Comment le cloud s’installe dans notre quotidien

Il y a quelques années, le cloud computing était un domaine réservé aux informaticiens, un sujet obscur que l’on évoquait entre initiés. La situation a bien changé puisque l’informatique distante est maintenant présente dans notre quotidien sans que nous nous en rendions compte : vos emails, vos photos, votre musique… toutes ces informations et données sont maintenant stockées sur des serveurs distants. Est-ce une bonne chose ? Bien sûr, car vous êtes maintenant libéré des contraintes de stockage et de pérennisation. Avons-nous atteint l’apogée de ce que le cloud computing peut nous proposer ? Certainement pas ! D’ailleurs le cloud computing est est des trois piliers de transformation que j’ai identifiés pour 2012 (Du SoLoMo au ToDaClo).

Le cloud dans votre environnement professionnel

En début de semaine Adobe a présenté en grandes pompes sa toute nouvelle offre Creative Cloud. Pour résumer une longue histoire, cette offre vous donne accès pour 59€/mois à l’ensemble des logiciels de la gamme ainsi qu’un certain nombre de services dans les nuages (Everything you need to know about today’s Adobe event, CS6 and Creative Cloud).

Détails de l'offre Creative Cloud d'Adobe

Ça n’a l’air de rien comme ça, mais Adobe mise gros sur cette offre, TRÈS gros : ce n’est ni plus ni moins que la reformulation de son modèle économique pour lutter contre le piratage et préparer l’avenir. Car c’est bien de l’avenir de l’industrie du logiciel dont il est ici question. Cette offre est selon moi une transformation culturelle et économique gigantesque pour un éditeur, et elle préfigure un modèle qui va impacter tous les professionnels du secteur : les logiciels vont devenir des produits d’appel (des commodités), vous pourrez les télécharger et les utiliser librement, mais il faudra payer pour accéder aux fichiers qui seront créés avec. Cette traduction n’engage que moi, mais elle reflète bien l’évolution de nos habitudes de travail : nous ne produisons plus de façon autonome et individuelle, notre production est à un moment donné forcément collective et partagée, d’où l’idée de déporter la valeur depuis les logiciels vers ce qu’ils permettent de produire, et de déployer des services à valeur ajoutée autour de cette production.

Je ne m’attarderais pas sur l’impact de cloud computing, Louis Naugès le fait mieux que moi. D’authentiques empires ont été bâtis grâce au cloud computing, Amazon, Microsoft ou encore SalesForce misent leur avenir sur le cloud computing, qui touche à la fois la sphère privée et publique (Salesforce.Com Unveils the Government Cloud). Google est également un des principaux promoteurs et architectes du cloud computing avec des services historiques comme Gmail ou Docs et son tout nouveau Drive.

L’ambition de Google pour cette offre est de proposer un espace de stockage en ligne universel, aussi bien pour vos fichiers de travail (se positionnant en concurrence frontale avec les offres de collaboration intermédiaire : Google Drive vs. Dropbox, SkyDrive, SugarSync, and others: a cloud sync storage face-off), que pour vos fichiers personnels (photos ou musique : Google Had Big Expectations For Its Music Service).

Mais outre le fait de simplifier le stockage et la diffusion, le cloud computing permet également de proposer des services jusque-là impossibles, comme par exemple l’impression distante et notamment l’offre Cloud Print : Google Cloud Print now lets you print to any FedEx Office location in the US.

Imprimez vos documents dans le magasin le plus proche avec Google Cloud Print

Le cloud dans votre quotidien personnel

Comme précisé en début d’article, le cloud est un levier de transformation très puissant pour notre environnement professionnel, mais il est également omniprésent dans votre vie quotidienne :

Vos contenus disponibles sur tous vos appareils Apple avec iCloud

Si ces services connaissent un succès grandissant (Apple iCloud Has 125 Million Users), c’est parce que nous passons de plus en plus de temps en ligne et que nos fichiers personnels sont éparpillés sur différentes machines, là où ils ne sont que partiellement accessibles et pas forcément en sécurité (les disques durs n’étant pas fiables). Les services dans les nuages sont alors là pour nous proposer une solution viable pour le stockage, la diffusion et la synchronisation.

Evernote est d’ailleurs à ce sujet un acteur de référence dans ce domaine en proposant toute une série d’applications pour vous aider à ne rien oublier organiser vos trouvailles quotidiennes (notes, articles, captures d’écran, rencontres, recettes de cuisine, cours…).

Evernote se charge d'organiser vos souvenirs au quotidien

Démarrer comme un service de partage de notes, Evernote se définit maintenant comme une plateforme (notamment avec son offre Trunk) et ambitionne de vous aider à ne plus rien oublier (tout comme Google ambitionne de vous aider à tout trouver). De ce point de vue là, l’informatique dans les nuages n’est plus vraiment une lubie d’informaticiens, mais la première étape vers l’humanité augmentée, où notre quotidien est rendu plus riche grâce aux NTIC et où les machines nous aident à repousser nos limites (ici, la mémoire).

Notre vie dans les nuages

Puisque nos fichiers personnels, contacts, loisirs, souvenirs… sont maintenant dans les nuages, quelle va être la prochaine étape ? Peut-être de reprendre le contrôle de cette nouvelle forme de dispersion : d’une façon paradoxale, pour pouvoir lutter contre l’éparpillement de nos fichiers personnels sur différentes machines, nous les plaçons dans les nuages et les éparpillons à nouveau entre différents fournisseurs. Se pose alors la question de ce que ces fichiers vont devenir : vos playlists, vos photos, mais également tout ce que vous pouvez faire sur les réseaux sociaux. Car si tout le monde s’offusque des conditions générales d’utilisation de Google Drive, l’opinion publique semble avoir oublié que Facebook ou Twitter reposent des CGUs pas vraiment rassurantes sur les conditions d’exploitation et de pérennisation de nos photos / messages. Pour vous en convaincre, il vous suffit d’essayer de supprimer une photo dans Facebook ou de rechercher un tweet de plus de 2 ans…

Ceci étant dit, il faudrait être d’extrême mauvaise foi pour s’en plaindre alors que nous sommes connectés tous les jours à ces services sans nous soucier de savoir comment ils gagnent de l’argent (Nous faudra-t-il payer pour préserver notre vie privée ?).

Bref, tout ça pour dire que la prolifération des offres ouvre la voie à une nouvelle catégorie d’acteurs offrant la possibilité de gérer de façon centralisée vos différents comptes ainsi que l’accès aux contenus. Jolicloud propose ainsi une offre intéressante de meta-cloud qui vous donne une vision exhaustive de ce que vous avez publié et vous permet de l’archiver en connectant vos différents comptes : Jolicloud Me, Making Your Own Personal Cloud … From All the Other Clouds.

Vos archives personnelles dans les nuages avec Jolicloud

Dans l’absolu, tous ces éditeurs ne vous forcent à rien. Mais bon… nous payons pour assurer notre santé, nos voitures et nos maisons, pourquoi ne pas payer pour protéger nos souvenirs ? Après tout vous passez plus de temps sur les médias sociaux que dans votre voiture, non ?

Je ne vois pas nécessairement l’avènement de cloud computing comme une mauvaise chose, plutôt l’évolution logique d’un outil informatique dont on ne peut définitivement plus se passer dans notre quotidien : ordinateurs, smartphones, services bancaires et financiers… Le cloud est partout, littéralement, n’essayez pas de vous y soustraire, mais plutôt d’en profiter, car il peut vraiment améliorer votre quotidien.

15 commentaires sur “Comment le cloud s’installe dans notre quotidien

  1. C’est dommage tout de même que ces services restent très centralisés. A un moment les constructeurs ont vendu du matériel tournant sous une distribution Linux avec des capacités de calcul et de stockage juste suffisantes pour bénéficier des débits de plus en plus importants. Il me semble que le marché du matériel est reparti dans son orientation de course à la puissance.
    A partir de ce constat, et si les débits continuent d’augmenter, les fournisseurs de service pourraient faire du “vrai” cloud en utilisant les moyens performants des utilisateurs (stockage dispersé, calcul distribué…). Je pense que c’est quelque chose qui va émerger bientôt. Pour le réseau maillé je pense en revanche qu’il est un peu tôt, mais ne serait-ce pas justement le moment pour un fournisseur d’accès de se rendre indispensable ?

  2. En lisant ce post, je pense à la fonctionnalité JIT (Just-In-Time) de la JVM (Machine Virtuelle Java). Sous cet angle, le cloud est une brique de plus qui s’ajoute à la JVM et son JIT, et à XML.

    Avec l’apparition du XML, SUN le vendait comme complément naturel de la JVM : Java = code portable, XML = données portables.

    Le cloud, c’est un peu le complément naturel du JIT de la JVM : JIT = le code est téléchargé et assemblé au moment où on en besoin, cloud (tel que décrit plus haut via les exemples “musique”, “image”, “jeu”) = les données sont téléchargées au moment où on en a besoin.
    De ce point de vue, le JIT, c’est le “comment”, et le cloud, c’est le “où”.

    Bref, la vague née avec Internet et Java (ou les technos Java-like) se poursuit…

  3. Ce qui me frappe, c’est qu’on cite toujours des “géants” américains, on oublie qu’en France on est aussi capable de faire de bonnes choses :) ! J’utilise un tout nouveau service de cloud, nommé Bajoo, une société française, qui met un point d’honneur au chiffrement des données. Au moins, on sait que nos données sont en sécurité ! Si vous voulez jeter un coup d’oeil : http://www.bajoo.fr

  4. Des images, des musiques, des vidéos, des fichiers Offices mais quand est-il des applications ou des logiciels ? Je veux dire par la, comme Adobe (si j’ai bien compris) est-ce que certains vendeurs de services Cloud planchent ou proposent déjà la possibilité d’installer des logiciels dans le cloud, pour ensuite se connecter via son PC de salon, son PC portable ou son PC au boulot et utiliser le logiciel sans avoir à l’installer sur chaque machine ?

  5. Des musiques, des vidéos, des fichiers Office d’accord. Qu’en est-ils des logiciels ? Je veux dire par la, est-ce que certains fournisseurs de services dans le Cloud proposent (ou planchent sur le sujet peut-être) sur la possibilité d’installer un logiciel dans le Cloud pour ensuite utiliser ce logiciel à partir de plusieurs ordinateurs. Le but étant d’éviter la multiplication des installations longues et fastidieuses.

  6. Exactement ! Bien sûr il n’y a pas tous les logiciels, mais c’est déjà un très bon début. merci de me l’avoir fait connaitre ropib.

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