Les interfaces graphiques sont apparues il y a plus de 40 ans avec les systèmes experts et les premiers ordinateurs grand public. Bon en fait, “graphique” est un bien grand mot dans la mesure où ces premières interfaces étaient exclusivement composées de texte. Pour être plus précis, nous sommes passés des interfaces à lignes de commande (CLI, Command-line interface), aux interfaces textuelles (TUI, Text-based user interface), aux interfaces graphiques “modernes” (GUI, Graphical user interface). Là encore, il faut nuancer l’adjectif “moderne”, car les interfaces de Windows ou de Mac ont sacrément évolué : Evolution Of Microsoft Windows et From lame to Lion, the 12-year evolution of OS X). Il existe même une littérature très fournie sur le sujet : A Short History of the GUI and the Microsoft vs Apple Debate. Plus récemment, les évolutions de l’interface d’iOS sont également intéressantes à étudier (How The iPhone’s Home Screen Has Evolved Over Time), et tout aussi polémiques, surtout la version 7 !
Essayer d’anticiper quelles pourraient être les interfaces graphiques du futur est un travail très complexe, et ce n’est pas du côté de la Silicon Valley qu’il faut se tourner, mais un peu plus au sud, vers Hollywood où l’industrie du cinéma de science-fiction nous a régulièrement abreuvés en interfaces graphiques plus ou moins délirantes : 50 Years of visionary Sci Fi Computer Interface Design. Les films de science-fiction ont toujours été une très bonne source d’inspiration. 10 ans après, j’attends toujours parler de Minority Report et de son interface gestuelle. Pourtant il y a eu de très belles réalisations depuis. Certains en ont même fait leur spécialité comme Jayse Hansen ou Jamie Martin.
Peut-être est-ce là le quatrième stade d’évolution des interfaces graphiques : les interfaces fictionnelles (FUI, Fictional user interface, celles qui servent (plus ou moins) une narration et sont là pour poser une ambiance, une atmosphère au même titre que les décors ou les costumes. À quand un Oscar pour les interfaces fictionnelles ?
Pour notre plus grand bonheur, Noteloop a eu la très bonne idée de créer une base de données des plus belles interfaces fictionnelles de ces 10 dernières années : Movie FUI. Bien évidemment, les films de science-fiction y sont sur-représentés, mais l’on retrouve quelques films plus traditionnels. Dans tous les cas de figure, cette base de données mérite le détour, car on y trouve de véritables perles :
- Oblivion, de loin la plus aboutie ;
- Star Trek Into Darkness ;
- Iron Man 3 ;
- The Number Station ;
- Skyfall ;
- Le remake de Total Recall ;
- The Dark Night Rises ;
- Promotheus.
La liste est longue, mais ceci n’est qu’un aperçu des films de ces deux dernières années, je vous invite à consulter les autres films. De tout ces exemples, je constate qu’il y a plusieurs points communs :
- Une utilisation massive des données ;
- Des interfaces gestuelles et tête-haute ;
- Des projections holographiques ou à défaut des écrans transparents.
Vous noterez d’ailleurs que la réalité rattrape la fiction, car les écrans transparents sont en passe de se généraliser. Samsung travaille en effet depuis de nombreuses années sur cette technologie avec sa Smart Window, qui depuis a été intégrée dans les produits de Transview qui propose de magnifiques vitrines interactives : Transview touch-sensitive transparent display case eyes-on.
Peut-être cette nouvelle génération d’interfaces marquera-t-elle le retour en grâce de Flash…
Merci pour cet article truffé de liens intéressants.
J’ajouterai un quatrième points commun : la surface disponible.
A l’heure où la résolution la plus courante est encore le 1366×768 il est clair que quand la surface exploitable sera multipliée par 10, l’usage ne sera plus le même.
Enfin, il faut noter que dans ces films les ordinateurs sont généralement des “outils de travail” plus que de plaisir, Il y a donc de fortes chances pour que nos futurs interfaces soient moins froides et plus humaines grâce à l’essor du design émotionnel.
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Dans tous les cas de figure, cette base de données mérite le détour, car on y trouve de véritables perles.
Je trouve que ces interfaces, même si elles en jettent plein les yeux, vont à l’encontre de ce qu’on fait aujourd’hui : simplification et épuration.
Les interfaces présentées sont toutes tirées de logiciels “pro” pour lesquels on peut imaginer que les protagonistes ont eu des formations.
On est très loin d’usagers contemporains lambdas.
Bonjour Fred,
J’ai été très intéressé par ton article, et notamment par la fin où tu parles des écrans transparents comme étant l’une des caractéristiques des exemples que tu cites. J’ai rédigé pas mal d’articles récemment sur la fascination qu’exerce la transparence sur les designer digitaux. Il y a entre autres un article sur les écrans des films de science fiction, très complémentaire au tien : http://christophegazeau.wordpress.com/2013/04/20/les-surfaces-tactiles-transparentes-dans-limaginaire-des-films-de-science-fiction/
Et je pense que cette question de la transparence n’a pas fini de se poser aux designers interactifs comme on le voit avec de nouveaux devices tels que les Google Glass pour ne citer qu’eux.