Adobe et Mozilla misent sur deux approches très différentes du cloud

L’informatique distante a toujours été un créneau très dynamique. Plutôt que de dynamisme, il serait plus réaliste de parler de la ruée vers les nuages tant les investissements sont importants. Il ne se passe ainsi pas un seul mois sans une grande annonce ou acquisition, aussi bien de la part des acteurs historiques (ex : Salesforce acquires Web clipping and sharing company Clipboard et Google now offers 15GB of shared storage for Drive, Gmail, and Google+ Photos, Apps customers get 30GB), que des startups (ex : Box acquires Crocodoc, will bake its HTML5 document viewing tech into its core service). Je pense ne pas me tromper en disant que le cloud computing est le principal moteur de l’informatique d’entreprise du début du XXIème siècle.

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Tous les grands acteurs de l’informatique investissent une plus ou moins grande part de leurs ressources dans le cloud, mais deux sociétés se distinguent avec des annonces d’envergure.

Plus de licences pour Adobe, uniquement des logiciels à l’abonnement

Voilà plusieurs années qu’Adobe a entamé sa révolution en basculant progressivement son business sur le cloud. Historiquement, le métier d’Adobe est de vendre des licences de logiciels créatifs, mais les choses ont changé en 2009 (Hypothèses sur le rachat d’Omniture par Adobe). Non seulement l’offre est maintenant scindée en deux domaines (Creative et Marketing), mais elle repose maintenant entièrement sur le cloud : After nearly 10 years, Adobe abandons its Creative Suite entirely to focus on Creative Cloud.

La première offre reposant sur les nuages d’Adobe a commencé en 2007 avec les lancements d’Adobe Share et Acrobat.com. Puis ils ont annoncé l’année dernière leur nouveau modèle de tarification. La dernière pierre à cet édifice a été apportée ce mois-ci avec l’annonce de l’abandon des licences : les logiciels seront dorénavant uniquement disponibles au téléchargement avec un système d’abonnement pour les mises à jour et l’accès aux services. C’est donc un virage à 180° pour Adobe qui abandonne son modèle économique historique pour s’aligner avec celui de sa Marketing Suite.

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Certes, il faut toujours installer les logiciels, mais ce nouveau modèle tarifaire est une authentique révolution pour l’industrie. Nous avons donc trois modèles de référence : le tout en ligne (Salesforce), l’abonnement en ligne (Adobe) et l’hybride pour Microsoft qui propose à la fois des logiciels (Office 13) et des logiciels en ligne (Office 365). Le plus intéressant dans cette nouvelle offre unique d’Adobe est que les logiciels sont associés à des services en ligne, comme le partage de fichiers-sources.

Encore plus intéressant, Adobe a également racheté en fin d’année dernière Behance, une plateforme sociale et collaborative pour les créatifs (Behance & Adobe: Serving The Future Of The Creative World). Cette plateforme sociale serait le ciment d’une grande communauté qu’ils tentent désespérément de reconstituer depuis les années Macromedia.

Behance

Maintenant que ce virage est complété, les équipes d’Adobe vont pouvoir se concentrer sur des projets plus novateurs à l’image de ces stylos et règles connectés : Adobe Debuts “Project Mighty” Smart Stylus For Tablets And “Napoleon,” A Digital Ruler And Guide.

Mozilla ressuscite l’ASP avec OrbX

Autre acteur historique du web, Mozilla ne c’était jusque là pas trop impliqué dans le cloud, concentrant toutes ses ressources sur Firefox. Aussi la surprise a été totale en début de mois quand ils ont présenté conjointement avec Otoy une technologie révolutionnaire de streaming : ORBX streaming tech could revolutionize computing. Otoy est une société spécialisée dans les moteurs de rendu 3D, ils se sont associés avec Mozilla pour développer OrbX.js, un codec vidéo en javascript. Pour vous la faire simple, un codec est un algorithme de compression / décompression qui permet à un logiciel d’afficher des vidéos. H.264 est par exemple le codec qui assure le rendu de la plupart des vidéos que vous regardez. Avec OrbX, Mozilla et Otoy transforment donc votre navigateur en un lecteur vidéo capable d’afficher et d’interagir avec un flux vidéo en streaming. Cette prouesse technique a été réalisée avec le soutien de Brendan Eich, le créateur de javascript et évangéliste chez Mozilla : Today I Saw The Futur.

Avec OrbX, vous allez donc pouvoir héberger vos applications dans les nuages et les exploiter localement avec n’importe quel ordinateur : Coming Soon: Desktops Hosted On The Cloud, Usable Anywhere. Avec cette technologie, Mozilla ressuscite donc le concept de bureau distant popularisé au siècle dernier par les Application Service Providers. La démo réalisée à l’occasion de cette annonce est incroyablement spectaculaire puisqu’ils font tourner 3DS Max sur un netbook :

Mozilla et Adobe ont donc une approche très différente de l’informatique distante, qui elles-mêmes diffèrent avec ce que peuvent proposer Google, Salesforce ou Microsoft (tout en ligne ou hybride). Dans tous les cas de figure, il n’y a pas de bon ou mauvais choix, simplement des compromis différents. Dans l’absolu, je considère que tout ce qui nous éloigne de l’ancien modèle (logiciels et fichiers stockés sur le disque dur d’ordinateurs individuels) est bénéfique.

Pour le moment nous ne réalisons pas réellement l’impact du nouveau modèle tarifaire d’Adobe, ni le potentiel derrière OrbX.js. Rassurez-vous j’aurais d’autres occasions de vous reparler.