Sixième version de l’étude Lecko sur les RSE

Tous les ans, le cabinet Lecko nous propose son étude sur les RSE issue de son référentiel, c’est une institution ! (cf. mes comptes-rendus des éditions 2012 et 2013). La sixième version de l’étude vient de sortir : Le Big Data au service de la transformation digitale. La présentation a été faite à Paris le mois dernier, mais je n’ai pas pu m’y rendre, heureusement Yann Gouvernec y était et a publié un très bon résumé : Réseaux Sociaux d’Entreprise : « le rse 2.0 devra cohabiter avec la mentalité 1.0″.

La sortie de cette sixième version de l’étude se fait dans contexte particulier, car les notions d’Entreprise 2.0 et de Social Business sont fortement remises en question : Entreprise 2.0: faiblesse passagère ou fin du modèle? et Social Business et entreprise 2.0 en 2013 : l’impasse du sens ?. Le problème est que malgré les très bons arguments avancés, les pratiques collaboratives restent globalement marginales et l’adoption des social software stagne. Chacun a sa théorie pour expliquer cette situation, toujours est-il que le filon s’essouffle et que les collaborateurs se contentent de solutions de collaboration intermédiaires.

Pourtant, il y a un réel problème d’infobésité et de cloisonnement des savoirs. La première partie de l’étude l’explique de façon limpide. Les RSE sont justement la réponse à un problème de sur-information (je ne suis pas très à l’aise avec l’appellation “RSE”, mais nous y reviendrons plus tard). Les RSE favorisent de nouvelles pratiques de travail selon trois axes :

  • Recherche de productivité personnelle ;
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  • Contributions et partage de bonnes pratiques ;
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  • Fluidification de l’exécution des processus.
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Une étude sur l’adoption et les pratiques en matière de RSE auprès d’entreprises du CAC40 a été menée au cours du 2nd trimestre 2013. Cette étude nous apprend que le bilan avancé par les entreprises interrogées est encourageant, mais également frustrant, voire contrasté. En d’autres termes, l’adoption ne s’est pas faite de façon naturelle et fluide. Les enseignements de cette étude sont les suivants :

  • L’adoption n’est pas linéaire, elle se fait en trois temps (avec un pic d’enthousiasme au bout de 2 à 4 mois) ;
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  • La taille de la communauté influence son activité (l’engagement est proportionnel à la taille de la communauté) ;
  • La majorité des espaces créés restent à l’état d’espace de diffusion (pour véhiculer de l’information de façon descendante), avec un taux de mortalité plus important et une audience plus faible que sur une communauté active ;
  • L’engagement peut naître plusieurs années après l’ouverture d’espaces prévus à cet effet (ils en ont profité pour présenter leur solution de RSE Analytics) ;
  • Le niveau d’engagement progresse de 18% par an, mais l’engagement individuel est contextuel (il est variable d’un espace de collaboration à l’autre).

L’Entreprise 2.0 consiste à travailler différemment, nous parlons de transformation numérique et non de numérisation de l’existant. Il est possible distinguer quatre approches de cette transformation :

  • L’approche stratégique (une vision portée par la direction générale) ;
  • L’approche par l’outillage (implémentation d’outils par la DSI) ;
  • L’approche métier (adoption de façon indépendante de la DSI par des directions verticales) ;
  • L’approche individuelle (spontanée et “locale”).

Face à cette éparpillation des pratiques collaborative, l’art de la gouvernance consiste à :

  • Trouver le bon équilibre entre imposer et susciter (donner envie de travailler différemment) ;
  • Agir au bon moment (l’effort de communication pour booster l’adoption doit se faire en fonction des phases du projet) ;
  • Convaincre et pratiquer (ce n’est que lorsqu’un nombre suffisant d’acteurs sont présents et engagés que des synergies pertinentes émergent) ;
  • Maîtriser et lâcher prise (l’objectif est bien de mieux faire circuler l’information et les connaissances, peut importe si cela se fait dans d’autres conditions que celles prévues initialement).

Choisir une solution consiste à rapprocher les besoins de l’offre du marché. Partant du principe qu’il n’existe pas de solution miracle, il est impératif de s’appuyer sur un schéma d’urbanisation du SI social pour pouvoir anticiper la complémentarité des outils avec les usages et l’existant. Dans un projet d’urbanisation du SI social, il faut pouvoir :

  • Gérer de façon agile l’identité des collaborateur (leur authentification) ;
  • Modéliser le graph social (les relations entre un collaborateur et ses collègues ou objets sociaux, cf. la notion de Work Graph) ;
  • Modéliser le graph d’expertise (l’ensemble des centres d’intérêt déclarés ou déduis des conversations).

L’interopérabilité est un frein à l’ambition des éditeurs de solution qui prétendent pouvoir devenir une infrastructure sociale.

Pour cette sixième édition, ce ne sont pas moins de 29 offres du marché qui ont été auditées. Les solutions ont été segmentées selon cinq matrices :

  • La matrice Collaboration & Projet (avec une dominante des fonctions collaboratives) ;
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  • La matrice Knowledge Management (le marché est coupé en deux, entre les solutions traditionnelles qui peinent à se socialiser et les pure players qui n’ont pas encore pris le virage du KM) ;
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  • La matrice Communication (les acteurs issus de la “culture CMS” sont en avance) ;
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  • La matrice Processus (où l’objectif est de socialiser les flux d’applications métier) ;
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  • La matrice Social CRM (où les acteurs spécialisés ont une belle avance).
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Chacune des solutions a été évaluée selon sept thématiques : mise en relation, conversation, coédition et gestion de projet, communication et éditorialisation, gestion et partage des contenus, gestion du rendu, accès à l’information et recherche. La couverture fonctionnelle globale des solutions progresse, même si elle plafonne (la solution la plus complète ne couvre que 45 % des besoins).

 

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Je ne me risquerais pas à vous sortir un podium des meilleures solutions, car tout est question de besoins et de contexte. Nous pouvons néanmoins constater que les offres de Jive (qui est à vendre : Collaboration Software Maker Jive Explores Sale) et de Newsgator (qui s’appelle maintenant Sitrion) sont plutôt très bien placées. Yammer n’est jamais très loin, il ne tient qu’à Microsoft d’accélérer l’intégration avec Sharepoint pour pouvoir s’imposer sur le marché.

Quid des solutions dont on parle bcp en ce moment :  ?

Comme toujours, je suis impressionné par la profondeur de l’étude. Je regrette par contre que des solutions plus récentes comme Asana ou Slack, dont on parle beaucoup en ce moment. Je déplore également le fait que toutes ces solutions soient rassemblées sous l’appellation RSE, alors que la mise en relation ne représente qu’une toute petite partie des usages. Peut-être serait-il plus opportun de parler de social software ? Mais je chipote, car nous avons beaucoup de chance de pouvoir accéder gratuitement à cette étude très complète. Un grand bravo aux équipes de Lecko, vivement l’édition 2015 !

4 commentaires sur “Sixième version de l’étude Lecko sur les RSE

  1. Merci pour cette note et ces graphiques vraiment très instructifs. L’adoption des RSE exige de ses promoteurs une véritable refonte de certains process et une adhésion forte à long terme. Car oui, comme il est dit dans cette note, pour être vraiment efficace, le travail collectif exige une nouvelle manière de travailler.

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