Si l’on devait résumer l’année 2011, je pense que l’acronyme SoLoMo serait le plus populaire. Même s’il est indéniable que les médias sociaux et les terminaux mobiles ont complètement modifié les habitudes, l’internet d’aujourd’hui ne peut se résumer à ces trois notions. D’une part, car toutes les disciplines du web forment un grand ensemble et parce que l’avenir de l’internet est aux contenus, pas au SoLoMo.
Toujours est-il que le web de 2012 est très différent de celui que l’on connaissait il y a à peine 5 ans (cf. À quoi ressemble l’internet en 2012). Pour vous en convaincre, je vous propose ce petit graphique qui illustre bien la montée en puissance des terminaux mobiles et la perte de suprématie du PC (cf. La fin de l’ordinateur individuel est programmée) :
Nous sommes en 2012 et les pratiques sociales et mobiles sont définitivement ancrées dans le quotidien des internautes. Des réflexes et habitudes qui vont être consolidés en 2012 au vu de la progression des ventes de terminaux mobiles (France : désormais autant de smartphones que de mobiles classiques, 1,55 million de tablettes vendues en France en 2011) et des plateformes sociales (Facebook to Hit a Billion Users in the Summer, 500 Millions d’utilisateurs de Twitter en mars ?, Google+ Service May Have 400 Million Users by End of 2012, YouTube hits 4 billion daily video views, Tumblr now serving 120m people…).
Vous ne surprendrez plus personne avec le SoLoMo
Le SoLoMo est un acronyme bien pratique, mais si vous limitez votre champ d’innovation à Facebook, Groupon et l’iPhone, vous avez très clairement déjà un train de retard. Pour être plus précis : Vous n’avez que très peu de chance de vous différencier si vous ne misez que sur les médias sociaux et les smartphones, au mieux, vous faites aussi bien que les autres, TOUS les autres. Il va de soi que les marques et éditeurs qui ne se sont pas encore lancés sur ces deux créneaux sont condamnés à moyen terme.
Le web de 2012 est plus complexe et sophistiqué que jamais. Le maintien ou la prise de part de marché est directement lié à votre capacité à comprendre les facteurs de transformation, à appréhender leur impact sur votre écosystème et à anticiper l’évolution des besoins et envies des utilisateurs. Ceci étant dit, intéressons-nous maintenant aux facteurs de différenciations encore sous exploités. Je me suis déjà exprimé sur les leviers d’innovation du web pour les cinq prochaines années et sur mes prédictions pour 2012. Je vous propose donc de recentrer le débat sur les trois créneaux d’innovation les plus porteurs pour les prochains trimestres.
ToDaClo = Touch + Data + Cloud
Loin de moi l’idée de jouer les vieux briscards, mais à mon époque, l’internet c’était pas pareil. Il faut bien reconnaitre que les internautes de 2012 ont une sacrée chance, car ils ont à leur disposition des sources illimitées de contenus, des espaces de discussion gigantesque, des terminaux ultra-perfectionnés qui tiennent dans la poche et même des lapins électroniques qui bougent les oreilles quand on leur envoie un email. Bref, l’internaute d’aujourd’hui est un internaute sacrément comblé, donc particulièrement dur à impressionner, émouvoir, interpeller… Il faut ainsi dépenser une énergie considérable ou avoir un sacré talent pour l’enchanter, comme dit Guy Kawasaki.
En matière d’innovation web, trois leviers me semblent particulièrement intéressants à exploiter (les interfaces tactiles, les données et le cloud computing) que je résume en ToDaClo (Touch / Data / Cloud). Pourquoi maintenant ? Parce que d’énormes progrès ont été faits récemment dans ces trois domaines. Ils offrent maintenant d’innombrables opportunités qui peuvent être saisies avec un minimum d’efforts et d’investissement.
Les interfaces tactiles pour réenchanter vos prospects et clients
Déjà très populaires l’année dernière, je suis fermement convaincu que 2012 sera l’année des tablettes. D’une part, car l’efficacité des interfaces tactiles n’est plus à prouver, d’autre part, car nous allons commencer à voir débarquer des tablettes subventionnées qui vont passer sous la barre des 200 €. Ne pensez pas avoir tout vu avec les tablettes, car elles sont très loin d’avoir délivré tout leur potentiel :
- Les interfaces tactiles offrent d’innombrables possibilités de réinventer des usages existants (Pourquoi les interfaces tactiles peuvent révolutionner l’industrie musicale) ;
- Elles permettent également de proposer de nouvelles expériences d’achat et de consultation;
- Elles sont parfaitement adaptées aux applications éditoriales ;
- Elles permettent de casser les conventions et de proposer des interfaces de productivité plus intuitives et surtout plus disruptives.
Tous ces exemples concernent les tablettes, mais vous avez également de nombreuses choses à faire avec les surfaces tactiles, notamment en point de vente avec des dispositifs complets de boutiques connectées comme cette Connected Retail Experience Platform :
Les données au service de la performance et de l’anticipation
Autre domaine à exploiter : les données. Entre les données générées par les internautes et celles mises à disposition par les collectivités (Open Data), il existe une masse colossale de données non-exploitées. Il y a potentiellement d’énormes gains de compétitivité pour ceux qui sauront collecter et exploiter toutes ces données.
Mettre en oeuvre le Big Data n’est pas une mince affaire, j’en conviens. Il y a ainsi plusieurs étapes à franchir pour acquérir de la maturité sur le sujet, identifier /collecter des données à valeur ajourée et en tirer des enseignements :
- Dans un premier temps de s’intéresser de près au comportement des internautes sur les médias sociaux, notamment au travers des interest graphs;
- De rapprocher ces données “marché” avec les données dont vous disposez en interne (How social media and big data will unleash what we know) ;
- De compléter ces jeux de données en ayant recours à des places de marché de données comme Socrata ou la Windows Azure Data Marketplace. HuaWei Marketing Plan
En matière de Data Intelligence, il n’y a qu’une seule règle : More Data. Plus vous aurez de données à votre disposition et mieux vous pourrez comprendre les besoins et contraintes de vos prospects / clients, développer des leviers de compétitivité vis-à-vis de vos concurrents et anticiper les évolutions du marché.
Le cloud pour vous libérer des contraintes
Je pense ne pas me tromper en disant que le cloud computing est maintenant une discipline mûre qui a définitivement conquis les DSI, mais quand est-il des autres ? C’est là où la maturité des offres de cloud prennent tout leur sens, car elles s’adressent maintenant à de nouveaux interlocuteurs : les directions marketing, les équipes de la relation-client, les collectivités, les individuels… Il existe ainsi des services de plus en plus sophistiqués et omniprésents dans notre environnement personnel et professionnel : Cloud Computing Taxonomy Map.
Au-delà de nous libérer des contraintes de stockage, d’archivage et de disponibilité, les nouvelles offres reposant sur le cloud ouvrent de nouvelles possibilités :
- Pour de nouveaux modèles de collaboration intermédiaires et des plateformes de collaboration plus occasionnelle comme le nouveau Do.com de SalesForce ;
- Pour le stockage et la diffusion de fichiers personnels sur de multiples terminaux comme le proposent Amazon, Google ou Apple ;
- Pour la consommation de jeux à la demande ou sur le principe d’abonnement comme chez Onlive ou sur la nouvelle BBox (Bouygues Telecom se lance dans le cloud gaming) ;
- Pour le stockage et la diffusion de musique (Spotify, Google Music…)
J’imagine que vous connaissiez déjà ces services. L’important n’est pas de proposer votre propre offre de cloud, mais de concevoir les offres qui vont exploiter ces services. À ce titre, la plateforme d’applications de Spotify me semble être une authentique mine d’or pour cibler les internautes en fonction de leurs playlists ou de leur humeur.
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SoLoMo et ToDaClo sont donc des moyens mnémotechniques bien pratiques pour expliquer simplement les facteurs de transformation de l’internet d’aujourd’hui et de demain. Ce sont des leviers d’innovation puissants, dont la portée et la valeur augmentent en les combinant. Mais ces leviers ne se suffisent pas à eux-mêmes, leur mise en oeuvre doit s’accompagner de démarches d’accompagnement au changement et de mesure / ajustement (veillez bien à définir les bons objectifs et les KPIs qui vont avec).
Entendons-nous bien : nous parlons bien ici de vulgariser l’innovation web, car il existe de nombreux autres leviers qu’il était trop laborieux de lister ici. Je vous invite néanmoins à citer ceux qui vous semblent les plus pertinents dans les commentaires.
Très bien article,
J’adhère au ToDaClo
Merci :-)
Fred, je ne suis pas complètement d’accord avec toi même si j’adhère à la philosophie de ton article.
Sur le premier point de la différenciation sur le solomo, je rejoins ton point de vue sur le fait que ce terme a été maintes fois utilisé, par contre rares sont les marques/éditeurs à utiliser pleinement et efficacement ce concept dans son intégralité : social et mobile le plus souvent, mais rarement social + local + mobile. Par ailleurs, la part du CA généré par les boutiques en lignes sur support mobile VS support web ordinateur est plus proche des 10%. La marge de progrès à faire en ce domaine est donc conséquente si l’on se reporte à l’envolée des ventes de terminaux nomade. Les possibilités de différenciation sont donc très importantes.
Sur la proposition du concept de Todaclo. Il est séduisant. Mais juste un bémol sur le touch, les usages mettront du temps à s’accoutumer aux nouvelles possibilités offerte par les apps mobiles.
A date celles-ci sont moins utilisées pour les achats que les sites mobiles (soit l’usage classique de navigation web décliné sur un support nomade) en témoigne cette récente étude http://www.emarketer.com/Article.aspx?R=1008792, qui met en évidence qu’un seul mode de fonctionnement simple & efficace vaut mieux qu’une multiplicité d’approches, au final plus source de confusion que d’apport de réelle expérience.
Je dois être rétrograde… Bien que “technophile”…, mais le Cloud pour mon entreprise, moi, ça me fait peur. À l’idée qu’un concurrent puisse accéder au cœur de mon savoir-faire, ça me glace le dos !
Et puis, il y a le problème de la vitesse de connexion. On a pas tous et tout le temps de la 4G ou de la fibre…
Bref, c’est pas gagné.
Merci pour votre fabuleux travail.
salut,
super article merci beaucoup pour la quantité de liens passionnants et d’infos qui s’y trouvent. Je pense qu’effectivement les sujets ToDaClo sont au moins aussi importants pour la suite que le SoLoMo. L’un et l’autre ne sont pas en opposition d’ailleurs, mais se renforcent mutuellement.
merci encore, je vais continuer à explorer les liens de l’article. j’adore la courbe avec les ventes des différentes plateformes physique ! cela montre très bien la dynamique…
@ Arnaud > J’ai comme l’impression que tu te focalise sur le commerce, mais quid d’une marque qui ne vend pas en ligne ? Il y a de nombreuses opportunités pour les entreprises qui n’ont pas d’activité de retail : image de marque, satisfaction, support client… Mais sinon oui, il n’est pas trop tard pour se lancer dans le social et le mobile, par contre les primes aux premiers entrants ont déjà été distribuées !
@ Daniel > Je confirme que vous être rétrograde, mais peché avoué est à moitié pardonné ;-)
@ Lomig > Oui tout à fait, les deux se complètent.
Bonjour Fred et merci encore pour tes articles toujours très intéressants. Cependant je soulignerai tout de même que dans les prédictions 2012 il ne faut surtout pas négliger la place du Search en général.
Le Search reste la colonne vertébrale du SO LO MO mais également du TO DA CLO.
Les récentes hésitations de Google, la lente démocratisation des offres cloud et les problèmes de capacity liés au big data me font penser que nous ne sommes qu’au début d’un nouvel ère informatique.
Cette (r)évolution it qui passera, pour l’utilisateur, par les innovations liées au Search (Open data / Business Intelligence / Searchandizing /…).
Salutations
Effectivement Fred, je me suis concentré sur le ecommerce, car en matière de monitoring transactionnel (ecommerce, acquisition de lead, service client,etc..), les retours sont particulièrement éloquents sur les usages et les fausses bonnes idées.
Le débat est évidemment tout autre dès lors que l’on parle de monitoring relationnel (image de marque, expériences proposées…) et de données plus “quali” moins évidentes à collecter…
Ah qu’il est loin le temps où mon bon vieux Commodore 64 paradait dans les magasins. On se satisfaisait d’un moniteur monochrome, d’un volumineux lecteur de disquettes 5″1/4, …
Aurait-on pu imaginer que 30 ans plus tard toutes les technologies actuelles ?
Bien-sûr que non ! Tout ce que l’on voyait, c’était des voitures volantes, des combinaisons de l’espace, …
concept intéressant
Salut,
Encore un guru de l’e-marketing…. Même pas pu aller jusqu’au bout de l’article.
Dire que le pc (unité centrale + écran) est amené à disparaître sous sa forme actuelle n’a rien de surprenant. Quand on y réfléchi bien il n’y a rien de moins naturel à utiliser qu’un pc. Qu y a-t-il de plus ignoble qu’un clavier et une souris ? rien.
L’évolution du pc attendait juste une révolution grand public pour modifier son mode d’utilisation, sa forme. Internet est cette révolution. En revanche, niveau software, il faut bien comprendre que les langages de programmation que l’on utilise ont plusieurs décennies et qu’ils atteignent la limite de leurs domaines de compétences avec Internet. La prochaine révolution se fera au niveau du software.
La bise
Bonjour Fredéric et merci pour cet article, néanmoins je rejoins Arnaud sur la critique un peu hâtive de SoLoMo ou plutôt de juger le concept has been est exagéré: c’est le nom du concept qui est has been car archi utilisé jusqu’à la corde.
C’est un peu comme “justice sociale” en politique ! Utilisé depuis 30 ans mais tu remarqueras que nous n’y sommes pas encore :-)
Internet aujourd’hui comme tu dis ce n’est pas pareil, y compris au niveau des sources d’informations : il y a une somme d’articles et d’experts qui sont repris en boucle à toute vitesse et qui vide de sens un mot ou concept avant même qu’il ne soit réellement expérimenté.
Combien de sociétés/marques ont actuellement mis en place une stratégie ou même seulement des opérations SoLoMo de façon pertinente, ambitieuse, régulière?? 10% ?
Je sais que l’objectif ici est certainement de “sentir” les nouvelles tendances mais à vouloir toujours prévoir la prochaine tendance on finit par oublier d’appliquer l’actuelle :-)
Ajoutons-les, les unes aux autres et aidons les marques à tirer partie de chacune d’entre elles et partageons les bonnes expériences, ça me semble plus constructif au final.. non ?
bonne journée.
Olivier
TODACLO = best digital bullshit ever
TO = Mobile bien pensé (donc tablettes)
DA = stratégie de contenu, et c’est quand même pas neuf que c’est ZE enjeu des marques sur le digital
CLO = je te vends du cloud pour héberger les images du site que je t’ai déjà vendues :)
Je troll un brin, l’article est bon, mais je trouve quand même qu’à part le “cloud” qui est relativement neuf pour le lambda, les deux autres sentent un brin le réchauffé.
Impressionnée par vos vélocités sur ces sujets. Un grand merci pour ces échanges instructifs, pour moi (suis plus proche de la rame que de la tablette…) et de grâce go on !
En revanche, je dois également être trop dépassée mais le SoLoMo était pour moi un qualificatif d’individu pas un usage (autant je peux écrire l’individu est Social, il est Local et Mobile autant je ne vois pas le sens du Il est tactile, Il est Donné et CloudI). Me semble que l’individu parce qu’il est solomo utilise todaclo et dans quelques temps biométric’ peut être…
Félicitations, un article très très intéressant, peut-être que la gamification fait aussi partie de ces tendances ? Très joli panorama en tout cas :)
J’ai assisté à la Keynote de lancement d’Alfresco 4 hier, j’ai retrouvé cette vision dans leur outil. Passionnant !