Après de multiples rumeurs, Microsoft a enfin présenté hier de façon officielle sa tablette : Microsoft Announces Surface: New Family of PCs for Windows. Il ne vous aura pas échappé que le titre du communiqué de presse ne fait pas référence à une tablette, mais à “une nouvelle famille de PC“. La distinction est subtile, mais elle résume bien la posture de la firme de Redmond pour différencier son produit des autres tablettes du marché.
Surface n’est pas une tablette, c’est un PC de nouvelle génération
C’est donc au cours d’un événement secret à L.A. que Steve Balmer a levé le voile sur la première tablette commercialisée par Microsoft : la Surface. Un lancement très attendu par le marché, car même si Microsoft a été précurseur en laçant le concept de Tablet PC en 2001, force est de constater qu’ils étaient complètement largués face à Apple et Google.
Pour le moment on ne connait ni le prix, ni la date de sortie de cette tablette, nous pouvons néanmoins compter sur un lancement synchronisé avec celui de Windows 8 (prévu pour les prochains mois). Par contre, nous avons des indications assez précises sur les spécifications avec deux versions : une “légère” propulsée par Windows RT et une autre plus puissante propulsée par Windows 8 : Microsoft announces new 10.6″ Microsoft Surface tablets, running Windows 8 in RT and ‘Pro’ flavors.
Certes, Microsoft se lance largement après les autres, mais ce retard n’est pas forcément une mauvaise chose, car la tablette de Microsoft n’est pas un produit isolé, mais un chainon essentiel de l’offre globale Windows 8. Le fait que la Surface soit commercialisée avec un clavier intégré à son clapet n’est pas un hasard : la proposition de valeur est plus proche d’un ordinateur portable que d’une tablette low-cost comme le Kindle Fire. Dès les premières minutes de la conférence, Steve Balmer a été très clair sur le positionnement de cette tablette via-à-vis de la concurrence : “People want to consume and create, they want to play and work” (l’intégralité de la keynote est disponible ici). Vous remarquerez que la connectique n’est pas en reste, car la Surface possède un port USB 2.0.
Ce lancement est donc un authentique retour en force de Microsoft qui a présenté un produit très abouti en termes de hardware (avec une superbe coque en magnésium) et de software (ils ont pris le temps de peaufiner l’interface Metro). Force est de constater qu’ils ne peuvent pas se permettre d’échouer, car cette Surface est résolument le produit phare de l’ère post-PC de Microsoft. Elle bénéficie ainsi du savoir-faire des équipes hardware de Microsoft (qui ont conçu des produits remarquables comme la souris Arc), ainsi que des équipes spécialisées dans les interfaces ou l’expérience utilisateur (qui compte des personnalités comme Bill Buxton que j’apprécie énormément).
Il existe d’autres tablettes équipées d’un clavier (comme l’Asus EeePad Transformer), mais cette Surface réussie le tour de force de proposer un produit complet pour consommer dans votre canapé (en mode “lean back“) ou pour travailler en déplacement ou en réunion. Vous noterez ainsi qu’il y a deux versions du clapet : avec touches tactiles ou avec des touches en relief.
Nous manquons de précisions, mais cette Tablette sera visiblement commercialisée avec un stylet pour une plus grande précision. Le positionnement de la Surface est donc limpide : elle est plus épaisse, plus lourde, plus chère, mais c’est un vrai ordinateur déguisé en tablette. De ce point de vue, je ne peux que saluer l’effort de Microsoft pour ne pas se retrouver en concurrence frontale avec les autres produits du marché. L’approche de Microsoft est donc d’éviter une comparaison avec l’iPad, les autres tablettes tournant sous Android, le Kindle Fire…(cf. Microsoft Surface vs. Surface… and the Windows, Android, and iOS tablet competition). Nous verrons ce que Google va présenter la semaine prochaine lors de sa conférence I/O, mais je pense qu’ils vont opter pour un format 7″, offrant ainsi une bonne lisibilité des offres pour le grand public.
Si comme moi, vous vous demandez ce que va devenir l’ancienne Surface (Surface 2.0, la nouvelle table tactile de Microsoft enfin disponible), ne vous inquiétez pas, elle est toujours disponible et change simplement de nom : Pixel Sense.
Surface et l’écosystème Windows
Comme précisé plus haut, la Surface n’est qu’un produit s’insérant dans l’écosystème Windows. Un écosystème très vaste où un certain nombre de terminaux (ordinateur, smartphone, tablette, console, TV connectée…) sont synchronisés entre eux pour proposer une expérience cohérente de consommations de contenus, services et jeux.
Cela n’a pas été explicitement dit, mais la Surface s’inscrit donc dans le projet SmartGlass qui permet de lier les terminaux entre eux et de synchroniser les contenus. Pour le moment rien n’a été annoncé de façon officielle, mais Microsoft a une road map très complète sur l’évolution de son écosystème et la façon dont ils vont s’approprier les médias numériques.
Une vision parfaitement en phase avec l’évolution des attentes et la maturation du marché (Il n’y aura pas de révolution mobile, car elle a déjà eu lieu). Attendez-vous donc dans un futur très proche à pouvoir regarder un film sur votre Xbox et les bonus sur votre tablette, à jouer à un jeu en dual screen (façon Wii U) ou à piloter votre TV avec votre smartphone.
Donc même si le retard de Microsoft en terme d’offre de tablette est manifeste, ils sont par contre plutôt en avance pour proposer une offre de divertissement globale sachant tirer parti de la Xbox, de Kinect… Tous les éléments sont donc à peu près en place, il ne reste plus qu’à lancer la pièce maitresse de ce dispositif : Windows 8.
Je pense ne pas me tromper en disant que Microsoft tient le bon bout, à partir du moment où ils tiennent leurs engagements et sont en capacité de livrer ce qu’ils ont montré. Il reste par contre un certain nombre de questions en suspend :
- Quel va être le prix de vente et le circuit de distribution ?
- Que va proposer l’offre de personal cloud de Microsoft et comment Surface va-t-elle s’insérer dedans ?
- À quoi va ressembler l’offre pour les entreprises ?
Bref, il reste encore de nombreux détails à régler. Mais chaque chose en son temps, j’imagine que pour le moment les équipes sont concentrées sur la finalisation de Windows 8 et que nous aurons l’occasion d’obtenir des réponses à ses questions dans les prochains mois. Affaire à suivre…