Cela fait à peine 4 jours que Google Buzz est sorti, mais le tout nouveau service de Google affiche déjà une fréquentation record : 2 Days Of Buzz: 9 Million Posts And Comments. 200 Posts Per Minute From Mobile. And Security Fixes. Après avoir manipulé ce service, il est maintenant très clair que la cible visée n’est pas Twitter mais définitivement Facebook. Pas nécessairement le Facebook que nous connaissons (avec les applications) mais plutôt sa version allégée (Facebook Lite) ou encore FriendFeed.
L’intégration de Buzz dans Gmail est par contre un choix très structurant dans la dynamique sociale et le positionnement du service :
- Buzz repose sur le graph social de vos vraies relations, les personnes avec qui vous échangez le plus d’emails – pas des relations numériques (cf. Qu’est-ce qu’un ami ?) ;
- Le mariage forcé entre Buzz et Gmail provoque des effets de bords (pollution de la boîte de réception, problèmes de confidentialité : Google Buzz Has A Huge Privacy Flaw) ;
- Il n’y a pas de groupes ou de pages carrefour où les utilisateurs peuvent se croiser librement.
Tout ceci fait que Buzz n’est pas réellement proche de Facebook dans son approche des interactions sociales et sa dynamique communautaire (cf. Google Buzz Is Not A Facebook Killer). Quand on y réfléchit bien, Google Buzz est surtout un prétexte pour donner une très forte visibilité aux Google profiles.
La prise en main est donc déroutante pour ceux qui sont habitués à Facebook / Twitter et ne savent pas trop comment définir ce nouveau service (“messagerie à la sauce sociale“, “Gmail 2.0“, “Gmail + RSS“, “Wave pour les débutants“…). Nous pourrions faire un raccourci en disant que Google essaye de se créer sa propre catégorie pour pouvoir profiter de l’effet de levier de ses autre services. Autant l’objectif de Facebook a été d’extraire les internautes de leur messagerie pour les amener à n’utiliser que le portail (à grand renfort de notifications par mail), autant Google Buzz essaye de faire l’inverse : Extraire les internautes des plateformes sociales pour les ramener dans leur messagerie. La manœuvre est habile et arrive juste au moment où sortent les rumeurs de l’émancipation du système de messagerie interne de Facebook en service de mail. Je reste persuadé que l’objectif n’est pas de tuer Twitter ou Facebook mais plutôt d’équilibrer le rapport de force et surtout de prolonger la durée de visite sur Gmail.
Toujours est-il que ce nouveau service va avoir un effet pervers sur la fragmentation des commentaires : Google Buzz va accélérer l’éparpillement et la pollution des conversations. L’émergence de standards d’interopérabiltié entre ces différentes plateformes se fait de plus en plus sentir. Sur ce point précis Google Buzz semble avoir une longueur d’avance avec une très forte ambition autour des APIs disponibles. Finalement c’est en ce sens que Buzz est proche de Twitter : Devenir une sorte de couche de communication entre les différentes plateformes sociales.
Mais Buzz n’en est qu’à ses balbutiements et la liste des évolutions souhaitées par la communauté est longue. Si je devais me prononcer, j’en citerais trois :
- La possibilité de créer des comptes corporate (pour que les marques puissent s’exprimer de façon officielle sans passer par des utilisations détournées de profils perso) ;
- L’intégration de Buzz dans les Google Apps pour en faire un usage interne (l’équivalent de ce que fait Yammer ou le futur Sharepoint : Google Buzz: Forget Twitter, Microsoft’s SharePoint is a bigger target) ;
- Une fusion avec Orkut (et pourquoi pas Socialstream).
Donc au final je pense que Google Buzz est encore très loin de son potentiel réel. Pour le moment son lancement n’est qu’une manoeuvre défensive mais pourrait bien se transformer en une première brique d’un nouvel empire social made in Google.
Hummm, quand on lit ce qui se dit partout, Google subit surtout un BadBuzz, qu’il mérite amplement.
Bonjour et merci pour cet avis éclairé qui se distingue nettement d’autres avis que j’ai pu “croiser” du style j’aime, j’aime pas…
Le fait que les mails (factuels, informationnels) sont par le moyen du Buzz (en l’occurrence), associés à la possibilité de partager, d’échanger sur des sujets plus ouverts, moins rationnels avec des partenaires, des collaborateurs est plutôt bien vu.
En effet n’y a t il pas là un vrai potentiel comparé au tout “émotif/amitié” ou au tout “professionnel/relationnel” ?
Potentiel d’un couple mail-buzz qui permet l’émergence de la construction d’une culture d’organisation.
On voit deux tendances : la volonté de Google d’intégrer ces services en un seul lieu et quoi de mieux que Gmail pour le faire. C’est la tendance que suite déjà, à moindre échelle Yahoo! Mail. La deuxième tendance c’est la volonté pour Google de, enfin, trouver sa plateforme sociale. Les aventures précédentes dans ce domaine ont rencontré que peu de succès (Google Wave, Google Orkut, Google Lively, …). On voit la concurrence directe face à Facebook qui de son côté à la stratégie inverse en souhaitant venir manger sur les plats de bande de Google : rumeur autour d’un webmail @facebook.com et valorisation renforcée dans la nouvelle interface du Facebook Chat.
Un peu opportuniste ce buzz, il rétablit un peu l’équilibre mais assoit tjs plus le leadership Google. Anyway très intéressant cette analyse.
oops *intéressante
Deux choses peuvent compléter l’analyse:
– L’interaction avec Google Reader. Le partage facile d’information.
– Google Buzz en tant que brique manquante de Google Friend Connect. En effet, GFC manquait justement d’une plateforme sociale pour faire le lien entre les différents contacts/membres du site. Alors pourquoi pas Google Buzz?
A bientôt,
B
Bien sûr, avec sa galaxie de services, Google dispose d’actifs gigantesques dont la firme pourrait tirer de substantielles plus-values en se trouvant une vraie position sur le marché des réseaux sociaux. Mais si “le géant de la recherche” se contente de sortir des produits “bruts de code”, sans investir dans une vraie interface ludique, ergonomique… la liste des flops risque d’être encore longue avant l’adhésion massive par tous les publics d’un nouveau Google mainstream product. Buzz est triste, fade, il lui manque une âme.
Je crois que ce nouveau service va métamorphoser l’univers des réseaux sociaux. Mais je dois avouer, que la perte continue de vie privée ne m’incite pas à plébisciter Google Buzz.
J’ai le sentiment que cet outil va être réellement nocif pour une population néofite qui ne saurait maîtriser leur e-reputation et cloisonner leur vie privée et leur vie publique…
Donc une belle évolution technologique, mais quid de son impact sociologique.
Excellent ;-)
Article ajouté à ma revue du geeek :
http://www.geeek.org/post/2010/02/13/revue-des-blogs-220-:-une-liste-de-news-tres-geek-571.html
Ce sera sans moi, google commence à vraiment trop prendre le contrôle du web. Bientôt ils seront critiques comme microsoft en son temps.
“première brique” ? Hum… cela fait tellement de fois, entre les rachats et les sorties, que Google sort sa première brique d’un méta-réseau social qu’on finit par se demander s’ils ont vraiment envie de les assembler…et surtout s’ils ont une vision réellement cohérente de leurs ambitions à long terme
ce n’est qu’un regard purement extérieur et pas très informé sur ce qui se passe en interne, mais les sorties de produits Google ressemblent de plus en plus à ce qui reste le talon d’achille de Microsoft : des équipes aux talents divers, mais très isolés les unes des autres, et qui ont un mal fou à s’accorder pour amener une réelle cohérence d’entreprise.
perso j’ai “buzzé” 2 fois, et j’ai désactivé l’option.
stop au tout google, résume pas mal ma pensée, et celle de plus en plus d’internaute..
Enfin buzz comme wave n’est pas abouti, est sorti trop vite, et comme tout produit immature passe de la case wahou à useless en 2j.