Les universités ouvertes (Open University) ne sont pas nouvelles car il en existe depuis près de 40 ans en Angleterre et au Japon. Initialement prévue pour les étudiants en situation de handicap ou pour les expatriés, cette forme d’éducation à distance a connu un très fort succès de fait de la souplesse de son principe, permettant à d’autres typologies d’étudiants de compléter leur formation universitaire avec un rythme adapté.
Mais avec l’avènement des outils de collaboration et des médias sociaux, ce concept est en train de prendre un tout autre virage. On parle notamment du rôle des professeurs en tant que nœuds fort d’une communauté d’apprentissage : Leveraging The “Networked” Teacher: The Professional Networked Learning Collaborative.
Une configuration tout à fiat intéressante qui pourrait de plus réconcilier le milieu universitaire avec le monde professionnel :
- Les jeunes diplômés intègrent des entreprises mais restent en contact avec leurs professeurs au travers des réseaux sociaux ;
- Les étudiants peuvent solliciter les anciens pour avoir une vision plus “terrain” du métier ;
- Les anciens peuvent solliciter leurs anciens professeurs pour des conseils ;
- Les professeurs peuvent demander à leurs anciens élèves de venir témoigner ou présenter des études de cas…
Les possibilités sont nombreuses et les universités auraient tout à gagner à dégager du temps pour leurs professeurs afin qu’ils puissent entretenir leur réseau d’anciens et partager avec eux (cela serait tout à fiat bénéfique pour améliorer la réputation des universités qui sont souvent considérées comme trop éloignées de la réalité du monde de l’entreprise). Notez que cela fonctionne aussi pour les écoles privées.
Poussons le raisonnement plus loin et mélangeons le principe d’open university avec le crowdsourcing : ça donne le crowdlearning, un enseignement donné par la foule pour la foule. Certains peuvent y voir une déclinaison du Social Learning, moi je vois plutôt une forme décentralisée et empirique de la formation continue (nombreux articles sur ce sujet disponible sur le blog Open2Learn).
Il existe de nombreux écrits à ce sujet pour essayer d’expliquer les spécificités du open learning vis à vis de concepts génériques comme le e-learning 2.0 (cf. Open Learning Broadly Construed). Plus intéressant, cette publication de Stephen Downes datant de 2005 parle d’architecture participative, de personal learning environments, et de meta-university :
Notons qu’il existe des initiatives à grande échelle comme celle de Carnegie Mellon (Open Learning Initiative). Ces communautés d’apprentissage sont à mon sens très intéressantes, surtout si elles peuvent être initiées / soutenues par des entreprises. Ces dernières y verraient ainsi un moyen de faire progresser ses collaborateurs, de bénéficier d’un fond pédagogique à moindre cout (puisqu’alimenter par la foule), de fidéliser ses employés, voir d’améliorer son image et de séduire des recrues potentielles.
Nous pouvons de même tout à fait envisager un équivalent intra-entreprise, par exemple dans des grands groupes industriels. Il existe des programmes de formation interne dans les grandes banques mais je serais curieux de voir dans quelle mesure il serait possible de faire cohabiter ces deux initiatives pédagogiques (le formalisme du programme interne et l’empirisme de l’open learning).
Bien évidement les plus septiques pourraient me dire qu’il ne sagit que d’une reformulation de la gestion de la connaissance (knowledge managment) mais le potentiel derrière ce sujet m’intéresse particulièrement. Si vous avez des ressources à me recommander je suis preneur.
La plate-forme Moodle largement implanté mondialement et surtout dans les universités possedent toutes les caractéristiques pour participer au crowdlearning. Cependant, deux etapes sont nécessaires pour atteindre ce firmament.
1. savoir enseigner de maniere collaborative au sein d’une communauté d’apprennants et dans ce
cas le cours est le portail de cette communauté.
2. savoir travailler en équipe en dehors de
tout artifice numérique !
Bref, vive le crowdlearning.
Philippe Ramette, expert elearning
oups une erreur dans mon site
C’est intéressant de lire cet article et de le comparer avec celui cité “Leveraging The “Networked” Teacher: The Professional Networked Learning Collaborative.” La perspective n’est pas la même, ici Fred Cavazza met en avant les liens entreprise – enseignant et communautés d’anciens, et se reconcentre sur les communautés intra entreprise.
L’article de Robert Jacobs y voit une opportunité pour créer des communautés d’enseignants.
Effectivement, l’interaction de ces communautés et leurs évolutions relatives sera intéressante à suivre.
article intéressant mais une critique, je suis professeur, je travaille dans un lycée et je suis aussi dans le monde professionnel
I think the crowdlearning idea is a powerful one. While the PNLC is an “education” the principle apply to any organization interested in learning, sharing, and reaching beyond the walls of a group or an organization.
Frédéric,
Le social learning reste pour moi un concept polymorphe. Sa définition dépend de là où l’on place le curseur entre apprentissage formel ou informel, entre apprentissage structuré ou non… Par exemple, pour certains, le social learning est l’équivalent du elearning 2.0 : on reste dans une conception d’apprentissage dirigé, moins structuré que dans l’elearning classique, mais tout de même fortement “top down”.
On ajoutera alors aux LMS classiques type Moodle quelques fonctionnalités sociales.
Pour d’autres, le social learning ne se conçoit qu’à travers des pratiques décentralisées et individuelles (bottom up)sous forme d’environnement personnel d’apprentissage. Dans ce cas, les LMS seront remplacés par des plateformes sociales (comme l’excellent ELGG par exemple).
Le social learning peut aussi se décliner sous la forme de Communauté de Pratique où l’on pratiquera le crowdsourcing.
Le social learning fait sortir la formation en entreprise de ses silos traditionnels. C’est aussi un concept qui rend perméables les frontières de l’entreprise. Et ta vision du crowdlearning est intéressante dans la mesure ou elle introduit une continuité, un échange entre communauté d’enseignants et communauté d’entreprise.
Si il n’y avait qu’une ressource à lire sur le sujet, je vous conseillerai le très complet site de Jane Hart, Centre for Learning & Performance Technologies, http://c4lpt.co.uk.
Je vous recommande la partie où elle développe avec Harold Jarche les 5 types d’apprentissage que recouvrent le social learning : http://bit.ly/07R7suC
Concernant la possibilité de faire cohabiter “le formalisme du programme interne et l’empirisme de l’open learning”, donc de formaliser la formation informelle, je vous recommande la lecture de Jay Cross, http://internettime.pbworks.com/, ainsi que l’article “Informal Learning becomes Formal” (http://joshbersin.com/2009/01/21/informal-learning-becomes-formal/ ).
Enfin concernant les expériences d’open university, comment ne pas citer le mouvement Hacking Education: http://www.buzzmachine.com/2009/03/06/hacking-education-google-u
Autant de sujets que nous aborderons sur entreprise collaborative, dont le thême du blog carnival ce mois-ci est l’avenir de la formation dans l’E2.0: http://bit.ly/7auJXU
Et pourquoi pas le crowdsourcing comme piste…