Facebook annonce son app store avec des applications mobiles et payantes

Nous sommes à moins de deux semaines de l’IPO de Facebook et les analystes s’en donnent à coeur joie pour prédire l’évolution probable de l’action (Why Facebook Is Worth Way More Than $100 BillionHow Weak Facebook’s Revenue Growth Is Compared To Google Pre-IPO et Facebook Has a Valuation Problem).

Comme si les discussions n’étaient pas assez vives (notamment autour du sweat à capuche de Mark Zuckerberg), Facebook vient de faire une annonce fracassante : le lancement prochain d’une nouvelle place de marché d’applications (Introducing the App Center). Ce App Center viendra donc prendre la succession de la précédente version et sera également disponible sur smartphone.

 

facebook_app_center

Une annonce qui tombe à pic, car elle permettra de faire oublier les déconvenues récentes des boutiques intégrées (The End of Facebook Commerce?) ou les applications de social reading (Sites With Social Reading Apps Sacrifice Readers to Facebook). Vous noterez que cette annonce de la refonte de leur place de marché d’applications a été précédée par le lancement le mois dernier d’un centre de sécurité comprenant une série de recommandations et d’outils (Facebook Security). Ils font donc visiblement les choses dans l’ordre pour éviter toute dérive avec les virus sociaux (600.000 comptes Facebook victimes de tentatives de hacking par jour).

Mais revenons à l’annonce qui donne un certain  nombre de précisions :

  • L’objectif du futur App Center ne sera pas de copier les modèles existants (iTunes ou Google Play), mais de proposer un nombre limité d’applications avec un focus sur la qualité de l’expérience (ils ont publié à ce sujet des guidelinesassez précises) ;App-page
  • Pour ce faire, la place de marché exploitera un système de notation avancé tenant compte de votre genre, de votre âge ainsi que de vos habitudes pour proposer une sélection personnalisée et pertinente;App_Ratings
  • La future place de marché proposera des applications payantes, une première, car jusqu’à présent elles se conformaient au modèle freemium (les applications étaient toutes gratuites, mais autorisaient des transactions au sein de l’application) ;
  • Le App Center proposera aussi des applications mobiles à télécharger sur les app stores officielles;Mobile_App
  • La plateforme proposera enfin pour les éditeurs des statistiques détaillées sur la façon dont les membres utilisent et apprécient les applications.

C’est donc un gros changement pour la plateforme d’applications de Facebook. Les objectifs de cette nouvelle version semblent visiblement d’augmenter les revenus en captant une marge et d’intensifier les consultations mobiles. Si les règles de commissionnement sur les applications payantes s’appliqueront de fait sur sa place de marché, il y a fort à parier que Facebook revendique une commission sur les ventes d’applications hébergées par Apple ou Google (en tant qu’apporteur d’affaires). Nous ne savons pas encore comment va évoluer l’application mobile, mais il semblerait que Facebook opte pour une solution de fractionnement avec la mise à disposition de plusieurs applications mobiles, dont au moins une spécifiquement dédiée au partage de photo (logique, vu le prix payé pour acquérir Instagram).

Un programme bêta pour les développeurs est déjà disponible  avec la possibilité de soumettre les applications avant le 18 mai afin qu’elles soient présentes au lancement (cf App Center Tutorial). Il y a fort à parier que cette nouvelle place de marché va encore augmenter la place de Facebook dans notre quotidien et conforter son rôle d’intermédiaire incontournable pour les éditeurs de services et contenus.

Le fait que l’App Center soir disponible pour le web et les terminaux mobiles n’est pas un hasard, et certains l’interprètent (à raison) comme la première étape vers un social OS mobile : If Facebook ever decides to build its own phone, App Center sets them up for success.

Il y a toutes les raisons de se réjouir de cette annonce, néanmoins, j’ai l’impression qu’en convoitant la marge des app stores de Google et Apple, Facebook frappe sous la ceinture. Autant ces trois acteurs se combattaient jusqu’alors de façon courtoise, autant si Facebook s’attaque directement au gagne-pain de ses concurrents (les commissions sur les applications mobiles), cet affrontement à toutes les chances de dégénérer en bataille juridique et va certainement s’enliser dans une guerre des brevets pour laquelle Facebook n’est absolument pas préparé (Mobile Patent Wars: A Closer Look at How Everyone Loses). En résumé : j’ai bien peur que Facebook ait les yeux plus gros que le ventre et tombe sur un os (juridique). Nous verrons bien comment tout ceci évolue, mais si Google a déboursé plus de 12 milliards de $ pour racheter les brevets de Motorola, ce n’est pas pour se faire tondre la laine sur le dos par Facebook. Ni d’ailleurs Apple ou Microsoft, ses grands rivaux.

3 commentaires sur “Facebook annonce son app store avec des applications mobiles et payantes

  1. Facebook a environ 8 fois plus d’applications (9 millions) que Apple et Google réunis (1+ million) et leur App Center doit être beaucoup plus efficace et précis. Gérer 9 ou 15 millions d’apps ne fera pas un grosse différence, alors autant gérer toutes les apps de toute les plateformes.

    Facebook a une vision plus long terme que la concurrence. Ils essayent de régler un problème de façon global, en offrant un meilleur service grâce aux données que les autres n’ont pas (age,sexe,like…). C’est un énorme défi mais j’espère qu’ils réussiront.

  2. Démarche pour le coup intéressante à mon sens et je rejoins Fardeen sur la vraie valeur ajoutée que peut apporter facebook à partir des datas dont ils disposent sur ses utilisateurs.
    Toutefois, Apple et Google ne manquent pas de data perso dans leur base de données non plus et à un moment, les statistiques ne peuvent plus être affinées qu’à la marge par plus de données, on sort alors du sujet évoqué ici pour rentrer dans le monde des statisticiens :)
    La “bataille” ne se jouera pas là et je suis au final d’accord avec Fred concernant les “armes” dont dispose FB dans d’autres domaines, type brevets …
    à suivre !

  3. En effet, le risque juridique est à prendre en compte. Mais la plupart des attaques entre les géants de la mobilité porte sur le hardware ou l’OS, ce que ne convoite pas Facebook (à date, en tout cas !)

    Le coup est finement joué car les applications seront développées par leurs éditeurs qui ne verront en Facebook qu’un nouveau canal de diffusion de leurs applicatifs et contenus.

    Tout comme pour le web, Facebook ambitionne de devenir une surcouche des OS mobile, empochant une part significative du gâteau en proposant à l’utilisateur un environnement familier et personnalisé…

    L’intérêt pour Apple et Google n’est pas dans la bataille, ils profitent largement du rôle de prescripteur de Facebook, que ce soit sur le web ou sur mobile.

    En tout cas, ça va être passionnant à suivre !

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