Des RSE aux RCE

Je suis intervenu la semaine dernière à une conférence ClubNet sur l’open innovation. J’ai eu l’occasion de discuter avec Marc Lopez d’un sujet très intéressant : l’abandon du terme RSE au profit de RCE (“Réseau Collaboratif d’entreprise“). Ce changement de terme est intéressant  plus d’un titre :

  • L’acronyme RSE est avant tout utilisé pour désigner la “Responsabilité Sociale de l’Entreprise“. Ceci pose de gros problèmes, notamment quand vous faites des recherches dans Google.
  • Le terme “RSE” est utilisé à toutes les sauces et de façon générique pour désigner un outil interne 2.0, alors que la fonction de réseau social d’entreprise ne couvre généralement qu’une petite partie de ce que les social softwares proposent.
  • Avec l’avènement de Facebook ou LinkedIn, les collaborateurs ont maintenant atteint la maturité suffisante pour passer à l’étape suivante (commencer à collaborer différemment une fois que l’on a identifié la bonne personne).

Même s’ils sont une brique essentielle de l’Entreprise 2.0, les réseaux sociaux d’entreprise servent avant tout à identifier la bonne personne, mais ils ne prennent pas en charge la collaboration à proprement parlé. C’est là où le terme “RSE” atteint ses limites. Je ne suis d’ailleurs pas le seul ni le premier à le dire : La fin des réseaux sociaux d’entreprise ? Comme précisé plus haut, le RSE n’est donc qu’une brique du système d’information, au même titre que le système de messagerie.

E2.0_2012

L’enjeu de cette nouvelle terminologie est de mieux éduquer les collaborateurs, mais également le marché. Les solutions de réseau social d’entreprise vont ainsi servir aux collaborateurs à se constituer en groupes affinitaires ou en communautés de pratiques. Dans un second temps, ils vont chercher un outil, un support, pour pouvoir faire ce qu’ils sont censés faire. La dimension “sociale” n’intervient plus vraiment dans cette seconde phase, car il s’agit vraiment d’effectuer un travail. La notion de travail collaboratif désigne ainsi un travail qui n’est plus fondé sur l’organisation hiérarchisée traditionnelle, et où collaborent de nombreuses personnes, sans division fixe des tâches, grâce aux technologies de l’information et de la communication. La nature exacte de ce support de collaboration varie en fonction du contexte (activité quotidienne et normée, projet, capitalisation des connaissances…), mais il n’est plus question de rentrer en contact.

L’autre faiblesse du terme “RSE” est la notion d’entreprise. La réalité de la collaboration telle que la vie la plus grande partie des collaborateurs est qu’elle ne se limite pas aux frontières de l’entreprise. La collaboration implique très généralement d’autres acteurs que vos collègues : sous-traitants, prestataires, partenaires… Restreindre la collaboration à l’entreprise revient à ignorer les écosystèmes collaboratifs qui se forment spontanément ou de façon plus formelle. Certains parlent de réseau collaboratif interne ou étendu.

Voilà, j’espère vous avoir convaincu d’utiliser le terme “RSE” à bon escient et de ne plus propager l’amalgame qui est fait avec la grande famille des social softwares, dont je vous propose au passage ma définition : une plateforme logicielle favorisant la communication en groupe, la fédération de communautés internes, le travail collaboratif, la création collective… à l’aide d’outils en ligne.

Si vous avez mieux, je suis preneur…

10 commentaires sur “Des RSE aux RCE

  1. Personnellement, j’utilise RSEE (Réseaux Sociaux d’Entreprise Étendue) ou Réseau Sociaux d’Écosystème considérant l’entreprise non plus simplement dans sa dimension interne mais dans sa globalité incluant toutes les parties prenantes. Cependant, je trouve ton analyse très juste et j’aime beaucoup le terme de collaboration qu’on utilise pour décrire cette entreprise collaborative donc ce que tu écrit fait bcp de sens ! :)

  2. Bonne question mon cher Frédéric… et bonnes réponses.

    Je te suggère de faire un sondage, via LinkedIn, Doodle ou Google apps pour sensibiliser, voire valider cette nouvelle appellation, d’autant que le salon expo Solutions RHH, e-learning et RSE qui se tiendra à Paris les 26, 27 & 28 mars 2013 sera une excellente occasion pour définitivement entériner cette nouvelle appellation

  3. Pour en avoir déjà discuté avec plusieurs clients, ils sont plutôt séduits par la terminologie de RCE, en particulier par ce que l’un de leur principaux enjeux et d’accompagner la transition vers des pratiques plus collaborative au sein de leurs organisation.
    J’ajouterai que nous préférons employer le terme de média social, plutôt que celui de réseau social. En effet le réseau est constitutif de l’activité humaine et généralement préexistant. Le media social, lui, est le moyen par lequel, en outillant ces pratiques, nous les rendons plus efficaces et plus puissantes. Le media pour démultiplier la puissance du réseau.

  4. Tout à fait d’accord avec cette analyse, notamment la confusion avec LA rse et la restriction à l’entreprise. Je parle pour ma part de plateforme collaborative et sociale. Mais le terme commence à être bien diffusé et il me semble qu’il sera bien difficile de se mettre d’accord sur un nouveau puis de le diffuser largement. Le mieux étant surement d’expliquer à nos interlocuteurs ce que comprend ou signifie ce fameux RSE.

  5. On pourrait croire que le sujet est léger, mais il fait toujours l’objet d’une discussion poussée lorsque l’on s’assoit avec un client. Il nous est arrivé plusieurs fois d’abandonner le terme RSE pour désigner un réseau social interne à l’entreprise afin de lui préférer quelque chose comme “plateforme d’innovation collaborative” ou, effectivement, “réseau collaboratif d’entreprise”. Plus que le fait d’éviter l’acronyme RSE, c’est le gros mot “réseau social” que les porteurs de projet au sein de l’entreprise cherchent à dissimuler.

    Par ailleurs, nous employons le terme de RSV (réseau social vertical) lorsque la plateforme en question a pour but de réunir l’ensemble des parties prenantes d’une industrie – au sens large – c’est-à-dire d’un secteur donné : la Finance, le Développement durable, l’Oenologie…

  6. Egalement tout à fait d’accord avec l’analyse.
    J’ajouterai que le E du RCE qui dit “Entreprise” est même trop limitant. J’y préfère la notion de Etendu, pour deux raisons :
    – la première est que l’entreprise,si on parle d’elle, est bien plus large que les membres qui la composent par des liens de contrat de travail. Elle est composée de toutes les parties prenantes, clients fournisseurs, partenaires, elle est Etendue..
    – la seconde parce que les Entités, les Associations, les Organismes, les Collectivités etc ne se reconnaissent pas dans la terminologie Entreprise et pourtant ils ont tout autant besoin de plateforme – média j’aime bien aussi – pour échanger, capitaliser, travailler ensemble.
    Petit bémol quand même RCE signifie également Responsabilités et Compétences Elargies. Cet acronyme est couramment utilisé dans le milieu universitaire.

  7. Je suis complètement d’accord avec Frédéric sur ses objections concernant le terme RSE. Pour nous, chez Jalios, la dimension sociale (profil riche, conversation, mur d’activités) contribue à améliorer la collaboration : l’intranets de nouvelle génération est un intranet collaboratif.

    Je rebondis aussi sur la remarque de Benoit Pain. On a parfois parlé de Réseau Social Professionnel. Le terme professionnel inclut aussi bien les entreprises que les collectivités / administrations. De plus il couvre aussi les cas d’extranet professionnels qui ne sont pas liés à une entreprise.

    Peut-être le terme Réseau Collaboratif Professionnel (RCP) répondrait-il à toutes ces remarques. Pas de danger de confondre avec la Réanimation Cardio-Pulmonaire ni avec le Régiment de Chasseurs Parachutistes :-) Reste qu’il est difficile de changer des termes en vogue…

  8. Intéressant, mais quitte à être discordant par rapport aux commentaires précédents. OK il ya confusion entre RSE réseau et RSE responsabilité, et on n’aime pas le S de RSE, qui fait un peu trop machine à café numérique. Et pourtant ! Le passage par le S de RSE peut être une étape très dure à franchir, suivant les entreprises dans lesquelles on se trouve. Au-delà de l’habituel obstacle managérial, la culture et lastructure d’une entreprise peut être un obstacle encore plus insurmontable. Et la poussée du S de RSE permet d’aborder le C de collaboratif plus efficacement. Bref, je parle en général de plateforme collaborative de type RSE.

    Quant à l’assertion “•Avec l’avènement de Facebook ou LinkedIn, les collaborateurs ont maintenant atteint la maturité suffisante pour passer à l’étape suivante (commencer à collaborer différemment une fois que l’on a identifié la bonne personne).”, cela dépend vraiment des entreprises et de leur domaine d’activité. D’ailleurs être sur LinkedIn ne veut pas forcément dire être prêt au C de collaboratif, mais peut-être entrevoir l’intérêt du selfbranding ;-)

  9. Suite à un petit saut au salon Solution Intranet, collaboratif et RSE, j’ai beaucoup entendu le terme “Réseau Social”. Bien que je sois absolument d’accord sur l’analyse : restrictif, confusant, loin de la réalité… RSE est un mot connu et, les entreprises n’ont que ce terme pour désigner un système de partage et d’échange au sein de leurs organisations. Effectivement, quand on creuse, on découvre toutes les dimensions qui se cachent derrière : du management des idées, de l’innovation collaborative, de l’amélioration continue, de l’innovation sociale… Finalement, RSE veut tout et rien dire, tant il est employé pour des usages différents. Mais les habitudes ont la vie dure et… je crains qu’il ne reste pour un petit moment.
    Pour changer les choses, il faudra beaucoup se répéter… Alors, prêts à changer ?

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