de Google et WordPress sont en train de répondre à cette lacune de RSS.

    @Fred : je ne sais pas si j’ai compris ta problématique de recherche. Mais c’est vrai, que la recherche dans les flux est très pratique dans Google Reader. Je suis abonné à mes propres flux pour y faire également des recherches.

  6. Je suis entièrement d’accord sur le fait que le RSS soit une technologie, et qu’ainsi elle tende à se réduire derrière l’usage qu’en font les utilisateurs. Le micro blogging est troublant car beaucoup moin régulier, et contrôlable. Avec le RSS on choisit ses sources, et c’est l’inverse avec twitter. Les usages sont donc bien complémentaires. Il faut aussi prendre en considération que le RSS est une technologie mature Vs le Microblogging, surtout au niveau de l’usage : les deux emblèmes du microblogging sont des services (twitter et FB). et donc si ils meurent la pratique risquera de s’éteindre (OK, peu probable). Il serait intéressant de transformer le microblogging en technologie (standard et ouvert) ainsi nous aurions une réelle concurrence avec le RSS…

  7. Une utilisation possible du micro-blogging consisterait à permettre aux systèmes (outils du SI) de pousser du Micro-blog d’information (via du flux RSS :-) en lieu et place d’emails d’alerte, par exemple.

  8. J’utilise naturellement les deux et pour des usages différents : il n’y a rien de plus agaçant qu’un compte Twitter qui se contente de diffuser uniquement le flux RSS d’un site.

    Toutefois j’ai observé à chaque fois que j’ai expliqué dix minutes Netvibes à Mme Michu j’ai rencontré de l’enthousiasme (exactement ce dont j’avais besoin) alors que Twitter rencontre l’incompréhension (à quoi ça sert ?).

  9. @ Valéry > Oui tout à fait, ces réactions sont troublantes et ont de quoi remettre en question le côté “prise en main immédiate” du micro-blogging. Il y a une courbe d’apprentissage différente des flux RSS mais qui existe réellement.

    /Fred

  10. je ne suis pas sûr qu’opposer (même pour la forme) Twitter et les flux RSS soit très constructif.

    Ne serait-ce que parce qu’une très large part des liens qu’on peut suivre sur twitter provient de blog/site d’information/etc.

    Et il s’agit d’un double mouvement qui se renforce : on suit un lien qui nous inspire un billet et un billet peut nous inspirer un tweet…

  11. La prise en main du microblogging me semble être une difficulté sociale : cette forme d’interaction et d’usage et peu intuitive et en décalage avec les pratiques habituelles.

    Un netvibes ou n’importe quel agrégateur RSS n’implique au final qu’une adaptation à la technique (comment on s’abonne) mais l’usage est intuitif : il revient à une consommation presque passive de l’information, avec le bonus d’une information pertinente pour l’utilisateur.

    Faut-il renoncer à “évangéliser” l’utilisation du RSS du fait de sa faible utilisation dans le grand public ? Je ne le crois pas.

    À vrai dire ce n’est pas le RSS qui pose problème car simple format d’échange mais les aggrégateurs en tant qu’outil. Tout le monde va au final utiliser le RSS dans le savoir , que ce soit en suivant un compte Twitter, comme le souligne bruno plus haut, une page Facebook alimenté par ce biais ou sur l’intranet de l’entreprise.

  12. “@ Aymeric > Explorer les archives des Flux avec Google Reader ? Tes propres archives ?”

    oui, tous les articles que j’ai lus sur Google Reader sont archivés par Google.

    Hier, par exemple, j’ai fait une recherche sur “MIT énergie solaire” qui m’a sorti 3 articles que j’avais lus sur le sujet. J’ai donc pu retrouver le plus ancien que je recherchais et qui datait du 3 août 2008.

Les commentaires sont fermés.