Quels contenus pour les touchbooks et ebooks ?

Alors que la blogosphère n’en finit plus de spéculer sur le probable lancement du touchbook d’Apple la semaine prochaine, je m’interroge aujourd’hui sur les nouveaux usages qui vont se développer autour de ces nouveaux terminaux (puisqu’ils finiront par sortir, chez Apple ou un autre). Et tant que j’y suis, je souhaiterai également partager avec vous ma réflexion sur la dichotomie entre les contenus destinés aux touchbooks et ceux destinés aux ebooks.

Surf d’appoint, contenus numérisés et additionnels pour les touchbooks

Les dernières rumeurs concernant le touchbook d’Apple parlent d’un terminal versatile utilisé par toute la famille. Une rumeur parfaitement fondée car j’imagine tout à fait ce terminal de petit format trainer dans le salon afin de pouvoir faire des consultations rapides sur tel ou tel site.

Apple_touchbook

Pour une session de surf plus longue, les ordinateurs traditionnels (et même les netbooks) sont bien évidemment plus confortables, mais ils sont plus longs à démarrer et ne sont pas forcément rangés dans le salon. Outre cet usage premier, j’anticipe toute une série d’usages et de contenus spécifiquement adaptés aux caractéristiques de la machine (petite taille, très bonne autonomie, démarrage en quelques secondes…).

Concernant les contenus, différents scénarios sont à envisager :

Il y a également un ensemble de contenus additionnels couplés à des programmes TV ou autre :

  • Des encyclopédies de séries TV (résumés des épisodes, fiches sur les personnages…) qui seraient consultables avant / pendant ou après le visionnage d’un épisode (pourquoi pas sous forme d’abonnement ou sponsorisées) ;
  • Une retransmission enrichie d’évènements sportifs comme par exemple les J.O; d’hiver ou la coupe du monde, où il serait possible d’avoir les résultats et statistiques en temps réel sur votre touchbook pendant que vous regardez à la TV le direct, de même que des fiches très détaillées sur une équipe de foot ou un joueur (disponibles également sur abonnement ou sponsorisées par une marque) ;
  • Des flux d’informations ultra-fraîches centrées sur un évènement particulier, par exemple la catastrophe en Haïti qui serait couverte sous tous les angles ;
  • Des publications hybrides (texte + énigmes + visuels + vidéos) comme le propose Level 26 (cf. Le Diginovel Level 26 à l’épreuve du clic)…

Les possibilités sont nombreuses (cf. 5 Industries an Apple Tablet Could Revolutionize) mais je suis persuadé qu’il est tout à fait possible de développer un écosystème viable d’applications et de contenus autour des touchbooks pour parfaitement exploiter leurs caractéristiques.

Jeux low-fi, livres interactifs et apprentissage sur les ebooks

Intéressons-nous maintenant aux ebooks. et plus particulièrement au Kindle d’Amazon qui combine la technologie révolutionnaire d’encre numérique (excellent contraste, autonomie de plusieurs semaines) et des capacités de communication via le réseau 3G Wispernet.

Mais avant toute chose, juste une précision pour ne pas polluer votre réflexion : Non les livres électroniques ne remplaceront pas les livres papier, ils sont aux livres traditionnels ce que les fichiers MP3 sont au CD. Comprenez par là que l’expérience de lecture / écoute est certes inférieure, mais vous compensez cela par une praticité inégalée (n’importe quel chanson / livre accessible en quelques clics) et surtout du volume (des milliers de chansons / livres dans votre poche).

kindle2

La grosse annonce de cette semaine a été la disponibilité prochaine d’un kit pour pouvoir développer des applications pour le Kindle : Amazon to Launch App Store for Kindle. Ce kit ouvre ainsi de nombreuses possibilités :

  • Des jeux low-fidelity qui pourraient être joués en local (casse-tête et casual games : EA Readying ‘Popular and Fun’ Kindle Games) ou joués en ligne (des parties d’échec ou de dames qui seraient jouées en asynchrone contre un adversaire humain ou contre un agent intelligent) ;
  • Des livres-jeu comme il en existait avant (cf. la série des Livres dont vous êtes le héros) qui pourraient facilement être remis au goût du jour pour cibler leur public d’origine ;
  • Des cours de langue ou autre contenus pédagogiques (sous forme de leçons + exercices) ;
  • Des applications de personnal coaching (toujours sous forme de leçons + exercices / méditations) qui seraient une version simplifiée des programmes d’entrainement cérébraux mais sur des thématiques plus larges…

Là encore tout reste à inventer et je suis persuadé que le Kindle (ou d’autres) peut s’aménager une niche très rentable s’il parvient à trouver sa cible (générations x et au-delà) et à lui fournir des contenus et applications adaptées (après tout Nintendo a bien réussi à convertir les seniors…).

2010 sera une année cruciale pour la structuration du marché

Je précise une chose importante : Touchbooks et ebooks ne sont pas à considérer comme des produits réellement grand public mais plutôt comme des offres de niche. Cela ne veut en aucune façon dire que ces niches ne seront pas rentables, bien au contraire ! Face à un internet où les utilisateurs sont habitués au tout gratuit, ces deux types de terminaux pourraient bien représenter de véritables bouffées d’oxygène pour certains secteurs à l’agonie.

Pour le moment l’offre est tellement embryonnaire et le marché instable qu’il faut impérativement des acteurs sur-puissants pour “ouvrir la voie” et orchestrer de façon viable la rencontre entre ces machines, les contenus d’éditeurs tiers et le public qui ne sait pas encore trop à quoi cela va lui servir. Heureusement nous avons Amazon et Apple qui vont dominer le marché (au moins dans un premier temps) et éviter l’erreur de faire trop de compromis comme les constructeurs de netbooks ont pu le faire (et tuer ainsi un concept très prometteur).

2010 sera donc une année cruciale pour bien poser les règles et conditions de marché pour qu’un écosystème durable se crée. Inutile de vous dire que je suis plus qu’impatient de voir comment cela va se dérouler…

26 commentaires sur “Quels contenus pour les touchbooks et ebooks ?

  1. Avant que le kindle ne fasse un gros boom en france, il faudra qu’Amazon propose du contenu en français (ben oui… ça semble logique).

    Par contre, Fred, tu peux me rappeler la définition du mot “dichotomie” ?

  2. Je ne vois pas trop le sens de la première partie de cette réflexion, celle concernant les touchbooks.

    Dans les fait un touchbook n’est qu’un netbook tactile, les fonctionnalités seront les mêmes et les usages seront proches bien que plus étendus pour la version tactile qui dispose d’un potentiel applicatif plus fort à mon sens.
    Personnellement j’ai même prédis sur mon blog la disparition des netbooks au profit des touchbooks.

    Pourquoi ?
    Tout simplement parce qu’en mode déconnecté un netbook n’est pas vraiment utile (clavier pas forcément agréable pour de la bureautique plus de 30 minutes, limitation liée à la résolution pour le traitement photo, taille de l’écran et autonomie pour un film, etc.)
    Un touchbook pourrait être, en mode déconnecté, beaucoup plus intéressant. L’écran pourra atteindre facilement les 12″ tout en restant pratique en situation de mobilité, l’offre vidéo ludique en reprenant les catalogue iPhone/Android pourrait aussi être beaucoup plus intéressante et la “mode” du tout tactile promet un succès important à ce nouveau support.
    Au détriment de qui ? Des netbooks classiques.

    Bien sûr des contenus spécifiques seront proposés pour ces touchbooks mais l’ecosystème contenus/applications ne sera qu’une évolution de celui présent autour des netbooks.
    Je ne vois pas là une nouveauté en tant que tel, ce n’est que la fusion d’un netbook, d’un tabletPC et d’un smartphone. Fusion des technologies, fusion des fonctionnalités, fusion des usages.

    Petit plus, je pense qu’il faut rapidement qu’un industriel se penche sur un offre “Dock” pour touchbook qui maintiendrai ce dernier en position verticale, tout en lui offrant un espace de stockage, un Hub USB, le rechargement et, surtout, un esemble clavier + souris.
    Avec ça le touchbook élimine toute concurrence.

  3. « Touchbooks et ebooks ne sont pas à considérer comme des produits réellement grand public mais plutôt comme des offres de niche »

    Pour les « touchbooks » dépend la manière dont ils sont proposés. Un MacBook Air avec écran tactile et clavier détachable (ou repliable à 180° derrière l’écran) peut vite devenir un produit grand public adapté à une foule d’utilisations (bien plus que celles que tu as citées). En revanche, s’il ne s’agit que d’un gros iPod Touch, évidement, on reste dans une niche.

  4. @ JS > Oui c’est une condition indispensable (et ça tarde à venir…).

    @ Vincent > Ce n’est pas parce que les industriels / distributeurs vendent les netbooks comme des petits ordinateurs qu’ils en sont réellement. J’ai déjà eu de nombreuses occasions d’expliquer que les netbooks sont plus de gros smartphones que de petits ordinateurs, et ça se vérifie dans les faits : la plupart sont incapables de lire correctement une vidéo sur youtube car le matériel ne suit pas. Pour résumer une longue histoire, disons que les netbooks sont grillés sur le marché (car ils n’ont pas réussis à transformer la promesses établies par les industriels / distributeurs) et qu’il va maintenant falloir se tourner vers les smartbooks pour tenter une nouvelle approche marché.

    Concernant les touchbooks : Ceux qui sont actuels distribués ne sont “que” des netbooks tactiles sans clavier, masi attendons de voir ce que va nous proposer Apple. La sortie du iSlate sera à mon avis décisive pour bien structurer le marché (offre vs. besoins), les autres constructeurs s’aligneront en cours d’année.

    /Fred

  5. @Fred > Tout à fait d’accord avec ta vision des Netbooks mais, à mon avis, les touchbooks seront encore plus assimilables à des smartphones grand format.

    Ce n’est pas pour rien si c’est après l’iPhone que Apple se penche sur ce marché (alors qu’ils n’ont pas daigné jeter un oeil sur les tabletPC à l’époque) et ce n’est pas pour rien non plus si Android intéresse fortement les constructeurs pour leurs touchbooks.

    La technologie principale provient pour partie des Smartphones, l’écosystème qui viendra compléter celui des netbooks est celui des Smartphones (applis et surtout jeux), un touchbook sera un gros (au niveau de l’écran et de la puissance des composants)smartphone.

  6. Fred et Vincent, un smartphone, ça sert d’abord à téléphoner, non ? Pourquoi rapprocher la terminologie netbook aux smartphones plutôt qu’à des petits ordinateurs portables, même moins puissants (ordinateurs portables qui, grâce aux clées, sont potentiellement tous connectables en 3G, quelle que soient leurs tailles) ? Je ne comprends pas la logique.

  7. @ Christophe D. > Les ordinateurs portables mettent 2 minutes à démarrer et proposent 2 à 3 H d’autonomie avec une clé 3G. Les meilleurs netbooks démarrent en 1 minute et ont 6 à 8 H d’autonomie. Un smartbook pourra démarrer en 20 s. et proposer 15 H d’autonomie. De plus, il tient (presque) dans la poche. Nous ne parlons que de quelques secondes / centimètres en moins mais ça va faire au final une grosse différence, pas pour Mr et Mme Tout-le-monde mais pour la niche qu’ils visent.

    /Fred

  8. @Christophe D : Choisi n’importe quel possesseur d’iPhone autour de toi et observe le pendant une journée.
    A la fin de la journée compte combien de temps il a passé à téléphoner et d’heure à “jouer” avec…

    Après on reparlera du fait que Smartphone sert, d’abord, à téléphoner.

    Pour ce qui est des Smartbooks ou Touchbooks il suffit que les composants soient présent et d’une oreillette Bluetouth avec commande vocale et la fonction téléphone est en place.

  9. je reste frappé pour ma part par le travail qui reste à accomplir en terme d’interface utilisateur. A croire que pour microsoft et d’autres, s’adapter aux touchbooks, c’est afficher un clavier virtuel à l’écran, point (je caricature, mais presque). a croire qu’on n’a pas avancé depuis “windows for pen” qui existait avec… windows 3.11 !

    j’aimerai vraiment avoir un joujou de ce genre et j’attend avec impatience les annonces d’Apple, mais le chemin risque d’être plus long que pour l’iPhone pour que des devices de ce genre soient utilisables au quotidien. Par exemple, aucune agence de création de site web ne se pose la question en ce sens, en incluant la logique “tactile”.

    Tout le monde semble attendre la réponse à la question “marché de niche ou mainstream ?”. le problème, c’est qu’à attendre, on risque de se retrouver avec le probleme de la poule et de l’oeuf. des interfaces qui s’adaptent peu parce que le marché est insuffisant parce que les interfaces sont peu adaptées. hum…

    les plus motivés sont finalement les acteurs de la presse traditionnelles, car ils savent que cette voie est une des rares où ils peuvent éventuellement sauver leur peau.

    j’espère ne pas me tromper en disant que ceux qui investiront massivement dans cette spécialité métier (“créer les IHM pour les devices touch*”) auront une année très riche et passionnante.. mais je ne suis pas sur que se reposer sur ceux qui ont fait cet investissement pour l’iPhone suffise : on va parler là d’applis complexes, d’applis métier, pas simplement d’applis pour téléphone mobile.

    dernier point, j’ai un peu de mal a faire le lien entre le marché des ebooks/touchbooks et celui des netbooks. pour moi, l’usage est presque opposé: j’ai besoin d’un netbook quand je veux un clavier correct et que je me soucie peu de l’interface (envoi de mail, saisie de notes…). j’attend l’opposé d’un touchbook : une expérience IHM et visuelle superbe, et de la saisie ultra occasionnelle (style champs de recherche). Mais c’est peut etre ma façon d’utiliser les netbooks qui n’est pas la bonne..

  10. @ jdo > Tout à fait, les agences web traditionnelles ne sont pas “équipées” pour produire des interfaces tactiles, cela requiert des compétences particulière et surtout une dynamique de conception très différente des sites web.

    Je suis également d’accord avec toi qu’il faut bine plus qu’un clavier virtuel pour convaincre les utilisateurs (et futurs clients des contenus tactiles).

    /Fred

  11. À Fred : merci pour ces précisions techniques. Bon, si je comprends bien, la niche visée à intérêt à bien s’y connaitre pour se retrouver entre les divers concepts marketing smartphone, netbook, notebook, smartbook, touchbook, pocket PC, tablet PC, ebook, portables… c’est peut être ça qui risque de clocher finalement.
    Personnellement, avant de voir ce qu’il y a à l’intérieur, je raisonne d’abord sur l’objet. Si on me met un netbook dans les mains, je pense de suite : « c’est un petit ordinateur portable ». Conclusion : soit je suis un extraterrestre, soit je ne fait pas partie des niches concernées (ce qui est fort dommage, j’aurais bien voulu accrocher tous ces appareils à ma ceinture ;-)

    À Vincent : et en plus, j’ai visiblement mal traduit le terme Smartphone ;-) Si j’ai bien saisi, un smartphone est donc un « pocket PC » avec lequel on peut éventuellement téléphoner ? Et un netbook serait donc un gros Pocket PC avec lequel on ne peut pas téléphoner (enfin si mais bon, il faut l’oreillette, la commande vocale etc.), c’est bien ça ? ;-)

  12. J imaginerais bien (mais c est peut être encore trop tôt ?) ce type d’ objet tactile et communiquant, convivial et partageable, comme une console de la maison, que pourrait etre cette tablette d’Apple une sorte de télécommande domotique universelle multi-devices et multi services: répondeur tel et messagerie , réseau de la famille, tv, thermostat hifi, course, mémo, visiophone-sonnette, conciergerie d’immeuble ou de quartier, commerces et services de proximité…De quoi inventer et enrichir l’appstore de nouvelles applications orientées ” écosystème de la maison ” …

  13. Effectivement, les sites marchands sauront peut être s’adapter, mais je n’y crois pas, ils sont trop encrés dans leurs habitudes. Je pense qu’il y a un nouveau créneau ou des start-up pourront s’introduire en développant des applications dédiées au au tactile avec de nouvelles intefaces drag’n drop se rapprochant petit à petit d’un Minority Report.

    Un exemple dans le domaine de la finance :
    http://finance.millionid.com

  14. Interessants articles et commentaires…Pour ma part j’ai encore un peu de mal à imaginer quelle expérience utilisateur va m’apporter une tablette. Cela va m’apporter quoi réellement en plus du mon Iphone, mes PC, ma xbox, ma TV/Proj ? Les e-books/mag…mouais. Une chose me semble certaine c’est que ce sera un bel objet, mais quid de l’autonomie ? (celles de Iphone est clairement mauvaise), de la robustesse, de la gestion des périphs…Suis un poil dubitatif…

    Une chose est certaine, Apple a super bien joué le coup du buzz et surtout s’est trouvé des alliés de poids en se présentant comme le sauveur de la presse alors que Google fait fait figure de fossoyeur! Rien que cela c’est génial.
    /Philippe/

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