Les pratiques de commerce en ligne sur Facebook gagnent en maturité

Faisant suite à un premier article sur le social commerce, je souhaiterais aujourd’hui mettre un coup de projecteur sur différentes pratiques de commerce en ligne intégrée à Facebook. Certains appellent ça du Facebook commerce mais je reste persuadé qu’il s’agit ni plus ni moins de commerce en ligne, peu importe le support  (après tout vous ne faite pas de Magento commerce ou du Drupal commerce). Bref, tout ça pour dire que les pratiques évoluent et que les outils et modèles gagnent en maturité.

Si je ne dis pas de bêtises, le premier marchand à avoir proposé une interface marchande sur Facebook est Blue Nile (Blue Nile Takes The Plunge With Facebook Application) avec une boutique assez sommaire, mais qui a été lancée en 2007 :

BlueNile_Facebook

Cette solution a fait des émules et inspiré les équipes de ShopTab qui ont sorti une solution de mini-boutique à encapsuler sur la page Facebook d’une marque. Cette solution permet aux marchands d‘insérer un onglet “Shop” et de proposer un catalogue de produits lié à leur boutique en ligne : ShopTab’s E-Commerce Facebook App: Simple and Easy to Use. Des marques comme Coca-Cola et Zales utilisent cette solution :

Zales_Facebook_Shop

Rien de révolutionnaire dans cette solution (des catégories, des filtres, des pages avec le détail des produits) mais un outil simple (il faut 10 minutes pour le mettre en oeuvre) avec un investissement limité (à partir de 10$ / mois).

Une start-up française propose un service équivalent, mais plus sophistiqué : Boosket. Ave cette solution, vous pouvez également insérer un onglet “Store” mais avec plus de possibilités de personnalisation, des outils d’import de catalogue, un mécanisme de gestion des promotions et une navigation par attributs (couleur, marque, taille…). Des marques comme Archiduchesse, Pixmania, Kiabi ou Naf Naf utilisent cette solution :

NafNaf_Facebook_Home

L’intégration du catalogue s’arrête à la page produit puisqu’en cliquant sur “Buy Now” vous êtes redirigé vers la boutique. Notez qu’il existe une offre de découverte gratuite pour tester le principe sans engagement financier.

Dernièrement c’est JCPenney qui a poussé encore plus loin l’innovation avec une boutique en ligne “complète” : JCPenney Opens Full-Service E-Commerce Store Within Facebook. Cette boutique propose ainsi une sélection de produits saisonniers rangés dans les catégories habituelles :

ShopJCpenney_Facebook_Cat

Le catalogue de JCPenney propose ainsi un catalogue précis et même un panier pour vos achats :

ShopJCpenney_Facebook_Product

Tout ceci est très intéressant d’un point de vue informatique (leurs développeurs ont dû s’éclater) mais j’ai de très gros doutes sur la pertinence d’une telle solution :

  • Cette boutique est gérée comme une application et non comme un onglet (il faut donc au préalable accepter de partager vos données personnelles avec l’application, donc la très intimidante pop-up “Allow“) ;
  • Il n’y a aucune indication sur les frais de livraison, la disponibilité du produit ou les garanties offertes par le distributeur (pourtant des fondamentaux du commerce en ligne) ;
  • Il n’y a aucune possibilité de merchandising, c’est-à-dire de mettre en scène certains produits au sein des catégories.

Pour résumer : cette boutique ressemble à ce qui se faisait au siècle dernier. C’est donc un gros retour en arrière qui n’apporte vraiment rien au marchand si ce n’est un peu de prestige auprès des gens de la profession. J’imagine qu’une telle solution requiert un budget d’intégration conséquent, tout ça pour proposer une expérience d’achat très pauvre, un beau gâchis !

Quel dommage de vouloir absolument réaliser l’exploit technique, il existe pourtant des solutions moins complexes d’un point de vue technique, mais nettement plus intelligentes comme par exemple la fonction de Gift Ideas for Facebook Friends proposée par Etsy : Etsy’s Facebook-Powered “Shop For A Friend” Site Is Awesome.

L’idée est de vous laisser choisir un ami dans votre graphe social et de vous faire des suggestions de cadeaux en fonction de son profil. Cette solution est parfaitement intégrée à l’univers graphique d’Etsy et surtout met l’accent sur la réassurance (“Don’t worry, we won’t post to your wall unless you ask us“) :

Etsy_Gift_Facebook

Une fois que vous avez choisi un ami, le moteur vous remonte des suggestions de produits en fonction des Likes et vous permet de les filtrer :

Etsy_Gift_Ideas

Cette solution de liste de souhaits passive (ambiante ?) me semble beaucoup plus intéressante que l’exploit technique de JCPenney. Tout l’intérêt des médias sociaux repose selon moi sur les mécaniques de suggestions / recommandations de produits et non sur la capacité d’un réseau social à vous encaisser (prendre votre N° de carte bleue).

En tout cas un sujet à suivre de très près (le social commerce) car les solutions vont très certainement beaucoup évoluer dans les prochains mois.

15 commentaires sur “Les pratiques de commerce en ligne sur Facebook gagnent en maturité

  1. Je ne suis pas sur que cela gagne en maturité. Les exemples que tu proposes montrent une richesse fonctionnelle plus forte que de simple pages. On voit des usages supplémentaires. Sauf qu’aujourd’hui la question est bien celle de la pertinence : attend-on de retrouver une boutique en ligne de diamants sur Facebook. Pas sûr. C’est comme l’exemple de Porshe : 1 million de fan sur la page… oui mais combien de clients ? et combien prêt (ont les moyens) de s’en acheter une.

    “Fish where the fish are” donne aujourd’hui des non sens comme ceux-ci. C’est comme si je disais que tout le monde était dans la rue, alors je dois aller vendre mes produits dans la rue. On attend de retrouver des marques à des endroits et on a pas envie d’avoir la meme relation avec elle sur tous les supports. Donc arrêtons de vouloir mettre de la vente dans la conversation, quand cela ne fait pas sens !

  2. Je trouve que le site de t-shirt Threadless a fait une bonne intégration du e-commerce sur son site.
    http://www.facebook.com/threadless?v=app_116832620224
    C’est plus une vitrine, puisqu’on est redirigé vers leur plateforme de vente quand on choisi d’acheter, mais qui intègre une réelle dimension sociale. Ce qui justifie mieux la présence d’un onglet “Shop” au sein de leur Fan Page, que ceux cités dans l’article.

  3. Je rejoins l’avis de Cedric DENIAUD sur le sujet. Je crois qu’il y a des choses à faire en matière de Social Shopping, mais cela ne signifie pas pour autant qu’il est pertinent d’intégrer sa boutique dans FB. Parce que, à ce que je vois dans les exemples que tu montres, il n’y a pas beaucoup de “social” dans ces boutiques.

    Ca me donne effectivement plutôt le sentiment d’un retour en arrière (avec une ergonomie pas vraiment en phase avec les canons du moment) juste pour supprimer un clic vers la boutique. Tout ça parce qu’il y a du public.

    Si quelqu’un décide d’acheter du Naf-Naf ou du JCPenney, je crois qu’il n’aura aucune difficulté à trouver la boutique en ligne. L’enjeu du social shopping, et des démarches conversationnelles, c’est de lui donner envie de le faire. Les marques feraient mieux d’investir dans la création de cet effet “whuffie” que dans la construction d’outils qui ne donnent pas envie (mais ça, c’est juste mon opinion ;) ).

  4. @ Cédric > “Fish where the fish are”, voilà effectivement un conseil que j’ai croisé à de nombreuses reprises et qui peut mener à de mauvaises interprétations. Il est clair et évident que FB est un incontournable (quoi que.. tout dépend du contexte, cf. mon article sur BT Care), mais le commerce en ligne est une discipline complexe qui ne se limite pas à la mise en ligne d’un catalogue et d’une solution d’encaissement. A partir du moment où la boutique n’est qu’à un clic, une solution très légère suffit largement.

    L’intérêt que je peux voir avec des solutions comme celle de Boosket est de pouvoir greffer un mini-catalogue à des communautés existantes. Une marque comme GAP par exemple peut tout à fait entretenir plusieurs communautés de niche (jeunes mamans, famille nombreuse, sénior…) et proposer une sélection de produits dans l’onglet “Store”.

  5. Bonjour ! Je suis un peu dubitatif concernant l’utilisation de ces fonctionnalités. D’un côté, il y a pas mal d’articles qui traitent le sujet d’un point de vue fonctionnel mais de l’autre on ne trouve pas (ou peu) de retours sur expériences démontrant l’intérêt de la démarche. Quelqu’un a des chiffres / des témoignages qui montre l’intérêt d’investir en temps et en argent dans une telle démarche ?

  6. Tout ceci pose une question stratégique majeure : est-il plus pertinent d’importer ses activités e commerce et fonctionnalités sur sa page FB ou d’importer les fonctions sociales de FB sur son site et sa boutique en ligne ?

    On pourrait dire qu’il faut faire les 2, soit. Mais à bien y réfléchir, la page FB est elle vraiment le lieu de l’achat. A surcharger de fonctionnalités sa page personnelle, la dimension relationnelle en prend un sérieux coup.

    “It’s hard to shake hands while you’re reaching for someone’s wallet.”

  7. Merci pour tous ces exemples pertinents. il est plus facile de prouver à une entreprise l’intérêt de facebook quand celle-ci voit des cas de réussites sur ce réseau.

  8. Bonjour Fred,
    Tous nos clients veulent maintenant aller au dela d’une simple Fan Page avec des milliers de Fans.
    Voici un example de ce que nous faisons chez ATT ( cliquer sur l’onglet “Reviews”), pour donner de la visibilité à leurs produits.

    http://www.facebook.com/ATT

    Tous les avis postés sur FB vont mettre à jour le site et vice versa. Quand je donne un avis conso sur un produit mes amis vont le voir sur leur wall. Le formulaire de saisie impose un minimum de texte pour éviter les “super phone!”.
    Le “buy it now” mène dirtectement vers le site marchand.
    Vos avis?

  9. 1000% d’accord avec tout cela : le facebook commerce invente un besoin qui a mon avis est loin d’être évident : celui de vouloir absolument acheter au sein de facebook et pas en dehors. Personnellement, j’ai plus confiance quand je fais une transaction sur un site e-commerce que je connais ou qui m’a été recommandé par un mia (via facebook pourquoi pas) que de donner ma carte de crédit à Facebook : que font-ils du numéro de ma CB exactement ?
    Et comme de toute façon, à un moment donné, je dois cliquer sur un produit pour en voir le détail, autant renvoyer à ce moment-là vers son propre site e-commerce, au sein duquel on maîtrise toute l’expérience client, et au sein duquel les data récoltées peuvent être utiliser par l’entreprise comme bon lui semble (dans les limites du bon sens et de la loi évidemment).

    Pour moi, Facebook en e-commerce est vraiment utile pour propager des actions d’un internaute enregistrées sur son propre site e-commerce (achat, wishlist, commentaire, inscirption) afin d’attirer la curiosité des amis de cet internaute.

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