Ne négligez pas les smartphones low cost

Selon le dernier rapport de Médiamétrie, la France compte 15,5 M de mobinautes sur une population totale approchant les 45 millions de possesseurs de téléphones mobiles. Toujours selon ce rapport, les smartphones représentent 1/4 du marché. Traduction : les “simples” téléphones représentent encore 3/4 des parts de marché. Il existe tout un tas de rapport nous prédisant une domination des smartphones  pour 2012, mais nous parlons ici des ventes, pas des statistiques de possession.

Nous nous retrouvons donc dans une configuration de marché assez singulière avec un petit quart des parts de marché sur lequel l’intensité concurrentielle est à son paroxysme et où la fragmentation des plateformes commence à poser problème : 7 systèmes d’exploitation (iOS, Android, Windows Phone, BB OS, WebOS, Bada, MeeGo) et de nombreuses versions pour chacun d’eux. Pénétrer le segment des smartphones est devenu une tâche très complexe, l’avènement des sites mobiles exploitant HTML5 devrait apporter un début de solution, mais nous n’en sommes qu’au tout début.

N’est-ce pas un peu disproportionné de concentrer autant d’effort et d’attention sur seulement 1/4 de la population ? Pourquoi ne pas se préoccuper des 3/4 restant ? Jusqu’à présent les features phones (dont je ne parviens pas à trouver une traduction potable) ne passionnaient pas les foules, mais les technologies qui les équipent évoluent vite et devraient en faire des cibles de choix pour les fournisseurs de service et annonceurs les plus audacieux.

Facebook a ainsi été précurseur en laçant l’année dernière une version allégée de son service : Fast and Free Facebook Mobile Access with 0.facebook.com.

Facebook0

 

Ils ont depuis été rejoints par LinkedIn qui propose également une application pour Feature Phone : LinkedIn Announces Feature Phone App.

LinkedIn_Snaptu

 

Pour la petite histoire, cette application a été développée avec la solution Snaptu, un moteur en Java qui permet de faire tourner des applications sur les feature phones et qui a depuis été racheté par… Facebook : Facebook Acquires Snaptu to Bring Social Networking to Feature Phones.

Pourquoi un subit intérêt pour ces téléphones d’entrée de gamme ? Tout simplement parce que c’est là qu’il va falloir chercher de la croissance. La compétition sur le segment des smartphones est en effet devenue trop rude pour être pleinement rentable, s’attaquer au segment des feature phones est un positionnement malin pour rapidement conquérir des parts de marché sans fournir trop d’efforts. D’autres éditeurs sont d’ailleurs en train d’effectuer une manoeuvre similaire en ciblant les pays émergents : New Mobile Social Gaming Network Targets Developing Markets.

Est-il réellement question des marchés émergents ? Non je ne pense pas, car il n’est pas la peine de chercher dans les pays du 1/3 monde des utilisateurs n’ayant pas les moyens de se payer un smartphone et l’abonnement qui va avec : il y en a des dizaines de millions rien qu’en France. D’autant plus que la technologie évolue vite et que nous commençons à voir apparaitre un segment intermédiaire : les smartphones d’entrée de gamme.

Jusqu’à présent le marché se divisait en deux catégories :

  • Les smartphones qui sont propulsés par des OS évolués capables de faire tourner des applications d’éditeurs tiers ;
  • Les feature phones qui sont propulsés par des OS moins sophistiqués et qui doivent se contenter des applications installées nativement.

La montée en puissance d’environnements d’exécution d’applications comme Snaptu, Mobiles Republic ou encore Goojet ainsi que la disponibilité de systèmes d’exploitation comme Brew MP favorisent la prolifération de smartphones low cost dont l’ambition n’est pas de concurrencer les iPhone 4 et autres Nexus S, mais de proposer un navigateur web décent et un nombre restreint d’applications, le tout pour moins de 100$.

HTC_freestyle

 

Certes, il ne sera pas possible de facturer de la vidéo full HD en streaming, mais il n’est pas fous d’envisager qu’1/4 des possesseurs de téléphones mobiles se laissent tenter par cette gamme intermédiaire. Partant du principe que certains ont bâtis des fortunes en vendant des sonneries et fond d’écrans auprès de cette population, pourquoi ne pas tenter le coup avec des applications en ligne “façon iPhone” ?

J’anticipe donc une évolution du marché où les smartphones haut-de-gamme (iPhone, Android, Windows Phone…) vont progressivement équipés 1/3 des utilisateurs et où un autre 1/3 sera équipé de smartphones d’entrée de gamme. Cette configuration de marché va avoir deux impacts :

  • Sur les éditeurs d’applications qui devront prendre en compte ces OS (Java ou BrewMP) ;
  • Sur les fournisseurs de contenus et services en ligne qui devront adapter leur interface aux contraintes de ces terminaux.

Tout ceci nous ramène donc à la conclusion logique que l’approche la plu sage est de ne pas miser votre stratégie de distribution sur des environnements propriétaires comme iOS mais plutôt de répartir le risque en ciblant d’autres plateformes avec un modèle universel reposant sur une interface HTML5 (cf. Le responsive design à l’assaut des terminaux mobiles).

4 commentaires sur “Ne négligez pas les smartphones low cost

  1. Bonjour Frédéric,

    Merci pour cet article auquel je réagis d’un point de vue de développeur.

    Effectivement, ce serait vraiment idéal de pouvoir développer des applications HTML 5 pour tous les OS avec des fonctionnalités riches, une bonne ergonomie etc…

    D’expérience, je constate simplement qu’il est déjà relativement compliqué de sortir une application qui s’adapte bien à un terminal iPhone et Android. On est pas dans un simple travail de portage et il faut concevoir un programme pour cibler chacune de ces 2 plates-formes afin de fournir à l’utilisateur une expérience satisfaisante.

    Alors sortir une application qui tourne bien sur l’ensemble des smartphones, je ne vois pas comment cela serait réalisable à l’heure actuelle : on parle depuis déjà pas mal de temps d’HTML5 comme alternative crédible aux SDK, mais pour le moment ça n’est objectivement pas le cas et je ne pense pas que ça le sera dans les prochains mois, à moins de sortir des applications “pauvres”.

    Autre considération plus économique, un développeur / éditeur aura plutôt tendance à développer pour des plate-formes qui lui assurent un certain retour sur investissement et l’on peut se poser la question de savoir si un possesseur de smartphone “low cost” serait prêt à acheter des programmes (ou des services) à partir de son terminal. Je n’en suis pas certain et cibler ces appareils me semble donc constituer un investissement quelque peu hasardeux.

    Au final, ma conclusion serait plutôt à l’opposé de la tienne : mieux vaut concentrer ses efforts sur iOS puis Android. On touche certes une population plus restreinte (néanmoins loin d’être négligeable) mais plus dans une logique de consommation (et d’achat) d’applications / services.

  2. Ne négligez pas l’orthographe…
    A la première faute, on se dit que ça peut arriver, lorsque la seconde apparaît, on se focalise dessus et on fait nettement moins attention au sens du texte. A la troisième on s’arrête.
    A quoi bon vouloir donner un sens à un texte et en négliger la forme ?

  3. Merci Pascal pour votre témoignage qui va… à l’opposé de mon article ! La prudence voudrait effectivement que l’on concentre les efforts sur iPhone dans les prochains mois, mais ne te semble-t-il pas important de préparer l’avenir ? Car il y aura bien un avenir très proche où la configuration de marché sera bien différente de ce que nous connaissons aujourd’hui.

  4. Bonsoir Frédéric,

    Je suis tout à fait d’accord : il faut anticiper l’avenir. Les usages, les technologies, les terminaux mobiles et les modes de consommation vont forcément évoluer.

    Ma réaction portait effectivement plus sur la situation présente et le futur à moyen terme (quelques années peut-être quand même).

    Wait n’see…

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