Vous ne vous en êtes sûrement pas rendu compte, mais depuis que j’ai commencé à rédiger ce blog, je vous parle de cloud computing. Et oui, car le cloud est un des ingrédients essentiels des outils et pratiques affiliés à l’Entreprise 2.0 (Connecting the Dots Between the Cloud and Enterprise 2.0). Il est donc tout naturel que je consacre un article à ce sujet.
Il faut dire qu’en ce moment le sujet est très chaud. Correction : voilà plusieurs années que le sujet est chaud (), mais l’année 2011 s’annonce comme particulièrement riche en annonces surprenantes (2011 sera-t-elle l’année du cloud computing ? et La Chine construit une ville dédiée au Cloud Computing) et en mises en garde (Cloud Computing Bubble Looks Like Dot-Com Bubble). Il existe déjà quantité de matière et de spécialistes (dont Louis Naugès et Guillaume Plouin), aussi je me concentrerais sur une vision très personnelle du cloud (liée aux usages).
Cloud computing = informatique distante
Commençons par le commencement avec le traditionnel exercice de la définition. Le cloud computing est un concept assez vaste, aussi les définitions varient. Je vous en propose ici une compilation :
- Pour Wikipedia : “Le Cloud computing est un concept qui consiste à déporter sur des serveurs distants des traitements informatiques traditionnellement localisés sur le poste client de l’utilisateur” ;
- Pour Génération NT : “Le cloud computing est un concept d’organisation informatique qui place Internet au coeur de l’activité des entreprises, il permet d’utiliser des ressources matérielles distantes pour créer des services accessibles en ligne” ;
- Pour le NIST : “Le cloud computing est une nouvelle façon de délivrer les ressources informatiques, et non une nouvelle technologie“.
Avec ces trois définitions, nous avons de quoi faire… surtout avec la définition étendue proposée par le NIST : “C’est un modèle qui permet l’accès au réseau à la demande. Les ressources sont partagées et la puissance de calcul est configurable en fonction des besoins. Le client peut bénéficier d’une flexibilité importante avec un effort minimal de gestion.” Le NIST pousse sa définition encore plus loin en isolant :
- 5 caractéristiques principales (un accès en libre-service à la demande, un accès ubiquitaire au réseau, une mise en commun des ressources, une élasticité rapide et un service mesuré en permanence) ;
- 3 modèles de service (Software as a Service, Plateform as a Service et Infrastructure as a Service) ;
- 4 modèles de déploiement (public, privé, communautaire et hybride).
Tout ceci est très précis, mais un peu trop jargonnant à mon goût. Je n’ai pas la prétention de rédiger la meilleure définition, mais plutôt de simplifier celles existantes. Je vous propose donc cette définition : “Le could computing désigne l’exploitation de ressources informatiques distantes permettant d’exploiter des services en ligne à la demande“.
La notion d’informatique “distante” est pour moi beaucoup plus parlante que d’informatique “dans les nuages” qui est beaucoup trop vague et de plus trompeuse (les données et traitements sont effectués dans des data centers généralement installés dans des sous-sols).
La clé pour bien comprendre le cloud computing est plutôt de s’intéresser aux usages. Le cloud computing permet ainsi de s’affranchir des contraintes de l’outil informatique traditionnel (installation et mise à jour des logiciels, espace de stockage, portabilité des données…) tout en facilitant la collaboration (circulation de l’information, production ou révision de documents à plusieurs mains…). À partir du moment où, du point de vue des collaborateurs, tout se passe dans le navigateur, c’est forcément plus simple.
Acteurs et usages du cloud computing
De nombreux acteurs sont déjà positionnés sur le cloud : aussi bien des acteurs traditionnels (Microsoft, IBM, Cisco, HP, Dell…), que des éditeurs de logiciels et services (Oracle, Google, Adobe…), que des nouveaux entrants (Amazon, SalesForce, Zoho…). Pour une vision plus précise, je vous recommande l’article suivant : A Muddled Look at Today’s Cloud Computing Landscape.
Pour résumer une longue explication, le cloud computing concerne les familles d’usages suivantes :
- L’exploitation de logiciels en ligne (ex : Zoho) ;
- L’archivage de données ;
- La mise à disposition de puissance de calcul ou d’environnements de développement (ex : Amazon) ;
- La collaboration au travers d’espaces de travail partagés et d’outils de communication synchrones…
En fait les usages sont innombrables et pour cause : se sont les mêmes qu’avec l’informatique traditionnelle, sauf que les machines qui stockent et traitent l’information ne sont plus dans le même bâtiment que vous.
L’adoption des différentes solutions de cloud computing se fait progressivement en entreprise, mais c’est certainement par le grand public qu’elle risque d’être la plus rapide avec des usages liés aux contenus (musique, jeux, photos…) mais aussi aux terminaux mobiles (tablettes et netbooks) qui vont être les premiers bénéficiaires de cette révolution. Révolution ? Oui car le fait de déporter le stockage des données ainsi que les traitements va complètement bouleverser l’outil informatique (le concept de cloudbook de Google en est l’illustration parfaite).
Les avantages du cloud computing pour les entreprises et collaborateurs sont donc nombreux :
- Une plus grande flexibilité des outils informatique (pas d’installation ni de mises à jour, montée en charge automatisée, nombreux connecteurs disponibles…) ;
- Un budget optimisé (facturation à la demande) ;
- Des informations plus accessibles (puisqu’elles sont déjà en ligne) ;
- Des données sécurisées (rien sur les disques durs) et une informatique réellement nomade (accessible depuis n’importe quel ordinateur ou smartphone)…
Bref, les avantages. Je fais volontairement l’impasse sur les inconvénients, car je préfère donner une note optimiste à cet article. Il existe de plus de nombreux articles qui traitent les différentes objections (sécurité, disponibilité…). Dernière précision : Même si les petites structures sont les organisations les plus à même d’en bénéficier directement (cf. Peut-on envisager une entreprise sans SI ?), les grandes entreprises peuvent également en bénéficier facilement en déportant une partie de ses applications vers le cloud. L’informatique distante n’est ainsi pas exclusive, elle peut tout fait cohabiter avec un environnement traditionnel.
Les nouveaux usages du cloud computing
Comme précisé en début d’article, le cloud computing n’est pas un concept très neuf (on parlait déjà d’Application Service Provider au siècle dernier). De nombreux usages innovants sont ainsi en train d’émerger :
- Le cloud computing pour les gouvernements et municipalités. Les gouvernements et municipalités exploitent des S.I. complètement dispersés. De plus, ils s’insèrent dans un écosystème très dense de partenaires, sous-traitants & cie qui exploitent eux-mêmes des applications très hétérogènes. À partie de ce constat, déporter les applications et données semble être une solution idéale pour simplifier l’évolution des services, l’accès aux données et la collaboration. De nombreux gouvernements se sont déjà prononcés en faveur de cette solution (Le gouvernement fédéral américain publie sa stratégie Cloud Computing) et les municipalités devraient être les prochaines cibles privilégiées des éditeurs.
- Le cloud computing pour les industries verticales. Certaines professions vivent quasiment en “vase clôt” dans leur environnement informatique, notamment les professionnels de la santé ou du tourisme. Ces industries sont composées d’une infinité d’acteurs de petite taille (médecins et pharmaciens, hôtels et restaurants…) qui ne nécessitent pas une informatique très lourde et qui doivent être reliés à des opérateurs nationaux (sécurité sociale et mutuelles, systèmes de réservation centralisés et compagnies aériennes). Le cloud computing semble là encore parfaitement adapté pour équiper ces petits acteurs et faciliter les échanges électroniques (cf. Dell Launches New Cloud-Based Services for Hospitals and Physician Practices).
- Le cloud computing pour les objets connectés. Dans un futur proche, une grande partie des objets de nos foyers seront connectés à l’internet (TV, cadre à photo, pèse-personne, système de surveillance…). Collecter et traiter les données en provenance de ces appareils sera d’autant plus simple si tout est centralisé et piloté à distance. Cette configuration permettrait de plus à des opérateurs accrédités de vous simplifier le quotidien (le Ministère de la Santé pourrait vous faire des recommandations d’alimentation en fonction de ce que vous avez dans votre réfrigérateur, votre fournisseur d’électricité pourrait vous aider à optimiser votre consommation…). Là encore nous n’en sommes qu’au tout début d’un chantier de transformation très vaste : Cloud + Machine-to-Machine = Disruption of Things.
Rien qu’avec ces trois domaines d’innovation, il y a suffisamment de matière pour écrire un livre. Mais ce n’est qu’un début, car le cloud computing induit de nombreuses autres transformations qui vont révolutionner notre quotidien. Affaire à suivre…
Et pour revenir dans le quotidien et la réalité, un contexte économique en train de faire basculer de nombreuses PME vers le cloud faute de budget pour assumer les coûts d’un SI classique.
Oui tout à fait, je ne rentrerais pas dans le débat du CTO sur 5 ou 10 ans, mais avec le cloud, les investissements sont lissés (la mise initiale est minime).
Excellent panorama. Les perspectives sont gigantesques. Le cloud n’est pas une technologie. C’est un véritable modèle. Pour les PME et pour prolonger le propos de @Herschkorn il a été dicté par des impératifs économiques, sur lequels Google a remarquablement anticipé. J’observe que lorsque Microsoft communique sur le Cloud il y a quelques jours, il s’assigne comme objectif les 500 entreprises de Fortune. On est loin des PME. L’IT voit la donne complètement modifiée pour des raisons liées à des contraintes budgétaires immédiates et non à une quelconque prospective. Et le Cloud devient le mode dans lequel les PME n’ont plus le choix de basculer pour leur SI. Avec le Cloud @frederic, il n’est même plus pertinent de parler d’investissement, puisque précisément, la facturation se fait sur la base de consommation effective – c’est le principe “service on demand” (Nous neutralisons ici les entrées forfaitaires basiques et minimales). Mais demeure un énorme problème pour les PME dans l’explosion du Cloud computing en ce début 2011: la lisibilité. La concurrence est telle que la lisibilité des offres est quasiment nulle. Le premier défi pour les PME va être là: arriver à y voir clair en fonction de leurs besoins. Ce qui ne s’improvise pas.
Très bon article. Peut-être que les inconvénients pourraient faire l’objets d’un autre billets, tant ils sont nombreux et discutables.
Cloudandgo : effectivement Microsoft s’adresse plutot à ses grosses sociétés puisque la majorité de ses offres couteuses leur sont destinées (Azure pour le PaaS, Hyper-V pour l’IaaS, etc.). Les offres SaaS sont, à côté, presque anectodiques.
@MichelPigassou Bonjour. Ce n’est pas aussi simple que vous le dîtes. 1) Le COO de Microsoft; Kevin Turner, a bien communiqué sur l’objectif du géant de Redmond fixé à 100% des 500 premières places de Fortune 2) Mais Microsoft n’entend absolument pas laisser Google occuper toute la place sur le SaaS, loin s’en faut! Il est entré avec Skydrive mais avec une communication maladroite (on ne sait pas ce qu’elle cible). Les TPE sont concernées. 3) Office 365 est censé constituer l’offre Cloud SaaS de Microsoft concurrente et alternative aux Google apps. Voila pour le SaaS à l’adresse des PME 4) Ce marché n’a rien de résiduel. Car nombre de “petites” PME ne sont pas entrées dans le Cloud. N’ont aucune utilité pour Azure; pas plus que pour Intune qui vient de sortir et encore moins pour Hyper-V. Et pourtant ça représente des millions de PME (Google en a déjà capté 3 millions). Donc je ne suis pas en accord avec vous pour dire que le SaaS est anecdotique. Observez enfin la communication de Microsoft au moment du lancement par Google du simple Plugin “Office Cloud Connect” en Février 2011 et vous comprendrez que le sujet est très sensible pour Microsoft. Dire “Ca ne concerne pas les utilisateurs d’office”, c’est être dans le déni là où cloud signifie interopérabilité totale. Le SaaS n’est un gisement énorme à exploiter. Pensez aux applications métiers en SaaS, et à leur développement. Observez la façon dont Google et Microsoft abordent la question, et vous serez contraint de constater que s’il y a guerre, c’est qu’il y a enjeux économiques. Merci pour cet échange et merci à @fredcavazza de proposer des articles qui appellent la réflexion par la qualité de leur contenu:-)
le cloud computing est cruciale,