Google lance sa plateforme sociale unifiée Google+

Après plusieurs mois de spéculation et d’innombrables rumeurs, Google vient enfin d’annoncer sa plateforme sociale Google+ : Introducing the Google+ project: Real-life sharing, rethought for the web. L’attente a été longue, mais elle valait la peine, car non seulement le projet est très ambitieux, mais il propose un mélange de fonctionnalités génériques et des subtilités que l’on ne retrouve pas ailleurs. Pour avoir un aperçu rapide des fonctionnalités, je vous propose cet article en Français : Découvrez le projet Google+, partagez le Web comme vous le vivez.

En un mot comme en cent, Google+ n’est résolument pas un réseau social, c’est la couche sociale qui va servir à unifier l’ensemble des fonctionnalités de Google (Gmail, +1…). Le projet n’a été dévoilé officiellement qu’il y a 3 heures et le site est déjà saturé. Malheureusement Google+ n’est disponible que sur invitation et elles vont encore une fois être distribuées au compte-gouttes. N’ayant pas la chance d’avoir une invitation, je vais tout de même tenter de récapituler ce que l’on sait sur ce projet :

  • L’inscription débute forcément par la création de votre profil, si vous avez déjà un Google Profile, cette étape est d’autant plus rapide ;
  • La seconde étape vous permet de gérer votre liste de contacts qui est segmentée en cercles (“circles“);
  • Le service se présente sous la forme d’un flux d’activité (“stream“) qui vous pouvez trier en fonction de vos centres d’intérêt (“Sparks“) ;
  • Vous pouvez partager un message court, une photo, un lien… comme vous le faites sur Facebook ;
  • Vous pouvez aussi inviter vos amis à rejoindre une conversation vidéo (“Hangouts“) ou conversation via messagerie instantanée (“Huddle“).

Autant les premières fonctionnalités sont très classiques, autant les suivantes sont plus surprenantes et vont permettre à ce Google+ de se démarquer et surtout d’éviter toute comparaison abusive avec les autres plateformes sociales (principalement Facebook). Pour en savoir plus, il existe une visite guidée ici : Google+ Demo Tour. Pour une analyse en profondeur de la genèse du projet, je vous incite fortement à lire l’article de Wired : Inside Google+, How the Search Giant Plans to Go Social.

Circles, le graphe social simplifié de Google

Outre les profils, la pièce centrale de Google+ est donc la gestion des listes d’amis, qui ne le sont d’ailleurs peut-être pas ! La particularité de Google+ est de ne pas traiter vos contacts de façon uniforme et réductrice en les qualifiant d’amis. Une interface vous permet ainsi de trier vos contacts en les classant dans des cercles :

gplus_circles

Ceux qui ont eu la chance de tester cette fonction de tri reconnaissent la simplicité de prise en main : Google+, First Impressions. Voilà des années que je peste contre cette notion usurpée d’amitié que les réseaux sociaux nous imposent, Circles propose donc une approche plus réaliste de la façon dont nous fonctionnons (par cercle affinitiaires plus ou moins élargi et éloigné). En ce sens, Circles s’inspire de l’étude The Real Life Social Network publiée l’année dernière par Paul Adams (qui a depuis été embauché par Google, j’imagine pour travailler sur ce projet).

Stream, un flux d’activités filtré

Autre pièce centrale du service : le flux d’activités, qui ressemble à ce que nous connaissons déjà sur Facebook, Netlog… La particularité de ce flux est de proposer un filtrage selon vos cercles d’amis ou selon des thématiques que vous aurez prédéfinies :

Gplus_stream

Là encore, rien de bien novateur, car le flux et le module de publication ressemblent à ce que l’on sur Twitter ou même sur Google Buzz. Précision importante : les destinataires de vos messages n’ont pas besoin d’être inscrits sur la plateforme, ils peuvent être notifiés par email.

Sparks, le moteur de recommandations de contenus et de profilage

Première innovation de Google+, un moteur de recommandation qui vous permet de découvrir des contenus en fonction de sujets que vous lui soumettez. J’imagine que Sparks repose sur l’algorithme de Google, une sorte de repackaging du bouton “J’ai de la chance“.

gplus_sparks

Si vous trouvez des contenus intéressants, vous pouvez les placer dans vos favoris pour une consultation ultérieure ou les partager avec vos cercles à l’aide du bouton +1 qui a été récemment lancé (cf. Google poursuit sa révolution sociale avec le bouton +1 et La guerre des boutons aura bien lieu). Et si la thématique vous intéresse, vous pouvez l’ajouter à votre liste de centres d’intérêts. Vu sous cet angle, Sparkles est également un moteur de profilage qui vous fait des recommandations régulières pour mieux connaitre vos goûts. Là encore, Google+ va un peu plus loin que Facebook et son bouton Like (qui ne prend pas du tout en charge la partie recommandation).

Hangouts et Huddle, les leviers communautaires

Google+ propose aussi deux fonctionnalités originales qui sont déjà proposées par d’autres acteurs indépendants, mais pas intégrées aux grosses plateformes sociales. Il y a tout d’abord Hangouts, une sorte de chat vidéo à plusieurs :

Gplus_Hangout

Cette fonctionnalité était déjà proposée par Gmail mais présente maintenant un aspect un peu plus ludique avec l’affichage automatique en gros plan de l’interlocuteur qui prend la parole. Certains y verront l’arme de Google pour contrer le partenariat entre Facebook et Skype, j’y vois plutôt une brique sociale rigolote qui autorise des échanges de proximité (par opposition aux status updates qui sont plus “froids” et n’autorisent que des discussions asynchrones).

Autre nouveauté : Les Huddles qui sont des discussions de groupe par messages textuels. Là encore, nous pourrions y voir la riposte de Google au récent rachat de Beluga par Facebook.

GPlus_Huddle

Certes, Huddle est très proche, mais il correspond à une tendance de fond sur le mobile group messaging et ses nombreux services (GroupMe, FastSociety, Yobongo, Convore…).

Pour le moment, Google+ ne nous a sorti que ces deux fonctionnalités, mais j’ai la conviction qu’ils ont des dizaines d’autres modules communautaires qu’ils sortiront au fur et à mesure.

Instant Upload, et Photo Editor pour séduire les utilisateurs mobiles

Google+ est disponible sur le web, mais il est également disponible sur les smartphones Android et bientôt sur iPhone (qui dispose néanmoins d’une version web mobile sur plus.google.com). L’idée étant de partir sur un service qui s’exploite indifféremment sur votre smartphone et sur le web (à l’image de Twitter).

Google+ propose notamment deux fonctionnalités très intéressantes : Instant Upload qui permet de publier vos photos dans les nuages et de les rendre disponibles très facilement le jour où vous souhaitez les partager. De même, le Photo Editor qui va avec semble être extrêmement simple d’utilisation (peut-être un moyen de recycler Picnik ?).

Gplus_InstantUpload

Là encore vous pourriez me dire que c’est une fonctionnalité très similaire à Instagram, et je vos répondrait qu’elle est également très proche de la future fonction de partage de photos de Twitter. Bref, tout le monde se copie.

Google+ est l’arbre qui cache la forêt

Difficile pour le moment de bien mesurer l’ambition et les motivations de Google avec le lancement de ce Google+, d’autant qu’il y a très peu d’invitations disponibles. Ce dont je suis par contre certain, c’est qu’avec cette annonce, Google officialise son entrée sur la créneau “sociale”. Les différentes initiatives lancées jusqu’alors étaient en effet très confidentielles (Orkut, Buzz…), comme si Google se contentait de tâter le terrain sans trop y croire. Avec Google+, le géant américain dévoile enfin son jeu et commence un vaste chantier d’intégration de l’ensemble des services déjà déployés. La nouvelle barre qui permet de basculer d’un service à un autre illustre d’ailleurs bien ce changement de posture.

Comme précisé plus haut, Google+ n’est donc pas un réseau social, mais plutôt LA couche sociale de Google à laquelle vont venir se greffer les différents services de la galaxie Google : Gmail, Profiles, +1, Picasa, YouTube… (Inside Google+, how the search giant plans to go social). Là où Google se différencie des autres (et notamment de Facebook), c’est qu’il prône une approche plus ouverte avec des initiatives comme Open Social, Social Graph API ou encore Google Takout. Google+ sera donc une plateforme sociale ouverte à la Twitter ? Vraisemblablement, mais ça demande confirmation.

Au final, Google+ peut-il rivaliser avec Facebook ? Oui et non. Oui, car le marché est suffisamment grand pour que plusieurs plateformes sociales cohabitent (Facebook, Twitter, Foursaure, Instagram…), car Google a les moyens de soutenir cette initiative pendant de nombreuses années et parce’ils n’ont pas le choix (ils doivent proposer une alternative à Facebook pour rassurer les marchés financiers). Non, car ces deux plateformes sont tout de même assez différentes dans leur philosophie (Why Google+ won’t hurt Facebook, but Skype will hate it).

De plus, je ne pense pas que le Google+ qui nous a été dévoilé corresponde à un produit fini, cette plateforme ne pourra être considérée comme complète que lorsque :

  1. Les services majeurs de Google y seront intégrés (Gmail, YouTube) ;
  2. D’autres types de contenus / services y seront accessibles (musique, jeux…) ;
  3. Les annonceurs pourront y être représentés au travers d’offres plus sophistiquées que les liens sponsorisés de la régie Google (je pense surtout au Stream et à Sparks) ;
  4. Les éditeurs pourront proposer des applications tiers (l’équivalent de la Facebook Platform).

Nous pouvons donc conclure ce premier aperçu de Google+ sur une note optimiste : Google décide enfin de mettre les moyens et de construire une plateforme sociale viable. Reste encore à finaliser la construction de ce “mille-feuille sociale” et de le rendre accessible au grand public. Attendons et prions pour recevoir une invitation rapidement…

MàJ : Pour une réflexion plus poussée sur les probables possibilités offertes aux marques : Quelle place pour les annonceurs dans Google+.

29 commentaires sur “Google lance sa plateforme sociale unifiée Google+

  1. Je ne cache pas qu’au vu des prés’ et des vidéos… Bon… y a un truc. Avec l’adoption massive d’Android sur Mobile et les petites fonctionnalités aussi sympa, çà titille mon sens de fan.

    J’ai hâte d’en voir et d’en savoir plus.

  2. Bienvenue à Google+, the Business Social Networking by Google. Peut être le chaînon manquant de l’Entreprise 2.0 !

    Google+ 1 = 2.0 ?

    Merci pour ce 1er tour de piste, je part courir le net pour obtenir une invit(ation

    @ suivre

  3. Un pas de plus vers la neuronalisation du web. On a l’impression de voir un cerveau de bébé qui connecte progressivement ses neurones au fur et à mesure qu’il acquiert des compétences Nous vivons vraiment une période fascinante… ou terrifiante, selon le point de vue.

    Un tel outil manquait entre Facebook l’acnéique et Twitter l’élitiste dépouillé. J’ai été surpris par l ‘échec ce Waves. Si Google+ prend, cela signifiera une fois de plus qu’il vaut mieux tester et échouer que préparer en secret des projets grandioses, suivez mon regard…

  4. @Dominique Dupagne

    J’aime beaucoup l’image des neurones et des synapses… Google est effectivement parti des fonctionnalités et tentent de les réaggréger désormais. C’est pour cela qu’il est plus pertinent de parler de couche sociale que de réseau social. A la différence de Facebook, qui part d’abord du Social Graph et donc de votre réseau pour derrière au fur et à mesure développer les types d’interaction.

    Le point central dans la stratégie de Google est les contenus et c’est souvent l’un des reproches que l’on faisait à Facebook. Avec Déclics, il est plus simple de pouvoir suivre des thématiques et des contenus qui nous intéressent. De ce côté Facebook a un temps de retard mais est en train de travailler sur des équivalences à LinkedIn Today (le meilleur des articles / contenus partagés par votre réseau)

  5. LA question : Y a t il de la place pour un nouveau réseau social ? Microsoft disait que non et a préféré investir dans Facebook, on verra qui a raison

  6. @ Antoine Dupin > Voilà pourquoi Google+ n’est pas présenté (et conçu) comme un réseau social, c’est une couche sociale entre les services Google.

  7. Ce que je me pose comme question à la suite des différentes lectures, est-ce que Google+ offre quelque chose d’assez différents et complets pour que les utilisateurs de Facebook décident d’ouvrir leur compte ?

    À titre personnel, quand je pense à mes amis proches, ma famille, les personnes qui ne sont pas nécéssairement à l’aise avec la technologie, il faudrait un très grand effort de Google+ pour faire valoir le fait que leur service est génial et qu’il est pertinent de faire le transfert.

    D’ici là, on peut rêver à un outil « Facebook Import » qui permettrait d’importer l’ensemble des photos, status, configuration de profils, groupe d’amis, intérêts, etc…

  8. La question que je me poserai chez Google, c’est pourquoi les inscrits de Facebook viendrait sur ma “couche sociale” ( si on part du principe que la plupart des gens y sont inscrits) ?
    Moi j’aimerai voir ce qu’est exactement Google + mais le grand public ? J’en ai un peu parlé ce matin autour de moi (des personnes hors monde de l’informatique et communication) et tout le monde s’en fout et ne comprend pas ce qu’apporte de plus Google.
    Je pense que c’est prometteur, mais Google devra lui laisser du temps pour prendre.

  9. Je ne pense pas qu’il faut s’attendre à des révolutions sur le concept du réseau social puisqu’à mon sens nous en avons fait le tour.

    Si on parcoure tout les moyens à dispositions (facebook, twitter, netlog, foursquare, blogs..etc etc…) sur le net nous avons là l’ensemble de ce que peut proposer un réseau social.

    Que faire de plus???

    Je pense que c’est dans l’arborescence et son design que google+ pourra jouer une belle carte. Nous aimons manipuler et pas seulement “cliquer et partager”.

    Je suis d’accord sur le principe des cercles qui “propose donc une approche plus réaliste de la façon dont nous fonctionnons” mais aussi tout simplement nouvelle à manipuler et peut être plus agréable.

  10. Je suis assez d’accord avec le Monsieur juste au-dessus !

    Le soucis avec Google+ c’est qu’il faut d’abord s’ouvrir un compte Gmail pour avoir le droit de cliquer sur le fameux +…

    Mais pour quel profit en fait ? Pas très clair. Echanger avec ses amis et collègues de bureaux sur un ton festif, se faire de nouveaux amis (voir des meufs !), ça c’est un programme alléchant et clairement identifiable qui a fait le succès de Facebook.

    Je ne suis pas certain que ma compagne ou mon frangin est envie de cliquer sur un + : “Pourquoi faire d’abord ?”

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