Vers une adoption massive des outils de collaboration, oui, mais lesquels ?

86% des sociétés estiment que les outils de collaboration sont importants pour le travail au quotidien. Vous avez certainement l’impression que j’enfonce une porte ouverte avec cette statistique, il n’empêche que le rythme de déploiement des solutions de collaboration est encore incroyablement lent comparé au constat d’échec des solutions actuelles. La société Clinked a ainsi compilé des statistiques très intéressantes sur ce sujet pour en faire une belle infographie :  Next post  The State of Online Collaboration for Business.

Collaboration-infographic

Il est précisé dans cette étude que 96% des managers citent le manque de collaboration et l’inefficacité de la communication dans les facteurs de dysfonctionnement. De quoi faire réfléchir. Et pourtant… depuis 5 ans que je rédige ce blog, j’entends toujours le même son de cloche sur la peur du changement, les problèmes de confidentialité, la perte de contrôle… Bref, les habitudes et outils évoluent lentement, très lentement.

Pourtant les solutions sont là : il existe des dizaines de produits couvrant un très large spectre de fonctionnalités. Si le marché est donc en retard, c’est qu’il y a logiquement de très bonnes perspectives de croissance. Voilà pourquoi les grands éditeurs investissent de très lourdes sommes pour proposer toujours plus de fonctionnalités (Microsoft, SalesForce, Jive, Google…). Force est de constater qu’il est difficile de s’y retrouver dans cette pagaille de solutions, car si les solutions traînent toutes l’héritage de leur métier d’origine (gestion de documents, publication de contenus, collaboration et partage…), les nouvelles versions et rachats en tout sens brouillent la donne.

Deux acteurs se distinguent néanmoins sur le marché : Microsoft de par son implantation record en entreprise (Claiming 66% enterprise penetration, SharePoint now brings in $2 billion annually for Microsoft), et Jive de par son rythme d’innovation et sa croissance externe très soutenue.

Microsoft s’apprête donc à frapper un grand coup avec la nouvelle version de sa suite collaborative SharePoint. De nombreuses évolutions seront ainsi proposées : nouvelle interface “Metro”, une logique d’applications renforcée, une gestion de contenu bien plus efficace, les flux d’activité, une recherche plus performante, une meilleure intégration de Skype, de la mobilité, du cloud… Ces améliorations sont synthétisées dans cet article : Pleins feux sur SharePoint 2013 avec 7 évolutions clés.

La nouvelle interface de SharePoint 2013

Mais Microsoft ne s’arrête pas là, car ils veulent également accélérer l’adoption de Yammer (racheté il y a quelques mois) en le mettant au centre de sa stratégie de social enterprise (Putting Social to Work),notamment au travers de son tout nouveau Enterprise Graph (Yammer unveils the Open Graph for the enterprise, to help make business apps more social).

De son côté, Jive n’est pas en reste avec l’annonce surprise du rachat de deux startups très en vue : Meetings.io et Producteev dont je parlais récemment (De l’intérêt de mettre les tâches au coeur de la collaboration). Ces deux acquisitions sont un signal fort pour le marché qui n’apprécie guère les résultats financiers décevants de l’éditeur (Jive Software acquires Meetings.io and Producteev for its social business platform).

Jive_Social_Intranet

Deux rachats pour le moins spectaculaires, mais est-ce que le fait de gaver une suite de fonctionnalités va-elle rendre ses utilisateurs plus performants ? C’est un vaste débat, mais il est évident que l’important est de proposer avant tout une plateforme cohérente plutôt qu’une agrégation de solutions disparates. Ceci étant dit, il est essentiel pour un éditeur comme Jive, qui se veut être à la pointe, de s’intéresser de très près aux nouvelles pratiques de collaboration (agilité…). Partant de ce principe, ils devraient également s’intéresser à des plateformes de collaboration de “nouvelle génération” comme NationalField qui mettent l’accent sur les données et sur les motivations des collaborateurs (NationalField: The Private Social Network That’s Reinventing the Ground Game).

Comme toujours, je me dois de conclure cet article en vous rappelant que les outils ne sont pas une fin en soi, et que leur déploiement à grande échelle dans l’entreprise doit impérativement s’accompagner d’un modèle de gouvernance pour ne pas reproduire les erreurs du passé. Ceci sera d’ailleurs l’objet de mon prochain article…

6 commentaires sur “Vers une adoption massive des outils de collaboration, oui, mais lesquels ?

  1. Article intéressant et effectivement la migration vers les solutions de travail collaboratif sont lentes car il faut changer les mentalités, inscrire cette valeur dans la culture RH de l’entreprise.
    C’est peut-être ce qui a fait défaut au projet CRM qui ont connu un bel essor, mais qui ont également engendré un échec 1 fois sur 2.
    Vouloir aller trop vite ne permet pas d’apporter une réponse qualitative, mais on espère que pour 2013 s’équiper d’un outil “collaboratif” sera le maître mot des résolutions pour les entreprises :).

    Par contre, pour une question de parité, de très bons outils français existent…

  2. En effet, les outils collaboratifs ne se résument pas au débat Sharepoint/Jive!
    Et la croissance des éditeurs “alter” est plutôt bonne…
    Car si on veut un produit innovant, avec une proximité support et qui ne met pas en danger vis à vis des aspects légaux (PatriotAct, eDiscovery…) alors on a tout de qu’il faut en Europe et en France sur le sujet.
    Cf les 9 éditeurs de RSE qui ont co-signés une tribune et un accord avec le CIGREF : Azendoo, Jalios, Jamespot, Knowings, Knowledge­‐Plaza , SeeMy, TalkSpirit, XWiki, Yoolink

  3. Il semble que le sujet du collaboratif en entreprise soit en train de mûrir rapidement. La focalisation de ces dernières années sur les outils et les fonctionnalités fait place progressivement à une réflexion sur les démarches à mettre en place, avec en particulier : comment assurer la courroie de transmission entre le siège (exigence de cohérence, sinon d’uniformité) et le terrain (exigence de pertinence). Se posent aussi les questions : de la motivation des individus, de l’implication nécessaire et souvent oubliée des managers intermédiaires…
    En fait, de plus en plus le fossé se creuse entre d’un côté les apôtres du “réseau social d’entreprise”, souvent perçu comme une réplication / adaptation des réseaux grand public au sein des organisations, et ceux des “outils collaboratifs”, plus orientés business / métier / projets concrets.
    De mon côté et pour en avoir discuté avec de nombreux grands comptes, je suis de plus en plus convaincu que le collaboratif engendre le social mais pas l’inverse. Autrement dit les réseaux sociaux grand public sont aussi pertinents en entreprise que la mise en place de Google dans l’Intranet l’a été… la transposition ne marche pas.
    Autre avantage des outils collaboratifs : ils présentent un retour sur investissement mesurable, ce qui aide pour la pérennité de la démarche bien sûr.
    Sur les blocages qui font que la plupart des organisations continuent à raisonner en mode hiérarchique descendant, alors que tout le monde sait qu’il y a au moins autant de valeur dans les remontées du terrain et surtout dans les échanges entre professionnels directement, se référer à “l’innovation ordinaire” de Norbert Alter.
    Et par ailleurs : oui les Français ont un savoir-faire solideent établi dans ces outils collaboratifs orientés métier, dommage de ne pas le faire savoir. Mais nul n’est prophète en son pays.

  4. Sujet intéressant !

    Effectivement, je constate aussi un engouement des pratiques d’intelligence collectives au sein de l’Entreprise.
    C’est avant tout un état d’esprit qui a fait évoluer l’organisation et les échanges au sein de l’Entreprise. L’outil n’est qu’un moyen, pas une fin en soi; aussi, attention à ne pas mettre en place un outil tant que l’on à pas l’assurance que l’entreprise est prête à partager ses compétences !

    J’ai écris quelques article sur ce sujet dans mon blog. Voir la rubrique “Intelligence Collective” http://max-hubert.belescot.over-blog.com/categorie-12250333.html

  5. Les profils qui défendent l’utilisation des outils collaboratifs en entreprises défendent aussi des intérêts personnels … pas toujours collaboratifs.

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