Depuis le temps que je rédige ce blog, plus de 5 ans, la collaboration a toujours été une thématique constante : solution de collaboration espaces collaboratifs, pratiques collaboratives… Les différents services et solutions évoquées au fil des années (souvent appelés social software) ont été conçus pour faciliter, stimuler et structurer la collaboration. La collaboration peut prendre différentes formes (co-rédaction, discussion, approbation, suggestions…) mais elle est systématiquement associée à la notion de partage : on partage des documents, des données, un avis, des trouvailles… En théorie, plus on partage de choses et plus les interactions sont nombreuses. En pratique, les collaborateurs étant déjà noyés sous les emails et réunions, ils se passent volontiers des choses partagées sur les plateformes collaboratives. Pour limiter ce problème de saturation, et celui de la confidentialité, l’accès et la visibilité des interactions au sein de ces espaces de collaboration sont restreints. Il est bien évidemment possible de créer des accès pour des personnes externes à l’entreprise (fournisseurs, prestataires, sous-traitant, partenaires…), mais cette gestion reste laborieuse. Ce principe de cloisonnement était la norme tacitement admise par l’ensemble des solutions, jusqu’à récemment.
Annoncé en fin d’année dernière, la fonction Share de Podio, récemment racheté par Citrix, a été pensée pour apporter une solution à ce problème : With Podio Share, you can collaborate on single Projects & Tasks with anyone.

L’idée derrière cette fonction Share est de donner la possibilité aux collaborateurs de partager seulement un élément avec des personnes extérieures à la plateforme : message, document, tâche, réunion, discussion… Une fonction bien pratique si vous n’avez pas envie de multiplier le nombre de comptes et si vous voulez impliquer des interlocuteurs de façon ponctuelle.
Je trouve cette fonction particulièrement pratique, elle ouvre de nombreuses possibilités, mais pour le moment ça reste très timide. En ce sens, je rejoins l’avis exprimé ici : Podio feels like another portal, Citrix could make it into the desktop of the future.
Autre exemple chez Salesforce qui vient également de lancer les Communities : Salesforce announces summer launch for Communities, its service to unite customer and business conversations. L’approche de Salesforce est différente et surtout plus ambitieuse dans la mesure où ces communautés sont prévues pour durer dans le temps.
Encore plus intéressant, il existe quatre types de communautés :
- Pour les populations commerciales, où les distributeurs, partenaires et fournisseurs peuvent discuter et collaborer autour de problématiques commerciales et logistiques ;
- Pour les populations marketing, où les agences, prestataires, mais également les clients peuvent discuter des produits et prestations ;
- Pour les fonctions de support, où les clients peuvent interagir avec les services d’aide ou de réclamation ;
- Pour n’importe qui, afin de créer des espaces collaboratifs sans aucune contrainte.

Dans l’exemple ci-dessus, une communauté commerciale pour Rossignol, vous noterez la présence d’onglets Leads et Sales qui permettent de structurer les échanges. Si cette distinction entre les populations commerciales, marketing et support semble un peu grossière, l’intention est tout à fait louable et évite de se perdre dans une segmentation trop fine qui ne correspondrait pas forcément à la réalité des organisations.
Autant vous dire que je suis particulièrement impressionné par ces Communities qui seront disponibles dans la prochaine version le mois prochain. Le fait de pouvoir faire cohabiter plusieurs entités en un même endroit rejoint tout à fait l’ambitieux projet Bluehouse lancé par IBM en 2008 (malheureusement abandonné moins d’un an après). Salesforce réussira-t-il là où IBM à échoué ? Peut-être, toujours est-il que ces communautés sont un très bon signal envoyé au marché. Certaines questions restent en suspend, comme par exemple la gestion des communautés entre-elles : possibilité de faire communiquer deux communautés initiées par deux entreprises ? De fusionner deux communautés ? De scinder une communauté en plusieurs sous-communautés ?
En travaillant la question u peu plus profondément, on se demande si Salesforce ne serait pas en train de recréer les portails BtoB verticaux des années 2000 (Salesforce Communities: Portal Killers?). Auquel cas, il faudrait envisager des communautés “neutres” où tous les coopétiteurs d’un même domaine pourraient se retrouver. Mais dans ce cas, ne serait-ce pas plutôt à LinkedIn d’assurer ce rôle ? Bref, nous n’en sommes qu’au début et je me réjouis des innombrables possibilités que ces nouvelles fonctionnalités vont offrir.
Je partage l’analyse. On voit aussi apparaître ce type de collaboration ponctuelle avec un partenaire externe dans les solutions orientées “partage de tâches”. Une des clés de succès est à mon sens l’ultra-simplicité de connexion ou accès pour le partenaire cible et la faculté qui lui est laissée de répondre ou contribuer directement en répondant au mail d’alerte qu’il aura reçu.