J’ai toujours été fan des webdocumentaires, vous le savez, car j’en parle depuis au moins 3 ans sur ce blog. Il y a dans ce format de contenu un potentiel gigantesque en terme de richesse de narration, de champ créatif / expressif et de portée du message. Il n’est ainsi plus question d’être spectateur ou lecteur, mais bien d’être acteur, voir enquêteur. La façon dont les webdocumentaires sont conçus permet alors de capter l’attention de façon bien plus efficace.
France 5 a ainsi toujours été très actif dans la production de webdocumentaires, et ça dernière grosse réalisation en date témoigne de cet engagement. Manipulation est ainsi un modèle du genre avec un contenu très dense que les internautes doivent découvrir au fur et à mesure de leur progression dans les différents dossiers.

Outre les webdocumentaires émanant de l’univers de la télévision, on trouve aussi de très belles réalisations financées par des fonds publics, à l’image de Bear71, un projet à mi-chemin entre documentaire et expérience interactive sur l’extinction des ours au Canada : This interactive documentary blurs the line between wild and wired worlds. L’idée derrière ce dispositif est de proposé à la fois un documentaire visionable sur les médias traditionnels, mais aussi des contenus interactifs en ligne, dont un traceur qui permet de suivre à la trace la femelle ours présenté dans le reportage et de découvrir au quotidien les interactions qu’elle a avec d’autres animaux sauvages ou avec des humains :

De même, signalons l’énorme travail du Ministère des Affaires Étrangères qui publie depuis 2010 un webdocumentaire très complet sur son action au quotidien : Destinations, chroniques d’une diplomatie de terrain. Là encore, c’est une véritable mine d’or d’informations, de vidéos et de données qui sont à disposition des internautes pour découvrir le quotidien des diplomates.

Comme ce sont des productions assez coûteuses, ce webdocumentaire se construit petit à petit en rajoutant des pays régulièrement. Ce ne sont que trois exemples parmi tant d’autres, mais ils sont, selon moi, représentatifs de ce qui se fait de mieux. Si vous avez d’autres exemples, n’hésitez pas à les mentionner dans les commentaires.
Encore plus intéressant, ce format est également utilisé dans la communication institutionnelle, à l’image de SFR qui avait déjà publié un rapport interactif : Homo Numericus. Mélange d’animations, de vidéos et d’éléments interactifs, ce webdocumentaire propose une façon très intéressante de restituer les conclusions (et la matière) de l’étude.
En allant un peu plus loin, il serait possible d’appliquer ce principe à des documents très rébarbatifs comme les rapports annuels. L’idée serait de mettre en scène les principaux messages et les chiffres-clés dans un format agréable et spectaculaire et de proposer le reste au téléchargement. C’est ainsi ce que propose l’agence In Visu avec ses Video Digital Report : Une nouvelle génération d’interface !.

Le format utilisé est toujours plus ou moins le même (vidéos interactives…), mais la mise en scène permet de concentrer l’attention et de donner une image carrément plus moderne de la prise de parole institutionnelle. Il existait une très belle démonstration en linge, mais elle a été mise hors ligne pour une raison que je n’explique pas…
J’imagine que vous êtes, tout comme moi, convaincu de l’efficacité de ce format, mais que des contraintes budgétaires vous empêchent de passer à l’action. Soit, je peux bien le comprendre, car la vidéo interactive est un luxe que tous ne peuvent s’offrir. Qu’à cela ne tienne, nous pouvons tout à fait envisager un principe similaire, mais sans la vidéo : une mise en scène de messages textuels et de chiffres pour mieux capter l’attention et sortir du lot.
Prenons ainsi l’exemple du rapport annuel de Leetchi, une startup française, qui a été publié sous forme d’infographie :

Il serait tout à fait possible de dynamiser cette page en exploitant les possibilités offertes par les CSS3 (animations, transitions…) ou par javascript. Non seulement cette mise en scène permettrait de concentrer l’attention, mais elle apporterait une dimension narrative à la présentation des chiffres ou des réalisations de l’année. Le tout dans des ordres de coût tout à fait raisonnable, et même consultable sur des terminaux mobiles ou des tablettes !
Bref, je pense que vous avez compris où je voulais en venir : les interfaces riches pour donner du peps et scénariser des contenus initialement plutôt “plats” (pour ne pas dire rébarbatifs). En poussant la logique jusqu’au bout, j’anticipe même un créneau à prendre pour les plus malins qui se feraient une spécialité de la réalisation de ces rapports annuels…
Très bonne analyse. C’est vrai que l’état des lieux est satisfaisant et ouvre de belles perspectives. Après je pense qu’il faut vraiment valoriser le travail conceptuel et créatif sur ce type de format. Ça permet d’avoir plus d’impact sur l’usager, mais surtout de se démarquer… pour finalement ne pas se retrouver avec des “templates” de webdoc ou d’infographie dynamique.
Oui, mais comment faites-vous pour associer “institutionnelle” et “dimension narrative” ?
Pour moi institutionnel à un caractère officiel et exhaustif, tandis que narratif a un coté découverte des possibles.
@ Touspakzeop > Imaginons une société / marque qui veut clarifier son positionnement ou illustrer les opportunités d’une offre qu’elle est en train de finaliser ou d’un marché qu’elle convoite, la narration (“storytelling”) s’inscrit dans une démarche de vulgarisation et d’enchantement par rapport à des infos et données qui ne sont à priori pas très sexy.
“Vulgarisation” oui c’est le mot clef qui manquait à votre article ! Merci.