Le cabinet Forrester vient de publier une nouvelle étude sur le commerce mobile : Mobile Commerce Forecast: 2011 to 2016. Cette étude révèle des prévisions très encourageantes : 25 milliards de $ en 2015 et 31 milliards de $ en 2016. Ces prévisions particulièrement optimistes sont fondées sur les courbes de croissance du segment des smartphones et surtotu sur le rythme d’innovation imposé par l’iPhone qui est uninymement reconnu comme l’étincèle qui a enflammé les marchés occidentaux. D’ailleurs le marché le rend bien à Apple les terminaux mobiles tourant sous iOS sont encore largement devant les concurrents comme le montre les derniers chiffres publiés par comScore sur Device Essentials : 34% pour l’iPhone et 27% pour l’iPad (cf. comScore Introduces Device Essentials™ for Measuring Digital Traffic from All Devices).
Mais revenons au rapport de Forrester. Au-delà de ces chiffres, les enseignements de l’étude sont particulièrement intéressants, car ils nous donnent des statistiques précises sur les réflexes d’achat des mobinautes :
- Près de la moitié des acheteurs potentiels sont avant tout préoccupés par la divulgation de leur N° de téléphone aux marchands ainsi que par la sécurisation des paiements ;
- 1/3 déplorent la lenteur des sites mobiles, mais aimeraient bien qu’ils proposent les mêmes contenus et fonctionnalités que sur leur navigateur.
Cette dernière statistique illustre la schizophrénie des mobinautes qui veulent la même chose que sur leur ordinateur, mais dans sur smartphone, chose bien évidement impossible au vu des contraintes d’affichage et de manipulation. Ceci étant dit, ce n’est pas parce que les smartphones ne peuvent pas afficher les mêmes interfaces, qu’ils ne peuvent pas proposer les mêmes contenus et fonctionnalités. Le rapport fournit également des statistiques détaillées sur l’offre mobile des principaux commerçants US :
Si nous ne nous intéressons qu’à ce qu’ils proposeront à terme, il apparait que les contenus les plus importants sont les infos produits, l’avis des clients, les promos ainsi que les conditions de livraison. Concernant les fonctionnalités, les commerçants se concentrent visiblement sur des fondamentaux comme le paiement en ligne, les alertes et les coupons.
Ces statistiques sont en phase avec l’analyse publiée par Practicale Commerce qui propose de revisiter les 4 P du marketing pour les adapter au m-commerce : The Four P’s of Mobile Commerce. Dans un même registre, le site E-consultancy nous proposait récemment une étude sur les sites mobiles des 16 plus grands distributeurs anglais qui mettaient à l’honneur le site d’ASOS : ASOS has the best mobile commerce site. Précisons que cette étude ne prenait en compte que les versions mobiles des boutiques en ligne, pas les applications.
La version mobile de la boutique ASOS propose en effet une navigation minimaliste, mais intuitive et surtout des informations très complètes sur les produits (description, photos, conditions de livraison et de reprise…). L’étude pointe également du doigt une faiblesse commune à l’ensemble de ces sites mobiles : une page d’accueil très pauvre due aux limitations de l’affichage.
Cette faiblesse implique à elle seule de repenser intégralement l’expérience d’achat en situation de mobilité et notamment le parcours client. Autant dans un navigateur classique, le parcours client est assez bien maitrisé et ce dernier est facilement orienté vers les pages produit, autant sur un smartphone sur la situation est plus délicate si nous retirons de ce parcours le moteur de recherche, la page d’accueil et toutes les pages d’orientation (catégorie, sous-catégorie…).
Il existe néanmoins des solutions de contournement pour parachuter le client directement sur la page produit :
- La prise en photo des codes à barres (en boutique) ;
- Le recours aux URLs courtes ;
- L’utilisation de codes 2D (en affichage ou sur les supports papier comme les magazines).
Je suis un fervent défenseur des codes 2D, mais force est de constater que la technologie est encore perfectible, car bine souvent la requête n’aboutit pas. Ceci étant dit, les QR code ne sont pas une fatalité, car il existe d’autres standards comme les Microsoft Tags dont la firme de Redmond fait la promotion en ce moment : Mobile Shopping Trends Visualized.
Cette belle infographie a le mérite d’illustrer toute la diversité des usages en situation de mobilité. Elle illustre également le talon d’Achille du m-commerce : les moyens de paiement. Quoi que… autant j’envisage difficilement un mobinaute sortir sa CB et saisir son N° sur son smartphone, autant les solutions de paiement intégrées à la facture de l’opérateur ou les intermédiaires de paiement peuvent se révéler être des moyens redoutablement efficaces. Ce n’est ainsi pas un hasard si eBay a mis la main sur Zong (eBay Buys Zong For $240 Million In Cash To Boost PayPal’s Mobile Payments Technology) et si nos opérateurs nationaux travaillent d’arrache-pied à la finalisation de l’offre Buyster (cf. Tout savoir sur Buyster avec Laurent Bailly, directeur marketing).
J’ai déjà eu l’occasion de m’exprimer sur ce sujet (Le smartphone deviendra-t-il notre moyen de paiement principal ?), mais je suis persuadé que nous sommes au-devant d’une véritable révolution dans nos moyens de paiement en situation de mobilité : m-commerce, encaissement à partir d’un terminal mobile (ex : Square), transfert d’argent entre particuliers via mobiles (ex : Kwixo), paiement sans contact via NFC…
Je suis également intimement persuadé que le m-commerce va percer. J’utilise désormais aussi souvent mon iphone pour réserver et commander des billets de train qu’Internet. Pareil pour Amazon… Zara est également très performant sur le mobile mais là-dessus je n’ai pas encore franchi le pas. Selon moi la qualité de l’affichage n’est pas forcément problématique tant que je retrouve les mêmes fonctionnalités et la même fluidité que sur Internet. Article très intéressant, merci !