Rétrospective sur les 3 dernières années de Facebook

Souvenez-vous, en 2007 je publiais un article plutôt provocateur : Pourquoi je ne crois plus en Facebook. Cet article m’a valu pas mal de moqueries, mais je ne regrette pas de l’avoir rédigé et j’en suis même fier. À tel point que je vais me livrer au délicat exercice d’auto-critique consistant à résumer le parcours de Facebook sur les 3 dernières années et d’analyser la situation dans laquelle cette plateforme sociale se trouve par rapport à ce que je critiquais il y a plus de 3 ans.

Je pense ne pas me tromper en disant que Facebook est en ce moment à l’apogée de sa notoriété / visibilité : plus qu’une plateforme sociale, c’est devenu un véritable phénomène de société (The World Is Obsessed With Facebook). Un succès partagé et amplifié par les médias qui ne tarissent pas d’éloges à son propos : Facebook est devenu tellement puissant qu’il permet de remporter des statuettes aux Oscars, de remplacer les cinémas (Warner Bros. taking movie rentals to its Facebook pages), de sauver des vies (Doctor diagnoses 4-year-old’s leukemia over Facebook), d’en détruire d’autres (Une ado de 15 ans détruite par le pire canular imaginable) et même de renverser les dictateurs. Pour certains, Facebook a même remplacé le web (Why Facebook is the new internet). Au-delà de ces élucubrations, vous vous doutez bien que la réalité est plus nuancée.

Depuis la publication de cet article, j’ai eu de nombreuses occasions de réitérer mon scepticisme vis-à-vis de cette plateforme capable de tous les miracles :

Je ne suis pas de nature pessimiste, mais j’estime qu’il faut faire preuve de nuance, surtout en période de surchauffe (j’ai d’ailleurs prédit pour cette année un effondrement de la bulle des attentes autour des médias sociaux).

Je pense donc qu’il est temps de faire le point sur les forces et faiblesses du roi des réseaux sociaux.

Une croissance spectaculaire et des améliorations bénéfiques

En 3 ans Facebook a beaucoup évolué, et dans le bon sens. Facebook s’est en effet amélioré sur de nombreux points :

  • L’audience. Sur ce coup-là j’avais largement sous-évalué le potentiel de croissance de Facebook : en 3 ans le service est passé de 55M à 600M d’utilisateurs. Une très belle croissance, certainement la plus grosse croissance jamais enregistrée par un service en ligne, mais sur laquelle nous pouvons tout de même émettre des réserves : voilà presque un an que nous attendons une déclaration officielle des équipes de Facebook sur ce chiffre de 600M de membres, mais elle ne vient toujours pas. Et pour cause : il s’agit en fait de 600M de profils créés dont la moitié seulement est active. Il existe, en effet, un grand nombre de profils vides ou dormants, de nombreux utilisateurs qui créent plusieurs profils et même des profils d’animaux domestiques (une étude récente a révélé que 14% des propriétaires de chiens avaient ouvert un profil Facebook pour leur animal : Dog, Best Facebook Friend). Dans les faits, vous pouvez tabler sur 300M d’utilisateurs actifs (qui se connectent tous les jours). Certes, c’est la moitié, mais ça reste un chiffre considérable. Je précise que d’autres plateformes sociales à succès ont tendance à gonfler leurs chiffres : Twitter’s Dirty Little Secrets.
  • La plateforme d’application. Là encore j’avais très largement sous-estimé le potentiel de croissance. Les éditeurs se sont donc rués en masse sur cette plateforme qui propose maintenant près de 50.000 applications (si mes chiffres sont exacts). Avec le remplacement du FBML par les iFrames, la plateforme va gagner en souplesse et être encore plus intéressante (notamment pour les applications de social CRM et de social commerce : Les pratiques de commerce en ligne sur Facebook gagnent en maturité).
  • Les widgets. Avec Facebook Connect et les Social Widgets, Facebook s’est petit à petit dilué sur un très grand nombre de sites web (près de 3 millions). Un tour de force qui ne doit pas néanmoins détourner les annonceurs et éditeurs de leur véritable objectif : construire leur propre couche sociale plutôt qu’emprunter celle d’un autre. Facebook Connect représente ainsi un moyen très pratique pour les éditeurs de site d’injecter des fonctionnalités sociales, mais cela ne se fait pas sans risques pour les utilisateurs qui n’appréhendent pas forcément bien tous les dangers potentiels : A quoi sert votre graphe social ?.
  • La mobilité. Durant ces deux dernières années, la version mobile de Facebook s’est imposée comme une destination incontournable et un véritable levier de fidélisation. Que ce soit pour de la consultation, du partage ou de la géolocalisation, Facebook a su construire une stratégie mobile crédible. Et pour cause, ils ont répliqué les fonctionnalités de services à succès. Il leur manque cependant un soupçon de gameplay pour rendre la version mobile un peu plus fun (ils peuvent pour cela s’inspirer de SCVNGR ou EightBit.me).
  • L’offre publicitaire. Là encore il y a eu de gros progrès, aussi bien au niveau des formats, que de l’interface de création ou encore des outils de mesure (Facebook Unveils the Secrets Behind the Like Button). Ceci étant dit, le taux de clic reste particulièrement bas, ce qui est tout à fait normal, car l’approche display n’est pas compatible avec l’utilisation qu’en font les membres (il y a des choses tellement plus intéressantes à faire en social CRM ou en social marketing).

Rien que sur ces points-là, Facebook mérite une bonne partie de l’attention qui lui a été accordé. Mais le tableau idyllique que nous présentent les agences de Facebook Marketing n’est pas si rose.

Toujours les mêmes lacunes

Dès 2007, j’avais identifié un certain nombre de problèmes relatif à Facebook et à la façon dont cette plateforme sociale était gérée. Croyez-le ou non, mais la situation n’a quasiment pas changé :

  • Une viabilité incertaine malgré une valorisation délirante. “Comment une société qui vaut 75 milliards de $ peut-elle couler ?“, c’est la question sur laquelle je suis souvent interrogé. Et ma réponse est à chaque fois la même : La valorisation de Facebook est faussée, car cette société n’est pas cotée en bourse. La valorisation à 75MM$ se fait sur le marché gris, celui des investisseurs professionnels qui sont près à prendre de très gros risques pour faire des plus-values en un minimum de temps. Si Facebook était coté en bourse, les règles de valorisation valables pour les autres sociétés (un multiple des bénéfices) feraient dramatiquement chuter la valorisation (pour mémoire, 75MM$ ça fait 250$ par membres actifs). La question de la viabilité reste donc entière : est-il opportun de miser toute sa stratégie de présence sur les médias sociaux sur une société dont on ne connait ni les bénéfices, ni la trésorerie, ni le niveau d’endettement ?
  • Des conditions d’exploitation instables. Autre problème récurrent : les CGU qui changent régulièrement. Les membres ne s’en rendent pas compte, mais la plateforme qui héberge toutes les applications est un authentique cauchemar pour les éditeurs et annonceurs. Les équipes de Facebook ont, en effet, pris l’habitude de changer les conditions d’exploitation très régulièrement. Dernière modification en date : l’obligation d’utiliser les Facebook Credits comme moyen de paiement à partir du 1er juillet prochain, un coup dur pour les petits éditeurs et une aubaine pour les plus gros (cf. Faut-il se réjouir des évolutions de Facebook ?).
  • Le (non)respect de la confidentialité. Je crois que quasiment tout a déjà été dit sur ce problème : De la naïveté des médias concernant Facebook et les données personnelles. Et pourtant, ça ne les empêche pas de recommencer régulièrement : Facebook fait commerce des données personnelles des membres (avec succès) et Facebook Will Give Your Mobile Phone, Address Info to Developers Again.
  • L’absence de contenus à valeur ajoutée. On nous annonce régulièrement la mort des blogs et autres plateformes sociales ringardisées par Facebook qui est censé proposer un éventail bien plus large de fonctionnalités. Soit, mais dans les faits, Facebook est une coquille vide : De la qualité des contenus sur Facebook et Recommandation produits, la blogosphère loin devant Facebook et Twitter. Jusqu’à preuve du contraire, Facebook n’est qu’un intermédiaire et un hôte pour les contenus et applications d’éditeurs tiers. Certes, l’apport de trafic et la visibilité n’est pas négligeable, mais concentre toute la valeur ajoutée de Facebook sur les profils des membres et leur graphe social. Le trésor de guerre de Facebook est-il évalué à sa juste valeur ? Justement non, comme nous allons le voir dans le point suivant.
  • La fiabilité des profils et la précision du ciblage comportemental. Déjà, en 2007, je m’interrogeais sur la fiabilité des profils et sur l’utilisation que les annonceurs pouvaient en faire. Tout le problème vient du fait que les membres utilisent leur profil pour se valoriser socialement. Sachant que leur profil est exposé au plus grand nombre, ils ne se comportent pas comme il le font habituellement : Comment les nouvelles règles de Facebook vont modifier le comportement des utilisateurs. De même, les mécaniques sociales déployées sur Facebook incitent les membres à créer le plus de connexions possible et à rejoindre le plus de groupes. Dans ce contexte, comment cerner efficacement leurs besoins / contraintes / motivations / freins ? Rajoutez à cela un rapport très ambigu à l’exposition de leurs données personnelles (La schizophrénie des membres va-t-elle tuer Facebook ?) et vous aurez un ciblage comportemental plus que défectueux.
  • L’absence d’appuis politiques. Dernier problème, et pas des moindres : le peu d’attention que les équipes ont accordées aux craintes des gouvernements. Facebook se gausse en effet d’être présent dans 190 pays, mais n’a jamais investi un seul cent dans des actions de lobbying, contrairement à Google ou Microsoft. De ce fait, certains pays comme le Canada, l’Allemagne ou l’Italie s’interrogent sur la gestion des données personnelles de leurs ressortissants. Cette gigantesque base de données de 600 millions de membres représente en effet une très lourde responsabilité, surtout pour une société privée financée par des capitaux russes. Le jour ou l’Union Européenne décidera de s’attaquer à ce problème, Facebook sera dans une situation très délicate (au même titre que Microsoft l’a été et que Google l’est en ce moment).

J’arrête là mon argumentation sur les lacunes de Facebook car j’ai vraiment l’impression de me répéter. Et pour cause : la situation n’a que très peu évolué en 3 ans (et merde, je me répète encore !).

Vous n’avez pas fini d’en entendre parler

Facebook intrigue, Facebook fascine, Facebook effraie… mais Facebook m’inspire ! Je crois bien que Facebook a été le sujet que j’ai le plus traité sur ces 3 dernières années. il faut dire qu’il y a beaucoup de choses à expliquer, démystifier et débattre.

Certes, cet article rédigé il y a plus 3 ans est maintenant un sujet de critique évident, mais comme le dit le proverbe : la critique est facile, l’art est difficile. Les moqueries diverses qui me sont adressées ne me décourageront donc pas, car j’estime qu’il est important de pouvoir exprimer une opinion divergente. Je rappelle que ces prises de position n’engagent que moi, libre à vous d’écouter l’avis d’agences et de soi-disant experts qui vivent de Facebook et n’ont aucun intérêt à remettre en question la pertinence d’une présence sur cette plateforme sociale.

À très bientôt pour de nouveaux articles sur le sujet…

32 commentaires sur “Rétrospective sur les 3 dernières années de Facebook

  1. Excellent article ! Il nous rappelle que le web est en constante évolution et que rien n’est jamais acquis.
    Je souhaiterais juste apporter quelques remarques :

    – Sur l’audience, et plus généralement sur les utilisateurs et les profils : Je pense que Facebook est en train de découvrir, et de nous faire découvrir, les différences entre les notions de Personne, Utilisateur, Profil, Aspect (Terme emprunté à Diaspora mais dont Facebook en propose une variante avec son “Utiliser en tant que Page ??? “).

    – Sur la plateforme d’applications : Facebook est en train de devenir le Système d’exploitation du Web. Pour faire une comparaison avec Google (simple exemple), Google est comme le gros disque dur avec plein de programmes et de données alors que Facebook est encore un disque dur moyen, mais avec un système d’exploitation. On démarre forcément par celui qui propose un Os, et à la longue, on oublie même l’autre. On pense alors à l’archiver, au cas où il nous faudrait retrouver des données qu’on a laissé quelque part. Pour ceux qui n’ont pas de données à stocker, l’OS permet déjà de jouer et de s’amuser. Que demander de plus ?

    – Enfin, concernant la viabilité de Facebook, et plus généralement de la viabilité d’un service web : Un site ne meurt pas de lui-même, il est remplacé. Par un autre site ou plus globalement, c’est le service qui est remplacé par/intégré dans un nouveau service, pour plus de valeur ajoutée. Google ne disparait pas parce qu’il n’y a pas un nouveau moteur de recherche pour le remplacer et que l’information d’origine sociale n’arrive pas à être plus pertinent que celle recherchée. Facebook ne disparaitra pas parce qu’il n’y a pas un site en vu pour l’atteindre et que les internautes n’ont pas encore l’intention d’arrêter de se socialiser.

    Pour les critiques sur Facebook : “Personne ne propose, donc Facebook impose !”

  2. @Onjanirina

    Assez costaud de comparer Facebook à un OS et Google à un simple disque dur… Facebook propose quoi ? Des news de ses amis (ou des “pages” dont on est “fans”), des applications très limités (des jeux à crédit ?)… Google propose un écosystème complet : bureautique, collaboration (mail, messagerie instantanée, micro-blogging), cartographie, recherche, applications professionnelles ou personnelles, et même… de vrais OS en l’occurrence (Chrome OS, Android).

    D’un côté on a un service ultra-dédié que tu appelles un “OS”, et de l’autre un écosystème complet que tu compares à un “disque dur”. Je ne sais pas quel est le fond du propos, mais rien qu’en se basant sur cette comparaison, ça perde toute crédibilité désolé :)

    Quant à “personne ne propose”, que nenni: tout le monde propose !
    * Foursquare a réalisé un système tellement intelligent que Facebook a tout simplement repiqué le concept.
    * Les mails ne sont pas une invention de Facebook que je sache (leur dernier service messagerie).
    * Diaspora, ou le fait de pouvoir garder le contrôle sur ces données, tout en étant relié à un réseau social mondial est le vrai concept d’avenir. Pour l’instant plombé par une implémentation complètement foireuse c’est vrai.

    Non, Facebook n’impose pas parce que personne ne propose, Facebook impose parce qu’il a aujourd’hui une position dominante et une force de frappe qui le lui permettent (tout comme Apple et son iPhone, ou Microsoft avec Windows, ou n’importe quelle situation de trust tout simplement…). Il ne faudrait pas leur apporter plus de crédit qu’ils n’en méritent.

  3. Bonjour,

    J’ai beaucoup apprécié le regard critique sur FB… Votre point de vue favorisant une certaine neutralité dans vos arguments.
    Juste une précision quant aux méthodes de valorisation : $75MM vs 250$/utilisateur et profits à courts termes.
    N’étant pas expert, je ne tiens pas à trop m’avancer, mais quand on parle des valeurs technologiques, la valorisation ne fait pas sur les assets de l

  4. @ naholyr > “Facebook impose parce qu’il a aujourd’hui une force de frappe”, laquelle ? Jusqu’à preuve du contraire Facebook est une start-up d’à peine 2000 employés gérés à la petite semaine (les équipes techniques ne travaillent que sur les projets qui les intéressent, ils organisent tous les mois une release night…). Rien de mal à cela car il y a des milliers de startups dans cette configuration, mais on ne leur prête pas la faculté de remplacer internet ET les médias traditionnels (c’est une grosse responsabilité qu’AOL et Yahoo! n’ont pas su assumer).

    @ Crapouillaut > Je ne suis pas non plus un spécialiste de la valorisation, mais je sais que si l’introduction en bourse de Facebook tarde autant c’est que leurs comptes ne sont pour le moment pas présentables (OK pour le marché gris, mais pas pour le Nasdaq).

  5. Merci pour cet article qui fouille un peu ce qui l’est trop rarement. Je partage ici et là. Twitter et… Facebook.

  6. @naholyr >
    Une relecture attentive du commentaire de permettra de te corriger toi-même : “Google est un gros disque dur avec plein de programmes et de données, Facebook est un disque dur moyen avec un OS” et la réponse à la question viendra d’elle-même : avec lequel du démarrera ta session de travail (navigation, en l’occurrence) ?

    Des news de ses amis ? si ce n’est pas de la communication ou de la vie sociale, cela lui ressemble énormément.

    Des news des pages dont on est “fans” : c-à-d pour lesquelles on a montré un intérêt (à un moment donné puisqu’il est possible de se désinscrire) : l’information personnalisée et opportune, c’est ce que l’on recherche. Non ?

    Des applications limitées ? Facebook ne propose pas (sauf pour les applications essentielles, applications systèmes) les applications. Il propose une Plateforme d’applications, c-à-d un espace où les applications tierces vont pouvoir fonctionner, et au besoin, profiter (utiliser, exploiter) les services systèmes : authentification, relations, images et vidéos, messagerie, etc. De là à dire que toutes les applications du web peuvent potentiellement fonctionner sur Facebook, il n’y a qu’un pas. Reste le problème de la stabilité de l’api et des conditions non-informatiques mais je pense que c’est une question de temps.

    “Tout le monde propose” : justement, tout le monde peut proposer mais, encore cette plateforme d’applications, peut neutraliser toute les tentatives, d’où la force de frappe.

    “Diaspora” : le web est un système décentralisé mais il y a toujours une forme de centralisation institutionnelle (w3c) ou autonome (Google, dans la recherche, est une forme de centralisation). Si les initiateurs de Diaspora ne s’occupent pas de cette tâche de centralisation, un autre le fera et deviendra le point central du système Diaspora. Pour les données privées : si tu veux pas qu’on sache un truc, bah ne le dis pas ! c’est aussi simple que cela. D’ailleurs, moi qui suis un inconditionnel de Facebook, j’ai des amis malins qui arrivent à ne me montrer que leur “sexe” et “situation amoureuse”, pas de mur, pas de photos, la vie privée n’est pas si difficile que cela à cacher sur Facebook.

    @Fred> arriver à faire cela avec tellement peu de moyens humains, cela mérite respect (de la qualité du travail) et méfiance. Que feront-ils avec autant d’employés que Google ou Microsoft ?

    @Crapouillaut, @Fred> Pour ce qui est de la valorisation, ou plus généralement de l’aspect financier : Facebook n’a pas réussi à “inventer” un modèle économique propre à son statut, ou manque-t-il encore assez de confiance en lui pour se rendre compte de son statut ? ce gonflage des chiffres (nombre d’utilisateurs) cacherait peut-être des faiblesses qui font qu’il n’ose pas avancer trop vite. Et si c’était moins de 300M, beaucoup moins ? une introduction en bourse l’obligera à dévoiler plus et tout le monde va savoir que … ! Suspect, non ?

  7. Merci Fred de nuancer fortement la valorisation de Facebook. Je te conseille d’ailleurs vivement la lecture d’un article des toujours très bon 37Signals à ce sujet : http://37signals.com/svn/posts/2585-facebook-is-not-worth-33000000000.
    Comme le dit l’article : “Facebook has been around for seven years. It has 500 million users. If you can’t figure out how to make money off half a billion people in seven years, I’m going to go out on a limb and say you’re unlikely to ever do.”

    Facebook à réalisé 1,2 milliards de dollars de CA et 335M$ de bénéfices nets (soit 242M€ – source : http://tinyurl.com/2caxhj3). Avec une entreprise de 2000 employés à faire tourner, dont beaucoup d’ingénieurs débauchés de Google j’imagine à grands frais, rien ne prouve que Facebook soit globalement rentable en accumulant les exercices fiscaux depuis 7 ans. Et cette course effrénée au financement quand on est une entreprise avec une telle influence est inquiétant. Car contrairement à Google qui a une mine d’or en cash, Facebook est condamné à levé des fonds pour se développer. Mais vu les sommes qu’ils atteignent, il y a bien un moment ou certains investisseurs vont vouloir récupérer leur mise, et le château peut s’écrouler si personne ne peut les payer.

    Quant au fait de baser entièrement son business sur un interfaçage avec facebook (comme avec les applis), je trouve cela particulièrement dangereux : ne dépendre que d’un seul fournisseur (en l’occurrence, facebook fournit une plateforme technique aux développeurs) et développer ses produits entièrement là-dessus a toujours été très dangereux.

    Tout cela ne remet absolument pas en cause en revanche la capacité de Facebook à faire évoluer un outil qui relie toujours plus les gens, ce qui est déjà une performance en soit.
    Mais le but de toute société est bien de gagner de l’argent, pas simplement de proposer un service “cool” qui engloutit un cash phénoménal.

  8. Je viens de lire l’article de 2007 et je vais faire un commentaire qui n’a rien à voir avec le contenu de l’article, mais plutôt avec le contenant : ton style a changé, s’est affirmé, est devenu plus fluide, plus sûr, plus posé et humble. On sent l’expérience de la vie derrière. C’est tout ce que je voulais dire :)

  9. @ julien > Effectivement, si Facebook n’est pas parvenu à trouver un modèle économique rentable en 7 ans et avec 600M d’utilisateurs, comment y arriveraient-ils avec plus de temps ou plus d’ut. ?

    @ Mathieu > Merci pour cette remarque, ça me fait très plaisir. Tu auras remarqué que je fais moins de fautes aussi, mais ça a sûrement à voir ave mon nouveau logiciel de relecture…

  10. Je suis abonné depuis à votre flux rss et je pense que facebook est une véritable obsession pour vous. c’est un article intéressant mais quand je vois des choses comme “l’absence de contenus à valeur ajoutée”, j’en suis dépité. Un lien qui pourrait vous intéressé: (http://www.internetactu.net/2011/03/16/judith-donath-si-facebook-est-important-cest-le-signe-que-nos-relations-sont-importantes/ ). Facebook n’est pas fait pour ça, C’EST UN RÉSEAU SOCIAL. Quand on discute au téléphone avec des amis ou des parents, j’aimerai bien qu’on me dise s’il y’a toujours des “contenus à valeur ajoutée”…Quant aux commentateurs excités qui “grossissent” Facebook, ils sont dans leur rôle, faire du sensationnalisme. Mais votre analyse ne peut point s’appuyer dessus pour plomber Facebook. Par rapport au modèle économique de Facebook, j’aurai aimé qu’en trois ans, vous en proposiez une, au lieu de critiquer toujours. C’est pas facile, trouver un modèle économique, on tatonne dans toutes les activités économiques. Et surtout qu’on m’explique comment son fondateur est milliardaire et fait déjà de la philanthropie si Facebook ne produit rien. Ça fatigue à chaque fois qu’on ouvre son agrégateur et qu’on y trouve des critiques à charge.

  11. @ Claude > Critiquer Facebook est un exercice de style que je m’impose, si les articles qui parlent de Facebook ne vous intéressent pas, alors ne les lisez pas. Il existe de nombreux réseaux sociaux à succès qui ont su monétiser leur audience avec brio : LinkedIn ou même CopainsDavant. Le problème de Facebook c’est qu’il créé de la valeur (ou du moins de la valorisation sur le marché) en détruisant celle des autres (Facebook doit son succès en France à l’absorption des audiences de deux sites avec un modèle premium : CopainsDavant et Meetic). Voilà donc ce que je reproche à Facebook : détruire les revenus des autres en proposant un service gratuit dont la viabilité n’est assurée que par le bon vouloir d’investisseurs avides de profits rapides. Et pour répondre à ce que vous dites : non, Facebook n’est plus un réseau social, c’est devenu une plateforme sociale complète qui marche sur les traces d’AOL et Yahoo!.

  12. Article et sujet très intéressant. Pour moi, le principal intérêt de facebook, outre son aspect de plateforme et de partage social, est qu’il propose un internet différent de ce que l’on a connu jusqu’alors. Un internet non plus basé sur des moteurs de recherche “objectif” qui classent les sites en fonction de certains critères parfois discutables mais un internet davantage basé sur la personne et sur l’intérêt porté par vos amis ou connaissances sur certains sujets. Ce qui est tout autant discutable mais a le mérite d’exister.

  13. @Fred > Si le marché pouvait être aussi élastique….Malheureusement, il ne l’est pas. On crée rarement de la valeur sans en détruire pour d’autres acteurs économiques. Que CopainsDavant et Meeting se fassent siphonner leurs audiences et regardent les bras baissés…c’est inquiétant. C’est à se demander si les racines de cette attitude ne se trouvent pas dans la culture et la pratique des affaires, car je ne pense pas qu’un concurrent américain n’aurait rien fait du tout. Bon, peut être que je délire et que j’exagère. Mais je ne comprends toujours pas comment son fondateur est milliardaire alors que le modèle économique de facebook est fragile. Pour la question de facebook en tant que plateforme sociale sur les traces d’AOL et Yahoo, j’aimerai bien que cela soit corroboré par une étude sur les usages. Comme beaucoup d’internautes, moi j’utilise toujours yahoo ou gmail pr mes mails, reader pour mes flux rss, skype ou messenger pr mes appels…

  14. @ Claude > Petite précision : Mark Z. n’est que virtuellement milliardaire. La valorisation à 75MM$ est faite sur le marché gris (ultra-spéculatif), nous verons bien à combien cette valorisation tombera quand les bilans de la société seront audités correctement en vue d’une IPO.

    PS : ça me rassure de savoir que vous utilisez encore Gmail, RSS et Yahoo (moi aussi).

  15. Pour information, les modeles chinois copies de facebook ont quant a eux reussi a monetiser un succes quasi similaire:
    Voir kaixin et renren
    – une page fan venant d’une entreprise est payante
    – le developpement d’application passe obligatoirement par eux et …c’est payant
    -…
    Je vous invite a chercher leur profitabilite.

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