Suite de mon compte-rendu sur les keynotes de cette huitième édition de LeWeb. Pour celles et ceux qui ont raté le premier épisode : LeWeb12, compte-rendu de la première journée.
Les conférences de cette seconde partie de journée parlent un peu moins de l’internet des objets, et font la part belle aux entrepreneurs à succès de la Silicon Valley et d’ailleurs.
Misha Lyalin de Zeptolab

J’imagine que, comme moi, vous ne connaissez pas Zeptolab, un studio russe de développement de jeux, mais vous connaissez sûrement leur principale réalisation (Cut the Rope). Son fondateur, Misha Lyalin, a revêtu pour l’occasion son plus beau costume (en référence au costume Angry Birds porté par Loic Lemeur il y a deux ans) :
- La configuration de marché est très différente dans les pays du BRIC qu’en Occident, les smartphones Android y sont majoritaires ;
- L’audience des jeux sur smartphones est bien plus large que celle des jeux hardcore, ils essayent de développer des gameplays pour toute la famille ;
- La vente de jeux est une source de revenus intéressante, mais ils les choses commencent à devenir intéressantes avec le merchandising (ex : les peluches Angry Birds et le petit monstre de Cut the Rope) ;
- Ils lancent un nouveau jeu (Pudding Monsters) avec l’ambition de proposer un gameplay universel, compréhensible immédiatement par n’importe qui (un travail créatif bien plus complexe qu’il n’y parait : simple to understand, hard to master) ;
- Le merchandising est indispensable pour trouver des clients en dehors des app stores où la compétition est très (trop ?) intense ;
- Les applications natives ne vont pas disparaitre, car elles proposent de loin la meilleure expérience, par contre, elles impliquent un coût de développement qui augmente de façon exponentielle avec le nombre de plateformes visées, donc un ROI beaucoup plus complexe. HTML5 est donc un remède à ce problème de rentabilité, car les web app permettent de cibler tous les smartphones et tablettes, idéalement il faut les deux.
Phil Libin de Evernote

Phil Libin est là pour nous parler du succès de Evernote et de sa stratégie de diversification :
- Ils ont 45 M d’utilisateurs pour moins d’une cinquantaine d’employés ;
- Ils ont plus d’1 M d’utilisateurs dans une dizaine de pays, 800K en France ;
- 90% des utilisateurs s’en servent comme pense-bête, 15% d’utilisateurs sont des comptes pro (Evernote Business) ;
- Ils ont beaucoup travaillé sur la contextualisation des notes qui sont affichées dans vos résultats de recherche Google ou dans le mode de lecture hors-ligne ;
- Leur ambition est d’aider les utilisateurs à gagner en efficacité (organiser leurs notes et la collaboration avec des collègues) et donc en productivité ;
- De nouvelles versions majeurs de Skitch, Food et Hello arrivent dans les prochaines semaines ;
- L’avis de la communauté d’utilisateurs est très important pour identifier vos points faibles (ex : la dernière version de Skitch), mais pas pour trouver des solutions ou pour vous donner des pistes d’innovation ;
- Eux aussi travaillent le merchandising avec les carnets Moleskine et même les chaussettes officielles (véridique !).
Ben Gomes de Google

Ben Gomes travaille dans l’équipe de recherche du moteur :
- Ils sont très bons dans le traitement des chaines de caractères (strings), mais souhaiteraient apporter une couche d’intelligence à l’index (things), d’où le knowledge graph qui est en train d’être déployé en France ;
- La première consiste à isoler des entités sémantiques (des sujets), puis de les relier de façon pertinente et contextuelle ;
- Les spécificités linguistiques sont particulièrement complexes à gérer (le terme football a une signification différente en Angleterre, aux USA et en Australie) ;
- Les données sémantiques sont principalement collectées de bases de connaissances (semi)-structurées comme Wikipedia ou Freebase ;
- Leur index gère plus de 30 milliards d’URL, il devient donc urgent de structurer cette base avec une approche sémantique beaucoup plus rigoureuse ;
- Leur autre challenge du moment est de maitriser la recherche vocale, pour préparer le terrain à de nouveaux types de terminaux (ex : les Google Glass) ;
- Avec Google Now, ils prennent une direction très différente, car il n’est pas ici question de recherche lancée à partir d’une équation, mais d’anticiper les besoins des utilisateurs (saviez-vous que votre smartphone fait maintenant office de podomètre ?).
Katie Stanton de Twitter

Katie Stanton est la VP du développement international chez Twitter :
- Ils ont déjà 6 bureaux ouverts en dehors des US (Japon, Allemagne, Brésil…), la France sera le prochain marché qui bénéficiera de sont bureau ;
- Elle reconnait que la France est un marché complexe, surtout avec des entités média très puissantes (chaînes TV, journaux…) ;
- Ils ont préféré concentrer leurs efforts en Russie plutôt qu’en Chine (où Sina Weibo affiche plusieurs centaines millions de comptes) ;
- L’actualité est particulièrement riche avec la nouvelle de la grossesse de la princesse Kate et de l’arrivée du Pape sur Twitter ;
- Ils fournissent à leurs partenaires des analytics très détaillés, mais ne projettent pas de le faire pour les particuliers ;
- Il y a un ratio de 60/40 entre les producteurs et lecteurs de tweets.
Peter Deng de Facebook

Peter Deng est le directeur des produits de Facebook (les applications nativement proposées sur la plateforme) :
- Toutes les fonctionnalités ont dû être revues pour être intégrées à l’application mobile ;
- Le basculement vers le mobile est le plus gros projet de la société depuis le lancement de la plateforme d’applications ;
- Ils sont en train de finaliser des applications spécifiquement dédiées pour le mobile (ex : Facebook Messenger que l’on peut utiliser simplement avec son N° de téléphone, sans avoir à créer de profil Facebook) ;
- Ils viennent d’annoncer une nouvelle version majeure pour Android de Facebook Messaging ;
- Il veut rassurer le marché sur le fait que l’application Messaging n’exploite pas les données personnelles des utilisateurs à des fins de profiling (position géographique, carnet d’adresses…) ;
- Ils passent beaucoup de leur temps à adapter et améliorer le service pour les téléphones d’entrée de gamme (feature phones).
Dalton Caldwell de App.net

Dalton Caldwell est le créateur de App.net, une plateforme permettant de créer des applications sociales à partir de flux d’informations et de données :
- Avec l’avènement de l’internet des objets, nous allons être littéralement noyés sous une masse d’informations et de données qu’il va falloir traiter, isoler le signal du bruit va être le challenge de ces prochaines années pour les travailleurs du savoir ;
- Il va devenir de plus en plus complexe de gérer les notifications générées automatiquement par les utilisateurs de services tiers (faut-il blacklister le service ou ces utilisateurs ?) ;
- Les entreprises peuvent investir dans de puissants mécanismes de filtrage collaboratif ou sémantique, mais comment vont s’en sortir les utilisateurs individuels ?
- La solution réside dans les services de traitement de flux (ex : Yahoo! Pipes, IFTTT…), Flipboard est également un bel exemple grand public de traitement de flux ;
- La véritable valeur ajoutée d’un service est de transformer un flux de données.
Adam Wilson de Orbotix

Adam Wilson est le fondateur de Orbotix, la société de commercialise la Sphero :
- Sphero est avant tout une plateforme de jeu plutôt qu’une balle motorisée, ils fournissent à la fois les APIs pour contrôler la balle, mais également la plateforme pour déployer les applications ;
- Ils ambitionnent de combler le trou entre les jeux exploitant l’environnement réel et ceux reposant sur des environnements virtuels (Découvrez des interfaces tangibles ludiques avec Sphero et Sifteo) ;
- Ils sont conscients de ne pas avoir les ressources et la force créative pour concevoir une nouvelle génération de jeux, ils se reposent donc largement sur la communauté pour inventer de nouveaux gameplays.
Autant vous dire que je suis très déçu par cette présentation qui ne reflétait vraiment pas le potentiel de ces petites balles.
Carly Gloge de Ubooly

Carly Gloge est la fondatrice de Ubooly, une peluche intelligente propulsée par votre smartphone :
- Les uboolys sont les premiers produits d’une longue série, leur ambition est de servir de support pédagogique et ludique (smart toy) qui s’améliore en s’adaptant au comportement de l’enfant (les tamagochis du XXIe siècle) ;
- La peluche se sert du micro et de l’accéléromètre pour appréhender son environnement, les interactions reposent sur une intelligence artificielle comparable à Siri.
Là encore je suis très déçu, car il y a tant à dire de cette nouvelle génération de jouets interactifs, auto-apprenant, connectés… mais la démo a été vraiment trop courte (cf. La sophistication des interfaces de tablettes passe-t-elle forcément par des accessoires ?).
Fred Potter de Netatmo

La dernière présentation de la journée avec Netatmo, une station météo de nouvelle génération, par Frédéric Potter qui est également le fondateur de Withings :
- De nombreux paramètres sont capturés par leurs stations (températures, taux d’humidité, pression atmosphérique, qualité de l’air, pollution sonore…) et stockés dans les nuages ;
- La multiplication des sources d’information leur permet d’avoir des données plus précises (mais de façon empirique) que Météo France ;
- Leur objectif est de constituer un réseau de capteurs permettant d’intensifier la collecte et le partage de données locales ;
- Ils s’intéressent à toutes les données relatives à la qualité de vie, notamment la pollution sonore (particulièrement dans les grandes villes), et la pollution intérieure (CO2…) ;
- Les données sont l’ingrédient essentiel à toute amélioration, d’où l’importance de commercer à les collecter.
Phil Busoa de LIFX

LIFX est un autre projet issu de KickStarter qui commercialise des ampoules intelligentes :
- 1,3 M de $ ont été levés en 6 jours, la preuve que les ampoules intelligentes intéressent du monde ;
- Les ampoules n’ont pas beaucoup évolué sur ces cent dernières années, aussi bien sur la technologie d’éclairage que les possibilités d’interaction ;
- Leur ambition est de proposer des cas d’usage proches de la chromathérapie (améliorer le quotidien et l’humeur des gens grâce à une utilisation plus astucieuse de l’éclairage) ;
- En plus des applications ludiques (modification de l’ambiance), les ampoules LIFX peuvent également interagir avec des applications tiers (notification en fonction de paramètres prédéfinis comme l’ouverture d’une porte) ;
- Nous pouvons imaginer d’innombrables possibilités en combinant ces ampoules avec d’autres solutions comme SmartThings vu ce matin ;
- Ils sont encore en train de peaufiner leur produit avant de passer à la production à grande échelle ;
Ceci conclut donc une journée très riche en présentations et en retours d’expérience, dont vous pouvez voir les rediffusions ici : Watch all the talks from LeWeb12 Day 1. Je n’aurais pas la possibilité d’assister à la seconde journée, mais je serais là pour la troisième (ce jeudi). La journée n’est néanmoins pas terminée, car il va y avoir de nombreuses soirées et apéros dans Paris.
À ce sujet, je vous signale que nous organisons avec Claude Malaison un Yulbiz de clôture de LeWeb ce jeudi 6 au Bon Pêcheur en fin de journée (9 rue des Prêcheurs à Paris, au métro Châtelet Les Halles). Les détails ne sont pas encore tout à fait fixés, mais vous pouvez d’hors et déjà noté ce RDV dans votre agenda.
La suite est ici : Jour 3.