En ce moment Facebook a la côte : on en parle à la radio, à la TV et les journalistes des grands médias n’en finissent plus de s’interroger sur les raisons de ce nouveau phénomène social. Et pourtant la réalité est tout autre.
Souvenez-vous, il y a quelques mois la coqueluche de l’époque s’appelait Second Life. Nous sommes donc en train d’assister à un phénomène classique de résonance : on en parle parce que les autres en parlent.
Facebook est-il révolutionnaire à ce point ? Ce service mérite-t-il une telle attention ? Oui, en partie. Mais sans vouloir lui retirer son indéniable succès et certaines qualités, il y a fort à parier que les annonceurs n’y trouveront qu’un intérêt très relatif.
L’explication est toute simple et peut-être résumée ainsi :
- La croissance et l’audience de Facebook sont largement sur-évaluées ;
- L’écosystème mis en place autour de la Facebook Platform ne tiendra pas ces promesses ;
- Les modèles publicitaires présentés récemment sont bancals ;
- La concurrence avec d’autres plateformes sociales va être très rude.
Donc en un mot comme en cent, malgré l’enthousiasme de son jeune CEO, Facebook ne révolutionne rien du tout.
Les chiffres en question
Commençons tout d’abord par nous intéresser aux fameux chiffres mirobolants de Facebook :
- 55 millions d’utilisateurs. OK, mais ça reste à peine plus d’1/4 de MySpace et d’1/3 de Neopets ;
- Près de 650.000 utilisateurs en France. Certes, mais ça fait à peine 5% par rapport à la communauté Skyblog ou à celle de Windows Live (cf. Windows Live se voit comme le plus grand réseau social français) ;
- Une très forte croissance (250.000 nouveaux utilisateurs par jour). Soit, mais combien de temps cela va-t-il durer dans la mesure où ils utilisent des méthodes très limites (cf. Les sales méthodes de Facebook) qui sont plus proches du spam social que de l’acquisition de trafic ;
- Plus de 7.000 applications. Très bien, mais quand vous avez fait le tri des applications à la con (lancé de mouton, super poke, morsures de vampires et autres zombis… cf. Facebook victime de pollution) combien d’applications intéressantes reste-t-il ?
Vous l’aurez compris, les chiffres présentés par Facebook sont surtout impressionnants pour ceux qui veulent croire à leur jolie histoire. La Facebook Platform est certes un très bon facteur de croissance mais force est de constater que les meilleures places sont déjà prises.
Une plateforme à peine entre-ouverte
Et puisqu’on en parle, intéressons-nous à cette fameuse Platform. Quand on y regarde de plus près, on se rend rapidement compte qu’elle n’est pas si ouverte :
- les applications utilisent un langage spécifique (le FBML pour Facebook Markup Language) ;
- Les applications sont hébergées au sein du Application Directory (régit par Facebook) ;
- les fournisseurs d’applications doivent se conformer à une charte (définie par Facebook).
Nous sommes ici bien loin de la souplesse des API et de la rigueur des Web Services. Si le succès du web 2.0 repose en partie sur les fameux mashup et sur l’innovation par l’assemblage, l’innovation est ici fortement limitée par ce langage spécifique et par la taille de la base d’utilisateurs (55 millions, ce qui n’est pas énorme).
Le fait que des agences se soient spécialisées dans le développement d’applications Facebook (RockYou, Slide…) est un signe que ces choix techniques sont un frein au développement.
Le Social Graph en question (il y a amis et amis)
Pour faire simple, le Social Graph est une représentation de nos relations et des interactions qui en découlent. La promesse de Facebook est donc de proposer aux annonceurs de pouvoir modéliser de façon très fine ce fameux Social Graph. Oui mais voilà, sur quoi repose-t-il ? Ou plus exactement, vos friends sur Facebook sont-ils réellement vos amis ? J’en doute fort. J’ai plus de 600 contacts associés à mon profil, dont à peine une dizaine que j’ai réellement rencontrés.
Les amis de Facebook sont pour la plupart des relations améliorées, et c’est bien là où se fait la différence. Dans la culture anglo-saxonne la notion d’amitié est très différente de la notre (les latins) : ils savent parfaitement mélanger relations professionnelles, amis d’un soir et amis d’amis.
Conséquence : je me vois mal faire confiance à un membre de mon réseau dans la mesure où :
- je ne sais pas réellement qui il est (la majeure partie des profils n’est pas réellement renseignée) ;
- je ne sais pas ce qu’il me veut (les intentions ne sont pas clairement exprimées) ;
- j’apprécie moyennement le fait qu’il me balance des moutons à la tête ou qu’il me donne de grande tapes dans le dos (Super Poke).
Pour vous convaincre de la superficialité de votre réseau posez-vous la question suivante : à combien de vos friends prêteriez-vous votre voiture ou votre appartement ?
Un gros problème de prise en main
La mise en page de Facebook est nettement meilleure que celle des pages MySpace ou que des Skyblogs, c’est indéniable. En revanche ce service est-il suffisamment simple et convivial pour séduire le plus grand nombre ? J’en doute. Il existe des millions d’utilisateurs de Netvibes car le bénéfice de ce service est immédiatement perceptible (on bouge des boîtes, on ajoute des widgets…). Mais vous devez bien avouer que l’expérience d’utilisation de Facebook est plus que troublante : trop d’applications, trop de termes jargonneux, trop de complexité.
En fait il y a un réel problème de guidage et de prise en main. Pour faire simple : les novices sont complètement perdus. Pour vous en convaincre, je vous invite à lire les commentaires d’un vieux billet que j’avais rédigé sur Facebook mais qui est très bien positionné dans Google :
- “Pouvez svp m’expliquer à quoi sert facebook et comment s’inscrire. Merci de me répondre car je ne suis pas une pro de l’informatique“
- “J’aimerais qu’on m’explique svp quelle réelle différence il existe entre facebook et myspace“
- “Que veut dire “site”?“
Je veux bien croire qu’Aziz et sa bande de potes s’éclatent sur Facebook, mais ce service n’est aujourd’hui pas configuré pour séduire plusieurs millions de personnes : trop complexe, trop riche et surtout pas de traduction prévue pour l’interface.
Des programmes publicitaires très douteux
Nous en venons maintenant au plus gros problème de Facebook : sa plateforme publicitaire. Pourquoi est-ce un gros problème ? Parce que le modèle économique de Facebook repose sur des fondamentaux instables.
Il existe ainsi plusieurs programmes (détaillés ici : Facebook Advertising – 3 New Ways To Play) :
- Les Business Pages qui sont un équivalent des pages sponsorisées par des marques comme sur MySpace (avec mise en avant de produits et liens vers des partenaires). Gros problème : il n’est pas possible d’inviter des fans à partir d’une business page. Conséquence : le seul moyen d’avoir une business page avec un noyau dur de fans est de transformer une page perso en une business page. Si vous savez lire entre les lignes alors vous pouvez vous faire une bonne idée des détournements possibles : fausses pages perso à vocation business, revente à des marques de pages persos populaires…
- Les Social Ads qui sont affichées sur la page d’un membre ou dans son mini-feed. Idem, on peut tout à fait anticiper un véritable trafic d’audience basé sur la popularité d’un profil (ça me rappelle une sombre histoire de blogueurs vendus) ;
- Le Project Beacon qui se sert de données comportementales collectées sur différents sites partenaires (cf. Facebook ads definitely creepy, possibly illegal et Is Facebook Beacon a Privacy Nightmare?) pour mieux cibler votre profil et celui de vos potes. Autant vous dire que cela pose de très sérieux problèmes éthiques.
C’est sur ce dernier point que le jeune CEO de Facebook ne parvient pas à rassurer l’industrie publicitaire et les annonceurs : Partant du principe que les membres sont le vecteur de la marque, sans redistribution de revenus, cette affiliation stérile ne bénéficiera qu’aux marques les plus fortes (Apple, BMW…), donc celles qui n’ont pas réellement besoin de ce programme (cf. I’ll spam my friends, but I want a piece of the action).
Au-delà de ces problèmes de respect de vie privée et de confidentialité, ce réseau de sites mouchards (qui dénoncent les actions des membres de Facebook) peut avoir une influence très néfaste sur le comportement des internautes et sur une éventuelle prise de décision d’achat : Facebook’s Beacon and Boundary States. A partir du moment où toutes vos actions et achats sont visibles sur votre profil (dans votre mini-feed), est-ce que vous n’y réfléchirez pas à deux fois avant de cliquer ? Ne vous direz-vous pas “comment va réagir mon audience à cet action / achat” ?
Sont-ils en train de réinventer la roue ?
Je ne sais pas pour vous, mais j’ai réellement l’impression que l’offre de Facebook ne révolutionne rien du tout (pages business, publicités ciblées…), voire qu’ils sont en train de refaire les erreurs du passé (ciblage comportemental basé sur les actions des internautes, à l’époque on appelait ça du marketing 1 to 1).
Quand on y réfléchit bien, que propose Facebook ? Des business pages (vous possédez déjà un site web, non ?), des statistiques détaillées sur le nombre de visiteurs sur ces pages (une belle régression par rapport aux outils d’analyse de la performance actuels) et des programmes publicitaires basés sur le CPM et CPC (même pas de CPA à la Amazon ?). Bref, ils nous font le coup du web dans le web, une sorte de couche d’abstraction au web “grand public” réservé à une bande de jeunes qui se balancent des moutons à la tronche. Désolé mais ce n’est pas ce que j’appelle une révolution, d’autant plus quand les questions de confidentialité et d’amitié sont très ambigües.
Une IPO est-elle la solution ?
Avec l’argent récolté auprès de Microsoft, on est en droit de se dire que Facebook va tranquillement préparer son introduction en bourse pour lever des fonds et accélérer sa croissance. Le problème c’est qu’une introduction en bourse n’a rien de tranquille : il ne suffit pas de louer des bureaux à New-York et de débaucher un CFO pour y parvenir.
Les financiers ne sont pas des imbéciles et je doute fortement qu’ils se laissent séduire par cette belle histoire de jeunes prodiges en tongs Adidas qui s’éclatent à faire des overnight coding sessions.
Rajoutez à cela un problème de valorisation, car Facebook n’a jamais été valorisé à 15 milliards de $ : Even Microsoft doesn’t value Facebook at $15 billion.
Que se passera-t-il quand Facebook n’aura plus la faveur des médias et du grand public ?
En voilà une bonne question, d’autant plus que ça a déjà commencé :
- De la marque et du Spam : éjaculation précoce ou éjaculation Face(book)iale ?
- La trahison Facebook
- Facebook, réseau publicitaire social
- Le site Facebook vend le profil de ses internautes aux publicitaires
- Facebook, le nouvel ami de la pub
En résumé : avec cette nouvelle plateforme publicitaire Facebook risque de perdre la confiance de ses membres. Même si la croissance est toujours forte, il ne s’agit que d’un phénomène d’inertie.
Faut-il oublier Facebook ?
Non bien évidemment, chacun est libre de s’en servir pour construire son réseau et pour retrouver de vieilles connaissances. Par contre les annonceurs devront être très prudents quant à l’exploitation de ce réseau. Oui l’application iLike est un authentique succès, est-ce que pour autant Renault ou Naf-Naf peuvent en profiter ? J’en doute.
Facebook va donc progressivement venir se ranger aux côtés des MySpace, Skyblogs, Friendster… Comprenez par là qu’il va perdre son avantage concurrentiel vis à vis d’initiatives réellement plus ambitieuses comme OpenSocial ou mieux structurées comme ces nouvelles plateformes sociales.
Oui, j’ai crû au modèle de Facebook. Oui, j’ai bien crû qu’ils pouvaient révolutionner le web social et proposer une approche unifiée. Non, je n’y crois plus car ils vont avoir visiblement beaucoup de problèmes à transformer leurs rêves d’étudiants et réalité économiquement viable.
Mise à jour (20 avril 2011) : Un nouvel article a été publié sur ce sujet : Rétrospective sur les 3 dernières années de Facebook.
Hello !
Même si je ne suis pas tout à fait dac avec toi, ça fait du bien d’avoir un contre-balancement. C’est vrai que tout le monde adule FB et du coup, on en perd un peu son objectivité.
Du coup un post comme le tien permet de faire un peu le point sur ce que FB a (ou va) vraiment apporter au web.
Je me marre en pensant à SL sur iPhone ahahah !
R.
Je trouve aussi qu’on en fait un peu trop.
Mais tout le monde est à l’affût de la nouveauté qui va cartonner, qui va au bout d’un an valoir quelques millions de dollars et du coup tout le monde en parle.
Après forcement, il y a un peu trop de remue-ménage par rapport à ce que ça vaut.
Par contre Fred, tu ne crois plus en Facebook, mais tu crois encore aux titres chocs ;)
@ Tous > Mais bien sûr que ma prise de position est excessive, sinon il n’y aurait pas de débat !
@ Aziz > Pourquoi toi ? Parce qu’il me fallait bine quelqu’un (désolé) ! Plus sérieusement le ‘maintream’ se compte chez moi en millions (=> Skyblog est mainstream). De plus je te confirme avoir crû en Facebook (cf. mes précédents billets). 650.000 utilisateurs avec une interface en anglais, effectivement c’est beaucoup. A partir de là existe-t-il encore un potentiel de croissance avant la traduction ?
@ Laurent Bazet > pour moi un réseau positionné entre le pro, le perso/détente et la drague est un réseau qui n’est pas positionné (il essaye de plaire à tout le monde sans réellement plaire à une catégorie en particulier).
@ Eric Baillargeon > Un script GreaseMonkey pour supprimer les pubs ? Mais ça relève de l’exploit informatique ton truc !
@ PapyGeek > Ha mince je me suis fait griller !
@ Tous > C’est tout de même étrange que personne ne réagisse réellement à cet honteux projet Beacon. Ça ne vous choque pas ?
/Fred
Fred,
avant de te vouloir si affirmatif, vérifie que ce que tu écris est correct.
Facebook ne fait pas de spam au recrutement de nouveau profil (sisi vérifie toi même encore)
Si tu as 600 contacts que tu ne connais ps en vrai sur Facebook, c’est parce que tu l’as voulu. Moi j’en ai moins de 50 et je les connais tous. Tu peux très bien faire le ménage tu sais.
Niveau complexité au contraire facebook et très clean et il est très facile a prendre en main. Il integre un parametrage de la vie privée qu’il est difficile de simplifier (sans nuire aux fonctionnalités)
C’est comme disait le commentaire un intermediaire entre PRO (linkedin), perso (skyblog, myspace) et Love (meetic). Tout pour plaire!
Facebook ne fait commencer et si tu t’etais renseigné sur le fait que la traduction Francaise arrive, tu n’ecrirais pas autant d’âneries à ce sujet.
Facebook n’est pas un phénomène de mode, les gens y passent bcp de temps dessus en moyenne, et c’est très addictif si on le prend sous le bon angle (ne pas accepter les contacts bidons ou inconnus par exemple)
Revois ta copie et ré-exprime toi sur le sujet dans quelques mois, on verra bien.
Avis mitigé également sur tes arguments qui me paraissent un peu excessifs. Je partage tes doutes sur le modèle économique mais le succés de Fecebook me semble acquis et durable. En revanche son audience est très largemetn gonflée par une viralité débridée qui ne rend pas compte de l’usage réel du réseau. Bref même symptome que Myspace.
Par contre j’aurais aimé lire le même degré de raisonnement critique sur Second Life…
Fred >>> Autant pour moi, mais quand je disais mainstream je parlais plutôt d’hétérogénéité des profils au delà des “geeks/earlyadopters/trendsetters…”
En France, je suis désolé mais compter en millions c’est se résoudre à ne pas compter tout court, par contre RDV en janvier pour le million justement sur FB et pour la VF qui normalement sera lancée d’ici là.
Je te laisse je dois retourner voir mes potes sur Facebook ;-)
La connaissance client, je connais. Alors je peux vous dire que le projet Beacon, c’est pas grand chose ;-) Le scoring et tous les outils de CRM du marché sont potentiellement bien plus puissants (on entend pas trop Neolane sur le sujet…) mais bon, par manque de talent dans les sociétés qui disposent de mines d’information sous leur pied, rien n’est fait.
La vraie question reste : est ce que l’information que je donne sert à autre chose qu’à cibler la pub (à ce titre monsieur Facebook, je n’ai pas de problème d’érection, et mon associé n’est pas gay ;-)
En fait, je crois sincèrement que la privacy doit être étudiée sur base d’accord WIN/WIN, et ça fait des mois que j’en ai parlé… Allez on se réveille !
Je titrais de la même mannière avec le même contenu (en tout cas les mêmes idées de fond) le mois dernier:
http://nicolas.cynober.fr/blog/?p=8
Facebook a un gros problème stratégique et un manque de visibilité certain sur le devenir du web. On ne vera pas de crash comme en 2000 car les revenus publicitaires sont là, mais ce qui est sûre c’est que la société est très largement sur-évaluée.
Petites précisions à ceux qui publient des commentaires sans réellement prendre le temps de lire mon billet :
– je n’ai jamais dis que Facebook allait disparaitre, juste qu’il allait perdre ses avantages concurrentiels ;
– je n’ai jamais comparé Facebook à Second Life, mais plutôt le tapage médiatique autour de Second Life et maintenant autour de Facebook ;
– je n’ai jamais dit que Facebook n’était pas populaire (ou que son succès se tarira), mais plutôt que son programme publicitaire ne réussira pas à convaincre les annonceurs ;
– j’ai dit que Facebook ne tiendra plus la comparaison face aux autres réseaux “boostées” par OpenSocial ou face aux plateformes sociales de nouvelle génération.
Mais il se peut que Facebook changent complètement de stratégie, auquel cas je publierais une nouvelle analyse.
/Fred
Oui, Facebook a certains défauts. Mais comme déjà mentionné, il semble que ton plus gros problème est comment tu as défini ton réseau et tu l’utilises. Si tu ne connais pas tes amis, je te comprends. Si tu veux un réseau d’amis virtuels, ce n’est probablement pas le meilleur outil. Si tu veux un réseau d’humains que tu connais par contre…
J’utilise Facebook pour le réseautage à Montréal où la majorité des gens de mon industrie sont membres. Je pourrais donner bien des exemples, mais je l’ai déjà fait ici (en anglais):
http://blog.jeromeparadis.com/archive/2007/08/31/My-Yulbiz-Montreal-August-report-or-How-Facebook-improves-networking.aspx
Mais, SVP, le dernier commentaire à propos d’OpenSocial!… OpenSocial est en version 0.5, a été annoncé prématurément et Google avoue qu’il reste beaucoup de pain sur la planche à intégrer les commentaires de l’industrie face à ses déficiences décriées. Mais vu que c’est plus “open” que Facebook, il faudra attendre que Google (et non pas la communauté “open source”) finisse de développer sa plateforme. Et si la définition de “qui sont tes amis” cause problème dans Facebook, ce ne sera pas mieux. Par contre, j’y vois aussi de l’intérêt. Pour d’autres pensées sur OpenSocial, j’ai écrit un autre billet:
http://blog.jeromeparadis.com/archive/2007/11/06/Open-Social-the-next-standard-for-gadgets-on-blogs.aspx
La gestion des données perso, il y a quelques mois, m’avait plutôt dissuadée. L’idée de se servir d’un outil “social” ne me dérange pas plus que cela, même si je pense qu’il faut rester conscient du sens que prend “social” en ce cas de figure…
Là où Facebook entame une phase de remise en question de la confiance des utilisateurs, c’est vraiment sur le programme de pub. Il est d’ailleurs très surprenant. Aujourd’hui, un tel réseau aurait parfaitement les moyens, puisqu’il tient tant à monétiser en “marketant”, de pratiquer le permissive marketing. Or, c’est exactement le contraire qui est fait. (enfin, ce n’est pas seulement qu’il y tient, c’est que vu la masse investie il faut se réveiller pour songer à un modèle financier qui aie au moins l’apparence d’une promesse)
mais de toutes façons, l’intégration de la pub ne peut pas ne pas poser de problème, ou à tout le moins être délicate. Regardez : on a au départ un site qui a un objectif et une philosophie relationnelle non merchandisée. Un site qui ne vend rien, au sens où il n’a pas de produits à vendre, qui n’est pas un site de e-commerce. A un moment donné, on intègre de la marchandisation, sans que le site aie un produit ou un service de son cru à vendre : ça signifie donc que le site devient régie appuyée sur l’audience, sur la VA de l’audience. Et cela modifie en profondeur son objectif et sa philosophie. “vient te comporter, tu m’aideras à monétiser parce que je regarde comment tu te comportes pour monétiser ciblé auprès de mes annonceurs”. C’est le centre de gravité du site qui se trouve déplacé, ou flouté : il était sur le topos utilisateur, il penche vers le topos annonceur. Avant, l’utilisateur pouvait se sentir au bout de la chaîne (“c’est fait pour moi, j’utilise et partage”) ; maintenant, il ne pourra ne pas avoir conscience qu’il est un maillon sur la chaîne (“ma présence, mes actions, mes données, sont aussi des outils, je suis aussi utilisé et partagé”). Comme tu le dis Fred, il y a un ajout qui vient modifier l’écosystème, et cela sans le nourrir. Il n’y a pas que cet aspect d’instrumentalisation, bien sûr, l’utilisateur ne se résume pas à une somme de données utilisables, mais il y a ça, et l’idée peut emmerder les gens. Et en plus, c’est à sens unique : le bénéfice utilisateur dans tout ça ? le fait de recevoir une publicité ciblée ? allons bon, qui va se croire bénéficiaire ?
finalement, c’est un modèle vieux de pas loin de 15 ans qui ressurgit là : la bonne grosse mythologie des mégabases et du comportemental, ça vous dit quelque chose ? (si vous êtes assez vénérablement âgé, bien sûr :) )
Attention, je ne dis pas que le “comportemental” n’aie pas de validité, mais simplement qu’à un moment donné il aurait été bon de se poser pour y réfléchir et chercher un concept de “comportemental” viable en matière de marketing. De façon à ne pas créer de “zones inondables”.
J’ai lu sur ecrans.fr des articles que j’ai trouvés intéressants (vous tomberez dessus en allant sur le site).
Je trouve ton approche très saine et plutôt bienvenue à propos de Facebook. Néanmoins, pourquoi se limiter à Facebook ?
La comparaison que tu fais avec Netvibes est intéressante : “on bouge des boîtes”, “on ajoute des widgets…”.
Est-ce donc cela la “terre promise” par le “web 2.0” aux internautes ? Est-ce donc cela “l’internaute au pouvoir” ? “Bouger des boîtes ?”
Cela est intéressant…
Avant de “glorifier” OpenSocial, tâchons donc de prendre ce recul. On nous parle chaque jour de “liberté”. Pourtant, ne s’agit-il pas d’un formidable outil de contraintes ?
Certes, les annonceurs y trouveront certainement leurs comptes. C’est déjà ça…!
Je trouve le débat très animé qui montre je trouve au minimum que FB ne laisse pas la communauté indifférente, ce qui clairement est une preuve d’une forme de réussite.
Je voulais juste partager une expérience personnelle : j’ai testé la plupart des réseaux sociaux en ligne et le seul qui intéresse ma femme est FB. Je trouve hallucinant le temps qu’elle peut passer à “envoyer des moutons” ou faire des trucs absolument débiles sur le site, avec notamment ses “amies” du bureau.
C’est là que je pense on peut toucher du doigt la performance de FB : permettre sans être Geek de créer des liens et d’avoir accès au hype d’internet.
Attention, ce post n’est pas sexiste, ne me faites pas dire ce que je ne dis pas, mais je constate seulement au’avec une approche légère et assez facile de prise en main, on peut toucher un public très large.
Le vrai problème que tu soulignes Fred, c’est que les vraies applications intéressantes sont noyées dans un tas de trucs assez pénibles et que ce n’est pas facile d’empêcher le site d’envoyer des notifications d’amis (et souvent de vrais amis) qui s’amusent avec le site.
Bref, à mon sens, pas très pro, davantage perso même si une partie des contacts (en tout cas des miens) sont pro.
Quoi qu’il en soit, débat passionnant.
FBD
Fred Cavazza > Je me permets de revenir à la charge parce que je crois que c’est le coeur des réseaux sociaux. J’ai rencontré ma femme au boulot. Je m’amuse avec des amis mais je travaille aussi avec certains. Et mes contacts pros les plus “sérieux” adorent envoyer une bonne vanne de temps en temps. La vie et donc les relations humaines n’ont pas de cloisons pro/perso/amour. Facebook n’en a pas non plus. Il n’a pas à plaire à une catégorie en particulier car il plait à tout le monde. Ceux qui préférent s’ennuyer peuvent rester chez Linkedin !
L’avantage concurrentiel de Facebook n’est pas tant aux technologies qu’il utilise qu’à la communauté qu’il agrège. C’est à la fois la certitude de sa pérénité -sans erreur majeure- et la limite de son développement. Facebook ne pourra aller au-delà du type de communauté qu’il définit: les relations sociales mondaines (et non les amitiés, comme tu le remarques justement). Il n’est pas exclusif d’autres réseaux centrés sur d’autres communautés, mais ne peut non plus s’y substituer. Facebook et Linkedin vont tous les deux subsister.
Voici un papier d’octobre, où j’essaye de définir cette première “loi” des réseaux sociaux: http://cratyle.net/2007/10/24/guerre-des-medias-sociaux-20-le-vainqueur-est…/
Purrée, ça c’est de l’article! :)
Jamais lu quelque chose d’aussi complet et construit sur Facebook. Bien content d’avoir refusé toutes ces invitations.
Finalement Microsoft a sûrement fait une belle bourde avec cette dépense, non ? Puisque ça ne débouchera sur rien de particulier.
Tiens, pas mécontent de lire du “Fred Cavazza excessif” : en effet, je ne vois pas vraiment Facebook marchouiller, à 15 B$ on me dit que ça ne va pas être possible, et les décrochages vont faire mal.
Open Social va tout emporter. Les standards d’échange d’information sociale portés aux réseaux sociaux par la puissance de Google, c’est le début du Web sémantique.