Voilà de nombreuses années que l’on nous parle de la télévision de nouvelle génération, la smart TV. Quand j’étais petit, je me souviens d’avoir passé beaucoup de temps devant le télétexte, un service rudimentaire, mais qui était tout de même bien pratique. Depuis, la quasi-totalité des informations que je consomme provient du web (j’y accède depuis mon ordinateur, ma tablette ou mon smartphone), mais plus de ma télévision.
Il est assez surprenant de constater qu’après toutes ces innombrables innovations technologiques, l’écran de télévision soit toujours considéré comme passif par la très grande majorité des utilisateurs, qui pour le coup s’autorelèguent au statut de spectateurs. Pourtant des géants du web comme Yahoo, des industriels comme Samsung ou des fournisseurs d’accès comme Free ont investi beaucoup d’énergie et d’argent pour apporter de l’interactivité à la télévision. Le problème est qu’ils ont essayé d’imposer un système fermé, comme Apple a su si bien le faire avec iTunes. Heureusement les choses ont changé avec la finalisation du standard HbbTV.
Issu de la fusion de deux projets français et allemand, HbbTV (Hybrid Broadcast Broadband TV) est une norme mise au point par un ensemble d’industriels (chaînes de TV, éditeurs, constructeurs…) pour enrichir les programmes télévisés de contenus additionnels. Comme toutes les innovations technologiques, elle ne fonctionne que sur les TV compatibles. La première version de ce standard remonte à 2010 (Le lancement de HbbTV en France) et les expérimentations de l’époque étaient plutôt convaincantes :
Dans les faits, l’objectif de ce standard est de mixer des programmes télévisuels avec des informations et applications du web (flux vidéo + HTML) : HBBTV ou comment rendre la TNT interactive. Il existe deux modes de diffusion des contenus additionnels : le broadcast, où les contenus sont transmis avec le flux vidéo (TNT, câble ou satellite), un peu comme le télétexte de l’époque ; et le broadband, où les contenus sont acheminés par un câble réseau, comme le web. Dans le second, il vous faut donc brancher votre TV à l’internet, vous avez alors accès à des informations, contenus et applications en rapport avec le programme que vous regardez. Le tout reposant sur les standards du web (HTML, CSS, javascript…).
Après plusieurs années de test, 2013 est enfin l’année du lancement officiel. Toutes les grandes chaînes françaises s’y sont mises et proposent des contenus additionnels, mais France Télévision semble être celle qui a le plus investi dans l’évangélisation : Lancement de la TV augmentée sur les TV connectées par France Télévision. Pour le moment, les services disponibles sont assez “classiques” (grille des programmes, informations annexes sur les émissions, météo, vote…), mais au moins ça fonctionne correctement.
C’est à l’occasion de Rolland Garros que les services les plus intéressants ont été déployés, avec notamment la possibilité de suivre un match en direct tout en regardant un autre programme :
Vous avez également accès au récapitulatif des autres matchs et au tableau des scores. Vous noterez sur la partie droite de l’écran l’incrustation d’une autre chaîne ainsi qu’une bannière publicitaire :
J’ai eu l’occasion d’en voir une démonstration à Rolland Garros par Philippe Bourquin qui m’a fait l’article sur les travaux de ses équipes : Le Showroom innovations technologiques de Francetv sur le RG Lab. Dans leur jargon, ils appellent ça une couche servicielle ou des applications en overlay. Les termes sont un peu barbares, mais c’est bien de ça dont il est question : enrichir les contenus vidéo avec des applications et services que vous manipulez avec votre télécommande. Tout l’intérêt de HbbTV est d’exploiter des technologies standards du web pour abaisser les coûts de production et surtout résoudre une bonne fois pour toutes le problème de la compatibilité. HbbTV est donc le concurrent direct des systèmes propriétaires promulgués par Samsung, Free et cie. D’une certaine façon, nous pouvons également considérer que HbbTV est en concurrence avec les applications de second écran, qui fournissent également des contenus et services additionnels.
La démonstration qui m’a été faite était particulièrement intéressante, mais je n’ai pas pu la reproduire chez moi, car ma TV n’est pas compatible. Je serais curieux de connaître le taux de pénétration de cette norme sur le parc installé et sur les TV vendues depuis le début de l’année. Si vous voulez néanmoins voir à quoi ça ressemble, vous pouvez tester les services HbbTV chez vous en les consultant depuis votre navigateur : HbbTV Link Gallery.
Autant vous dire que je suis plus qu’enthousiaste à l’idée de ce que cette technologie nous réserve : une infinité de contenus et services au potentiel gigantesque, tout reste à inventer ! Ceci est d’autant plus stimulant que la prochaine version de HbbTV va intégrer toutes les dernières évolutions du web (HTML5, synchronisation avec les seconds écrans, accès aux simplifié aux services, compatibilité avec la TNT 2.0…) : HbbTV v2.0 feature update. Mais nous aurons largement l’occasion d’en reparler.