L’héritage de l’extraprise pour les écosystèmes de collaboration et les réseaux EtoE

Connaissez-vous la notion d’extraprise ? Pour résumer une longue explication, l’extraprise est un modèle d’organisation dans lequel les frontières entre l’interne et l’externe tombent pour que l’entreprise et ses employés puissent travailler de façon transparente avec ses partenaires, fournisseurs et prestataires. Cette notion n’est pas neuve (impossible par contre d’en trouver l’origine) mais pourrait bien revenir au goût du jour avec l’avènement des suites collaboratives… et de leur point faible : l’ouverture.

Autant je suis très enthousiaste pour toutes ces solutions et les opportunités qu’elles offrent (meilleure circulation de l’information, réduction de la dépendance à l’email et aux fichiers bureautique…), autant il faut bien reconnaitre qu’elles ne prennent pas en compte toutes les configurations. Les social softwares ont en effet été conçues pour faciliter la collaboration et la partage au sein d’une entreprise, mais pas forcément en dehors. Ceci pose problème, car dans la réalité, une entreprise est quotidiennement en étroite collaboration avec tout un écosystème de fournisseurs, partenaires et prestataires. Bien souvent, ces collaborateurs externes n’ont pas accès au domaine de confiance et force les collaborateurs internes à contourner cette limitation en ayant recours à l’email pour faire circuler l’information et les documents ou à des clés USB échangées en réunion. D’où une perte de productivité, une communication bridée et une chaine de sécurité rompue. Vous pourriez me répondre que les suites collaboratives autorisent la création de comptes externes, encore faut-il avoir les droits pour le faire, ce qui n’est pas une mince affaire, car ces solutions facturent généralement au nombre d’utilisateurs.

C’est là où la notion d’extraprise pourrait revenir sur le devant de la scène en envisageant d’exporter les pratiques collaboratives au-delà des frontières de l’entreprise, au sein d’un écosystème de collaboration où les fonctions de publication / partage / capitalisation… seraient accessibles, mais contrôlées, par l’ensemble des acteurs et parti prenant. Certes, cela augmenterait le travail de paramétrage et de modération, mais faciliterait grandement la transversalité, voir l’extra-transversalité.

Ce principe d’écosystème de collaboration serait LA solution pour lutter contre l’éparpillement des données et les problèmes de confidentialité grâce à une ouverture contrôlée et des échanges archivés. De plus, ce principe faciliterait grandement la recherche d’informations ou de compétences, voire la constitution de groupes de travail. Étant un grand utilisateur des solutions de 37Signals, je suis très frustré par les limitations de la plateforme entre deux comptes (impossible de transférer ou des fusionner des projets). Nous en venons tout naturellement au concept de réseau EtoE.

Les réseaux EtoE se situent à mi-chemin entre les RSE (confinés aux limites de l’entreprise) et aux réseaux sociaux BtoB (complètement ouverts). L’idée serait de faire le pont entre les deux en permettant aux salariés d’une entreprise de retrouver et d’échanger avec l’ensemble des anciens collaborateurs : ex-employés partis à la retraite ou dans une autre société, ex-stagiaires ayant trouvé un emploi, ex-prestataires affectés à une autre mission… Avec ce type de réseaux, il serait beaucoup plus facile de reconnecter les équipes et de retrouver de la connaissance ou des informations qui n’ont pu être transmises ou archivées. La différence avec les réseaux sociaux comme LinkedIn (qui pourraient assurer cette liaison) est que l’authentification des membres et la sécurisation des échanges seraient orchestrées par l’entreprise.

Notez que cela est déjà possible, dans une certaine mesure, au travers de plateformes sociales BtoB verticales comme Blellow (qui depuis a fermé ses portes) ou sur des marketplaces verticales. Puisque l’on évoque les marketplaces du siècle dernier, je me demande dans quelle mesure des acteurs comme LinkedIn ne pourraient pas se positionner sur ce créneau et proposer des connecteurs et APIs pour se transformer en véritable plateforme de collaboration étendue.

IBM ambitionnait de lancer une telle plateforme il y a quelques années avec BlueHouse (depuis refondu dans LotusLive), mais ils se sont visiblement perdus en chemin. Les deux acteurs les plus légitimes dans ce domaine sont, selon moi, SalesForce et Google. En effet, ils opèrent déjà des places de marché d’applications (respectivement Appexchange et Apps Marketplace) et ont atteint une masse critique et une crédibilité suffisante pour revendiquer cette ambition.

Je ne suis pas devin, mais je pense que ce défi (un RSE et des outils de collaboration étendus) sera le prochain cheval de bataille des éditeurs. À ce sujet, je vous rappelle que nous aurons l’occasion d’en débattre lors du prochain Enterprise 2.0 Summit à Paris les 7 et 8 février 2012 avec notamment un cursus Next-Gen Ecosystems.