La semaine dernière, j’ai été interviewé par une journaliste des Inrocks au sujet de Second Life. Je ne sis pas trop quel est le sujet de l’article, mais elle a été très surprise de ma réponse et de mon argumentaire sur SL. Je pense que comme 99,99 % des personnes qui s’intéressent de près ou de loin au web, elle était persuadée que SL était mort et enterré. Pourtant je n’ai de cesse de répéter que Second Life n’a jamais été si intéressant. Certes, il y a eu la période faste des années 2005-2006, mais depuis un énorme travail de nettoyage / rationalisation et refonte technique a été mené à bien (Second Life fête ses 8 ans, quel bilan de cette période ?). Aujourd’hui, non seulement Second Life est une destination de choix pour l’éducation, la collaboration et l’expression artistique, mais en plus certains y gagnent très bien leur vie : Stiletto Moody, la marque virtuelle à 1M de $ de Second Life.Je profite de cet article pour aller plus loin dans ma réflexion : Le succès de plateformes virtuelles comme Home, de plateformes hybrides comme Minecraft, ou des jeux sociaux comme ceux édités par Zynga est directement hérité de Second Life.
Quand vous y réfléchissez bien, qu’est-ce que Second Life nous a appris :
- Qu’il était possible de faire créer 99% du contenu d’un environnement virtuel par la communauté, c’est sur ce postulat que l’éditeur de Minecraft s’est lancé dans la conception d’un environnement complètement ouvert et où la communauté joue un rôle prépondérant dans l’innovation (cf. Minecraft = Second Life + Lego universe – 24 bits).
- Qu’il y a un marché pour les annonceurs souhaitant transposer leur marque dans un environnement virtuel où ils peuvent exprimer pleinement leur créativité. C’est d’ailleurs ce créneau que Sony exploite avec l’univers virtuel de la Playstation (cf. Sony lance une nouvelle version de son univers Home).
- Que les utilisateurs sont demandeurs d’instants de détente où ils peuvent équiper leur double virtuel d’accoutrement et accessoires fantasques. La fortune de Zynga a été bâtie sur la vente d’objets virtuels (cf. Nouveaux jeux et nouvelles ambitions pour Zynga).
Malgré tout ce que vous pouvez penser ou lire sur le déclin annoncé de Second Life, cet univers virtuel était précurseur et a permis de développer de nombreux usages dont d’autres profitent aujourd’hui. Son héritage est donc beaucoup plus important que vous ne le pensez. Vous pourriez éventuellement continuez à vous moquer des (rares) annonceurs encore présents dans Second Life, à l’image du Conseil Général du Jura (cf. Présentation de Second Jura), mais vous passeriez à côté d’un élément moteur de la présence d’une marque dans un environnement virtuel : l’expérience.

Tout l’intérêt d’avoir été, et d’être encore présent dans Second Life, est d’acquérir de l’expérience sur la meilleure façon de valoriser sa marque, ses produits et sa présence dans un environnement virtuel en 3D. Ça n’a l’air de rien, mais le fait de rajouter une dimension change beaucoup de choses par rapport à ce que les annonceurs connaissent (TV, affichage, print, web). Avoir été dans Second Life a ainsi permis à de nombreux annonceurs à “exprimer” leur marque et ses promesses en 3D.
Certes, les utilisateurs d’environnements virtuels en 3D sont peu nombreux pour le moment (euphémisme), mais qui nous dit que les choses ne vont pas changer ? On recense ainsi près de 100 millions de joueurs chez Zynga, si cet éditeur décide de se lancer dans la création d ‘un environnement virtuel en 3D, ceux qui auront accumulé de l’expérience seront bien mieux préparés que les novices. De même, lorsque Apple lancera sa TV révolutionnaire l’année prochaine (ce lancement a été confirmé de façon officieuse par de nombreuses sources), il y a de grandes chances pour qu’elle intègre l’accès à un environnement 3D (Apple Patent Shows A 3D Virtual World For Buying Their Goods In), serez-vous prêt ?

Au final, l’intérêt d’être présent au sein d’un univers virtuel dépasse largement la cadre dudit univers. Encore une fois, l’intérêt n’est pas de toucher les résidents (ils seront toujours bien moins nombreux que les utilisateurs de Facebook), mais de préparer l’avenir et d’acquérir de l’expérience en vue d’une généralisation ultérieure de ce type d’environnements. Souvenez-vous il y a 15 ans quand il était question d’ouvrir un site web pour une entreprise, les moqueries étaient de mise, maintenant la question n’est plus abordée.
Je vous propose de méditer là-dessus et de vous demandez si vous votre marque est prête à passer à la 3D…
mais oui elles sont prêtes les marques, elles le savent pas, c’est tout ;-)
Bonjour Fred,
Il est évident que la solution qui effacera facebook ou son successeur sortira de Second Life. Cela ne fait absolument aucun doute. C’est bien dommage Fred que tu fasses seulement du marketing virtuel et pas de la créa de solutions. Il y a une porte grande ouverte dans SL à quelques gars bien décidés et bien dans leur baskets virtuelles pour devenir les prochain Zuckerberg!
Bien à toi et aux lecteurs
Bonjour Fred,
Effectivement, je suis d’accord avec toi et ne pense pas que les efforts, investissements et compétences acquises via des environnements virtuels (en avance de phase ?) soient perdu à moyen terme.
J’ai repensé à ton article en lisant celui ci aujourd’hui : http://www.paristechreview.com/2011/11/22/virtual-currencies-real-economy/
Cette approche par l’aspect monnaies virtuelles est également intéressant et pertinent.
Cordialement,
D@vid,
Bonjour,
oui, Second Life est un des outils les plus puissants du moment. C’est du vécu… J’y ai créé ma marque virtuelle en 2006, les abonnements sont payés par les ventes d’objets 3D (tenues de simulation de plongée, qui rapportent de 200 à 400 dollars par mois, sans plus aucun travail depuis 1 an et demi) et ce développement “virtuel” m’a permis de passer un gros contrat avec une société aux états-unis. Aujourd’hui grâce à ce travail dans SL qui m’a servi de carte de visite, j’ai monté ma SAS de service autour des nouvelles technologies (univers virtuels, réalité augmentée, etc …). Ce que je n’aurais pu faire par un circuit classique.
Par contre, n’oublions pas que les premiers mondes virtuels en ligne étaient français :”Le Deuxième monde”, qui a fermé en 2002 et aussi “Le Village 3D” toujours actif, et qui est né en 1997 je crois… Etonnant cette coïncidence de nom entre le Deuxième Monde et Second Life non ? A son époque, les annonceurs comme France Telecom et consorts achetaient plus d’espace publicitaire dans ce monde virtuel que sur les grandes chaines de télévision nationales…