Il y a deux ans, je m’interrogeais sur le manque d’innovation du créneau de la téléphonie : Les smartphones sont-ils en fin de cycle d’évolution ? Nous sommes dans le troisième trimestre 2013 et les industriels m’ont donné raison, car les smartphones qui sont ou vont être lancés ne proposent aucune réelle innovation, mais toujours plus de pixels, Mo et Ghz. Entendons-nous bien : j’apprécie que mon téléphone dispose d’un capteur photo performant, mais ça fait quand même 5 ans que les industriels nous font le coup de la surenchère technologique sans réellement apporter de propositions d’évolution à l’archétype du smartphone : grand écran + interface tactile. Mais les choses sont en train de bouger grâce à la volonté de deux sociétés que personne n’attendait sur ce créneau.
Yotaphone, un double écran pour meilleure autonomie et un téléphone plus humain
YotaDevice est une société russe dont personne n’avait entendu parler jusqu’à ce qu’ils remportent un Lion d’Or dans la catégorie Innovation : YotaPhone takes top prize at Cannes Lions. Ils ont ainsi surpris tout le monde avec un prototype très abouti de smartphone à double écran : Behind the dual-screen russian phone that’s looking to reinvent the mobile user experience.
Le YotaPhone est d’apparence plutôt banale, sauf qu’il intègre un écran à encre électronique. L’intérêt de ce deuxième écran est d’augmenter de façon significative l’autonomie de l’appareil en y déportant les fonctions de notifications (emails, Facebook, Twitter…). Dans la mesure où ces usages reposent essentiellement sur des échanges textuels, inutile de solliciter l’écran LCD. De même, une fois que votre agenda de la semaine ou de la journée est affiché à l’arrière de l’appareil, vous pouvez le consulter des dizaines de fois sans que cela ne consomme plus d’énergie. Le second écran fait donc pratiquement office d’imprimante sans papier : il suffit d’y glisser le contenu de l’écran principal pour y avoir un accès permanent (plan, carte d’embarquement ou ticket de ciné…).
Les concepteurs de ce téléphone y voient surtout l’occasion de rendre les smartphones plus “humains”. Je ne saurais vous dire si cette promesse est remplie, mais le produit final (qui sera commercialisé au trimestre prochain en Russie) est particulièrement alléchant :
Ubuntu Edge, un superphone pour remplacer smartphone et desktop
Deuxième projet lancé il y a deux semaines, le Edge de la société Canonical. L’éditeur sud-africain c’était déjà illustré en début d’année avec son système d’exploitation universel. , et ils souhaitent capitaliser sur ce succès d’estime avec le lancement d’une campagne de financement collaborative pour un projet de superphone (Ubuntu Edge) qui nous est vendu comme la formule 1 des smartphones.
Ce smartphone se positionne très clairement sur le haut de gamme avec des caractéristiques techniques spectaculaires pour le processeur, la mémoire, le stockage, l’affichage, les matériaux utilisés… Vous pourriez me dire qu’ils ne proposent rien de plus que les derniers modèles de chez Samsung ou qu’ils font même moins bien que Vertu (propriété de Nokia).
Leur approche est cependant légèrement différente dans la mesure où ce superphone est censé remplacer votre smartphone ET votre ordinateur. L’idée est de proposer un terminal si puissant que l’on pourrait s’en servir au quotidien en y branchant un clavier, une souris et un écran. Là où cette approche est intéressante, est que contrairement aux autres systèmes d’exploitation mobiles, Ubuntu a été pensé pour être exploité dans différents contextes (smartphone, tablette, ordinateur, TV…). Contrairement à Android et aux laptops qui sont vendus avec comme le GoNote, l’interface est beaucoup plus proche de ce que nous connaissons.
Voilà une proposition tout à fait intéressante, qui vient prendre à contre-pied Apple et Google qui doivent jongler avec deux OS distincts (respectivement Mac Os / iOS et Android / Chrome OS). La promesse est belle, mais les utilisateurs et la communauté vont-ils y adhérer ? (cf. Ubuntu Edge: A Device In Serious Need Of A Community).
Pour le moment les précommandes affluent, mais il leur faut encore trouver 25M de $ en moins de trois semaines.
Dans tous les cas de figure, ces deux très belles initiatives sont exactement ce dont le secteur a besoin pour sortir de sa léthargie. Le problème est que jusqu’à présent, les clients ont toujours répondu favorablement à la surenchère des pixels et Mo, les industriels n’ont donc pas éprouvé le besoin de remettre en cause le format smartphone. Heureusement, ces deux acteurs sont là pour venir bousculer l’ordre établi et stimuler l’innovation.
Oh que oui ! On a besoin d’innovation dans ce marché où le marketing et la guerre des brevets rendent l’innovation produit très difficile. De nouveaux acteurs sont les bienvenus et je ne peux que saluer le parti-pris d’Ubuntu pour l’audace de leur solution.
En revanche, j’ajouterais la démarche de l’équipe FairPhone qui propose(ra) sa vision du smartphone “plus humain”. Une vision équitable qui manque cruellement dans ce business high-tech d’aujourd’hui.
Ubuntu ce n’est pas sud-africain, ils sont partis en Californie ? Ou bien ils sont domiciliés sur l’île de Man… pour la boîte aux lettres.
@ Ludovic > Tout à fait, la guerre des brevets explique très certainement cet immobilisme, ou pas… Peut-être est-ce tout simplement la bonne vieille stratégie de la vache à lait : tant que les clients achètent, ils préfèrent rentabiliser ce “form factor” jusqu’au dernier moment.
A mon sens ce qui est important c’est de créer de nouveaux projets ambitieux comme l’a fait Steve Jobs car en 2007 les mobiles existaient depuis très longtemps et pourtant il a propulsé tout le monde dans le futur et le monde entier avec lui. On nous bride car soi-disant que les gens ne sont pas prêt mais il a rejoué la même musique avec les tablettes qui existaient aussi mais ne correspondaient pas aux attentes des utilisateurs.
Donc qu’il y est encore beaucoup d’innovations pour les utilisateurs car cela fait évoluer tout le monde et permet de découvrir de nouveaux marchés…
@fred Ubuntu n’est pas une société mais une communauté mondiale ; il y a d’ailleurs des associations à but non-lucratif (en France Ubuntu-fr) un peut partout dans le Monde.
@ropib Canonical est la principale société qui supporte le développement d’Ubuntu. Elle est basée sur l’île de Man, créée par le Sud-africain Mark Shuttleworth dont le siège est à Londres.
Donc fred il est plus correct dire “la société anglaise” ;)
@ Florain > C’est corrigé, merci pour les précisions.