Les géants de l’internet s’affrontent pour imposer leur commerce OS

Celles et ceux qui suivent de près l’actualité du commerce en ligne n’ont pas pu ignorer les récentes annonces des géants de l’internet : rachats, nouveaux produits, améliorations… En à peine deux ans, le paysage de l’internet, et plus particulièrement du commerce en ligne, a radicalement changé. L’enjeu de ces manoeuvres pour les géants de l’internet est de s’imposer comme l’acteur leader en matière de commerce en ligne, ou plutôt en matière de solutions et services en rapport avec le commerce en ligne. Avec cet article, je vous propose de faire le point sur les acteurs à la lutte.

Amazon, Ebay, Adobe et Google à la lutte, IBM et Microsoft à la traîne

Même si l’écosystème du commerce en ligne est composé d’une infinité d’acteurs, je me contenterais de faire un récapitulatif de la situation pour les quatre principaux. Si ces listes ne sont pas exhaustives, merci de me le signaler dans les commentaires.

Commençons avec Amazon, le leader historique du commerce en ligne qui propose les services suivants :

  • Des APIs pour pouvoir exploiter se base de données de produits ;
  • Une série de boutiques thématiques sur les produits de puériculture (Diapers), de soin (Soap), les chaussures (Javari),  les jouets (Yoyo), les produits pour animaux (Wag)…

    Le site de produits d'hygiène d'Amazon
  • Une marketplace pour les “petits” vendeurs et commerçants qui ne veulent pas ouvrir leur propre boutique en ligne, de même que l’offre logistique qui va avec ;
  • Amazon Checkout, une solution de paiement déportée pour les marchants, mais aussi pour les clients (Amazon Payments) ;

    La solution de paiement d'Amazon
  • EC2, une offre de cloud computing très robuste pour acheter de la ressource informatique à prix très compétitif ;
  • La gamme Kindle de e-readers et tablette pour distribuer (commercialiser) des contenus numériques.

Poursuivons avec Ebay, autre acteur historique qui propose lui aussi une large offre de services au travers de sa plateforme x.commerce :

  • Une gigantesque marketplace ouverte aux particuliers et aux pros (ainsi que des APIs pour l’exploiter), des portails comme Shopping et des sites verticaux comme Automobile.fr ou Half ;

    Le portail de vente d'automobiles d'occasion de Ebay
  • Paypal, la solution de paiement ainsi que son offre Paypal Express Checkout pour les e-commerçants ;
  • GSI et Magento, deux fournisseurs de solutions de création de boutique en ligne et de délégation ;

    La solution de commerce en ligne Magento
  • Hunch, un moteur de recommandations reposant sur le principe de graphe d’intérêt, de même que d’autres startups rachetées ces derniers mois comme RedLaser (application mobile pour scanner les codes barre) ou Milo et Where (shopping local).

    Le moteur de recommandations Hunch

Changeons d’univers avec Adobe qui propose également un certain nombre de choses :

  • Scene7, des briques technologiques pour valoriser et personnaliser vos produits ;
  • Omniture, un fournisseur de nombreuses solutions allant de l’analyse d’audience au ciblage comportemental ;

    L'offre Omniture d'Adobe
  • Business Catalyst, la solution de création et d’hébergement de boutiques en ligne.

    La solution de commerce en ligne Business Catalyst

Terminons avec Google et ses très nombreux services :

Face à cette pléthore de services, des éditeurs comme IBM, Microsoft, Vignette ou ATG font pâle figure (euphémisme). Certes, il existe toujours une infinité d’acteurs encore indépendants (dont Prestashop, notre fierté nationale), mais la comparaison est tout de même difficilement soutenable face à quatre acteurs leaders cités plus haut.

Un enjeu d’intégration

Les e-commerçants ont à leur disposition un ensemble de services et de briques fonctionnelles / techniques pour faire tourner leur boutique et gérer le quotidien. Je pense ne pas me tromper en disant que l’important n’est pas de choisir les briques les plus performantes, mais de disposer d’une plateforme cohérente qui puisse faciliter le quotidien des e-commerçants plutôt que leur compliquer.

Mon raisonnement repose sur le postulat suivant : mettre en place et exploiter une boutique en ligne implique la prise en charge d’un grand nombre de tâches de base (sourcing, gestion de la gamme, animation commerciale, logistique, relation client…). Plus vous passer du temps sur les interfaces de gestion des briques technologiques, et moins il vous en reste pour assurer ces fameuses tâches de base. D’où l’intérêt d’opter pour des solutions intégrées qui proposent une interface unique, ou du moins qui limite le nombre d’interfaces. Il existe des offres d’hébergement de boutique en ligne comme Oxalis, 42Stores… qui vous promettent l’interface unique, mais pour moi l’intégration la plus poussée était atteinte avec l’offre de GoodBarry (qui a depuis été fondue dans Business Catalyst).

L’enjeu pour les géants de l’internet va donc être d’intégrer le plus grand nombre de briques et services possibles sur leur plateforme pour “verrouiller” les e-commerçants et de leur proposer un maximum de prestations payantes. Je ne me risquerais pas à commenter la pertinence de telle ou telle offre, je constate simplement que les pièces sont en train d’être mises en place sur les échiquiers de chacun pour imposer sa plateforme comme le commerce OS de référence.

Le marché est déjà ultracompétitif sur le web, nul doute que les places les plus intéressantes sont à prendre sur les canaux alternatifs (médias sociaux, mobiles…). Et à ce petit jeu là, l’acteur le mieux placé est… heu… c’est qui déjà ?

9 commentaires sur “Les géants de l’internet s’affrontent pour imposer leur commerce OS

  1. Bonjour,

    Merci pour cet article très intéressant.
    Je vous rejoins sur la nécessité de passer le moins de temps possible sur les interfaces.
    Et de garder du temps et du budget pour promouvoir la boutique en elle-même.

    Vous parlez de notre fierté nationale Prestashop, et je voulais pour faire connaitre une autre fierté nationale : Uuneek.
    Cette solution éditée par la société FLyDesigners (basée à Nantes) permet de lancer une plateforme marchande en 7 jours. De plus, la solution gère le paiement sécurisé, la logistique, le SAV et la promotion.
    La base est un site marchand classique mais le ‘+’, c’est qu’automatiquement le site marchand est encapsulé dans votre page FAN Facebook avec paiement dans Facebook, et automatiquement adapté au mobile.
    Exemple :
    site classique :
    http://shop.andreejardin.fr/fr/
    Shop dans Facebook :
    http://www.facebook.com/pages/Andr%C3%A9e-Jardin-BROSSES-DE-TRADITION/100530700013604?sk=app_120642031356612

    Je ne crois que cela existe ailleurs. En tout cas, je n’en ai pas vu.

    Olivier

  2. Que pensez-vous de Hybris svp ? J’en entends parler, en bien, en mal, en gain et en perte de comptes… Mais que vaut vraiment cette solution ?

    merci

  3. @ SuperGégé > Pareil, Hybris est une machine de guerre à l’image de Radian6 (aussi sophistiqué que complexe à installer / paramétrer / exploiter).

  4. Bonjour,

    Merci pour cet excellent article qui souligne très bien les différentes possibilités offertes aux marchands. Pour essayer de regarder les choses avec du recul, il est souvent utile de se projeter dans le passé. Le passé dans le commerce, c’est le monde réel.

    Dans le monde réel, on retrouve bien les boutiques physiques, avec une enseigne, une valeur de pas-de-porte et de fonds de commerce. Elles correspondent aux boutiques en ligne sur le Net.

    Dans le monde réel, certains commerçants vont au marché. C’est toujours un double problème pour eux, car il leur est difficile d’avoir le don d’ubiquité (donc ils doivent en général choisir soit de faire les marchés quand leur boutique est fermée, soit de ne faire que les marchés) et ils ne peuvent généralement pas transporter toute leur offre sur le marché (le brocanteur par exemple, ne vient qu’avec sa sélection). Etre présent sur un marché permet de bénéficier d’une chalandise importante en contrepartie premièrement de frais (la patente), de générer un flux de business, mais pas de capitaliser sur un fonds de commerce. Il est important de noter qu’aucun commerçant n’est présent que sur un marché ou une seule brocante.

    Toujours dans le monde réel, il existe les ventes dites « Tupperware » qui possèdent un côté viral.

    Il me semble que le monde Internet doit s’inspirer de cela et l’améliorer. Ce qui signifie n’enlever aucun bénéfice de la vie réelle et ajouter des bénéfices découlant de la virtualisation de l’acte de présence ou d’achat.

    1. La boutique en ligne est le fonds de commerce. C’est là qu’un potentiel acheteur de fond va retrouver les valeurs classiques : la marque à travers le nom de domaine, la base clients, les fournisseurs de produits, les grands chiffres de ROI. C’est la valeur capitalisée de l’e-commerçant
    2. La présence sur les places de marché est indispensable et la virtualisation supprime les deux inconvénients : il est possible d’être présent à la fois sur la boutique en ligne et sur les places de marchés, l’ensemble de l’offre peut être diffusée sur l’ensemble des places de marchés. Mais il est important de noter que si dans la vie courante aucun commerçant professionnel n’est présent sur un unique marché (sinon on parle de particulier et de vide grenier), sur Internet il est totalement illogique pour un professionnel de limiter sa présence à une unique place de marché. Une boutique dans une place de marché c’est comme un corner chez Leclerc ou aux Galeries Lafayette, c’est un complément et il en faut plusieurs.
    3. Les ventes Tupperware d’hier, c’est FaceBook aujourd’hui. Les gens ne vont pas obligatoirement acheter des Tupperware durant la vente (sauf si l’incitation est appropriée), mais l’environnement social va établir un certain niveau de confiance et d’intimité entre la marque et l’acheteur. Il y a-t-il beaucoup de ventes sur Facebook ? on peut répondre non sans se tromper beaucoup, mais à la question « est-il utile de présenter ses produits sur Facebook » on peut répondre oui à coup sûr.

    Ayant créé ma première solution de commerce en ligne en 1998, je connais bien GoodBarry. Leur concept était intéressant car il permettait au tout petit marchand de bien suivre la parcours de ses quelques petits clients. C’était un très bon point. Mais il me semble qu’ils ont raté le coche, sans doute à cause de leur intégration dans Adobe, du commerce connecté. Bien entendu il est possible de « liker » ou de « twitter » un produit, mais ce n’est pas cela qui fait du commerce social.

    Tout cela étant posé il me semble que la meilleure solution de commerce en ligne est celle qui permet au marchand de transposer au mieux le commerce en commerce électronique ou commerce connecté.

    C’est ce que permet aujourd’hui une plateforme comme Oxatis. La vente sur la boutique bien entendu, mais aussi le pilotage des ventes sur des places de marché multiples avec synchronisation des stocks, la vente sur Facebook avec la mise à disposition de l’ensemble des données (comment imaginer qu’une boutique « sociale » dans Facebook puisse se passer d’éléments tels que les ventes croisées (les gens qui ont acheté ce produit aiment celui-là) ?

    Simplifier un monde Internet de plus en plus complexe qui offre à la fois de plus en plus d’opportunités aux marchands tout en leur présentant de plus en plus de challenges, ne jamais forcer le marchand à réduire ses opportunités de business, tel doit être le rôle d’une bonne plateforme de commerce en ligne

    Marc Schillaci

  5. Très intéressante mise en éclairage des récenbts achats des uns et des autres.

    On lira ussi avec profit le point de vue de Sven Lung, le fondateur de Brandalley , qui se veut LE grand magasin du web, multispécialiste.. et qui finalement propose aux marques quelque chose d’assezproche que ces plateformes mélangenat IaaS / SaaS.

    Il ajoute en plus une dimension multicanal qui est à mon avis sous-estimée dans cet article
    http://www.itrtv.com/video/439/guerre-demain-facebook-google-ebay-rabattre-trafic-internet-vers-trafic-physiqueinterview-sven-lung-brandalley.html

  6. Votre sapin ressemble au notre… Tout ce que j’aime, des petits personnages, de la feutrine, des étoiles et des sucres d’orge, tout de rouge et de blanc pour le grand nordman!
    Et un boutis que l’on sort à Noel sur le canapé, pour que le père Noel puisse faire une sieste comme imagine mon fils et Des cornets remplis de bonbons s’il a un ptit creux :-)
    Bonnes pré-fêtes … C’est la meilleure partie peut être parfois…

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