La blogosphère était en ébullition en ce week-end de la toussaint après l’annonce de Google du lancement du nouveau service : OpenSocial, The web is better when it’s social. Nouveau service ? Non pas tout à fait. En fait il s’agit d’un ensemble de connecteurs (API) qui servent à lier ensemble différents réseaux sociaux professionnels (LinkedIn, Xing, Viadeo, Plaxo…) et personnels (Friendster, MySpace, Hi5, SixAppart… et bien évidemment Orkut), mais aussi différentes applications en ligne (SalesForce, Oracle…).
C’est quoi OpenSocial ?
Ces connecteurs servent à accéder à différents types de données personnelles :
- votre profil (user data)
- vos amis (social graph)
- votre activité (news feed)
Pour celles et ceux qui se posent la question : non, OpenSocial n’est pas un service concurrent de Facebook car il se situe à un niveau d’abstraction plus élevé. Pour faire simple : malgré sa Platform, Facebook reste un réseau social propriétaire alors qu’OpenSocial est une sorte de meta-réseau social distribué. La plateforme de facebook permet d’encapsuler des applications sur son réseau alors que les API d’OpenSocial permettent d’encapsuler les applications et données de n’importe quel réseau social dans n’importe quel autre réseau social (containers).
Donc je résume : en laçant sa Platform Facebook avait pris une longueur d’avance sur ces concurrents, mais avec OpenSocial, Google permet à ses partenaires de rattraper leur retard. Là où l’on peut dire que cette initiative est magistrale, c’est quand on se rend compte que Google compte parmi ses partenaires les principaux réseaux sociaux. Ceci va donc grandement simplifier la tâche des annonceurs souhaitant exploiter ces différents réseau sociaux (What’s Google’s OpenSocial Project Mean for Marketers?).Plus d’infos sur le blog Affordance : Rentrée sociale et ouverture du code et Conflits sociaux : A vaincre sans péril triomphe-t-on sans gloire ?).
Notez que ce n’est pas la première tentative de ce genre, des initiatives comme FOAF ou XFN avaient déjà l’ambition d’assurer une interopérabilité entre les profils.
Facebook a-t-il perdu la bataille ?
Non je ne pense pas dans le mesure où Facebook ne peut pas faire autrement que de rejoindre les partenaires d’OpenSocial. Car il faut se rendre à l’évidence : il se retrouve complètement isolé avec sa technologie propriétaire. Certes, Facebook conserve une longueur d’avance avec ces 5.000 applications déjà développées, mais que peut faire une petite structure de quelques centaines de personnes contre le mastodonte qu’est devenu Google (d’autant plus depuis que son action a franchi le cap des 700 $ Google est une des plus grosse capitalisation boursière US).
Nous dirons donc que Facebook a perdu un avantage concurrentiel, mais il reste tout de même un réseau social à très forte croissance. En fait ce sont les utilisateurs qui vont y gagner, et c’est une très bonne nouvelle (Google OpenSocial will make social apps more relevant). Certains n’hésitent pas à dire que Google prend de vitesse le W3C et impose un standard pour le web social (Google: “All your network are belong to us”).
Inévitables grincements de dents
A peine OpenSocial est-il lancé que les premières (inévitables) critiques fusent déjà :
- OpenSocial: Three Big Concerns, où il est question d’abus de position dominante ;
- The OpenSocial Business Model: Will the biggest social containers win? Google’s CEO says no, où l’on spécule sur le modèle économique d’OpenSocial ;
- 4 reasons why Google’s OpenSocial is a PR scam, où OpenSocial est (injustement) comparé à un service universel de widget (comme MuseStorm dont j’avais déjà parlé) ;
- First OpenSocial Application Hacked Within 45 Minutes, où l’on y décrit les premières failles de sécurité des applications tiers.
Je pense que nous n’en sommes qu’au début d’une très longue série de questionnements et d’interrogations sur l’impact de ces API.
Mais que fait Facebook ?
Pendant ce temps-là, Facebook poursuit son développement :
- Project Beacon, Facebook’s Outside Ad Strategy, une nouvelle plateforme à mi-chemin entre publicité et affiliation qui permettrait à Facebook de monétiser les profils de ses membres ;
- How Pervasive Is Flash Player 9? Facebook Is Requiring It, où Flash 9 devient obligatoire pour pouvoir s’inscrire sur Facebook (de nouveaux modes de visualisation / manipulation en préparation ?) ;
- Activeworlds Launches Embedded Virtual Worlds on Facebook, il existe donc maintenant des ponts vers deux univers virtuels (Second Life et ActiveWorlds) ;
- ‘Facebook Music’ Rumor Corroborated By Warner’s Head of Technology, une plateforme musicale d’envergure serait donc en préparation ;
- 50M Facebook users don’t care about OpenSocial APIs, où l’on nous rappelle (à fort juste titre) que Facebook bénéficie toujours très largement des faveurs du grand public.
Vous l’aurez compris, Facebook étant parti le premier il conserve tout de même l’avantage, mais pour encore combien de temps ?
Et maintenant quoi ?
Difficile pour le moment de se prononcer sur l’évolution sur l’avenir immédiat de ces réseaux. Je vous propose néanmoins deux articles de fond :
- 2008, année des réseaux sociaux professionnels Web 2.0 ?, où Louis Naugès nous propose une réflexion sur la frontière entre réseaux pro et perso ;
- An Open Facebook API vs Google OpenSocial, où Marc Cuban spécule sur une ouverture d’API similaires chez Facebook et Yahoo!
Bon en tout cas je constate que cette annonce a totalement eclipsé deux autres événement majeurs :
- la mise à jour de Gmail qui intègre maintenant une technologie (Jabber transports) permettant de potentiellement d’exploiter de façon universelle tout les protocoles de messagerie instantanée : Google to Connect to Other IM Networks Using Jabber Transports? ;
- le lancement de Kickstart, le réseau social semi-pro de Yahoo! (même positionnement que Facebook).
Et pour couronner le tout, on parle de l’annonce du Google Phone pour cette nuit…
« Qui peut encore se passer de Gmail ? »
Moi… Si, si je vous l’assure. Je vis très bien sans et je n’ai pas de profil Facebook.
Web 2.5. lol. Il ne faut pas exagérer. Facebook est une messagerie rien de plus et il n’a jamais rien révolutionné.