Microsoft et Google rattrapent leur retard sur Apple

En à peine 5 ans, le paysage de l’internet a été complètement transformé. Ça, vous le saviez déjà. Si l’internet mobile est un sujet qui a commencé à émerger au siècle dernier, c’est bel et bien le lancement de l’iPhone en 2007 qui a été le point de départ d’une authentique révolution industrielle, culturelle et commerciale. Du fait de la prime au premier entrant, la domination d’Apple sur cette période est incontestable et écrasante : la qualité de fabrication, la simplicité d’usage et la maturité de l’écosystème iTunes ont littéralement anesthésié les géants de la mobilité (Nokia, Blackberry, Sony…) qui ne s’en sont toujours pas remis.

Nous sommes maintenant presque en 2013, et force est de constater que la machine à innover d’Apple est à bout de souffleiPad mini, la fin du miracle ? Incroyablement inspiré et terriblement efficace, le rouleau compresseur de Cupertino s’est maintenant enlisé dans des cycles d’itérations technologiques insipides et dans une recherche de la rentabilité ne souffrant d’aucune pudeur. La complexification de la gamme iPhone / iPad et les nouveaux lightning connectors (qui rendent les derniers modèles incompatibles avec les accessoires précédents) sont les preuves les plus flagrantes de la nouvelle politique de “conception orientée rentabilité” adoptée par Apple.

iPhone-iPad

Loin de moi l’idée de remettre en cause la réussite de ce hold’up industriel, car il a été magistralement exécuté. Mais si vous regardez en détail ce qui a été annoncé lors de la dernière keynote (et même des précédentes), il n’y a plus vraiment d’innovation, simplement une course à l’armement pour des processeurs toujours plus puissants et des écrans à la résolution toujours plus fine. Si cette stratégie commerciale a bien fonctionné jusqu’à présent, elle ne fait plus de miracle et de nombreuses critiques fort bien argumentées commencent à se faire entendre : 5 Reasons You Shouldn’t Buy An iPad Mini et Dear Apple: I’m Leaving You.

Le problème ne vient pas de la qualité des produits, car elle reste globalement supérieure à la concurrence, mais au prix. Un iPhone 5 coûte jusqu’à 850 €, tandis qu’il faudra compter plus de 400 € pour iPad Mini, là où la tablette concurrente de Google est affichée à 200 €. Formulé autrement : l’écart de prix entre les produits mobiles Apple et la concurrence n’est plus justifié, car si l’iPhone et l’iPad sont encore deux fois meilleurs, ils sont 3 à 4 fois plus chers. Plus inquiétant encore : s’il aura fallu 5 ans à Google et Microsoft pour mettre au point des offres alternatives à peu près crédibles, ils sont en train de s’implanter durablement sur des créneaux où Apple ne peut / veut pas lutter.

À l’échelle de temps de l’internet, 5 ans représentent une éternité. C’est pourtant ce qu’il aura fallu à Google et Microsoft pour reprendre le leadership sur la partie matériel, un domaine qu’ils avaient délaissé au profit de constructeurs dont les cycles produits n’étaient plus du tout en phase avec le niveau d’exigences du marché (revu à la hausse grâce ou à cause des produits Apple).

Une nouvelle tablette Surface et un Windows 8 unifié pour Microsoft

J’imagine que vous avez dû entendre et lire tout un tas de choses sur la décennie perdue par Microsoft. Pourtant, la firme de Redmond n’a pas ménagé sa peine pour se remettre en course et tourner la page de ses succès passés avec les ordinateurs individuels : Microsoft prépare l’après-PC avec sa tablette Surface. La tablette hybride Surface est donc la partie visible du nouveau Microsoft, une firme high-tech qui envisage maintenant l’outil informatique dans toute sa diversité : ordinateurs fixes, tablettes, smartphones, objets connectés…

Microsoft-Surface

Au coeur de cette révolution, il y a bien évidemment la toute dernière version de Windows, sortie il y a quelques semaines. Les changements y sont nombreux, notamment au niveau de l’interface, faisant ainsi grogner les utilisateurs n’aimant pas trop être bousculés dans leurs habitudes. S’il est encore tôt pour dire que cette huitième version de Windows est une réussite ou non, l’essentiel du travail semble avoir été fait en arrière-plan pour mettre au point un écosystème cohérent et partagé entre différents terminaux. Windows 8 s’accompagne ainsi de la sortie de Windows Phone 8, qui partage le même noyau (kernel en anglais). Je ne suis pas un spécialiste, mais les observateurs avertis s’accordent à dire que c’est un authentique tour de force, car ces deux OS proviennent de branches complètement différentes.

Si la Surface est le nouveau vaisseau amiral de la marque, avec un positionnement à mi-chemin entre tablette et ultrabook, la ligne de smartphones n’est pas en reste grâce à un partenariat très fort avec Nokia et d’autres constructeurs comme HTC pour proposer des machines très abouties.

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Si aujourd’hui Microsoft ne bénéficie pas de la même aura qu’Apple quand il est question de smartphones ou de tablettes, la firme de Redmond s’est donné les moyens de repartir sur des bases saines pour préparer une riposte d’envergure. Et c’est bien là où la domination d’Apple est en train de s’effriter : la marque à la pomme a investi tellement d’énergie dans le maintien de l’intégrité de son écosystème  pour verrouiller les bénéfices, qu’ils se retrouvent avec deux systèmes d’exploitation incompatibles (iOS et Mac OS) là où Microsoft semble avoir réunifié les siens (Windows et Windows Phone). Est-ce un problème dans l’immédiat pour Apple ? Non pas du tout. Est-ce un problème à horizon de 10 ans ? Oui tout à fait, car le processus de transformation du marché (usages et attentes) n’en est qu’à ses débuts.

Android, Now et gamme Nexus élargie pour Google

Concernant Google, une énergie considérable a été investie pour faire évoluer rapidement Android et pour sortir une gamme d’appareils mobiles performants : Nexus: The best of Google, now in three sizes. Si la prise de parts de marché des smartphones tournant sous Android a été pour le moins chaotique, les équipes de Google sont bien décidées à ne pas reproduire les erreurs du passé et se sont associés avec les plus grands constructeurs pour proposer trois produits de référence : les Nexus 4, 7 et 10 pouces. L’approche de Google n’est pas de proposer les produits aux caractéristiques techniques les plus avant-gardistes, mais de sortir des terminaux au rapport qualité imbattable. De ce point de vue là, la Nexus 7 proposée à 200 € est une réussite flamboyante.

nexus-devices

Outre la maîtrise du hardware et du software, Google semble mettre les bouchées doubles pour séduire les développeurs et faire de Google Play l’écosystème de référence pour les contenus numériques (applications, jeux, films, musique…).

Les ambitions de Google en matière de mobilité ne datent pas d’hier (Eric Schmidt les avaient déjà dévoilées en 2005), mais il leur a fallu un peu de temps pour recruter les bonnes personnes et synchroniser les équipes : Inside Android’s next wave: Building the Nexus 4, Nexus 10, and Android 4.2. Android est maintenant un rouleau compresseur lancé à pleine vitesse dont la maturité impressionne. Mais les efforts de Google ne s’arrêtent pas là, car leur plan d’ensemble ne s’arrête pas qu’aux terminaux. L’ambition de Google est de reprendre le leadership sur le hardware (la gamme Nexus), le software (Android), la place de marché (Play) et de lier le tout à l’écosystème Google (Google Now: behind the predictive future of search).

google_now_system

Google Now est donc au coeur de la révolution de Google, celle qui va faire basculer Google dans le XXIème siècle, la révolution du web sémantique (Knowledge Graph), des médias sociaux (Google+), des contenus numériques (YouTube, Music…), du cloud grand public (Drive, Chromebook) et de l’informatique d’entreprise (Apps).

Là encore, il a fallu un peu de temps aux différentes équipes de Google pour s’organiser et se synchroniser, mais les différentes pièces du puzzle s’assemblent beaucoup mieux maintenant. Et pendant ce temps-là, que fait Apple ? Il facture 30 € l’adaptateur de son nouveau système de câble (lighting connector). Une “stratégie” très rentable à court terme, mais qui ne les aidera pas à basculer dans le prochain paradigme des outils informatiques et de communication.

Lightning connectors et un iTunes vieillissant pour Apple

Comme précisé plus haut, Apple n’est pas vraiment en danger pour le moment, surtout au regard de ses parts de marché. Par contre, la marque à la pomme se retrouve maintenant dans une situation délicate avec deux OS parfaitement incompatibles et un écosystème qui repose sur une aberration anachronique : iTunes. L’empire d’Apple et ses revenus sont en effet issus d’un écosystème régi par un logiciel vieillissant. Lourd, fermé, extrêmement contraignant… iTunes est le boulet dont Apple va avoir le plus grand mal à se débarrasser. De nombreuses lacunes liées à iTunes n’ont toujours pas été résolues, notamment son incompatibilité avec le monde de l’entreprise ou la gestion catastrophique des utilisateurs multiples. Les efforts faits par Google et Microsoft pour livrer leur OS respectif avec un mode “enfant” sont ainsi un bel exemple des problèmes qu’Apple devra résoudre pour ne pas accélérer la perte de parts de marché.

Si je ne peux que reconnaitre l’excellence de la fabrication des produits Apple (iPhone 5, Macbook…), sont-ils réellement compatibles à grande échelle avec une économie en crise ? La concurrence occidentale (Google, Microsoft, Amazon…) et asiatique (Samsung, Asus, HTC, ZTE…) finira nécessairement par mettre à mal une société qui s’apprête à relever un nouveau défi (l’Apple TV).

Ceci étant dit, à quel risque Apple s’expose-t-il : une forte perte de parts de marché ? Soit, mais Apple a toujours été une marque de niche. Je considère ainsi le succès auprès du grand public de l’iPhone ou de l’iPad plus comme des accidents industriels qu’autre chose. La concurrence s’est maintenant remise en ordre de bataille pour reprendre les parts de marché qu’elle n’aurait jamais dû perdre. Une fois cette bataille livrée, il ne restera à Apple “que” 20 à 25% de parts de marché, soit sa zone de confort.

Nous sommes donc en train d’assister à la fin de la période de domination d’Apple. Une période qui leur aura permis d’engranger des dizaines de milliards de dollars de bénéfices. Une manne dont ils auront bien besoin pour opérer leur révolution et rattraper un retard en train de se former sur des chantiers de fond que Microsoft et Google sont en train de résoudre : fusion des OS, basculement des services dans les nuages, mise en place d’offres cohérentes pour les entreprises…

Les prochains mois vont être décisifs pour savoir si ce nouvel élan initié par Google et Microsoft leur permettra de développer des leviers concurrentiels suffisamment puissants pour convaincre les marchés grand public et d’entreprise. En attendant, je vais être particulièrement attentif à la nouvelle version majeure d’iTunes attendue pour les prochaines semaines…

Les leviers d’innovation du web pour les 5 prochaines années

J’étais le mois dernier invité à Montréal pour donner une conférence sur l’avenir du web (le support est disponible ici : A quoi ressemblera le web de demain). Un sujet périlleux, car il est toujours difficile de faire le bon dosage entre anticipation (les tendances qui vont se concrétiser l’année prochaine) et futurologie (ce que nous devions être en mesure de faire dans 10 ans si le rythme d’innovation se poursuit). Je me suis tout de même prêté volontiers à cet exercice de style, car les ingrédients du web de demain sont déjà là. Comprenez par là qu’en décortiquant les bons signaux, vous pouvez avoir une vision assez fiable de ce à quoi vont ressembler les usages en 2015.

Du web 1.0 au web 3.0

Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’en 10 ans, tout à changé… ou pas ! Si vous regardez dans le détail l’offre de deux piliers du web comme Amazon et Ebay, vous vous rendrez compte que les fondamentaux sont les mêmes. Certes, vous pourriez me dire qu’avec Facebook et Twitter nous sommes rentrés de plein fouet dans la révolution digitale, celle qui renverse les dictateurs et génère des centaines de milliards de dollars, mais vous pourriez aussi reconnaitre que la transformation du web s’apparente plus à un enrichissement. Comprenez par là que de nouveaux usages se développent, mais qu’ils se cumulent avec les anciens, du moins pour le grand public.

Je pense ne pas me tromper en disant que l’histoire du web s’écrit par cycles de 5 ans marqués par la domination d’acteurs sur-puissants. Les années 2000 ont ainsi été dominées par les portails (Yahoo, MSN, AOL…) qui concentraient l’audience avec une offre exhaustive de contenus et de services. Les années 2005 ont été marquées par la domination des moteurs de recherche et en particulier de Google avec plus de 80% de parts de marché (et un écosystème très dense qui vivait et vit encore des mots-clés). Les années 2010, dans lesquels nous nous trouvons, sont marquées par la domination des plateformes sociales et notamment de Facebook qui s’impose comme le poids lourd incontesté de sa catégorie avec 750 millions d’utilisateurs (cf. Rétrospective sur les 3 dernières années de Facebook).

Puisque nous évoquons l’histoire de l’évolution du web, impossible de faire l’impasse sur les grands stades d’évolution (aussi bien technologiques que d’usages) :

  • Le web 1.0 était surtout centré sur les documents, il a vu se généraliser des outils comme l’email, des acteurs comme les portails de contenu ainsi que le commerce en ligne ;
  • Le web 2.0 est centré sur les utilisateurs, il se caractérise par la généralisation des réseaux sociaux, l’avènement des contenus générés par les utilisateurs, les pratiques de social shopping et de nombreuses innovations autour des API et mashups ;
  • Le web squared sera centré sur les données, l’information y circule en temps-réel, les données sont agrégées dans des écosystèmes, qui sont rattachés à tous types d’objets (ombres informationnelles) et générées de façon mécanique (metadonnées implicites) ;
  • Le web 3.0 est encore un concept abstrait, mais on anticipe déjà des usages assistés par des agents intelligents qui exploiteront des contenus sémantiques, où les objets seront communicant et l’information pervasive (accessible depuis n’importe où).
Les grandes étapes d'évolutions du web

J’ai déjà eu l’occasion de m’exprimer sur ces différents stades d’évolution, donc je vous propose de nous intéresser aux facteurs qui vont accélérer la migration d’un stade à un autre.

Quatre leviers d’innovation stimulant de nombreuses pratiques disruptives

Les dernières années ont été riches en bouleversements et transformation des usages. Ces transformations ont été favorisées par de nombreux facteurs, mais il est possible d’identifier quatre leviers d’innovations qui ont bouleversé la façon dont l’information est véhiculée, dont nous consommons des contenus et services, dans nos habitudes d’achats, dans notre façon de collaborer :

  • La mobilité. Les chiffres sont éloquents : 5 milliards de téléphones mobiles, 400 M de smartphones, 40 millions de touchbooks. Les terminaux mobiles prennent une place toujours plus importante dans notre quotidien et vont bientôt dépasser les ordinateurs traditionnels. Non seulement ils nous permettent d’être connectés en permanence, mais ils nous montrent également une autre façon d’appréhender l’outil informatique.
  • Les pratiques sociales. Inutile de vous faire l’article sur l’importance que les médias sociaux ont pris dans les usages en ligne. Non seulement ils concentrent l’audience et l’attention des médias, mais également les budgets publicitaires. Ils modifient également nos attentes et nos comportements d’achat. La rupture sociétale qu’ils induisent a même poussé les médias traditionnels à revoir leur modèle.
  • Le cloud compting. Là encore, je ne souhaite pas me lancer dans une nième explication des impacts et bénéfices de l’informatique distante. Après plusieurs années de croissance spectaculaire, les offres gagnent en maturité et sophistication et nous permettent de nous libérer de nombreuses contraintes.
  • Les données. Avec la banalisation de l’accès à internet et des outils de publication toujours plus simples et performants, il va être créé près de 1,8 zettabytes de données rien qu’en 2011. Un chiffre abstrait pour la plupart d’entre-nous mais qui illustre les dimensions d’une mine d’or encore largement inexploitée.
Les 4 leviers d'innovation du web de demain

A partir de ces quatre leviers, et en les combinant, il est possible d’isoler un certain nombre de pratiques disruptives :

  • Mobile + Social = Géolocalisation. En combinant le nombre de smartphones en circulation et le levier social / communautaire, vous pouvez fournir aux internautes des contenus et services contextualisés en fonction de l’endroit où ils se trouvent et des amis et contacts qui sont passés par là (c’est le principe des placestreams, qui a fait le succès de Foursquare), les commerçants et enseignes de distribution en sont les premiers bénéficiaires.
  • Données + Cloud = Open Data. Les données renferment une très forte valeur ajoutée pour ceux qui savent les interpréter intelligemment et qui exploitent des plages de données suffisamment grandes (notion de Big Data). Les institutions, municipalités, acteurs territoriaux et gouvernements possèdent des masses considérables de données, mais ne les exploitent pas forcément. L’Open Data consiste donc à mettre à disposition dans les nuages des données publiques. L’idée derrière ces initiatives est de permettre aux acteurs qui en ont l’ambition d’exploiter ces données pour en extraire des tendances, des corrélations et de pouvoir ainsi anticiper l’évolution du marché. Pour vous donner un aperçu, je vous recommande de tester Google Correlate.
  • Données + Social = Graphes d’intérêts. Voilà de nombreuses années que les réseaux sociaux nous vantent les mérites de leurs graphes sociaux et de l’intérêt qu’ils représentent en matière de ciblage comportemental. Le problème est que dans un environnement social à forte exposition, les utilisateurs ne se comportent pas tout à fait de façon cohérente. Par opposition aux graphes sociaux (ceux que vous connaissez ou prétendez connaitre), les graphes d’intérêts se focalisent sur ce que vous aimez (ou ce que vous n’aimez pas) et sur les comportements adoptés par les personnes ayant les mêmes centres d’intérêt que vous. Il en résulte des moteurs de recommandation bien plus pertinents et surtout auto-apprenant.
  • Cloud + Mobile = Personnal cloud. L’informatique distante envahie petit à petit le monde de l’entreprise et fait prendre conscience aux DSI tout l’intérêt de ne pas héberger sois-même ses données (disponibilité, archivage…) et de ne pas maintenir sois-même ses serveurs et applications (économie d’échelle, facilité de mise à jour et déploiement…). Les grands acteurs du web (Google, Amazon, Apple…) partent maintenant à la conquête du grand public avec des offres très attractives pour héberger vos emails, photos, musiques… Non seulement ces offres vous garantissent la pérennité de vos données, elles en facilitent l’accès quel que soit le terminal utilisé, mais elle leur permet surtout de facturer aux clients un service à vie (il est nettement plus rentable d’héberger un fichier MP3 que de le vendre). Google Music, Amazon Cloud Drive, iCloud, et toutes les offres d’acteurs spécialisées (Spotify, Flickr…) vont vous faire oublier votre disque dur.
  • Données + Mobile + Social = Quantified Self. Se connaitre au travers de vos données personnelles, telle est la promesse du Quantified Self qui s’appuie sur les terminaux mobiles pour les capter, sur des services à valeur ajoutée pour les monétiser et sur le levier social pour vous fidéliser. Nouveau phénomène social ou arme ultime de personnalisation des offres ? Il est encore trop tôt pour bien appréhender l’impact de ces pratiques, mais elles en disent long sur notre appropriation de l’outil informatique, des terminaux mobiles et des mécaniques sociales dans notre quotidien.

Cette liste est loin d’être exhaustive, mais elle illustre bien selon moi l’exploitation de ces quatre leviers d’innovation (mobile, social, cloud et données).

Quels défis à relever ?

Nous parlons bien ici d’usages disruptifs en avance de phase par rapport au marché, ils ne touchent que les innovateurs et les adopteurs précoces. Ceci étant dit, j’engage les annonceurs et fournisseurs de contenus / services à s’y intéresser de près, car ils préfigurent les opportunités de demain (sauf si vous vous contentez des mots-clés).

Pour pouvoir exploiter ces usages à votre avantage et bénéficier des opportunités qu’ils offrent, il convient de se mettre dans la bonne disposition d’esprit :

  • Réduire la fracture technologique. Encore une fois, nous parlons d’usages fortement novateurs et disruptifs, ne vous laissez donc pas impressionner par ces nouvelles technologiques dont certaines ne sont pas encore tout à fait au point. L’avenir appartient aux audacieux, si vous vous complaisez dans l’adage “ma grand-mère saura-t-elle le faire fonctionner“, vous n’irez pas bien loin (à moins d’être positionné sur le créneau du tricot,, avec tout le respect que j’ai pour cette pratique).
  • Ne pas avoir peur d’échouer. La culture anglo-saxonne célèbre l’échec comme une preuve d’audace (“Fail often, fail fast“), contrairement à la culture française qui le pénalise. Si vous vous contentez de jouer les suiveurs réactifs, vous ne parviendrez pas à saisir les meilleures opportunités. Tout est une question de dosage du risque.
  • Miser sur le long terme. Tous les nouveaux usages décrits plus haut sont encore très loin d’être adoptés par le grand public. Il en résulte des tailles de marché très réduites et une rentabilité incertaine. Si vous voulez être certain de gagner de l’argent, misez sur une hausse du prix du pétrole. Si vous voulez par contre vous positionner sur des usages avant-gardiste et véhiculer une image d’innovateur, tournez-vous plutôt vers ces usages prometteurs (tout en maitrisant l’investissement initial et les coûts d’exploitation).

Je conclurais cet article en rappelant une évidence : je ne suis pas devin, mais simplement un observateur averti. Si vous avez identifié d’autres tendances, n’hésitez pas à les partager dans les commentaires.

De la place des smartphones dans notre quotidien

Aviez-vous remarqué à quel point les smartphones occupent une place prépondérante dans notre quotidien ? Autant, vous auriez beaucoup de mal à vivre dans un monde sans téléphone portable, autant les possesseurs de smartphone dans mon entourage n’envisagent plus de vivre tous les jours sans ce formidable outil. Outil de quoi ? De télécommunication, mais également de bien d’autres choses. Et c’est là le principal atout des smartphones de dernière génération : ils font intégralement partie de notre quotidien et participent même à son amélioration. De nombreuses personnes de mon entourage avouent ne jamais éteindre leur smartphone, ils dorment à proximité.

Même si les smartphones ne concernent qu’1/4 des propriétaires de téléphones mobiles, ces usages vont petit à petit se diluer sur des téléphones moins sophistiqués mais qui s’améliorent avec le temps. (cf. Ne négligez pas les smartphones low cost). Outre sa fonction de valorisation sociale, le smartphone a su prouver au grand public son utilité, et le pire dans tout ça, c’est que nous n’en sommes qu’au début…

Le smartphone est le meilleur ami de l’homme (et de la femme) (et des ados)

Les smartphones existent depuis une dizaine d’années, mais l’iPhone, son catalogue d’applications et ses forfaits (quasi) illimités ont permis d’élargir considérablement le spectre d’utilisations (cf. Les smartphones vont-ils tuer les terminaux portables dédiés) :

Grâce aux smartphone, les utilisateurs restent en permanence connectés (à leurs proches, collègues et graphe social), ils ne sont plus perdus, ils ne s’ennuient plus (musique et jeux), ils sont omnipotents (m.wikipedia.fr) et mieux organisés (nombreuses applications de productivité)…

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Difficile de se passer de son smartphones, surtout que les occasions sont fréquentes. On dénombre ainsi de nombreux contextes d’usages privilégiés :

  • Au bureau ou en réunion (consultation d’emails et prise de RDV) ;
  • Dans les transports (musique) ;
  • Dans les files d’attente (jeux) ;
  • À la maison (recherches ponctuelles sur le web)…

Avec 350.000 applications disponibles sur l’App Store d’iTunes (et plus de 250.000 sur l’Android Market), il y en a pour tous les goûts et toutes les bourses. Toutes les cibles sont ainsi représentées : hommes, femmes, ados, enfants…

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Non seulement les capacités techniques des machines évoluent, mais la créativité des éditeurs d’applications va dans le même sens. J’ai ainsi été récemment bluffé par un jeu sur iPhone qui n’utilise que le son : PapaSangre. Mais outre les domaines ludiques, les smartphones vont petit à petit venir s’installer sur des territoires toujours novateurs.

Les nouveaux usages en mobilité

Avec la croissance fulgurante que le segment des smartphones est en train de vivre, le marché s’organise pour fournir un ensemble de services étendant encore plus l’utilisation que nous faisons des smartphones au quotidien.

J’ai déjà parlé des applications de réalité augmentée donc je fais volontairement l’impasse là-dessus.

Il y a tout d’abord une authentique explosion des applications de messagerie groupée, sociale et/ou locale. Kik était précurseur en ce domaine, mais cette application à fait de nombreux émules comme GroupedInBeluga, GoupMe… (cf. Mobile Messaging March Madness). Dans cette série, Yobongo sort du lot en offrant la possibilité de dialoguer avec un nombre limité de personnes qui sont situées dans le même périmètre géographique que vous. Un concept intéressant pour faire tomber les barrières sociales et vous forcer à interagir avec de nouvelles personnes (sur le même principe, il y a aussi Color dont on parle beaucoup : Color Looks To Reinvent Social Interaction With Its Mobile Photo App).

Nous avons ensuite les applications d’informations ambiantes auxquelles on accède grâce aux flashcodes : contenus (magazines), tourisme, commerce, jeux… il existe une infinité de possibilités d’association d’information à un produit ou un service (lire à ce sujet le très complet Future Of Mobile Tagging). La dernière initiative que j’ai retenue est QR4Wine, une base de données de vin doublée d’une plateforme marketing (promotion, fidélisation…).

QR4Wine

Même si vous n’avez pas de lecteur de flashcodes, des applications comme Google Googles fonctionnent sur le principe de reconnaissance de formes et de scènes. Mais nous pouvons aller beaucoup plus loin avec les nombreuses applications de reconnaissance faciale comme Viewdle : This is the Creepy, Super Cool Future of Smartphones and Social Networks.

Viewdle

Signalons également de gros progrès dans les échanges CtoC avec des acteurs historiques comme Paypal, mais aussi de nouveaux entrants comme Square. Outre un certain nombre de startups, l’arrivée sur ce segment d’acteurs industriels va bouleverser la donne : Banques (j’ai personnellement travaillé sur un projet très ambitieux), opérateurs de paiement (Visa Adds Person-to-Person Payments in U.S.) et opérateurs téléphoniques (La Banque de France a accordé à Buyster son agrément définitif) sont ainsi sur les starting blocks.

Les échanges monétaires entre particuliers est un marché prometteur, mais pas tout neuf. J’ai par contre récemment découvert Zaarly, un service innovant qui permet de faire des offres d’échanges de service spontanées et ponctuelles : Zaarly, Is This The Future of Mobile Money and Markets?.

zaarly

Derrière ce service, il y a bien plus qu’une application en ligne. La possibilité de solliciter son entourage géographique direct procure ainsi un sentiment de (relative) toute puissance : vous ne faites plus la queue, vous ne portez plus vos sacs… Une fois déployé à grande échelle, un tel service pourrait être un très bon cas d’école dans l’évolution de notre société et de notre rapport aux autres.

Signalons également toutes les expérimentations autour du paiement sans contact : Visa begins trialling iPhone NFC payment solution in Europe, Google’s NFC plan: data sharing, targeted ads, and discounts et NFC in 2011: Wells Fargo Tests Mobile Payments in San Francisco. Tous ces articles font référence à la technologie NFC (Near Field Communication), mais ne vous y trompez pas : les puces NFC ne sont qu’un composant technique nécessaire, mais pas suffisant (cf. Le smartphone deviendra-t-il notre moyen de paiement principal ?).

Dernier domaine d’application dont je voulais vous parler : la capture et l’analyse de données personnelles (autrement appelé Self Tracking ou encore Quantified Self). Vous connaissez déjà le pèse-personne connecté de chez Withings ou radio réveil qui mesure vos plages de rêve de chez Zeo. L’objectif de ces terminaux est de collecter de façon systématique vos données personnelles (sommeil, poids, activité sportive…) afin de suivre vos progressions quotidiennes (avec un principe de social coaching). Tout ceci est très intéressant, mais nécessite le recours à un terminal dédié qui se charge de collecter et transmettre la donnée.

Zeo

Les smartphones pourraient ainsi se substituer à ces terminaux et servir pour la collecte de vos données personnelles : sur des données “simples” (vous saisissez votre poids) ou des données plus complexes (en connectant un tensiomètre à la prise casque). La saisie pourrait ainsi vous être rappelée quotidiennement par une alerte en mode push sur votre smartphone. Si le sujet vous intéresse, je vous recommande le blog d’Emmanuel Gadenne qui s’y intéresse de très près ou encore la startup française Quantter.

Il existe de nombreux autres domaines d’application innovants, mais ceux-ci me semblent particulièrement intéressants.

Quels impacts ?

Pour le moment, tout ceci est petit à petit en train de se mettre en place, mais nous commençons déjà à voir dans quelle mesure les smartphones se positionnent au centre de notre quotidien : dans nos usages courants, dans notre travail, dans nos interactions sociales, dans nos transactions, dans notre santé…

La conséquence principale de cet usage croissant va être une augmentation considérable de la valeur émotionnelle des smartphones : on y trouve son carnet d’adresses, mais également ses photos et films personnels, ses fichiers musicaux et jeux… Préférez-vous perdre votre portefeuille que mon smartphone ? Quand les applications de porte-monnaie électronique seront déployées à grande échelle, la question ne se posera même plus !

De ce fait, les smartphones vont être l’objet de batailles toujours plus féroce pour capter l’attention des possesseurs. Il est déjà très complexe d’exister parmi les 350.000 applications de l’App Store, et ce n’est pas près de s’améliorer avec les usages innovants cités plus haut. Il va falloir faire preuve d’une très forte créativité pour proposer un service à forte valeur ajoutée et surtout pour le faire connaitre au marché (car vous ne serez pas le seul).

Pour couronner le tout, cette intensité concurrentielle réévaluée va s’accompagner d’un phénomène de rejet de ces sollicitations par les possesseurs : plus la valeur émotionnelle des smartphones augmente, la tolérance aux intrusions diminue. Il sera donc d’autant plus complexe de toucher les possesseurs de smartphones : une attention encore plus fragmentée, une concurrence encore plus féroce et une tolérance aux sollicitations encore plus faible. Il va falloir sel a jouer fine…