Une nouvelle expérience de consommation des médias avec les webdocumentaires

J’ai déjà eu l’occasion de vous parler des webdocumentaires, un format à mi-chemin entre site web et DVD-Rom : France5 et CuriosphereTV expérimentent les web-documentaires. Je souhaiterais aujourd’hui rattraper une grande injustice et vous faire l’apologie de Prison Valley, un superbe web documentaire sorti il y a quelques mois et coproduit par Arte, Upian et le CNC qui vous plonge dans l’univers incroyable d’une ville-prison du fin fond de l’Amérique.

PrisonValley_accueil

Ce n’est pas le premier webdocumentaire réalisé (il me semble que le premier date de 2007 : Thanatorama) mais c’est à ce jour le plus abouti avec près de 250 K€ de budget et un certain nombre de récompenses (cf. Les webdocumentaires d’Upian). Ce qu’il y a de particulièrement intéressant avec ce “site” c’est qu’il intègre de façon parfaitement harmonieuse la narration vidéo interactive et la dimension sociale. Pour accéder au documentaire, il faut ainsi se créer un compte ou se connecter avec un profil Facebook ou Twitter. Pourquoi ? Tout simplement pour faire vivre le site de nombreux mois après sa publication, ou plus précisément pour faire vivre les discussions en rapport avec le sujet traité.

Le site est ainsi étendu sur différents médias sociaux avec un blog, un forum, une page Facebook et un compte Twitter. Le “produit” est également disponible en VOD, en application iPhone et en livre.

Mais ce qui nous intéresse particulièrement c’est le site web et son incroyable modèle d’interaction où la trame narrative est enrichie par de nombreux d’éléments interactifs. Le fil rouge est bien entendu le documentaire en lui-même qui est découpé en plusieurs chapitres :

PrisonValley_video

L’interface est très épurée avec une timeline et un bouton unique qui permet de rentrer au motel où séjournaient les journalistes. La chambre du motel sert ainsi d’écran d’orientation entre les différents chapitres de la vidéo et les contenus additionnels :

PrisonValley_motel

Au fur et à mesure du visionnage des séquences vidéo, vous amassez des indices qui vous apportent un complément d’information sur l’enquête en cours. La référence au monde des jeux vidéo est ici évidente, mais elle fonctionne particulièrement bien dans ce contexte :

PrisonValley_indices

Les différents personnages qui sont mentionnés dans le reportage viennent compléter une galerie à laquelle il est possible d’accéder, toujours pour avoir des compléments d’infos :

PrisonValley_perso

L’expérience d’utilisation de ce site est réellement unique : l’immersion est totale et le documentaire est ponctué de nombreux embranchements pour maintenir l’attention de l’internaute et lui donner envie de consulter les bonus. Le basculement d’un écran à un autre est parfaitement intuitif et les boutons sont suffisamment larges pour pouvoir manipuler cette interface à l’aide d’un touchbook.

Un touchbook comme l’iPad ? Non car l’iPad souffre de limitations qui ne permettent pas de consulter ce site (en Flash), mais de nombreux modèles concurrents vont voir le jour d’ici la fin de l’année et permettront de pleinement profiter de ce format. Pleinement ? Oui car c’est en position de repos (assis ou allongé) que ce documentaire se consomme, les manipulations étant réduites au strict minimum.

Là où je suis particulièrement conquis par ce format c’est qu’il fonctionne à la fois sur les touchbooks (pour un premier visionnage) mais également sur un ordinateur (pour l’accès au bonus et la participation aux discussions). La formule magique semble donc avoir été trouvée : un document vidéo chapitré + des contenus additionnels + une interface minimaliste + des espaces d’interactions sociales.

Ce documentaire préfigure-t-il l’avenir du web ? Non car les sites traditionnels continueront de dominer le web pour de nombreuses années. Par contre, attendez-vous à voir fleurir de nombreux autres formats novateurs de ce type qui parviennent à repousser les limites du web.

11 commentaires sur “Une nouvelle expérience de consommation des médias avec les webdocumentaires

  1. Il me semble que le premier webdocumentaire du genre (premier site subventionné par le CNC d’ailleurs) était non pas thanatorama mais http://www.lacitedesmortes.net également produit egalement par UPIAN. A tester aussi, une pure merveille.

  2. Bonjour,
    Désolé de n’avoir pu assister à cette conférence…cela devait être très très intéressant…
    J’aurais été heureux de rencontrer et d’échanger avec les auteurs de ces web-documentaires. Cependant j’émettrai une petite remarque le web-documentaire n’est pas nouveau il est né pour moi peu avant le passage au 21 ème siècle. A l’époque en effet j’étais développeur chez Bionik (membre des Ex web producteur), filliale à 100% de Gédéon programmes….si mes souvenirs sont exactes dans le cadre d’une réflexion demandée par les opérateurs tel que France Télécom et Noos nous avions réalisé un module qui mélangeait des petits jeux, quizss, et des vidéos chapitée. Ce programme s’appelait “Terre & Mystères” la technologie utilisée pour réaliser ce prgramme reposait déjà sur du flash et du streaming en Real….
    Fort de cette expérience j’ai réalisé par la suite ce programme http://www.mmovies.org/vanikoro/VANIKORO.htm qui a été diffusé sur le site de planète Thalassa…
    Donc je suis sur que cela n’est pas nouveau en revanche les moyens techniques ce sont élargis et affinés. Mais surtout les conclusions les plus positives pour moi dans la reconnaissance de ces nouveaux web-documentaire : 1. c’est qu’enfin il existe un public
    2.il existe à présent à priori de vrai budget et une vraie volonté de la part de certains diffuseurs de produire un autre contenu qualité.
    Respectueusement
    François J

Les commentaires sont fermés.