Selon certaines sources internes, Facebook disposerait d’une version privative de sa plateforme qu’ils destineraient aux entreprises : Facebook Is Building FB@Work. Cette plateforme serait déjà exploitée en interne depuis de nombreuses années et serait articulée autour des messages et des groupes (deux fonctions disponibles sur la version grand public de Facebook, mais pas forcément bien mise en valeur).
Du coup, on s’interroge sur la pertinence de cette offre et surtout sur la légitimité du réseau californien : Should Facebook Get Into the Employee Collaboration Space?. Les arguments en faveur de son usage sont que tous les collaborateurs l’utilisent déjà (soit, mais le contexte d’usage est très différent). Les détracteurs s’inquiètent par contre de la capacité de Facebook à assurer la sécurité et la confidentialité des échanges (ce n’est pas forcément leur point fort) et sur les dérives comportementales. Facebook est effectivement la destination N°1 pour celles et ceux qui veulent s’inventer une vie trépidante et se faire passer pour des rock stars. Cette transformation de la réalité a de quoi inquiéter, d’autant plus que l’on constate déjà des tentatives pour biaiser les social scores de plateformes pourtant légitimes comme blueKiwi. De plus, nous avons maintenant le recul nécessaire pour constater que Facebook ne nous aide pas à parler plus à nos voisins, mais plutôt à essayer d’impressionner des inconnus.
Bref, la balance ne penche clairement pas en faveur de Facebook qui est rattrapé par sa réputation. À ce sujet, je suis toujours surpris de l’analogie “RSE = Facebook d’entreprise”. Il serait bien plus pertinent de parler du RSE comme d’un LinkedIn interne. En y réfléchissant bien, on se demande pourquoi LinkedIn ne s’est toujours pas positionné sur le créneau (soit en proposant son offre, soit en s’associant avec une offre existante). Vous noterez également qu’IBM avait essayé de lancer son offre en 2008 (IBM lance une plateforme sociale de collaboration en ligne), sans succès.
Bon de toute façon, je ne suis pas du tout à l’aise avec l’idée qu’un réseau social interne puisse favoriser la collaboration. Par définition, un réseau social permet de mettre en relation des individus, mais pas forcément de collaborer, car ce sont des mécaniques sociales / communautaires très différentes (cf. Des RSE au RCE). Pour extrapoler les analogies, il faudrait idéalement :
- Un LinkedIn interne, donc un réseau social avec des profils riches et un moteur de recommandations en fonction des expériences, des projets et des aspirations des collaborateurs ;
- Un Google+ interne pour favoriser le partage et la découverte empirique de documents, objets… (cf. Du social graph au work graph) ;
- Un Twitter interne, sur le principe des activity streams, pour que l’information circule de façon plus fluide (c’est ce que propose notamment Slack ou Tibbr) ;
- Un StackExchange interne pour favoriser les échanges et la collaboration en sein de communautés verticales internes ou externes (cf. Les plateformes de collaboration s’ouvrent à l’extérieur) ;
- Un Wikipedia interne, pour capitaliser sur des connaissances (cf. De l’intérêt des wikis pour gérer les connaissances)…
Comme vous pouvez le constater, il n’y a de nombreuses formes de collaboration / socialisation possible en entreprise, et un RSE est loin de toutes les couvrir. Nous en revenant donc à la légitimité de Facebook sur ce créneau… ou plutôt sur l’absence de légitimité. Pourquoi une entreprise ferait-elle confiance à Facebook, alors que des grands acteurs comme Microsoft, IBM ouSalesForce proposent leurs solutions depuis de nombreuses années ? Et ce ne sont que trois noms parmi un écosystème très dense (cf. l’étude Lecko).
Moralité : non, Facebook n’est résolument pas l’exemple à citer pour illustrer le potentiel des plateformes collaboratives et sociales en interne.
Les réseaux sociaux internes aux entreprises sont des outils très appréciés tant par les salariés que par les responsables. Ils permettent d’être plus proches des travailleurs et de les motiver différemment.