Faut-il investir dans l’IPO de Facebook ?

C’est donc cette nuit que Facebook a officialisé sa demande d’introduction en bourse. Le dossier déposé apporte des réponses à un certain nombre de questionnements sur l’état de finances de Facebook. Les données fournies sont très impressionnantes pour une société qui n’existait pas il y a 8 ans :

  • 3,7 MM$ de C.A. en 2011 (en progression de 87%) ;
  • 56% du C.A est réalisé aux États-Unis, 85% est généré par la publicité ;
  • 1 MM$ de bénéfices nets ;
  • 3,9 MM$ de cash avec un endettement très faible à 400M$ ;
  • 100 MM$ de valorisation pour un objectif de 5MM$ levés lors de l’IPO.

Ces chiffres sont vraiment très impressionnants (vous en trouverez le détail ici : Facebook’s net income and revenues: $1 billion on $3.71 billion in 2011), mais sont-ils suffisants pour justifier une valorisation à 100 MM$ ? C’est justement là où les choses se corsent.

La valorisation en question

Si l’on se penche sur les chiffres, nous pouvons dire sans nous tromper que Facebook est en très bonne santé financière :

FB_résultats

Nous savons que les investisseurs ne s’intéressent pas réellement à ce que représente une société le jour de son introduction, mais ce qu’elle peut devenir. Et sur ce point-là, force est de constater que Facebook est largement survalorisé.

Je vous propose de faire une simple comparaison : Google a plus de 30.000 employés pour un C.A. de 38 MM$ et un bénéfice net de 9,7 MM$. Facebook a 3.000 employés pour un C.A. de 3,7 MM$ et un bénéfice de 1 MM$. Ce qui nous fait une proportion de 1/10. La valorisation de Google est de 188 MM$ alors que celle estimée pour Facebook est de 100 MM$, soit une proportion de 1/2. Étrange, non ? Certes, vous pourriez me dire que lors de son introduction, le C.A. de Google était inférieur aux bénéfices nets de Facebook, mais cette valorisation est tout de même un sacré pari sur la croissance de Facebook.

Sans vouloir verser dans la paranoïa, je pense que l’explication de cette survalorisation est toute simple : un grand nombre d’acteurs de la Silicon Valley ont déjà investi dans Facebook par le biais du marché gris. La valeur de Facebook n’est pas une donnée mécanique, elle est une donnée empirique de ce que le marché est prêt à accepter. Or, d’où vient le consensus sur ce que le marché est prêt à accepter ? De la Silicon Valley. Pour faire simple : la valorisation est en partie faite par les investisseurs initiaux. Vous comprendrez que dans ces conditions, leur intérêt est de tabler sur une valorisation élevée pour maximiser les profits qu’ils vont réaliser le jour de l’introduction.

Quel potentiel de croissance ?

Admettons que Facebook ne vaille pas 100 MM$ le jour de son introduction en bourse. Les vaudront-ils un jour ? Peut-être, mais pour cela, il faudrait une sacrée croissance. Pour augmenter ces bénéfices, Facebook devra faire deux choses : augmenter le nombre d’utilisateurs et augmenter les revenus par utilisateurs.

Si l’on s’intéresse au nombre d’utilisateurs, il y a toutes les chances pour que Facebook dépasse le milliard dans le courant de l’année, mais après ? Pour pouvoir justifier d’une telle valorisation, la croissance du nombre d’utilisateurs devrait être soutenue sur plusieurs années, or là nous parlons d’un objectif de croissance de 15%. Une fois que Facebook aura dépassé le milliard d’utilisateurs, peuvent-ils légitimement espérer atteindre 1,5 ou 2 milliards ? Je ne suis pas certain, car la plateforme a presque atteint son plateau.

SN-WorldMap

Intéressons-nous maintenant au ratio des revenus par utilisateurs, en l’occurrence : 4,4$ par utilisateur par an. Pour pouvoir augmenter ce ratio, Facebook va devoir augmenter son CPM (ou son CPA), donc collecter et exploiter plus de données personnelles. De ce point de vue là, je doute que les gouvernements laissent faire.

Reste donc l’option de la diversification. Les équipes de Facebook nous ont montré qu’elles savaient très bien reproduire les idées des autres, sauront-elles en créer de nouvelles ? Peut-être, mais pour cela, il faut des talents. Les équipes de Facebook regorgent de talents, mais ceux-ci étaient avant tout motivés par l’appât du gain (le bonus qu’ils vont encaisser en exerçant leurs stock-options ou équivalents). Que va-t-il se passer une fois les bénéfices encaissés ? La direction de Facebook va devoir fournir des efforts considérables pour garder et motiver ses talents à développer de réelles innovations en dehors de son métier d’origine. De plus, le fait qu’une partie du capital va être distribué risque de fortement ralentir la prise de décision et complexifier la diversification (Is Facebook’s IPO the start of something, or the end?).

Donc pour résumer : Facebook est une très belle société avec une santé financière remarquable, mais les projections de croissance sont largement surévaluées. Cette question est délicate et les avis sont plutôt partagés : Facebook’s Ad Business Isn’t Growing Fast Enough To Justify A $100 Billion Valuation // Why Facebook will be worth a half trillion by 2015: the mobile and open graph revenue it’s leaving on the table. À ma décharge, j’avoue avoir toujours été très sceptique via-à-vis de Facebook (Rétrospective sur les 3 dernières années de Facebook).

Un saut dans l’inconnu

En plus de tout ce qui vient d’être dit, il reste encore de nombreuses questions sur la façon dont Facebook va gérer la période post-IPO. L’histoire nous a ainsi montré qu’une introduction en bourse est une étape-clé dans le développement et la survie d’une société. Les équipes devront ainsi faire face à de nombreux challenges :

  • La concurrence (Twitter, Google+…) ;
  • Les problèmes de confidentialité des données personnelles ;
  • La dépendance à des éditeurs tiers comme Zynga (qui a contribué à 12% du C.A.) ;
  • L’hégémonie du fondateur (Mark Zuckerberg) ;
  • Le portage de l’activité sur les terminaux mobiles (quels formats publicitaires pour les petits écrans des smartphones ?)…

Bref, l’histoire de Facebook ne fait que commencer et il reste une longue route à parcourir : The 6 Most Surprising Things From Facebook’s IPO Filing et Facebook’s Biggest Risks Explained.

Une évolution de l’action calquée sur celle de Zynga ou de Google ?

La grande question que nous nous posons maintenant est de savoir si l’action va monter ou descendre. Il est très difficile de prédire le comportement des marchés financiers et des investisseurs individuels, mais au vu des chiffres et ratios présentés, l’introduction en bourse de Facebook ressemble plus à une opportunité de sortie pour les investisseurs de la première heure qu’une recherche de financement pour la croissance. Comprenez par là que la mariée est certes très belle, mais qu’elle est probablement à l’apogée de sa beauté. De ce point de vue là, le cours de l’action de Facebook a toutes les chances de suivre celui des IPOs présentant les mêmes caractéristiques : Zynga et Groupon dont les actions sont passées sous le cours d’introduction dès la première semaine (Facebook’s $5 Billion IPO: The Next Google? Or The Next Groupon?).

Encore une fois, le problème n’est pas la santé financière de Facebook, mais son potentiel de croissance. Les actions de sociétés récemment introduites en bourse comme LinkedIn ou Pandora ont ainsi bien performé malgré des résultats financiers très largement inférieurs, car leur potentiel de progression était très important. Or si le potentiel de croissance de Facebook est incertain, l’action ne risque pas de prendre de la valeur.

Faut-il investir ?

Nous en arrivons donc à la question fatidique : Faut-il acheter des actions Facebook ? La réponse est simple : N’investissez pas plus que ce que vous pouvez vous permettre de perdre. Cette règle est d’ailleurs valable pour n’importe quelle action. Investir en bourse est une activité très complexe réservée à des professionnels qui n’obéissent qu’à une seule règle : Ne jamais jouer avec son propre argent.

Investir en bourse est un jeu, un loisir réservé à ceux qui en ont les moyens. Il n’y a qu’une seule façon de s’enrichir : Travailler et accumuler du patrimoine. En investissant en bourse, vous ne construisez pas votre patrimoine, vous le fragilisez. Si vous avez des économies, réservez)les à des vrais produits d’épargne. Par conte, si êtes d’humeur joueuse et que vous voulez vous faire une petite frayeur pour égayer votre quotidien, alors foncez !

Que va-t-il se passer après ?

En conclusion de cet article, je vous propose de relativiser : La réussite ou l’échec de l’introduction en bourse de Facebook ne va pas changer la face du monde, encore moins celle de l’internet. La base d’utilisateurs de Facebook va continuer de croitre et les médias sociaux vont assoir encore plus leur importance par rapport aux autres médias. Certes, l’argent levé en bourse par Facebook va leur permettre d’accélérer leur croissance (des acquisitions externes sont à prévoir), mais il y a d’autres acteurs bien plus puissants qui sont en embuscade (Google, Microsoft, Amazon, Ebay…).

Vos objectifs pour 2012 ne doivent donc pas changer : Intégrer les médias sociaux dans votre posture de communication, dans votre marketing, dans votre stratégie de relation client… (Quel va être l’impact de l’IPO de Facebook sur les médias sociaux). Être présent sur les médias sociaux sera toujours plus urgent, et toujours plus complexe, mais ça vous vous en doutiez…

26 commentaires sur “Faut-il investir dans l’IPO de Facebook ?

  1. Vous me faites rires, ceux qui pensent que FB n’est pas l’avenir …
    Je ne sais pas quel âge vous avez, mais moi j’en ai 23. Et je peux vous dire que la plus part de mes amis sont complètement accros à FB !!! Et les ados .. c’est pire ! Ils y vont même en cours avec leurs nouveaux smartphones (mais vous, vous n’avez pas connu les smartphones en cours).
    L’avenir c’est moi, c’est eux, c’est ce qui fera que chaque nouvelle naissance sera un nouveau “client” facebook.

  2. Qu’est-ce que vous avez dit a fait beaucoup de sens. Mais, pense à ce sujet, si vous avez ajouté un peu de contenu? Je veux dire, je ne veux pas vous dire comment gérer votre blog, mais que faire si vous avez ajouté quelque chose à peut-être obtenir l’attention des peuples? Tout comme une vidéo ou une photo ou deux pour obtenir. Pour examiner ce niveau de votre argent devoirs respectifs de garantie de remboursement, visitez les sites Web PRIX à la suite de la recherche de tout cela à travers la recherche google.

  3. Dans quel monde vous vivez ? Sûrement pas dans le mien mais juste à lire bêtement des chiffres .
    Pour moi facebook n est qu un chat populaire et ce que je constate c est que les gens sont moins accro qu avant à cause du succès des applications , Facebook est dépendant des USA et il n est pas en monopole comme Google , je remarque qu on parle de plus en plus des sites communautaires fermés .
    Je suis surtout négatif par sa valorisation Grossièrement surestimée .

  4. Est-il possible d’investir sur cette IPO en état français car j’ai souvenir que nous ne pouvons pas nous positionner sur une IPO étrangère? Si oui comment est-il possible de le faire?

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