Pourquoi le télétravail est bon pour la collaboration

Depuis le temps que nous les subissons, nous commençons à connaitre les ennemis de la productivité : Emails, fichiers bureautiques et réunions. Ceci étant dit, ils font partie de notre quotidien et de nos habitudes. Changer tout ça est un travail de longue haleine qui passe par de profondes modifications culturelles au sein d’une entreprise. Ces modifications ne peuvent se faire spontanément, elles nécessitent donc une dynamique de conduite du changement afin de stimuler l’adoption de nouvelles habitudes et méthodes de travail.

Cette conduite du changement peut se faire sous la forme de séminaire ou de supports d’auto-apprentissage. Mais elle peut également se faire conjointement avec d’autres pratiques, et notamment le télétravail. Car quand on y réfléchit bien, le télétravail repose sur postulat simple : un collaborateur peut assumer ses tâches quotidiennes et rester productif sans être physiquement présent dans les locaux de l’entreprise et sans avoir de contacts physiques avec ses collègues. Et c’est là où l’on peut trouver des zones de recouvrement entre les facteurs-clés de succès de la collaboration façon 2.0 et ceux du télétravail.

Travailler à distance impose ainsi une nouvelle forme d’organisation qui fait mécaniquement augmenter le nombre d’échanges électroniques. Pour pouvoir rester productif à distance, un collaborateur doit donc modifier sa façon de travailler au quotidien et trouver une organisation qui lui permette de compenser l’absence de contacts physiques. Il serait suicidaire de penser que l’email est la solution ultime pour pouvoir aider les télétravailleurs dans leur quotidien. Cette nouvelle organisation passe donc par une réduction de la dépendance aux fichiers bureautiques (qui ne lui sont plus accessibles, si ce n’est en les recevant par email).

Donc si l’on raisonne en terme d’outils, télétravail et entreprise 2.0 requiert l’adoption de plateformes collaboratives (gestion de projet…) qui libère les collaborateurs de la contrainte des emails. Ils imposent également le recours à des outils de communication synchrones : VoIP, télé-conférence et partage d’écran. La combinaison de ces deux pratiques permet de lutter contre la pollution quotidienne (emails, coups de fil, collègues qui passent dans le bureau…) qui fragmente l’attention et la concentration des collaborateurs.

Mais les bienfaits du télétravail ne se limitent pas à l’adoption forcée de nouveaux outils. En travaillant à distance, les collaborateurs ne peuvent plus s’échanger des informations autour de la machine à café, ni progresser sur un projet ou dossier au cours d’une discussion informelle à la cantine (ou en pause cigarette). En dehors des conversations téléphoniques, le travail à distance réduit considérablement ces échanges informels qui sont utiles, mais sur lesquels il n’est pas possible de capitaliser. Les dynamiques de collaboration de l’E2.0 ont ainsi pour vocation de matérialiser ces échanges informels et de les rendre visibles pour les autres collaborateurs. Là encore, le télétravail est bénéfique dans le sens où il rend visible les échanges qui jusqu’alors étaient invisibles (à moins d’avoir été présent par hasard dans le couloir ou à la machine à café).

Comme nous venons de le voir, le télétravail impose une nouvelle organisation de travail qui correspond tout à fait à la configuration requise par les dynamiques 2.0 en entreprise. Les bénéfices sont mutuels puisque les solutions de collaboration en ligne permettent de lever certains freins concernant le télétravail (cf. Pourquoi la révolution douce du télétravail ne prend pas) :

  • La désociabilisation qui est compensée par les nombreuses interactions sociales (microblog, messagerie instantanée…) ;
  • L’éloignement du centre du pouvoir qui est également compensé par une visibilité accrue des collaborateurs actifs sur le réseau social de l’entreprise ;
  • La surveillance des collaborateurs distants qui peut être assurée par les mécanismes de suivie des versions et des contributions, ainsi que les alertes générées automatiquement à la complétion d’une tâche ou au franchissement d’un jalon.

Nous pourrions argumenter des heures sur les bienfaits et dérives du télétravail, mais je préfère ne pas m’enliser dans ce sujet pour vous parler plutôt d’une solution alternative : le coworking. L’idée derrière cette notion est de combiner les avantages du télétravail (proximité de son domicile, indépendance…) avec ceux des espaces de travail (lieux d’échanges et de sociabilisation) : Fini le télétravail, vive le coworking.

Mieux : les espaces de co-working étant partagés entre collaborateurs de différentes sociétés, une discussion informelle peut mettre en évidence de nouvelles façons d’aborder ou de résoudre un problème (principe de la fertilisation croisée). Ils permettent de plus de développer votre réseau professionnel en dehors des cercles que vous fréquentez naturellement (principe des liens faibles).

Berlin fait figure de capitale européenne du coworking, même si nous avons des exemples emblématiques en France comme La Cantine.

LaCantine

Bien évidemment tous les collaborateurs d’une entreprise ne sont pas concernés par le télétravail ou le coworking : certains postes nécessitent une présence physique, d’autres sont trop sensibles. Je milite donc pour une approche hybride où les collaborateurs seraient incités à télétravailler un à deux jours par semaine. De même, ils ne seraient pas nécessairement obligés de le faire à domicile ou dans un cybercafé, mais pourraient exploiter des centres de coworking accrédités voir privatisés (des équivalents de bureaux distants pour les gros employeurs avec des salariés répartis sur l’ensemble du territoire).

Nous n’en sommes qu’à la préhistoire du télétravail, mais je suis persuadé que les espaces de coworking sont un compromis tout à fiat intéressants. Ils permettent de plus de rééduquer les collaborateurs à un quotidien professionnel moins dépendant des réunions et autres discussions de couloirs.

Si vous avez des études ou de la matière sur le sujet, je suis preneur…

18 commentaires sur “Pourquoi le télétravail est bon pour la collaboration

  1. C’est tout à fait cela : le télétravail ne parle que de la distance.

    Or, les nouvelles organisations du travail exigent mobilité et collaboration.

    Coworking parle bien de la collaboration mais pas de la distance.

    On n’a pas encore trouvé le mot idéal mais la recherche est ouverte : http://bit.ly/ggAi2x

    Fidèlement

  2. Bonjour,

    Merci pour cet article.
    Petite précision pour les lecteurs intéressés par les Cantines.
    Il existe depuis peu des Cantines en région, sur Rennes, Toulouse et Nantes, qui offrent elles aussi et bien sûr des espaces de coworking.
    + d’infos : http://reseaudescantines.org

  3. Bonjour,

    Merci pour cet article très intéressant.

    Pour favoriser le télétravail, Worki vous propose de trouver le tiers-lieu de travail qui correspond à vos besoins. Que vous cherchiez une “Cantine”, un télécentre ou un centre d’affaires, allez sur http://www.worki.fr pour vous pré-inscrire, c’est gratuit :)

  4. Article très intéressant, qui omet cependant de soulever une autre révolution qui devra irrémédiablement prendre dans nos sociétés : la limitation de la pollution via la réduction des trajets inutiles.

    En ce sens, le télétravail comme suggéré par l’auteur (par exemple 1 ou 2 jours par semaine) permet de conserver cette proximité avec collègues et employeur, tout en réduisant durant les jours “distants” les trajets effectués, ce qui amoindrit stress et pollution pour le collaborateur.

    De nombreux audits devraient en ce sens être menés en entreprise pour mesurer à la fois l’impact carbone de ces réductions de déplacement, et la souplesse qu’offrirait ce mode de travail.

  5. Merci pour cet article.

    Avec l’essor des RSE et l’explosion de la mobilité, le rapport au “bureau” et au travail va clairement continuer d’évoluer. C’est l’un de nos enjeux phares en tant qu’éditeur de solutions de collaboration (IBM), notamment concernant les applications mobiles.

  6. Le coworking set definitivement une étape intéressante sur la voie du découplage entre le travail et le lieu de travail. C’est une tendance de fonds qui va amener toutes les entreprises, quelle que soit leur taille, a repenser leurs espaces de travail de manière plus agile et plus flexible. Malheureusement, les coworkings, comme tous les business centres et autres espaces dédiés souffrent d’une rareté qui ne suffira jamais a satisfaire cette demande de flexibilité en pleine croissance. Et l’investissement important lié a leur aménagement, à leur gestion et à l’animation de l’effet de communauté qui permet de consolider un modèle économique fragile en font une solution limitée. C’est pour ça que je crois beaucoup a l’étape suivante: le codesking, qui va permettre de répondre a cette demande grandissante en mutualisant une ressource qui existe déjà dans les entreprises. De plus, une fois passées les barrières culturelles de la sécurité et de la logistique, le codesking fera prendre aux entreprises toute la mesure de l’intérêt d’une plus grande circulation des taalents, des idées et des opportunités. C’est ce que nous essayons de faire avec http://www.kodesk.com

  7. Le télétravail à domicile comporte en effet des risques que vous avez évoqués plus haut. Pourtant, lorsqu’il est bien encadré, grâce à des outils collaboratifs et un management entièrement repensé, il n’implique pas forcément l’isolation du salarié. A ce sujet, je vous invite à consulter une étude réalisée par LBMG worklabs en 2010, qui montre bien le décalage entre les craintes suscitées par le télétravail, et sa réalité : http://www.lbmg-worklabs.com/a-propos/etudes-lbmg-2010

    Afin de faciliter la démarche des télétravailleurs pour qui le travail à domicile n’est pas une option, la plateforme neo-nomade.com référence déjà plus de 400 “tiers-lieux” dont 17 espaces de coworking partout en France, mais aussi des centres d’affaires, des télécentres, des cafés wifis qui accueillent les nomades… N’hésitez pas à enrichir le site en ajoutant vos espaces favoris! http://www.neo-nomade.com/

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