La quatrième révolution industrielle n’est pas encore là

J’ai participé hier à une nouvelle édition des Social Drinkup, des rencontres régulières pour partager les expériences des uns et des autres sur le marketing numérique et les évolutions dans ce secteur. Le thème de la soirée portait sur l’innovation et la façon de la stimuler et mettre en oeuvre. Dans ce cadre, j’ai pu faire une rapide intervention sur le panorama des innovations. L’objectif de cette présentation était de faire le point sur tout ce dont on entend parler ces derniers mois, il y en a beaucoup, comme le prouve le Hype Cycle for Emerging Technologies du Gartner. Je ne vous cache pas mon agacement quant aux discours très optimistes des uns et des autres qui nous annoncent tous l’avènement de la quatrième révolution industrielle grâce aux objets connectés, à NFC, à l’impression 3D, à la réalité augmentée, aux agents intelligents… Bref, cette cacophonie ambiante m’exaspère, aussi j’ai essayé de tout rationaliser.

Cartographie des innovations technologiques
Cartographie des innovations technologiques

Le schéma ci-dessus répertorie les différentes innovations et les classe dans cinq grands domaines : interfaces 3D, IHM innovantes, intelligences artificielles, interactions locales et Internet des objets. Certaines innovations sont liées, à l’image des balises de proximité qui exploitent la norme Bluetooth 4.0. Toutes ces innovations ne sont par contre pas forcément pertinentes pour vous. Il est ainsi possible de filtrer ce panorama en fonction de vos objectifs (augmenter les ventes, améliorer la connaissance client, fidéliser, rendre service…).

De même, toutes ces nouvelles technologies n’en sont pas au même stade de développement. J’ai donc dévoilé hier soir une grille d’analyse permettant de comparer le potentiel disruptif de ces innovations en fonction de quatre critères : l’appétence du marché, l’intérêt pour les marques, la facilité d’apprentissage et la facilité de mise en oeuvre. Le système de notes est purement empirique, il a été fait à partir de mes observations, lectures et de conversations que j’ai pu avoir avec différents spécialistes.

Comparatif empririque des innovations technologiques
Comparatif empirique des innovations technologiques

Enfin, je me suis interrogé sur la viabilité de ces innovations en fonction de trois critères : la maturité des technologies employées, l’existence de standards et la présence ou non d’acteurs industriels pour soutenir telle ou telle innovation.

Évaluation de la viabilité des innovations technologiques
Évaluation de la viabilité des innovations technologiques

Avec ces deux grilles d’analyse, vous avez des premiers éléments de réponse pour y voir plus clair et faire le tri dans ces innovations. Car l’important est de prendre du recul et d’évaluer l’impact que ces nouvelles technologies peuvent avoir sur le parcours client (en quoi est-ce qu’elles le modifient ? Comment les exploiter pour multiplier les points de contact) et sur l’expérience utilisateur (lors des phases d’achat, de possession ou de renouvellement).

Donc au final, le mot d’ordre est de ne pas se précipiter pour tester telle ou telle nouvelle technologie, car elles ne sont pas encore stables, et car cela ne présente pas forcément un intérêt pour votre marque. Entendons-nous bien : je ne minimise en rien ces innovations, j’essaye simplement de vous expliquer que nous ne sommes vraisemblablement pas à la veille de la quatrième révolution  industrielle : tout ce qui est cité plus haut est lié à un usage plus intensif de l’outil informatique. Nous sommes donc encore en train de vivre la troisième révolution industrielle. Je ne suis pas futurologue, mais j’estime que les conditions ne sont pas encore réunies pour annoncer un réel paradigme de l’industrie. Pour cela, attendons de voir comment progresse la science sur des matériaux révolutionnaires comme le graphène, ou des sujets de pointe comme l’informatique quantique ou l’informatique moléculaire.

6 commentaires sur “La quatrième révolution industrielle n’est pas encore là

  1. Salut Fred,

    Pour assister à la quatrième révolution industrielle, encore faudrait-il avoir passé la troisième non ?

    On s’accorde tous, plus ou moins, pour dire que la troisième révolution industrielle découle de l’arrivée de l’informatique et d’Internet. Mais est-elle terminée ? Je ne pense pas. Au contraire.

    Qu’on parle d’objets connectés, de big data ou encore d’impression 3D, tout cela découle de l’informatique et d’Internet.

    N’en est-on tout simplement pas au tout début de la troisième révolution industrielle ?

    Ou mieux, n’assistons-nous pas à la première révolution numérique ?

  2. Oui nous sommes encore en plein dans la 3ème révolution industrielle (l’internet nous permettant d’exploiter au mieux les ordinateurs et leur déclinaisons avec les objets connectés). Et oui nous pouvons aussi appeler ça la première révolution numérique (un peu comme il y a eu deux chocs pétroliers).

  3. Mouais… il faut quand même se positionner dans une approche productive et organisationnelle pour parler de révolution industrielle, pas simplement dans des usages relatifs à des technologies (la mesure disruptive d’un produit sur un marché pose déjà comme principe l’idée de continuité d’ailleurs).
    Bon… je ne vais pas me lancer dans de longs discours, chacun son truc après tout, mais vraiment l’approche ici me semble erronnée et surtout tenter de se conforter dans l’idée que le business tel qu’on le connaît est une sorte de monstre sans historicité. Je sais qu’on a l’habitude de parler de révolutions industrielles que de très récentes. Personnellement je suis d’accord pour parler de 3è révolution industrielle, mais pour en considérer une au néolithique, une autour du 12è siècle (en Europe) et une à notre époque. Parce que sérieusement depuis la fin du Moyen-Age nous étions jusqu’à présent sur des dynamiques civilisationnelles très continues (même si très lentes).

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