Quand on mentionne les objets connectés, ce sont généralement les produits de Nest ou de Jawbone qui sont cités. Normal, ce sont ceux qui ont bénéficié de la plus large couverture de presse. Pourtant, les producteurs français sont pionniers en la matière, à l’image de Withings ou Netatmo. Mais c’est bien dans le domaine industriel que l’on trouve aujourd’hui le plus d’exemples, notamment avec les innombrables applications pour les capteurs intelligents (ou passifs comme les puces RFID). Avec la commercialisation prochaine des Google Glass (qui n’ont pourtant pas grand-chose à voir avec les objets connectés précités), le marché de l’internet des objets est en pleine ébullition. Il suffit de voir la frénésie autour des montres connectées pour s’en rendre compte. Si ces dernières peuvent vous sembler superflues, le potentiel est bien réel : How Big The Internet Of Things Could Become.
Trois défis à surmonter
Si les premiers produits grand public ont bien été livrés, la mise en réseau de milliards d’objets n’est pas tâche facile pour autant. Il y a en effet de nombreux défis à relever pour pouvoir déployer et connecter en masse :
- L’interopérabilité, pour faire en sorte que les objets exploitent les mêmes normes et protocoles de communication (La bataille des standards nuit-elle à l’adoption de l’internet des objets). Le problème a visiblement été bien identifié, car des solutions concrètes existent, comme 6LoWPAN (IPv6 over Low-Power Wireless Personal Area Networks), qui permet de connecter des objets directement à l’internet sans passer par un smartphone (This horrible acronym could be great news for your connected gadgets).
- L’interconnexion des objets entre eux, car pour le moment, il faut bien reconnaître que les modalités d’interaction sont plutôt limitées (De l’internet des objets au web des objets). Mais là encore, les infrastructures progressent avec notamment cette base de données spécialement conçue pour les objets (A database for the internet of things, TempoDB raises $3.2M).
- La sécurité qui reste un domaine très sensible, notamment suite aux articles parus récemment sur le sujet (The terrifying search engine that finds Internet-connected cameras, traffic lights, medical devices, baby monitors and power plants).
Tout comme le déploiement à grande échelle du web grand public ne s’est pas fait sans accrocs, il n’y a pas de raison pour que celui des objets fasse exception à la règle. Ceci étant dit, les talents et les budgets engagés devront suffire à surmonter ces difficultés rapidement. Je suis confiant quant à la capacité des fabricants et industriels à se mettre en ordre de marche pour conquérir le marché domestique.
De nouveaux produits chez Netatmo, Parrot, Nest…
C’est justement pour s’imposer sur un marché encore balbutiant que les constructeurs de la première heure multiplient les produits pour imposer leur marque. Après son thermostat connecté, l’américain Nest vient ainsi de sortir un détecteur d’intérieur : Nest unveils its $129 Protect smoke and carbon monoxide detector, available from November.

Toujours outre-Atlantique, signalons ce très ambitieux projet de serrure connectée chez Lockitron qui va très prochainement entrer en phase de commercialisation : As The Lockitron Nears Shipping, Apigy Partners With Schlage And Details Building Gadgets On IOUs.

En ce qui concerne les industriels européens, Philips vient de lancer une nouvelle version de ses ampoules connectées : Philips Hue Continues To Dominate Smart Lighting With New BR30, GU10 And Disney Lights.
Du côté des fabricants français, nous avons pu assister au lancement de deux produits ces dernières semaines avec notamment le thermostat de Netatmo qui vient compléter la station météo : Netatmo releases a connected thermostat, a European ‘Nest’ with French Design.

La palme de l’innovation revient à Parrot avec son incroyable Flower Power, un capteur intelligent pour vos plantes vertes : Le Parrot Flower Power surveille les plantes.

Vous pourriez me dire que la technologie n’a rien à faire dans un jardin, et je vous répondrais que les agriculteurs n’ont pas attendu les geeks pour optimiser leur production avec des outils informatisés. À plus petite échelle, nous pouvons néanmoins constater que les passionnés de potagers s’en donnent à coeur joie : A Connected Garden Can Reap More Of What You Sow. Des startups comme Arduino ou HarvestGeek proposent des kits et environnements de développement très pragmatiques pour mélanger jardinage et cloud computing.

Est-ce bien raisonnable de truffer ses bacs à plantes de capteurs ? Non probablement pas, mais c’est très certainement le meilleur moyen de démocratiser les usages et de fertiliser l’innovation, sans mauvais jeu de mots ! Même si tout ceci peut vous sembler absurde, je peux vous garantir qu’il y a bien longtemps que je n’avais pas vu un tel niveau de foisonnement. Toutes les conditions sont assurément réunies pour doper la créativité et l’innovation.
Le vrai marché est pour les entreprises et l’industrie
Ces histoires de pots de fleurs connectés me font une transition parfaite avec l’avenir des objets connectés. Une récente étude de ARM révèle ainsi que les grands dirigeants sont très optimistes vis-à-vis de l’internet des objets et comptent en explorer les différents domaines d’application : 75 percent of global business leaders are exploring the economic opportunities created by the Internet of Things. Ceci met en évidence la réalité du marché : les applications grand public ne sont que la partie visible de l’iceberg, elles vont permettre un développement plus rapide pour les applications industrielles.
C’est donc bien dans le monde de l’entreprise que l’on va trouver les applications les plus intéressantes, celles qui ont un impact direct sur la performance et la rentabilité : A tale of two internets of things: Connectivity will invade your home and office in different ways. Une prévision qui ne me surprend pas vraiment, dans la mesure où les applications industrielles existent depuis de nombreuses années. Près de 100.000 arbres dans la capitale sont ainsi équipés de capteurs depuis 2005 : Paris trace la vie de ses arbres grâce au RFID.
Moralité : peu importe que la station météo de Netatmo vous semble superflue, elle ouvre la voie à de nombreuses innovations dont bénéficieront les agriculteurs et industriels.