Suite à un premier article (Définition et usages du cloud computing), l’actualité me pousse à aborder de nouveau ce sujet. Le cloud computing est en effet un sujet très chaud en ce moment avec notamment le plantage de la plateforme Amazon Web Services : Inside Amazon’s Cloud Disaster. La plateforme d’Amazon étant très populaire (elle héberge de nombreux services en ligne), cette indisponibilité a fait beaucoup de bruit et soulevée beaucoup de questions sur l’avenir du cloud computing. Le débat ne porte pas tant sur l’informatique distante en elle-même mais plutôt sur la façon dont les entreprises vont déployer leur S.I. sur le cloud. Le plantage d’Amazon nous montre ainsi qu’aucun système informatique n’est parfaitement stable 100% du temps (de toure façon, ce n’est parce que vos équipes gèrent elles-même les machines que vous aurez un meilleur score de disponibilité). Cet incident va par contre pousser les entreprises utilisatrices à adopter une approche plus diversifiée du cloud. Vous noterez au passage que Google en a profité pour faire du lobbying sécuritaire : Google Offers An Unusual Glimpse Inside One Of Its Data Centers.
Le marché est donc en voie de maturation sur les usages du cloud computing. À ce sujet, le dernier rapport de Forrester est assez explicite : De nombreux segments et sous-segments sont en train d’émerger pou r accompagner la croissance. Vous connaissiez déjà le SaaS, PaaS, IaaS, on nous parle maintenant de Business Process as a Service (BPaaS).
Le rapport (Sizing the Cloud) est d’ailleurs très optimiste sur l’évolution du marché et prévoit un volume d’affaires de plus de 241 MM$ en 2020 (par rapport aux 40MM$ estimé pour 2011). C’est donc un marché considérable qui va forcément beaucoup évoluer pour apporter de la sophistication aux offres et mieux séduire / fidéliser les clients. L’auteur du rapport anticipe ainsi un tassement de la croissance des offres d’IaaS (comme EC2 et Rockspace) et une croissance soutenue pour les offres de SaaS bénéficiant de nouvelles innovations (HTML5 ? cloudbook ?).
En échos au plantage de la plateforme d’Amazon et toujours pour illustrer cette maturité du marché, je vous recommande fortement la lecture de ces deux articles publiés par Louis Naugès : Cloud communautaire : la troisième voie et sa deuxième partie. L’auteur y détail une approche diversifiée du cloud computing reposant sur l’exploitation de différents modèles : clouds publics, privés et communautaires. Cette configuration diversifiée permettrait ainsi de limiter les risques et surtout de réduire la dépendance à un fournisseur.
Cette dépendance est également un sujet de discussion très chaud en ce moment : Choisir une technologie ou une suite applicative était un choix déjà compliqué, mais s’il faut en plus se creuser la tête pour choisir le bon fournisseur de solutions d’hébergement / d’exploitation en cloud, ça devient sacrément compliqué. Certains avancent donc le besoin d’offres de cloud computing parfaitement ouvertes pour faciliter la migration des clients : De l’importance de l’Open Cloud. Dans la continuité de ce qui a été dit plus haut, l’Open Cloud Manifesto est également une autre preuve de la maturation du marché.
Pour finir, signalons également l’initiative Open Compute Project de Facebook qui vise à améliorer l’efficacité des data centers : Building Efficient Data Centers with the Open Compute Project. Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’en partageant les schémas d’infrastructure de ses centres de données, Facebook met les acteurs du cloud dans une position délicate : Facebook Trumped Google Today And Embarrassed A Lot Of Other Companies Too.
Donc au final, est-ce que l’incident sur la plateforme d’Amazon aura une incidence négative sur le secteur ? Non pas du tout. Il aura par contre permis de rappeler quelques règles essentielles de prudence en matière d’hébergement d’applications critiques, et de faire progresser les réflexions sur la nécessité de répartir les ressources et données distantes.
La prochaine étape de maturation devrait logiquement concerner le grand public avec notamment le lancement des offres de musique en ligne d’Apple et Google. Une fois que les utilisateurs pourront apprécier à sa juste valeur le cloud (avantages et inconvénients), les usages dans le monde professionnel devraient s’accélérer et se diversifier.
Fred,
merci pour ce post.
Je pense cependant que les conséquences du fiasco de Sony (bien que relatives au cloud B2C) aura peut-être plus d’impact que le problème d’Amazon. En effet, les entreprises utilisatrices de ressources cloud ( PaaS ou IaaS) apprendront à gérer le backup, sans totalement s’appuyer sur leur fournisseur de la même facon qu’elles ont mis en place des solutions de Disaster Recovery…
Ca aura sans doute également des impacts sur les nouveaux et jeunes acteurs du segment PaaS ou IaaS qui devront investir plus dans leur environnement pour espérer être crédible en matière de QoS. Ce sera tout bénéfice pour les gros : Amazon, SalesForce ou autre Microsoft, au détriment des “petits” ou des retardataires ( HP, IBM…)
Le Cloud Computing est encore jeune et a de très beaux jours devant lui. Les utilisateurs de ces nouveaux logiciels pourraient ainsi fortement augmenter dans les prochaines années.