Cette semaine se tiendra à Paris la grand-messe annuelle de l’internet avec la huitième édition de LeWeb dédié à l’internet des objets. Cette conférence va être l’occasion de découvrir de nombreux produits (Liste des objets connectés à LeWeb 2012), mais également de faire le point sur les différents usages. Considéré comme la prochaine itération du web, l’internet des objets est censé être la quatrième révolution industrielle qui va bouleverser nos vies. Rassurez-vous, je ne vais pas vous faire l’article sur cette fameuse révolution, mais plutôt vous donner une vision bien plus pragmatique de ce qu’est la réalité de l’internet des objets (Web Squared, transition vers le web 3.0 ou nouveau paradigme ?).
Quand il est question d’internet des objets et d’ambient devices, la première chose qui nous vient à l’esprit sont les lapins Karotz. De bien beaux gadgets, mais qui sont à l’opposé des applications concrètes existant aujourd’hui. Car si certains considèrent que l’internet des objets passe nécessairement par les smarpthones (Enjoying the internet of things? Thank your smartphone) ou que nous n’avons pas besoin d’un réseau dédié (Does the internet of things need its own internet?), d’autres ont bien compris que l’enjeu majeur n’est pas le débit, mais le coût (L’internet des objets : le coût détermine-t-il les usages ?).
Ce qui différencie les usagers du web (les humains) des machines, c’est le contexte et la fréquence d’usage. Autant un utilisateur a besoin d’un minimum de bande passante et de fiabilité pour son usage quotidien (emails, Twitter, Instagram…), donc justifie l’abonnement à un forfait de téléphonie traditionnel ; autant un capteur n’a besoin d’envoyer qu’un ou deux relevés par jour, soit quelques octets. Dans ce contexte, il n’est nullement besoin de souscrire à une offre 3G auprès des opérateurs nationaux. Et c’est là où les réseaux M2M trouvent leur utilité : proposer une solution de communication conçue pour les machines avec des coûts optimisés (puces de transmission, antennes relais, abonnements…) et un dimensionnement adapté (nous parlons de dizaines de milliards d’objets potentiellement connectables).

C’est dans ce contexte que le français Sigfox s’illustre avec son propre réseau exploitant la bande de fréquence des 868 mégahertz, utilisée notamment par les babyphones et qui ne nécessite pas de licence. L’opérateur a ainsi déployé près de 1.000 antennes pour couvrir quasiment tout le territoire. L’astuce est que leur protocole de communication fonctionnant à très bas débit, les ondes se propagent beaucoup plus loin : jusqu’à 50 km en extérieur et jusqu’au cinquième sous-sol en environnement urbain (Une technologie radio ultra efficace). Certes, le débit est grotesque comparé à ceux proposés par les bornes 3G ou WiFi, mais les capteurs n’ont pas besoin de faire du streaming vidéo en Ful HD 3D. Autres avantages : les puces de télécommunciaiton coûtent beaucoup moins cher à produire et consomment mille fois moins d’énergie, une micropile pourrait ainsi tenir 10 à 20 ans. Précision que Sigfox n’a pas vocation à commercialiser les puces, pour cela, il s’appuie pour cela sur un réseau de partenaires dont Telecom Design qui propose déjà sa puce (ils appellent ça un module radio).

Avec un équipement et un réseau adaptés, les domaines d’application de l’internet des objets sont très nombreux :
- Télérelevé (compteurs d’eau, d’électricité, de température, niveau d’huile, vent…) ;
- Santé (suivi d’un patient à distance) ;
- Surveillance de bâtiments (fenêtres ou portes ouvertes, détection d’incendie ou d’intrusion…) ;
- Contrôle d’équipements et d’infrastructures (usines, flotte de véhicules…)
- Ville intelligente (éclairage public, feux de signalisation, panneaux d’information, collecteurs de déchets, places de parkings, parcmètres…) ;
- Suivi de biens (tracking d’un colis)…
J’insiste sur le fait que nous ne parlons pas ici d’applications potentielles, mais de solutions déjà opérationnelles :
- Le module radio ACW-WLde détection de fuites dans les réseaux de chauffage urbain ;
- Le système SACHA de géolocalisation, de contrôle d’accès et de détection de chutes pour les personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer ;
- Le système CEEWITT de localisation des places de parking inoccupées (combiné à un service de paiement individuel au temps passé) ;
- Le système POCTEFA de suivi du bétail en zone pastorale…
Si ce domaine vous intéresse, je vous recommande vivement la page Scoop.it de Sigfox. La société emploie actuellement une quarantaine de personnes et revendique déjà 500.000 objets connectés à son réseau. Ils viennent par ailleurs de signer un partenariat avec Clear Channel France pour le pilotage de 12.000 panneaux d’affichage mécanisés.
L’objectif de Sigfox est d’abaisser le coût de connexion des objets à moins de 1 € par an. Ils travaillent même sur une offre packagée pour les particuliers qui englobe l’ensemble des objets de la maison / famille pour un montant proche des 20€ / an. À ce tarif-là, ce sont des dizaines d’usages qu’il reste à trouver, voir à définir avec notamment des services comme If This than That qui permet d’automatiser des tâches (ex : envoyer un SMS si votre voiture sors de votre parking en journée…). Si vous manquez d’inspiration, vous pouvez toujours aller voir sur Sen.se.
Surpris que vous vous soyez fait embobiner par le discours de Sigfox.
On est dans le techno-push le plus complet. Des technos bas débit existent depuis longtemps et par exemple dans la maison, ça fait 30 ans qu’il ne se passe rien pour autant.
Il n’y aura pas d’application grand public avant longtemps, s’il y en a un jour, tout simplement parce qu’il n’y a pas de besoin solvable. Recevoir des tweets de sa plante verte ? Allumer une ampoule de facin contextuelle ? Vous pouvez déjà le faire en bricolant un peu, mais who cares ?
Pas d’accord, il existe de nombreuses applications en dehors de la maison. Les exemples cités me semblent tout à fait viables (télésurveillance, télérelevé, villes intelligentes…). Certes, la domotique a fait long feu, mais faut-il pour autant jeter le bébé avec l’eau du bain ?
Les chiffres publiés dans l’infographie semblent au contraire montrer que l’explosion est derrière nous et qu’il n’y a plus grand chose à attendre en termes de bouleversement :
2003 : 500 Millions
2010 : 12.5 Milliards (x 25 en 7 ans)
2015 : 25 Milliards (x 2 en 5 ans)
Le trou est fait. Je m’attendais à ce que le point d’inflexion ne soit pas encore atteint. Peu de nouveaux usages à attendre ?
Sinon l’offre imaginée de 20 € par an pour une domotique améliorée, franchement, c’est un techno-push abordable donc tout sauf scandaleux, à comparer avec les ordinateurs, smartphones et tablettes achetés plusieurs centaines d’euros pour un usage de 5 % de leurs capacités …
Mais pour y croire, j’attends de la voir sortir, cette offre à 20 € !
Dernière question, d’ordre plus technique :
Si les objets utilisent les fréquences de babyphone par exemple, c’est bien qu’elles ont leur propre réseau, non ?
Donc d’une part pourquoi écrire “que nous n’avons pas besoin d’un réseau dédié” ?
Et d’autre part comment ces réseaux parallèles interagissent-ils avec nous ? Via une connexion à internet à un moment a priori. Donc comment s’opère la connexion entre ces deux réseaux ? Cela serait intéressant.
Faible vitesse mais très écologique et surtout indépendant de tout smartphone, PC et tablette moyennant un abonnement au prix faible par an. Jusqu’ici, je voyais les objets connectés comme des gadgets à la mode, maintenant c’est tout autre. De plus, c’est une entreprise française. J’espère une longue vie à Sigfox afin qu’il sorte de nouveaux objets connectés.