Savez-vous faire miauler vos clients ?

Comme on dit chez moi : “l’attente c’est la moitié du plaisir“. Il faut croire que cet heureux possesseur d’un MacBook Pro avait attendu longtemps car tous ces petits miaulements et cris de plaisir sont révélateurs d’une immense joie :

Au-delà de l’aspect grotesque de cette vidéo, j’en viens à m’interroger sur le pouvoir que Apple exerce (en tant que marque) sur ses clients : plus qu’un culte ou une way of life, la ça devient limite obscène. Jusqu’à présent les marques de référence étaient des monuments comme Harley-Davidson ou BMW, mais il semblerait qu’Apple soit en train de définir un nouveau standard.

Connaissez-vous d’autres marques capables d’en faire autant ? (via Valleywag)

Amazon prêt à adopter une ligne éditoriale plus souple ?

J’ai reçu cet après-midi un email très sympa de la part d’Amazon :

Amazon_HarryPotter

 

Très sympa parce que ça fait toujours plaisir d’obtenir une réduction (surtout après coup), parce que cela améliore une expérience d’achat déjà très réussie et parce que pour cette occasion Amazon adopte une ligne éditoriale bien plus fantaisiste que celle utilisée d’habitude dans leurs emails. Rien à voir pourtant avec le fait que l’univers d’Harry Potter ne se prête pas forcément à ce genre de familiarité (les bouquins ne sont pas censés être drôles).
Je trouve ce genre de digression particulièrement audacieuse de la part d’un ancêtre du commerce en ligne qui a toujours conservé une ligne éditoriale très sobre et qui a fait du sérieux sa marque de fabrique.

Il n’y a guère que chez VW où l’on se permet de blaguer de la sorte… bon en tout cas moi j’approuve, et vous ?

Pourquoi je ne crois plus en Second Life

J’ai beaucoup parlé de Second Life ces derniers mois, il faut dire que c’est un sujet à la mode et les les grands journaux (de même que quasiment toutes les chaînes de télévision) ne s’y sont pas trompés : tout le monde y est allés de son petit reportage. J’ai lu beaucoup de chose et passé un certain temps dans Second life, mais malgré tout ce que j’ai pu y découvrir, mon impression est toujours la même : beaucoup de bruit pour rien.

Comme je me refusais à porter un jugement trop hâtif sur ce “joyau” dont tout le monde parle tant, j’ai rédigé des billets de vulgarisation (à quoi sert Second Life ?), et même même organisé des visites guidées et publié des guides pour initier d’autres personnes et pouvoir confronter mon point de vue. Mais je reviens toujours à la même conclusion : Second Life n’a pas de réel intérêt pour les annonceurs et les marchands ayant déjà une présence sur le web.

Les taux de croissance sont certes très encourageants mais j’ai la certitude que les trop nombreuses lacunes dont souffre Second Life vont venir asphyxier cet univers qui ne dépassera jamais la taille critique.

Une audience trop restreinte

Malgré les chiffres annoncés (plus de 4 millions d’utilisateurs en mars 2007), l’audience de cet univers reste tout de même très faible. En effet, qu’est-ce que 4 millions d’utilisateurs comparés aux 130 millions de pages MySpace ou aux 80 millions de comptes Habbo Hotel ? Des statistiques officieuses parlent d’à peine plus de 200.000 avatars actifs, vous conviendrez que c’est peu surtout sur un univers aussi vaste. Allez donc visiter les iles d’AOL, de Sony ou de Scion (pourtant parmi les plus connues) et vous éprouverez un terrible sentiment de solitude (particulièrement bien décrit ici : A tour of Second Life’s big empty).

Une prise en main laborieuse

Il faut beaucoup de motivation pour se lancer dans Second Life. Il existe en effet de nombreux points de friction et le parcours du débutant est plutôt laborieux. Si vous souhaitez vous lancer dans Second Life, il faut :

  • un ordinateur récent avec une bonne bande passante ;
  • créer un compte sur le site et laisser votre N° de carte bancaire (5 bonnes minutes) ;
  • télécharger et installer le logiciel (qui ne fonctionne toujours pas sous Vista) ;
  • personnaliser votre avatar (15 à 20 minutes) ;
  • assimiler l’interface et les commandes (10 bonnes minutes).

Ce calvaire infligé aux nouveaux venus à de quoi en décourager plus d’un ! Comparativement, une page MySpace (ou un Skyblog) se consulte en 1 seul clic et se crée en 2 minutes. De plus, d’autres univers virtuels sont beaucoup plus faciles d’accès car ils ne nécessitent pas d’installation (Habbo Hotel, Cyworld, Taatu…).

Et là, je ne vous parle même pas de créer votre premier objet !

Un moteur de recherche trop faible

Il faut avoir fait ses premiers pas dans Second Life pour se rendre compte que tout repose sur le moteur de recherche. Même si l’on se déplace en volant, l’univers est bien trop vaste pour le parcourir d’îles en îles. De ce fait, il faut se téléporter aux points d’intérêts qui sont listés dans le moteur de recherche. Et c’est là où les ennuis commencent : l’indexation est plus qu’approximative et les listes de résultat extrêmement pauvres. Essayez par exemple de trouver les fameux bijoux de Dior…

De plus, de nombreux résidents peu scrupuleux s’en donne à cœur joie pour faire du référencement abusif (en squattant certains mots-clés). Difficile pour une marque de contrôler sa visibilité dans ces conditions. Viennent en plus s’ajouter les problèmes de contrefaçon. Il existe bien des solutions de recherche alternatives comme SLQuery, mais elles sont encore loin de pouvoir combler les lacunes du moteur de recherche natif.

Et là, je ne vous parle même pas des problèmes de téléportation où vous vous retrouvez coincé sous la route ou dans l’eau !

Des mécanismes marchands archaïques

Acheter dans Second Life n’est pas une mince affaire. D’une part parce que faire du shopping dans un environnement 3D est très déroutant (essayez donc de choisir un T-shirt chez American Apparel), d’autre part, changer des euros en Linden Dollars est un peu… intimidant (ça marche une fois sur deux et vous n’êtes crédité que le lendemain). En comparaison, dans Habbo Hotel il suffit d’envoyer un SMS pour obtenir des crédits de façon quasi-immédiate.

Mais là n’est pas le pire : quand Second Life a été créé, les concepteurs souhaitaient faire de cet univers le paradis des artisans et des créateurs. Tout utilisateur est potentiellement un micro-entrepreneur, libre à vous de créer et vendre des objets ou de proposer vos prestations. De ce fait, acheter dans une boutique revient à faire un échange de main à main avec le patron. Alors oui, c’est ce que nous faisons tous les jours avec les commerces de la vie réelle, mais à plus vaste échelle c’est contraignant. Acheter un produit de marque et devoir payer un avatar avec un nom imprononçable, entre nous, ce n’est pas très sérieux…

Une économie bien fragile

Un article du blog Capitalism 2.0 (The Linden dollar Game) m’a fait ouvrir les yeux sur un phénomène bien étrange : comment se fait-il que le cours du L$ soit resté à peu près stable ces 6 derniers mois alors que la population a quasi doublé ? Par quel miracle cet univers est-il préservé de la sur-inflation alors que tous les ingrédients sont réunis (forte croissance démographique, surexposition médiatique, spéculations immobilières… voir à ce sujet mon précédent billet : Le retour de la bulle spéculative) ? Tout simplement parce que Linden Lab (la société mère) fait des efforts conséquents pour stabiliser artificiellement l’économie de son univers (notamment en injectant régulièrement de l’argent).

En gros, ils créent de la liquidité en faisant tourner la planche à billets. Quand c’est une grande nation qui a recours à cette solution, pas de problème puisque des organismes comme le Fonds Monétaire International ou la Banque Mondiale veillent à ce qu’aucun dérapage ne se produise. Mais quand c’est une société privée aveuglée par ses taux de croissance et les feux des projecteurs, c’est nettement plus inquiétant. D’autant plus que le L$ n’est pas une véritable monnaie, c’est un moyen de micro-paiement alternatif (un peu comme les colliers de boules blanches du Club Med).

En fait, la situation va réellement devenir inquiétante quand Second Life sera sorti de cette surexposition médiatique et que les millions de curieux souhaiteront récupérer les quelques dollars ou euros changés en L$ (lors du creux de la désillusion), Linden Lab sera obligé de racheter sa propre monnaie en grande quantité sinon le cours va s’effondrer.

Le seul moyen d’éviter cette crise économique virtuelle serait de maintenir le taux de croissance à son niveau actuel, ce qui nous amènerait à une population de 45 millions d’avatar à fin 2008 (hypothèse hautement improbable au vue des lacunes évoquées plus haut).

Faut-il oublier Second Life ?

Non pas forcément, Second Life reste jusqu’à preuve du contraire une formidable machine à générer du buzz. Donc si vous (ou votre marque) avez besoin d’exposition médiatique, alors précipitez-vous ! Mais vite car il ne reste que quelques mois (semaines ?) avant que la surexposition médiatique se tarisse.

En ce sens, Second Life est un peu comme la Coupe du Monde ou les Jeux Olympiques : on ne s’y intéresse que quelques semaines, mais quelle formidable opportunité ! Il n’y a néanmoins pas de règle préétablie et la pertinence d’une présence dans Second Life (en l’état) doit se gérer au cas par cas.

Après cela, l’univers de Second Life n’est pas forcément condamné. L’équipe de Linden Lab peut réussir à compenser toutes les lacunes précédemment citées. Ouvrir le code de son produit représente une partie de la solution, reste encore un travail considérable à accomplir pour assainir ce bazar. Je ne suis pas en train de dire que c’est impossible, mais juste qu’il faudra beaucoup de temps et d’énergie, et donc de l’argent ! Mais où vont-ils le trouver ?

OK, mais alors on fait quoi ?

Partant du principe qu’il existe quantité d’autres moyens d’augmenter la visibilité d’une marque ou de créer du trafic, pourquoi prendre autant de risques ? Pourquoi dépenser autant de temps et d’énergie à spéculer sur Second Life ? Les interfaces riches couplés à de la vidéo en ligne permettent de reproduire des ambiances tout autant immersives, mais avec des mécaniques marchandes bien mieux rôdées.

Nous sommes dans une période de grands changements et anticiper les évolutions des univers virtuels est un exercice délicat. Je m’y suis déjà risqué, mais je préfère vous prévenir, il n’y a rien de garantie dans ces prévisions : Hypothèses d’évolution pour les univers virtuels.

Conclusion

Second Life est un peu comme le Far West : immense, sauvage, dangereux et fascinant. Le problème c’est que la conquête de l’Ouest a commencé depuis longtemps et qu’ il fallait faire partie des premières caravanes de pionniers.

27 mars : la journée nationale du web 2.0

Je déclare la journée du 27 mars prochain Journée Nationale du Web 2.0. Vous pouvez ainsi, si vous le souhaitez, participer non pas à une mais à deux conférences sur le sujet :

Comme le hasard fait bien les choses, je vais intervenir à ces deux conférences :

Qui va y participer ?

Mini Cooper S : une campagne multicanal numérique

Les campagnes multicanal vous connaissez ? Mais si enfin, ce sont ces campagnes qui sont diffusées sur plusieurs supports : TV, print, affichage et web. Je souhaite vous faire découvrir ce matin un nouveau type de campagne : la campagne multicanal numérique avec une diffusion sur le web, sur YouTube (devenu un média à part entière), sur messagerie instantanée et sur Second Life.

Et c’est Mini USA qui ouvre le bal (enfin c’est la première du genre que je vois). Le dispositif prévoit ainsi :

  • un site dédié (Hammer & Coop) avec une mini-série mettant en scène un personnage loufoque (Hammer) ;

Mini_Hammer

  • des vidéos des épisodes de cette série qui sont diffusées sur YouTube ;
  • des icônes à l’effigie de Hammer à utiliser sur votre logiciel de messagerie instantanée, de même qu’un générateur de pseudo ;
  • une île dédiée dans Second Life où vous pouvez retrouver l’avatar de Hammer.

HammerCoop_SL

Le plus intéressant dans cette campagne est la capitalisation de la notoriété du personnage de la mini-série. A votre avis, vont-ils en faire une pub TV ? Un film ? (via Milions of Us)