A quoi ressemblera l’entreprise de demain ?

Ce soir j’ai répondu présent à l’invitation de Bertrand au premier meetup préparatoire de l’Enterprise 2.0 Summit. Pour votre information, l’Enterprise2.0 Summit est LA rencontre annuelle des professionnels européens de la collaboration et de tout ce qui touche à l’Entreprise 2.0. La prochaine édition se déroulera les 7 et 8 février 2012 à Paris, vous devez donc impérativement réserver cette date dans votre agenda pour participer à cet évènement exceptionnel, j’insiste !

Bref, tout ça pour dire que les spécialistes de la profession se mobilisent pour donner un maximum de visibilité à cette manifestation, à commencer par la rencontre de ce soir. Une quarantaine de personnes s’étaient donc donné rendez-vous au lounge de NextModernity pour parler de notre sujet de prédilection. Quoique… le constat que j’ai pu faire dès le début de cette rencontre est le suivant : voilà maintenant près de 4 ans que l’on parle d’Entreprise 2.0 et à force d’utiliser ce terme à toutes les sauces, il ne veut plus rien dire. Le premier exercice auquel nous nous sommes donc pliés a été de définir l’entreprise de demain, ou plutôt de décrire une vision idéaliste de l’entreprise du XXIème siècle.

Je serais bien incapable de vous résumer ce qui a été dit, car les échanges étaient très riches, mais je peux par contre vous donner ma version : Avec l’émergence de nouvelles puissances industrielles (les pays de la zone BRIC), les entreprises passent d’une recherche de compétitivité reposant sur la productivité à une compétitivité s’appuyant sur l’innovation et la créativité. En d’autres termes : les entreprises ont déjà amélioré leur outil informatique (ERP) et leur outil de production (robotisation), pour trouver des gains de performance elles devront s’intéresser à nouveau à l’humain. Ceci passera par un décloisonnement des services et métiers, une libération de l’information et de la connaissance, un assouplissement des processus, une refonte de l’outil informatique et des ressources humaines… Le but de la manoeuvre sera d’orchestrer les discussions, le partage et la collaboration en interne (employés), mais également en externe (partenaires et clients), et même auprès d’acteurs qui sont bien trop souvent ignorés (prospects et sous-traitants).

Cette vision est certes très générique et idéaliste, mais c’était le but de l’exercice.

Atelier de réflexion sur la définition de l'entreprise idéaliste du XXIème siècle

Chacun a ainsi pu donner sa définition, l’occasion pour moi de noter quelques notions et mots-clés intéressants :

  • Responsabilisation (la collaboration est l’affaire de chacun, pas que des représentants de la génération Y) ;
  • Confiance (accepter de partager ses connaissances) ;
  • Plaisir (s’épanouir dans la collaboration et la performance collective) ;
  • Adaptabilité (prendre en compte le fossé culturel entre les nouveaux entrants et les “séniors”) ;
  • Fluidité (des processus, des informations, mais également des collaborateurs) ;
  • Tolérance (vis-à-vis des idées qui sont partagées et des erreurs qui peuvent être faites lors de la phase d’adaptation aux pratiques collaboratives) ;
  • Engagement (principalement de la Direction et du Middle-Management) ;
  • Diversité (des profils, des parcours, des cultures) ;
  • Bienveillance (pas de censure ou d’inhibition).

Au cours des discussions qui ont suivi, j’ai également pu noter des phrases et des idées dont je suis incapable de retracer l’origine (veuillez m’en excuser) :

  • Arrêtons de parler de changement, car le changement fait peur, parlons plutôt d’adaptation” ;
  • Les RSE (réseaux sociaux d’entreprise) sont les ERP de demain ;
  • Il faut reconfigurer l’organisation et les processus autour des savoirs et du capital humain” ;
  • Nous devons passer à une logique d’apprentissage et de discussions / échanges permanents, donc trouver les bons stimuli auprès des collaborateurs” ;
  • L’objectif est d’accélérer la prise de décision et la résolution de problèmes non plus grâce aux outils de production, mais à la collaboration” ;
  • La hiérarchie devrait être là pour inspirer et modérer, plutôt que de surveiller et comptabiliser” ;
  • Dans une dynamique de créativité, tous les employés sont des bricoleurs et des artistes en puissance.

Encore une fois, les échanges ont été tellement riches et brefs, que j’ai le plus grand mal à mettre un nom sur chacune de ces citations. Le reste de la rencontre a été tout aussi intéressant et laisse présager un contenu extrêmement riche pour le prochain Enterprise 2.0 Summit.

Intenses discussions autour de la notion de "social enterprise"

Normalement la prochaine rencontre devrait avoir lieu le mois prochain, j’essayerais d’y être également présent et de m’organiser autrement pour vous faire un compte-rendu plus structuré.

En tout cas j’espère que ces différentes notions et citations vous donneront l’envie de réserver dans votre agenda les dates du 7 et 8 février prochain !

13 commentaires sur “A quoi ressemblera l’entreprise de demain ?

  1. Merci Fred, feedback très intéressant. Néanmoins j’ai un sérieux doute sur le passage du lourd et complexe ERP au joyeux et léger réseau social d’entreprise. C’est comparable à la soit-disant substitution des PC para les tablettes en entreprise: séduisant mais irréalisable. Il y aura toujours besoin de traitements de données, des tableurs aux systèmes de datamining ou KM. La gestion des stocks, de la facturation ou des flux de production sont gérés dans des ERP structurés, pas de RSE ici.
    L’énorme défi est donc: comment structurer les données informelles des RSE dans des plateformes de traitement de données, en particulier pour du CRM ou du marketing 1-1.

  2. Merci Fréderic pour ce compte rendu relativement exhaustif qui rend bien compte de l’intérêt des discussions. C’est vrai qu’il y a eu tellement d’échanges et de rencontres que tout mettre “au carré” est un peu difficile.

    @Gilles Maury : je ne pense pas que l’idée soit de remplacer les ERP mais de leur donner un pendant concernant les choses pour lesquels ils ne sont pas faits. On en a d’ailleurs beaucoup parlé ce soir, la valeur réside dans l’articulation. Il y aura toujours une partie fortement structurée et automatisée qui est indispensable, ne serait-ce que parce que dans ce domaine l’Homme est davantage facteur d’erreurs que de valeur ajoutée. A coté de cela il y les points de flexibilité, la gestion des exceptions, le besoin de trouver des solutions adhoc, de prendre des décisions, de résoudre des problèmes qui sont la nature même de l’activité des collaborateurs aujourd’hui. C’est ce domaine qui reste à développer.

    On le voit d’ailleurs de plus en plus, la question est en train (enfin….à mon gout) de bouger du duo conversations/communautés à celui du social/process. Car le social déconnecté des process ne crée pas grnd chose. Lorsqu’il lui est lié il est un accélérateur et un bonificateur.

    Au plaisir d’en parler en février. D’ailleurs la keynote d’Yves Caseau sur la question du LEAN/Processes vs. E20 (ou plutôt comme levier) devrait vous intéresser.

  3. E2.0 et ERP ???
    L’e2.0 c’est une volonté de valorisation des actifs immatériels au service des objectifs de l’entreprise et il me paraît difficile de parler ERP ou PGI (en français) pour le faire.
    Quant aux plateformes supportant les RSE, on leur sait gré d’améliorer l’expression et le partage de ce patrimoine immatériel, mais elles vont très robablement évolué pour apporter, non pas des fonctionnalités, mais un meilleur niveau de services à l’entreprise (surtout si une partie de la valeur rédise dans l’articulation).

    On retiendra de votre brainstorming que les idées et les mises en perpectives sont nombreuses et on s’en réjouit.
    Merci Fred de ce rteour à chaud ;-)

  4. @ Gilles Maury > Je pense que vous avez mal interprété cette phrase. Les RSE ne remplaceront jamais les ERP, par contre, les entreprises vont en faire une propriété (tout comme les ERP étaient la priorité dans les années passées).

    @ Bertrand & Richard > En y réfléchissant, je crois bien que vous êtes à l’origine de toutes ces citations. Mais bon, vous aviez eu le temps de préparer votre définition ;-)

  5. Pas réussi à venir car déjà pris dans un autre brainstorm de réseau vertical.
    Ce CR montre en ce qui me concerne la décomposition permanente du concept d’entreprise 2.0 au fur et à mesure qu’il ne décolle pas dans l’entreprise.
    Tout est bon pour trouver désormais du ROI bien visible et lourd et on en vient à parler d’ERP!!!
    On va aussi parler de réseau social autour des process et quand je consulte la liste des mots clefs je comprend en partie l’échec actuel.
    On ne sauvera pas l’entreprise avec des mots valises, des rustines et une approche plus fidèle au lean management qu’à l’engagement.

  6. @Vincent : Merci (pour une fois que ce n’est pas moi qui suis très|trop direct!).
    Je suis d’accord,mais je pense que le choix de publier un billet à chaud est probablement à l’origine de nos réactions/réflexions.
    L’impression que j’ai est que ce brainstorming a été cannibalisé par les vieux démons (processus, roi, interopérabilité, agilité, productivité) et dominé par des questions “standards” et conventionnelles et très proches des “solutions” donc de la “techno”.
    Aujourd’hui, ce qui me paraît important (en tout cas dans les comportements des individus), c’est la capacité à s’affranchir de la techno pour agir différemment et dans ce cadre je retiendrai les mots clefs CONFIANCE. HUMILITE, TOLERANCE, PARTAGE, HUMANITE, SERVICE, SIMPLICITE,…..
    Il est toujours difficile de “faire du neuf avec du vieux” et nous devons “pousser” la réflexion plus loin, plus haut.
    Quels seraient vos mots clefs ?

  7. Bonjour et merci pour ce compte-rendu intéressant.
    Je note en premier lieu que les attentes et les discours ne varient guère d’une époque à une autre : la responsabilisation de chacun, les notions de partage, de collaboration étaient déjà dans les revendications de mai 68 et des étudiants des années 80 : )
    L’entreprise 2.0 n’est donc qu’un énième avatar des aspirations bien légitimes de tout salarié, à savoir être partie prenante de l’entreprise dans laquelle il travaille (avec plus ou moins d’intérêt selon les individus, mais c’est un autre débat).
    Par contre, ce qui a changé notablement, c’est l’environnement économique et l’organisation des entreprises.
    Ce qui me semble très pertinent dans ce qui a été dit, ce sont les notions de productivité , compétitivité.
    Toute entreprise, plus ou moins en prise avec un marche mondialisé, doit effectivement veiller à trois aspects très importants :
    – l’innovation qui conditionnera l’adoption de ses produits ou services
    – la réactivité qui devient une arme essentielle dans un environnement à flux tendus et où internet a accélère les demandes et les prises de décision
    – la rentabilité qui reste une condition sine qua non de réussite (en ayant à l’esprit que les business model sont de plus en plus difficiles)

    L’entreprise 2.0 c’est surtout pour moi l’adaptation à un mode de fonctionnement très différent ou la notion de temps et de circulation des infor’ations et des documents à change.
    Le réseau social d’entreprise n’est qu’une appellation de plus pour imager les relations entre les personnes d’une même entité économique. Tout cela a fonctionne et fonctionnera à partir du moment ou l’etre humain accepte un certain nombre de valeurs : délégation, responsabilité, hiérarchie, respect, déontologie et y agrége des valeurs nouvelles : plaisir, envie, etc …

    Quant aux ERP, ils sont des outils indispensables pour fédérer et centraliser les données disparates d’une entreprise et restituer des informations synthétisées à des publics hétérogènes.
    Ce qui, à mon sens, est le plus prometteur aujourd’hui, c’est l’apport des solutions mobiles type tablette, sous forme d’applications, pour permettre aux dirigeants, aux commerciaux, aux cadres, voire à tous les salariés, mais également aux clients et prospects d’accéder rapidement, de façon sécurisée, aux données comprises dans ces ERP.
    Pour résumer : le cloud computing mobile, des lors que l’ERP est interface d’une manière ou d’une autre aux supports mobiles.
    Bonne journée à tous … et désolé d’avoir été aussi prolixe :)
    Claude

  8. Pour aller dans le sens de Gilles Maury a propos des ERP, notre DSI revient de la Silicon Valley où il a été reçu par lde DSI d’Apple.
    Toutes leurs opérations sont gérées par un système unique pour lequel ils ont entièrement écrit l’interface mais le backbone c’est… un ERP!
    L’informatique est complexe et l’ERP restera son architecture de données, en revanche on ne lui demandera plus à tort d’être l’interface utilisateur et encore moins le site web ou l’extranet.

  9. salut,
    merci pour ce CR très 2.0. Je serais très intéressé pour participer à ce genre de choses, et apporter mon -maigre- retour d’expérience (j’anime chez Renault un forum d’appel à idées, et tout ce qui va autour comme animation physique pour faire aboutir certaines idées). Si ça vous tente….

    Pour revenir sur les notions mises en avant dans le CR et les commentaires, je vous avoue que j’ai été obligé de chercher pour savoir ce qu’est un “ERP” (Entreprise Ressource Planning). Beurk !

    Sincèrement, l’esprit qui vient du web 2.0 (on parle bien d’entreprise 2.0, donc de la manière dont la culture innovante et ouverte du web peut transformer le fonctionnement des entreprises), pousse dans un logique de souplesse opérationnelle, et liberté de parole. Si l’entreprise 2.0 doit devenir une affaire de gestionnaire pour faire plaisir à tel ou tel patron frileux, on a aura à mon sens loupé quelque chose.

    Personnellemnt j’utilise les outils collaboratifs et l’ouverture qu’ils amènent pour favoriser l’innovation, et faire la promotion des projets temps libre à la Google, 3M ou Pixar. Ce qui veut dire justement, passer à côté du côté ROI, budgets, etc. On ne peut pas avoir le beurre, et l’argent du beurre : les dirigeants qui veulent profiter du souffle de liberté et d’agilité que donnent les outils collaboratifs (et la culture web 2.0) ne doivent pas exiger en plus la sécurité et le ROI calculé au départ.

    Il faut expliquer cela aussi : il y a une prise de risque associée à l’innovation et au changement. Ce n’est pas grave, au contraire : c’est ce qui fait la valeur tout cela. Prise de risque = prise de décision. L’ouverture, le fait de rendre l’entreprise plus horizontale, amène un vrai partage de la stratégie en interne, et de vrais possibilité d’innovations.

  10. Bonjour à tous et merci à Frédéric pour ce CR. Je l’avais lu le soir même de sa publication mais n’avais pas pris le temps de poster mon commentaire à chaud. Lancé dans le livre de Martin Roulleaux Dugage “Organisation 2.0 Le knowledge management nouvelle génération”, écrit en 2007, je reste surpris de constater qu’en 4 ans, rien n’a changé : les mots clefs restent les mêmes, les problématiques aussi : par exemple parmi les citations retenues par Frédéric : « La hiérarchie devrait être là pour inspirer et modérer, plutôt que de surveiller et comptabiliser » correspond à ce que Martin Roulleaux Dugage exprimait en 2007 en parlant de “Management de commandement plutôt que de Management de contrôle”.

    Les technologies web 2.0 pour l’entreprise sont disponibles (RSE, BAI, FAQC, espaces collaboratifs, forums, wiki, commentaires…), le problème n’est pas là. Dans mon métier, j’assiste mes clients sur la mise en place notamment de leur intranet. Comment envisager que certaines entreprises passent au 2.0 alors même que la notion d’Intranet de communication vient tout juste d’arriver dans leur organisation ? Lorsque je leur explique qu’aujourd’hui, en plus d’un intranet de com ils peuvent mettre en place de la collaboration, des systèmes de partage d’idées, d’échanges, pour être plus efficaces au quotidien… la réponse est quasi systématiquement la même : “on en a besoin, on en est conscients mais notre direction n’est pas prête pour ça !” Le travail d’explication et d’accompagnement à l’adaptation au 2.0 est colossal, à tous les niveaux.

    L’adaptation au 2.0 se fera naturellement avec l’arrivée progressive aux postes à responsabilité des nouvelles générations élevées dans la mouvance 2.0. En attendons, chacun à notre niveau continuons à faire avancer l’entreprise 2.0. A ce titre bravo Lomig Unger pour l’animation du forum d’appel à idées et la promotion du projet temps libre, si vous le souhaitez nous pourrions échanger autour de la méthodologie.

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