Autant aujourd’hui le paysage des médias sociaux est dominé par Facbeook, autant à l’époque du “Web 2.0”, c’est Myspace qui occupait le devant de la scène. Les choses ont depuis beaucoup évolué, et si Facebook a connu une progression fulgurante (près de 600 millions de comptes), Myspace n’a jamais dépassé les 200 millions de comptes (ce qui est tout de même énorme). Propriété de News Corp depuis juillet 2005, Myspace a récemment dû revoir entièrement sa stratégie pour pouvoir continuer à exister dans ce monde dominé par Facebook.
Les grandes lignes de ce nouveau positionnement sont donc les suivantes :
- Une nouvelle page d’accueil donnant beaucoup plus d’importance aux contenus officiels (Myspace Reboot Heads In Right Direction, Finally) ;
- Un recentrage des activités sur le divertissement à la sauce sociale (“social entertainment“) au détriment du réseautage ou de la publication (MySpace Abandons Social Networking) ;
- Un partenariat avec Facebook pour personnaliser le contenu en fonction de votre profil et de votre graphe social (Facebook likes MySpace, MySpace likes Facebook) ;
- Un accord publicitaire renouvelé avec Google (Myspace And Google Renew Search And Advertising Agreement For Multiple Years) ;
- Une plus grande ouverture permettant aux internautes de visionner l’intégralité du contenu sans créer de compte (ou en utilisant votre profil Facebook) ;
- Une réorganisation des contenus autour de centres d’intérêts (“topic pages“) et d’interactions sociales avec des artistes pour faciliter la découverte de nouveaux contenus (cf. l’opération avec les Black Eyed Peas).
Visiblement ce repositionnement a été bien accueilli par le marché qui y voit un repli stratégique plutôt malin : Why “Mashups With Facebook” Isn’t a Loss for MySpace. L’analyse que je peux faire de cette nouvelle posture est que si Facebook s’impose comme le supermarché des médias sociaux, Myspace se repositionne en tant que fournisseur. Car si l’on y regarde de plus près, il n’y a (quasiment) pas de contenu sur Facebook, alors que Myspace bénéficie d’une masse considérable de contenus (textes, vidéos…) publiés par les membres ainsi que de contenus multimédias officiels (morceaux musicaux, bandes-annonces, clips vidéos…). La différence entre les deux est subtile, mais elle est importante, car Myspace dispose de nombreux accords de distribution / promotion sur des contenus à valeur ajoutée.
De plus, ce n’est pas parce que Myspace n’est officiellement plus présenté comme un réseau social qu’ils ne disposent plus des mécaniques qui vont avec. Les nouvelles pages membre (qu’il faut activer depuis votre compte) mettent ainsi l’accent sur les détails afin de motiver les utilisateurs à compléter leur profil. Des profils plus riches pour un meilleur ciblage publicitaire, c’est exactement ce que Facebook vient de faire avec ses nouveaux profils.
Mais ce qui fait la valeur de Myspace, son trésor de guerre, est son positionnement historique sur la musique et la capacité à fournir aux petits artistes indépendants un outil de promotion et de visibilité. Volonté confirmée par le tout nouvel Artist HQ : MySpace Launches Fan Management Tools for Bands.
http://mediaservices.myspace.com/services/media/embed.aspx/m=107217283,t=1,mt=video
Le plan de Myspace est donc simple : nouer des partenariats avec les maisons de production pour récupérer des contenus officiels (musiques, vidéos…) puis exploiter la couche sociale de Facebook. Cette stratégie fonctionne bien sur le papier tant que Myspace est légitime (notamment sur la musique) mais quid des autres domaines de l’entertainement ? Et c’est bien là où la partie va se jouer, car d’autres acteurs sont déjà sur le coup. Nous pouvons ainsi citer l’exemple de GetGlue qui s’est spécialisé dans les séries TV ou de Clicker qui font une intégration fine de Facebook : Facebook Friends Recommend Movies, Music, Food & Now TV with Clicker.
Conclusion : les équipes de Myspace ont pris les bonnes décisions pour recentrer la plateforme sur ce qu’elle sait faire de mieux. Reste maintenant à voir s’ils sauront convaincre les annonceurs de l’intérêt de monter des opérations de visibilité / recrutement en amont de la chaine (là où les contenus sont, donc sur Myspace) plutôt qu’en aval (là où ils finissent sous forme de liens, donc sur Facebook).
J’adorerais avoir le point de vue officiel de Myspace sur ce nouveau positionnement…
Très bon billet! En effet en vue de la concurrence accrue, Myspace se doit de recadrer sa stratégie de base dans l’optique de pérenniser sur son marché.
MySpace tente de renaître de ses cendres même si les artistes, coeur de cible, tendent à délaisser cet espace pour aller sur leur propre site, relayé par Facebook semble-t-il. L’avenir nous dira si son parti-pris est le bon pour rester dans le paysage. Mon sentiment est que ce réveil est un peu tardif, mais… rien n’est perdu ! Ce billet vient à point nommer pour souhaiter à MySpace un bel avenir, dès 2011…
Ce qui est complètement oublié dans toute cette analyse, c’est le point de vue des utilisateurs eux-mêmes ; la nouvelle mouture de myspace ne convainc pas tout l’monde. Il n’y a jamais eu autant de protestations du style “rendez-nous notre ancien myspace”. La plupart se plaignent (autant en France qu’aux USA d’avoir un site lourdingue, lent, et toutes les particularités qu’aimaient les myspaciens ont été écrasées, notamment la possibilité d’avoir une page vraiment personnalisée. Pour moi, c’est vraiment le manque d’ergonomie qui cause sa perte, avec des pages qui font planter l’ordi. La simplicité, c’est la recette au succès de facebook ou twitter !
Personnellement j’utilisais énormément Myspace à ces débuts, le fait de pouvoir customiser sa page était un vrai plus comparé à Facebook. Mais la simplicité de FB a fini par me séduire. Par contre Myspace musique est vraiment unique pour les musiciens, groupes,DJ, c’est cette partie qui rend Myspace vraiment différentes des autres plateformes.