La “Next Big Thing” se heurte à l’impératif d’un numérique plus responsable

Depuis de nombreuses années, les professionnels des NTIC essayent d’anticiper le prochain iPhone : une innovation majeure capable de reconfigurer le marché (ex : l’iPad ou l’Apple Watch qui ont fini par s’imposer sur leur créneau, mais pas de façon massive comme les smartphones). De grands espoirs sont placés dans les cryptomonnaies ou le métavers, mais il y a encore trop d’obstacles techniques. Plus généralement, l’enthousiasme des géants numériques est en décalage par rapport à une société qui commence à prendre conscience des limites de la surconsommation et des consommateurs réfrénés par la permacrise.

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Le progrès ne viendra pas des nouvelles technologies, mais de l’évolution des usages

Les nouvelles technologies sont en fête avec cette nouvelle édition de Vivatech. L’occasion pour les observateurs de prendre le pouls du marché, et pour les grands de ce monde de prêcher la belle parole de l’innovation. Un exercice bien maitrisé et parfaitement exécuté, mais qui se heurte à la réalité de millions de collaborateurs auxquels on demande de l’agilité et de la performance avec des outils de travail et processus datant du siècle dernier. Je m’interroge logiquement sur l’intérêt de célébrer l’avènement des robots taxis ainsi que de prophétiser la révolution du métavers et de la cryptoéconomie alors que la majorité de la population active est en situation de souffrance numérique.

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Les innovations ne sont ni magiques, ni disruptives, mais incrémentales

This is a revolution“. Qui n’a jamais été envouté par le verbe de Steve Jobs lorsqu’il nous présentait les derniers modèles d’iPhone avec moult superlatifs. Pourtant, à raison d’un nouveau modèle tous les ans, nous nous doutions bien que ces “révolutions” n’en était pas réellement. Ces dernières années, les constructeurs, éditeurs et fournisseurs de services numériques ont adopté des éléments de langage trompeur sur ce qu’est l’innovation et plus généralement les révolutions technologiques. Mais si vous vous intéressez à l’actualité des NTIC, alors vous aurez sans doute remarqué que les révolutions sur lesquelles tout le monde s’extasie en ce moment (deep learning, réalité augmentée / virtuelle, 5G, informatique quantique…) sont en gestation depuis plusieurs décennies et sont très loin d’être maitrisées. La réalité est que les innovations s’inscrivent dans des cycles beaucoup plus longs que l’on veut nous le faire croire.

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Nous vivons une époque formidable (ou pas)

Ces derniers mois, j’ai passé beaucoup de temps à anticiper ce qui allait se passer après. Après l’avènement des smartphones et des chatbots, après la mise sur le marché des premiers casques de réalité virtuelle et enceintes connectées, après la généralisation des intelligences artificielles… Comme nous approchons de la fin de l’année et ses traditionnelles bilans et récapitulatifs, je vous propose de faire le point sur la place des outils et supports numériques dans notre quotidien.

computerguy

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Le web est un éternel recommencement

Je ne sais plus qui a dit que la mode est un éternel recommencement, mais cette maxime pourrait tout aussi bien s’appliquer au web. Force est de constater que les “observateurs avertis” s’enflamment assez régulièrement pour tel ou tel nouveau service qui est une authentique révolution et qui est censé faire basculer le web dans une nouvelle ère (ex : Connaissez-vous Pinterest, le dernier épiphénomène d’une longue série).

Je me suis déjà exprimé sur la façon dont l’internet à évolué (Bilan de 10 ans d’interactivité) ou évoluera (Les leviers d’innovation du web pour les 5 prochaines années), mais je souhaiterais aborder à nouveau ce sujet et mettre l’accent sur les similitudes entre les services qui font référence aujourd’hui et ont on retrouve les origines au siècle dernier. Loin de moi l’idée de jouer les paléontologues numériques, mais j’estime qu’il est important de rappeler que si les interfaces et technologies évoluent, les usages fondamentaux sont les mêmes. Certes, le web de 2012 n’a plus grand-chose en commun avec le web du XXème siècle (notamment grâce aux médias sociaux, terminaux mobiles ou au cloud computing), mais ce sont surtout les moyens d’accès et modalités qui ont évolué :

  • Twitter est aujourd’hui l’outil de communication en temps réel de référence, mais à l’époque nous avions ICQ ;
  • Facebook est le roi des réseaux sociaux, mais j’avais déjà un profil et des amis sur SixDegress en 1999 ;
  • Je suis un très gros utilisateur de WordPress, mais n’oublions pas que Multimania ou Geocities permettaient de publier des pages perso ;
  • Des portails comme Heavy.com ou Break.com diffusaient de la vidéo bien avant YouTube ;
  • Shockwave.com était la destination ultime des jeux en ligne avant le triomphe de Zynga ;
  • Je partageais mes playlists sur Winamp (plutôt que Spotify) ;
  • J’organisais mes journées sur mon Psion, un modèle de simplicité d’usage, et j’installais tout un tas d’applications inutiles sur mon Palm avant que l’on ne décrète qu’Apple a inventé les app stores pour son iPhone ;
  • Ma page d’infos personnalisées était délivrée par Mon Yahoo! (plutôt que Flipboard) et je consultais des contenus mobiles hors ligne avec AvantGo (plutôt que Instapaper) ;
  • Les photos étaient partagées en ligne sur des services comme Snapfish des années avant que Flickr ne soit un projet de jeu en ligne (véridique !) ;
  • Une infinité de produits et services étaient notés et commentés sur Ciao (maintenant sur des plateformes comme Crowdstorm) ;
  • Je créais des espaces collaboratifs sur eRoom, bien avant des acteurs spécialisés comme SocialText

Comme vous pouvez le constater, la liste est longue, et l’on pourrait la continuer avec d’autres services (ne vous gênez pas, les commentaires sont là pour ça). Certes, avec les services récents tous ces usages sont grandement facilités, car ils sont plus pratiques et plus rapides, mais où est l’innovation ? En faisant un gros travail d’introspection, je me rends compte que la seule réelle innovation d’envergure de ces dix dernières années est Google Wave. Vous avez le droit de vous moquer et de penser que je débloque, car Wave a été un échec retentissant, pourtant c’est selon moi la seule proposition d’innovation d’usage en rupture avec les outils existants.

La grande question que l’on peut se poser est : mais pourquoi ne faire le coup de la révolution à chaque nouveau service qui sort ? C’est, selon moi, pour une raison toute simple : le marché a besoin de croire aux nouveaux services “révolutions” pour avancer. En d’autres termes : les opportunités de croissance sont le moteur du web, c’est ce qui tire les usages et draine les investissements. Celles et ceux qui suivent de près l’actualité se souviennent certainement de Color, une application mobile de partage de photos jugées comme “révolutionnaire” et pour laquelle les fondateurs avaient levé 50 M de $. Une histoire ridicule, mais qui n’a pas empêché la blogosphère de spéculer sur Highlight, la dernière application mobile à la mode au SXSW.

Entendons-nous bien : le but de cet article n’est pas de critiquer, mais de rappeler des faits historiques et de vous inciter à faire preuve de discernement face à la frénésie des “nouveaux Facebook” et à ce phénomène d’amnésie cyclique qui frappe la blogosphère.

Est-ce bien moi qui viens d’écrire cette phrase ? Ça alors, je n’en reviens pas, c’est à mon tour de jouer le vieux sceptique ! Ça doit très certainement être un des premiers symptômes du cap des 40 ans…