En ce moment la blogosphère qui s’intéresse au sujet de la mobilité est en ébullition suite à l’affrontement juridico-commercial entre Google, Acer et Alibaba (La domination d’Android menacée par les cloudphones et Aliyun ?). Même si cela peut sembler insignifiant à l’échelle du commerce mondial, je pense que cette échauffourée est en quelque sorte la bataille de Verdun numérique du XXIème siècle, à savoir l’affrontement de deux superpuissances sur un “petit” champ de bataille.
Voilà un petit bout de temps que la Silicon Valley et Wall Street surveillent du coin de l’oeil la montée en puissance inexorable des acteurs du web asiatique. Tant que cette ascension ne dépassait pas les frontières asiatiques, il n’y avait pas de quoi s’inquiéter. Sauf que le tigre Alibaba commence à se sentir à l’étroit dans sa cage et qu’il commence à le faire sentir. D’où une levée de boucliers qui marque le premier round d’un combat qui s’annonce titanesque entre le GAFE occidental (Google, Amazon, Facebook, Ebay) et le BAT chinois (Baidu, Alibaba et Tencent).
Alibaba, le géant du commerce en ligne chinois
Des trois acteurs majeurs du web chinois cités précédemment, Alibaba est certainement celui dont la réussite est la plus spectaculaire : près de 4 MM$ de C.A. pour un bénéfice supérieur à 1,2 MM$ (How Big Will Alibaba Group Become? Over $150 Billion by 2016). Des chiffres dignes de Facebook pour une activité diversifiée et bien plus pérenne que ce dernier dont les prévisions de croissance ne font plus rêver personne. Fondé au siècle dernier, le groupe Alibaba a bâti sa fortune sur sa place de marché et petit à petit rajouté des activités complémentaires plus ou moins centrées sur le commerce en ligne.
Le groupe s’organise ainsi autour d’une petite dizaine de sites web :
- Alibaba, la place de marché BtoB qui fait référence dans le monde ;
- 1688, une place de marché locale pour les PME et TPE ;
- Taobao, une place de marché entre particuliers (l’équivalent de Ebay) ;
- Tmall, un portail marchand (l’équivalent de Amazon) ;
- Etao, un moteur de recherche marchand (l’équivalent de Google Shopping) ;
- Juhuasuan, un site d’achat groupé (un concept qui fonctionne encore très bien en Chine) ;
- Alipay, un service de paiement en ligne (l’équivalent de Paypal) ;
- Koubei, un portail localisé, ancien Yahoo! China, qui donne accès à des news et promos locales (à mi-chemin entre Groupon et Yahoo!) ;
- Laiwang, un réseau social mobile assez proche de Google+ ;
- Alisoft, un éditeur de logiciels et d’APIs ;
- Alicloud, un fournisseur de solutions de cloud computing (l’équivalent EC2 d’Amazon)
- Aliyun, un système d’exploitation mobile pour smartphones (l’équivalent de l’OS du Kindle Fire, dérivé de Android).
Force est de constater que si l’on met tous ces sites web et services bout à bout, cela forme un tout terriblement efficace. Certes, Alibaba est encore un agneau sur le terrain des médias sociaux comparé à des géants comme Sina Weibo, RenRen ou Qzone, mais ils ont les moyens de s’imposer sur ce créneau. Vous pourriez me dire que les chinois ne sont pas réputés comme étant des innovateurs dans le domaine des services en ligne (China’s Renren social network copies Facebook Timeline), mais il faut bien leur reconnaitre une capacité un délivrer tout à fait exceptionnelle. D’autant plus qu’ils bénéficient du soutien du gouvernement (Baidu, Alibaba And Tencent Receive Million Of Government Subsidy In Cloud Computing).
Alibaba se révèle donc être une authentique némésis pour les géants occidentaux de l’internet. Pire, Alibaba n’est qu’un des trois acteurs majeurs du web chinois. Ces derniers affichent également une réussite flamboyante (Baidu and Tencent Are Now Worth More Than China Telecom and China Unicom) et lorgnent également sur le secteur du commerce en ligne (Open Sesame for China’s E-commerce Brand Alibaba. Baidu, Tencent next?).
Un patron à l’ambition sans limites
À l’origine de la réussite de Alibaba, il y a Jack Ma, entrepreneur de génie qui s’inspire ouvertement de Jeff Bezos (le fondateur d’Amazon) tout en revendiquant son héritage culturel. Il a récemment bouclé une levée de fonds de plus de 8 MM$ pour pouvoir racheter les 20% de son capital encore détenu par Yahoo afin d’avoir le contrôle total de son groupe, et certainement de passer à une phase d’expansion beaucoup plus agressive.
Si la direction d’Alibaba a été décapitée récemment pour une histoire de malversation (Alibaba CEO and COO Step Down), Jack Ma se veut être un modèle de réussite dans son pays et est régulièrement cité comme l’un des patrons les plus influents d’Asie, où ses conseils sont religieusement écoutés par des hordes de fans (Alibaba: E-commerce Changes Lives in China, Talks About Social, Data, and the Future).
Preuve ultime de sa réussite, un film retraçant son parcours (Crocodile in the Yangtze) va sortir dans les prochains mois : New Film Chronicles How Jack Ma and Alibaba Beat eBay.
S’il est encore tôt pour chiffrer le risque que représente ce concurrent chinois pour les acteurs du web occidental, l’irrésistible ascension de l’empire de Jack Ma devrait en inspirer (terrifier ?) plus d’un. Surveillez vos arrières, car entre Alibaba et Rakuten, le paysage du commerce en ligne est en train de changer et les rapports de force Est / Ouest de s’inverser.
美好的一天
En somme tu veux dire qu’Amazon, Google et eBay font partie des 40 voleurs ?
@ Daniel > Non non, mais qu’une stratégie de réplication parfaitement exécutée peut vous rapporter des milliards de $, littéralement ! Blague à part, l’URL Alibaba.com vient bien de la légende d’Alibaba et de sa caverne.
ça fonctionne seulement pour les pays ou la population ne connais pas l’anglais en profitant de la barrière linquistique.
Normal qu’Alibaba se sente un peu à l’étroit avec des concurrents aussi puissant, c’est sur qu’il doit être limiter dans ces mouvements!
En fait, taobao (pour faire ses courses sur internet) marche super bien en Chine grâce à l’abondance de main d’œuvre locale. Je peux commander à peu près tout ce que je veux et me faire livrer en 2 jours maxi.
Certains de mes amis ont commandé récemment des fleurs, des glaces, des boules de pétanque (si si, en Chine :) ). Par ailleurs, si un article ne convient pas, on peut le redonner au livreur et se faire rembourser.
Comme sur eBay, les commerçants ont très peur des mauvaises évaluations et le service est généralement très bon.