L’évolution du poste de travail est un sujet récurrent… et persistant. Comprenez par là que l’on en parle depuis des années (décennies ?) et que le sujet n’est pas prêt de se tarir vu que les outils utilisés par les centaines de millions de travailleurs du savoir ont à peine évolué en 20 ans. Je n’ai pas la prétention de vous fournir la solution ultime, mais plutôt de vous faire partager mes réflexions dans ce domaine.
Pour résumer une longue explication, disons que l’évolution du poste de travail ne consiste pas “que” à changer les outils, mais à accompagner les collaborateurs dans une dynamique de changement, ce qui n’est pas une mince affaire, car les freins les plus puissants sont avant tout culturels. Pour mieux les appréhender, je vous propose de découper le sujet en deux en abordant d’abord les aspects logiciels, puis les aspects matériels.
De la virtualisation au social desktop
Ces derniers jours j’ai vu passer un certain nombre d’articles évoquant le poste de travail du futur :
- Le poste de travail du futur : enquête sur l’évolution de l’environnement numérique des collaborateurs en entreprise ;
- Portails d’entreprise : les nouveaux postes de travail et la suite ;
- Le poste de travail collaboratif en mode agile et son diaporama.
Ne vous y trompez pas, il ne s’agit pas d’une tendance, mais plutôt d’une coïncidence, car le sujet n’est pas neuf (on en parlait déjà au siècle dernier ). La première grosse tentative d’évolution du poste de travail est venue des offres de virtualisation et des ASP (Application Service Provider) qui tentes maintenant de surfer sur la vague du cloud computing et essayent de se rebaptiser en Desktop as a Service. J’ai toujours été sceptique face à ce type d’offres, car elles ne font que déporter le problème : ce sont les mêmes outils avec les mêmes habitudes de travail, mais qui tournent sur des ordinateurs distants. Un pansement sur une jambe de bois en quelque sorte…
Selon moi, la véritable transformation ne commence que lorsque l’on essaye de repenser en profondeur la circulation de l’information, le partage des savoirs, la collaboration… Je ne m’étends pas sur le sujet, car c’est le thème central de ce blog ;-) Sur le papier, les social softwares et offres en mode SaaS se sont censées répondre à ces objectifs.
Pour avoir une bonne vision d’ensemble de ce chantier, le plus simple est de repartir des besoins et de ce que sera (à terme) le quotidien des travailleurs du savoir (cf. L’Entreprise 2.0, cinq ans après) :
Oui il y a beaucoup de choses sur ce schéma, mais cela correspond à la réalité quotidienne de la plupart des travailleurs du savoir (pas des ouvriers). Comme vous pouvez le constater, nous avons ici de nombreux environnements hétérogènes à connecter. En théorie, ce ne sont que des 0 et des 1, mais lorsque vous vous penchez sérieusement sur la question, et j’ai eu l’occasion de le faire avec certains de mes clients, la réalité est tout autre, car généralement l’existant technologique et culturel empêche la réalisation d’un poste de travail unifié. Quand je dis “empêche”, c’est que ce n’est tout simplement pas possible : trop laborieux, trop coûteux, trop risqué… Bref, un refactoring complet des outils et processus est un chantier trop important, surtout en cette période de crise et d’incertitudes.
J’ai volontairement écarté la possibilité de tout basculer “à l’arrache” sur des environnements hébergés comme Google Apps, Zoho ou ERPNext car le traumatisme serait beaucoup trop important. Fin de la parenthèse.
La meilleure solution semble donc être un compromis reposant sur une interface permettant d’unifier les différents environnements informatiques et les pratiques sociales. Cette interface ferait à la fois office de tableau de bord (en consolidant différents KPIs), un outil de communication (regroupant les différents canaux), un lanceur d’applications (sur votre poste ou dans les nuages)…
La meilleure façon de la décrire serait : une interface ergonomique et sociale pour améliorer la productivité, la collaboration et la mobilité sans faire la révolution informatique. Un compromis qui peut vous laisser sceptique, mais n’oubliez pas que vous utilisez au quotidien une interface (surcouche) qui masque un système d’exploitation vieux de plus de 20 ans (respectivement Windows et MS Dos).
Encore une fois je ne suis pas en train de vous présenter la solution ultime, mais ce social desktop me semble être un compromis réaliste.
De la souris aux interfaces gestuelles
Nous avons donc parlé de la partie software. Intéressons-nous maintenant à la partie hardware. Comme précisé en début d’article, les travailleurs du savoir exploitent au quotidien un hardware qui n’a quasiment pas évolué depuis 30 ans : un ordinateur (avec écran, clavier et souris), un téléphone et du papier. Le paradoxe de cette situation est que les smartphones et tablettes ont été largement adoptés par le grand public (La fin de l’ordinateur individuel est programmée), mais que l’on en interdit l’usage en entreprise sous couvert de “sécurité” (un argument bien pratique pour ne pas se remettre en question).
Il est donc grand temps que cela change, car le monde en 2012 n’est plus du tout celui qu’il était dans les années 80. Là où les choses sont en train d’évoluer dans le bon sens, c’est que le prix des composants ayant fortement chuté et que les technologies ayant fait de gros progrès, les travailleurs du savoir n’ont plus besoin d’un gros ordinateur, mais de terminaux de connexion “légers” : smartphone, tablette et surtout un cloudtop (contraction de cloudbook et desktop). Je sais bien que le concept de network computer ne date pas d’hier (Oracle a lancé le concept en 1996), mais les progrès récents de ChomeOS ou Android permettent de viabiliser son déploiement à grande échelle en entreprise (comptez dans les 200$ pour une Chromebox, 75$ pour un Mini PC ou 25$ pour un Raspberry Pi).
Restera encore à faire évoluer les interfaces de saisie (clavier et souris) vers des choses plus performantes comme le très convainquant pavé tactile XL présenté par 10/GUI ou encore une interface gestuelle avec des périphériques comme le Leap.
Tout ceci peut vous sembler être de la science-fiction ou du gadget, mais les gains de productivité seront à chercher dans cette direction.
Encore une fois, je n’ai pas la solution miracle (sinon je serais déjà très riche), mais ça m’intéresse d’en discuter avec vous. Si vous avez des expériences ou points de vue à partager, les commentaires sont là pour ça.
Pourquoi vouloir absolument unifier l intrface voir l outils ? C est le produit que l on echange qui doit eventuellement etre identique et encore, chacun y voyant des interets parfois totalement différent. L uniformité fait gagner en performance et repetition pas en qualité et la performance peut etre comblée par une maitrise de son environnement. Pour faire un paralèlle, les joueurs de jeu type fps les plus costaud utilise souvent un interface dépouillé inutilisable par monsieur X alors que ce même monsieur X verra parfaitement l activité via son propre interface nettement plus chargé.
Votre analyse est plutôt pertinente, et Je suis tout à fait d’accord avec vous en général.
Sauf que vous vous limitez à ce que la majorité des “travailleurs du savoir” utilisent (probablement à juste titre puisque c’est la majorité), savoir Windows et Dos dans les différentes versions.
Sauf qu’il existe des alternatives tout à fait viables, encore faut-il courir le risque de s’éloigner des sentiers battus. Je pense à la dernière version d’Ubuntu (la 12.04) et le bureau GNOME à partir de la version 3.
Je travaille sous Linux depuis 10 ans, et je suis passé d’un bureau standard type Windows à un bureau très personnalisé avec mon tableau de bord, mon centre de communication, mon interface de collaboration, et mes raccourcis, suffisamment ergonomique et “socialement” plutôt au point pour me sentir bien.
Certes, il reste encore quelques progrès à faire en terme de mobilité. Quoique … L’équipe Canonical n’a-t-elle pas présentée récemment une version d’Ubuntu tournant sur les smartphones Androïd de dernière génération, et permettant d’envisager de travailler de façon itinérante ?
Là, moi j’adhère à 100% !!!
Je trouve votre billet intéressant ! Pour ma part, je prône une approche de type stratégie de gestion de contenu, pour amener le plus possible les usages vers des outils “web” (en gros, tableur/email/IM/Phone > file sharing/wiki/Social web).
Pour cela, je suis aidé, il faut l’avouer, par l’arrivée de solutions métier intégrées avec un moteur social web générique.
Mais, plus loin que le contenu, il faut, et vous le soulignez avec raison, accompagner le changement de culture, et passer du team management au community management, avec un soin particulier à l’animation, tout en surveillant que l’on ne laisse personne sur le bord de la route.
Dans l’ensemble je suis d’accord avec vous.
Peut-être à l’exception de la perception dans le futur. En effet, les OS actuels (windows – dos mais aussi linux) tentent de plus en plus à se limiter au maximum et à profiter du cloud. tant est si bien que l’avenir , selon moi, sera l’os en le cloud comme la solution de EyeOS ou de JoliOS